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Critiques de Jón Kalman Stefánsson (1123)
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Entre ciel et terre

Entre vie et mort,

Entre rêve et désespoir,

Entre amour et amitié,

Entre poésie et réalité,

Entre ciel et terre…

Il y a l’horizon comme prison et le froid comme poison.

Entre dans l’enfer gelé de Jon Kalman Stefansson et découvre la loyauté et l’héroïsme malmenés par l’abîme glacé de la mer d’acier et les inquiétantes montagnes qui écorchent le gris du ciel.

« Les montagnes ne font pas partie du paysage, elles sont le paysage. »

Les êtres chers ne font pas partie de ta vie, ils sont ta vie.

Quand Bárður meurt, le « gamin » sera prêt à donner la sienne pour rendre le livre de poésie que son ami a emprunté.

Démarche puérile et magistrale, poétique et incontournable, périlleuse et apaisante.

Chemin d’existence où il est plus facile de mourir que de vivre.

Atmosphère de vies austères où même la joie est grave et les sourires pétrifiés.

Lieux hostiles aux personnages rêches et tenaces habitant des villages sévères où le cœur réchauffe autant que la bière.

Stefansson hisse son récit à un niveau poétique tel que tous les drames exposés s’en trouvent auréolés de pureté et nimbés de délicatesse.

J’ai tellement aimé ses phrases imagées que je m’y suis noyé.

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À la mesure de l'univers

Lorsque j'ai décidé de lire A la mesure de l'univers de Jon Kalman Stefansson, je ne connaissais cet auteur que par les critiques élogieuses que j 'en avais lues sur Babelio.

J'avoue que j'ai été surprise lorsque j'ai commencé la lecture du roman et qu'il m'a fallu opérer un certain lâcher-prise avant de me laisser entraîner dans l'histoire de cette saga familiale sur trois générations. Stefansson balade sa lectrice ou son lecteur à différentes époques et opère un télescopage temporel qui va de l'entre deux guerres à l'époque actuelle. Même chose pour les lieux : Reykjavik, Keflavik - petite ville où débarque le héros principal Ari sur la demande de son père mourant, Jakob - parfois aussi quelque part dans l'univers...

Pourquoi ai-je accepté aussi facilement de perdre pied et de suivre Ari dans ce retour vers ses racines familiales ?

Les raisons sont multiples. Mais la plus évidente est la force et la densité de l'écriture de Stefansson lorsqu'il évoque ses obsessions majeures.

Celle de la mort, présente dès les premières pages du livre dans une très belle scène où une petite fille demande à sa mère si ça fait mal de mourir. Difficile dans une évocation comme celle-la de ne pas tomber dans le pathos ou le mièvre. Eh bien, non, Stefansson nous offre un tableau à la fois tragique et d'une incroyable douceur.

La violence physique exercée sur les femmes, sur les enfants ou tous ceux dont le seul défaut est d'être différent, irrigue également tout le roman et scande littéralement tous les moments forts.Mais il ne s'agit jamais d'une violence gratuite ou dépeinte avec une certaine complaisance. Stefansson n'en donne pas non plus une explication simpliste. Bien sûr il fait la part belle à l'alcoolisme apparemment omniprésent en Islande, sur fond de misère sociale. Ce n'est pas la seule explication. En arrière-plan, derrière les gifles et les coups assénés aux plus faibles, se dessine l'image d'une virilité masculine abusive qui ne trouve pas d'autres moyens que cette violence incontrôlée et incontrôlable pour exprimer son désarroi ou son mal-être. Et là encore comment ne pas être profondément ému lorsque le père d'Ari, Jakob, va accepter de laisser couler des larmes salvatrices : celles qu'il n'a jamais pu verser à la mort de sa femme... et qu'il va verser dans les bras de sa dernière compagne, Anna. Un très beau moment romanesque pour la lectrice ou le lecteur qui n'en pouvait plus de la violence de cet homme tout en tensions et non-dits.

Les figures féminines sont d'ailleurs de très beaux personnages dont la fragilité et la force cohabitent dans une belle promiscuité. J'ai été vraiment touchée par Margret, la grand-mère d'Ari, une femme vibrante, courageuse mais aussi dévoreuse de vie car elle n'hésitera pas à aimer deux hommes en même temps, ce qui dans les années trente n'était pas vraiment dans les moeurs surtout pour les femmes... L'amour transgressif est très présent dans le roman et il fait un beau contraste avec l'amour mère-enfant, leit-motiv, qui revient en boucle, notamment, dans l'évocation des relations d'Ari avec sa mère, morte alors qu'il avait cinq ans. Cela donne lieu à de très beaux passages fantasmagoriques, qui, dans une sorte de ralenti, évoquent les derniers moments de complicité passés entre eux. Moments vécus ? rêvés ? fantasmés ? On ne sait pas, on perd pied mais pour mieux se retrouver dans une autre dimension : "celle où l'univers nous traverse". C'est beau, consolant, apaisant et quel merveilleux contrepoids à la noirceur et au désespoir également omniprésents.

Dernier clin d'oeil de Stefanssoon à la fin du roman : le narrateur s'en va, quitte Ari ou plutôt il disparaît sans qu'on sache là non plus s'il a vraiment existé ou s'il n'a été tout au long de l'histoire qu'un double d'Ari et non un parent comme on le pensait. Trait d'humour habilement glissé et qui laisse le lecteur sur le chemin avec ses questionnements, ses doutes et peut-être l'envie de lire la suite des aventures d'Ari ;-)
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Mon sous-marin jaune

Il est là, assis sur une couverture, à l'ombre d'un vieil arbre dans ce parc de Londres. Paul McCartney a sorti un roman de son sac et tourne ainsi quelques pages en tendant l'oreille par moment sur la musique des oiseaux. Quel roman cela pourrait être, se demande l'auteur. Un roman islandais, peut-être. Un roman de lui-même ? La claque... Paul, le héros de sa jeunesse, il l'a accompagné tout au long de sa vie, qui lit un de ses livres. Mais comment oser l’aborder après ça ? Il a croisé souvent le regard de Paul, dans les étapes clés de sa construction d’écrivain, comme dans ce bus qui l’a emmené dans le Nord de l’île pour des vacances d’été, la bande des quatre assis au fond en train de composer de nouvelles musiques, une foire pas possible.



Mais il n’y a pas que Paul ou Ringo dans ce sous-marin jaune… Quand il était dans la voiture de son père, il se retournait souvent pour voir Dieu l’Éternel et Johnny Cash assis sur la banquette arrière de la Trabant en train de boire des bouteilles de vodka à même le goulot. Dieu et Johnny furent très complices pendant des années, faut dire que descendre des bouteilles de vodka ensemble, ça forge des liens solides. Puis un jour, Johnny a disparu. Et à l’arrière de la Trabant, à côté de Dieu l’Eternel, étaient assis Simon & Garfunkel. Toujours la vodka qui passe de main en main, fini les chansons de marins à tue-tête avec des femmes dans chaque port, the sound of silence sonne en guise de refrain. Où diable est donc Johnny Cash, pendant qu’une baleine semble souffler aux larges des côtes nordiques. Et puis un autre jour, c’est Rod Stewart qui est venu s’asseoir à côté de l’Eternel. Lui, était plus whisky. Et il parlait tout le temps de cette nana avec des jambes, longues, longues et belles, belles, hot legs, elle est chaude chaude et a l’œil qui pétille à chaque fois qu’il en cause à Dieu l’Eternel. Moi aussi.



Bref, c’est un roman musical, un roman d’initiation qui voit ce gamin errer dans l’adolescence sur cette île, entre souvenirs de campagne et de catéchisme. Et d’une telle vie, loufoque et solitaire, naîtra probablement un grand écrivain, si grand que ses romans seront traduits de l’islandais en anglais, et seront même lus par Sir Paul McCartney, c’est dire la qualité de l’écrivain qui m’a encore une fois embarqué dans son histoire, qui pour une fois fut nettement plus solaire que le crépuscule auquel l’auteur m’avait habitué. Un voyage dans le temps entre la Mésopotamie de 5000 av. J.C. et la ville de Keflavik dans les années 1980 où Ringo Starr serait devenu un évêque et à tout moment décapité… Heureusement les sternes arctiques continuent de voler dans le bas ciel, les gâteaux locaux sont préparés à base d’œufs de goéland, « … et je deviens aussi triste que la commissure des lèvres de Ringo Starr. »
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Ton absence n'est que ténèbres

Plusieurs commentaires m'avaient donné envie de découvrir cet auteur (que je n'ai jamais lu) et ce roman. Disponible à la bibliothèque, je m'empresse de l'emprunter. Et mazette ! quelle découverte !

Bon je l'avoue j'ai peut-être eu du mal à entrer dans le livre, mais rapidement j'ai eu beaucoup de mal à le lâcher, le traînant régulièrement avec moi en dépit de son volume et de son poids.

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Avec ce livre vous allez partir en Islande. Mais attention, pas par un vol direct, plutôt un puzzle où les morceaux s'emboîtent petit à petit, les histoires s'assemblent, s'accrochent, s'éloignent parfois.... Avec une thématique essentielle : l'amour mais l'amour qui fait mal à soi, aux autres.... L'amour indispensable mais douloureux.... Et la mort, inévitable...

L'histoire a un côté universel. La façon de la raconter est incroyablement originale, tournée autour de deux personnages atypiques. J'ai adoré, c'est fascinant !

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Un mot qui revient souvent dans ce livre est "ténèbres". Pourtant j'ai trouvé un côté lumineux ce livre, peut-être par la présence marquée de la musique, ou par la présence de certains personnages qui même tout simples illuminent le récit.

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Bref j'ai adoré, je me suis régalée, je regrette de quitter les personnages (bien fouillés comme j'aime), je regrette ce style magnifique qui ajoute à l'empathie et au mystère autour des personnages. C'est clair, je vais aller voir la bibliographie de cet auteur.

Si l'épaisseur vous fait peur, n'hésitez pas, c'est un livre remarquable !
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D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

Ca commence comme ça :

« Le soleil lui-même eût été impuissant à l’éviter, tout autant d’ailleurs que les mots sublimes tels amour ou arc-en-ciel, devenus désormais parfaitement inutiles, et qu’on pouvait sans dommage mettre au rebut – tout cela avait commencé par une mort. »

« Les montagnes colériques hébergent la mort en leur sein »

« Le ciel était si loin que nos prières ne l’atteignaient jamais et s’arrêtaient à mi-chemin avant de s’arrêter comme des oiseaux défunts »



Trois citations prises dans les trois premières pages.

Trois citations poétiques, inspirantes. J’adore la poésie.

Trois citations désespérantes. Et en ce mois de janvier, ce n’est pas ce qu’il me faut. Pas du tout.

Décidément, j’avais débuté l’année 2019 par « Le grand marin » de Catherine Poulain, qui m’avait jetée dans une mer inhospitalière du grand Nord. Et cette année, même choix ! Suis-je donc masochiste ?



Je ne vais pas vous raconter l’histoire, puisque je me suis arrêtée au tiers. J’ai jeté l’éponge, lassée de ce vent, de ce froid, de ces regrets, de cette nostalgie poignante, de la mort omniprésente. Les personnages sont nombreux, se superposent, se détaillent d’une époque à l’autre. La famille d’Ari se décortique à travers les années. Les amis, aussi. Les connaissances. Les collègues. Et ainsi de suite.



Le style est somptueux, et vraiment, je l’adore. Poétique à souhait.

Mais je n’arrive pas à m’attacher à aucun personnage, et même j’oublie ce que j’ai lu d’une page à l’autre !



Et pourtant, j’avais lu « Asta », écrit de la même façon. Mais alors que j’avais encensé ce roman que j’avais qualifié de « chaleureux et intimiste », autant ici j’affirme tout le contraire.



Pourquoi donc l’abandon ?

Parce que les poissons n’ont pas de pieds ?

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Ásta

Un magnifique roman islandais, un texte pas si facile d’accès, mais d’une grande qualité d’écriture et d’émotion.



Avec ses chapitres discontinus qui passent des souvenirs d’un homme étendu sur le sol pour mourir aux lettres d’une femme à son amoureux ou aux réflexions d’un écrivain, il n’est pas facile de s’y retrouver. Il faut accepter le plaisir de s’immerger dans les mots et ne pas chercher à tout comprendre au départ, faire comme quand on rencontre une nouvelle personne, on apprend peu à peu à la connaître sans qu’elle nous raconte son histoire de façon chronologique.



Asta, c’est le nom d’une jeune fille du roman, mais « ast », c’est aussi un mot qui signifie amour en islandais. Et c’est beaucoup d’amours qu’on trouvera dans ce livre. L’amour d’un homme pour une femme trop belle, l’amour-passion qu’on assouvit sur la table de la cuisine, l’amour d’une mère qui ne sait pas vraiment aimer, l’amour qu’on cherche, qu’on perd et qui brise les cœurs.



Le roman, c’est aussi celui de la littérature. Un frère poète, un écrivain qu’on héberge comme attraction dans un lieu touristique, les livres qui font partie de la vie car : « Écrire, c’est lutter contre la mort » (p. 81)



Un livre touffu, rempli d’émotions et de bien jolies citations.

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Le cœur de l'homme

« Un antique traité de médecine arabe affirme que le cœur de l'homme se divise en deux parties, la première se nomme bonheur, et la seconde, désespoir. En laquelle nous faut-il croire ? »



"Le cœur de l'homme" est le dernier tome de la trilogie romanesque de Jón Kalman Stefánsson, dans lequel nous retrouvons Le Gamin et Jens, que nous avions abandonnés au beau milieu d'une tempête de neige à la fin du tome précédent. Recueillis chez un médecin, ils tentent tous deux de se rétablir, ayant échapper de peu à la mort. Puis vient le moment de rentrer au Village, en même temps que le printemps décide enfin de s'installer. Les neiges fondent, la saison de salage des morues débutent. Jens démissionne et s'en retourne vers la femme qui l'attend depuis longtemps. Le Gamin, quant à lui, parfait son instruction auprès de Gísli, le directeur de l'école au penchant très alcoolisé, et auprès d'Hulda pour son anglais, tout en continuant de travailler à la buvette et de faire la lecture à la fin du service à Geirþrúður (propriétaire des lieux et femme qui se bat continuellement dans ce monde d'hommes pour garder son indépendance), à sa fidèle Helga et au vieux loup de mer aveugle Kolbeinn.



Alors que le printemps, puis l'été s'installent, alors que les travaux de saison ne manquent pas, alors que chacun des protagonistes va devoir se battre face aux imprévus et aléas de la vie, Le Gamin cherche toujours un sens à son existence, découvre l'amour ou du moins les relations complexes entre les sexes, se demande si la vie en général en vaut la peine face à toutes ces injustices (pouvoir des hommes, pauvreté, deuils). Peut-on espérer vivre des jours meilleurs, peut-on aspirer à connaître un jour le bonheur quand tout autour de nous n'est que désespoir et injustice ?



Ça a été un plaisir que de retrouver ce Gamin, encore plein d'innocence, pour qui les livres sont un refuge mais dans lesquels il ne trouve pas toutes les réponses à ses questions, ce Gamin que l'on dit trop mou, pas assez viril, voire même débile, alors qu'il est juste un grand sensible. À travers réflexions et retranchements intérieurs, au fur et à mesure que le temps devient de plus en plus clément, nous assistons à la transformation qui s'opère chez Le Gamin, celle qui le rendra homme. Et ce ne sont pas seulement ses lectures et son instruction qui en seront la cause : ses relations avec les autres évoluent, ainsi que les relations entre les divers personnages. C'est beau !



Ce dernier tome, pour moitié roman initiatique et roman psychologique/philosophique, clôt admirablement la trilogie. On avait eu droit dans les deux premiers tomes à une Islande froide, toute vêtue de blanc, peu accueillante avec ses montagnes imposantes et sa mer colérique. On la découvre ici, certes toujours pas si accueillante, mais toute verte, pleine de vie, plus chaleureuse. Une Islande décrite comme un personnage à part entière, avec ses défauts et qualités, dont sont tributaires les différents protagonistes.



Mon gros bémol est toujours le même : je suis toujours autant gênée par la mise en forme/page, avec des dialogues au beau milieu des paragraphes, au beau milieu des phrases, que l'on ne distingue pas de la narration et des pensées intérieures. Et souvent, on a droit aux trois dans une seule et même phrase, avec même des répliques de plusieurs personnages. Ça en fait des longues phrases, avec un nombre incalculable de virgules... C'est parfois usant et fatigant, et c'est ce qui m'a gâché en partie la lecture...



Heureusement que la jolie plume de l'auteur est là pour rattraper : toute pleine de poésie et de lyrisme, tantôt douce et mélodieuse, tantôt plus aigrie, en accord total avec les paysages, l'humeur et le climat islandais.



Des trois tomes, ma préférence tend plutôt pour ce dernier, que j'ai trouvé un peu plus lumineux, qui donne aussi un peu plus d'importance aux personnages qui entourent Le Gamin, ce jeune garçon qui nous touche de plus en plus.

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À la mesure de l'univers

Quel roman magnifique !



Un récit où il est question d'amour, et de mort, de musique, beaucoup, de poésie aussi, beaucoup – il faut dire que les Islandais y portent une attention toute particulière, beaucoup plus que nous, qui avons perdu de vue l'importance d'en lire. Il souffle un vent de nostalgie sur ce roman qui parle de destinées, d'enfant orphelin, de morts injustes, des étoiles la nuit, de l'alcool qui entraîne la violence et les coups parfois sur ceux ou celles qu'on aime.



On va croiser Margret et Oddur, le grand-père d'Ari, les femmes Veiga, Lilla, Sigga, mais aussi Tryggvi, et Jakob, le père d'Ari, Anna, sa dernière compagne, mais aussi Pordur, Svavar, Arni et bien d'autres.



Ari rentre en Islande pour voir son père Jakob, qui va bientôt mourir. On découvre alors Reyflavik, une ville de pécheurs, parce que pécher du poisson c'est important.

« Si nous oublions de tirer le poisson de la mer, ce poisson qui compte de plus en plus et qui, bientôt, sera plus important que l'agriculture, eh oui, qui l'eût cru, nous peinerons de plus en plus à survivre et notre rêve d'indépendance ne se réalisera pas. » pense Oddur, alors que son fils Pordur, très doué pour l'écriture, rêvasse sur le bateau où Oddur règne en maître. Et c'est le drame. « Oddur souffle. Il s'approche lentement du poisson que Pordur vient d'abîmer, l'examine, l'attrape par la nageoire caudale, puis s'avance sans hésiter vers son fils qui lève les yeux, la tête ailleurs, toujours ce sourire aux lèvres – et là, Oddur le frappe. de toutes ses forces. L'énorme poisson rebondit sur la joue de Pordur si bien que la chair de l'animal est endommagée, elle éclate, il le frappe si fort que Pordur fait tomber son crocher et manque de passer par-dessus bord. Puis, c'est le silence. »



Jon Kalman Stefansson entremêle les époques – on suit trois générations d'islandais, des Fjords de l'Est jusqu'à Reyflavik, qui va beaucoup changer elle aussi, en une sarabande qui nous fait comprendre les connections, les legs qu'une génération donne à l'autre. le destin de ceux et celles qui avaient en eux ce besoin d'écrire, très souvent contrecarré comme Pordur face à son père Oddur. Parfois on n'est perdus : dans le même chapitre sont entremêlés plusieurs époques, mais ce sont comme les maillons d'une longue chaîne qui défile sous nos yeux, une continuité de destin dans cette saga familiale qui n'en finit pas.



Il y a des personnages de femmes magnifiques. Qui rêvent, qui aiment, qui lisent et écrivent, qui bataillent dans ce pays où le vie est dure et cruelle, qui ont des enfants, les chérissent, et disparaissent parfois beaucoup trop tôt.



Et puis il y a tous ces titres de chapitres, j'aimerais tous les citer : « quel fardeau la mort est pour la vie …aussi longtemps que quelqu'un est vivant », Qu'adviendra-t-il de la justice et de la beauté si les idéaux périssent ? » « Quelque part, à proximité de l'univers », « Quelqu'un pleure et Elvis a le pouvoir d'ouvrir les coeurs » « Comment est-il possible de créer une telle quiétude » ...



Encore un mot pour signaler une originalité sur la forme : l'auteur n'est jamais loin dans ce récit. Il se glisse auprès d'Ari, nous prend par la main pour nous entraîner à sa suite, et se retire, à la fin, comme à regret. « Je vois tout cela », nous dit-il, « la pierre qui devient terreau, Ari qui se gare devant la maison où sa belle-mère vit avec Mani. Je vois tout cela tandis que je m'unis peu à peut à l'averse de neige. Et je m'unis si radicalement à elle qu'on dirait que jamais je n'ai vraiment existé. » … Comme l'auteur, on se retire sur la pointe des pieds à la fin de ces 438 pages.



Il y aurait encore tant à dire pour vous convaincre de découvrir l'écriture de Jon Kalman Stefansson. Parler de nostalgie, de personnages très loin géographiquement, mais tellement proches qu'on croit, en fermant le livre, les avoir côtoyés de près.

Magnifique, oui, vraiment.


Lien : https://versionlibreorg.blog..
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Lumière d'été, puis vient la nuit

Il y a longtemps que je n'ai pas eu autant de plaisir avec un livre qui ne parle de rien mais de tout, non pas de quelqu'un en particulier, mais de tous !



C'est simple et la digression est élevée au rang de poésie. Les vies sont narrées comme des contes et des légendes qui nous emmènent dans le coeur et l'âme des habitants du village au bord du fjord.



Il faut de l'art pour faire des perles avec des choses banales, de celles que nous raconterions à nos amis ou à nos voisins !



Merci à Eric Boury pour avoir su, une fois de plus, transmettre toutes les sensibilités et les nuances de l'écriture de Jon Kalman Stefansson !



A lire et à déguster, même si j'ai fait preuve de gloutonnerie à le lire d'une seule traite ! Je prendrai mon temps, une autre fois, plus tard !



#Lumièredétépuisvientlanuit

#NetGalleyFrance

#rentreelitteraire2020"
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Ásta

Ásta est pour moi le roman magnifique d'un auteur, Jón Kalman Stefánsson, que j'avais eu le plaisir de découvrir lors de la lecture de son merveilleux livre, Entre ciel et terre.

Ce roman pourrait rebuter le lecteur au premier abord. À cause de son épaisseur, 491 pages, ce n'est pas rien. Et puis, en raison de sa façon de casser l'ordre des choses, ne pas suivre la chronologie classique d'une histoire. C'est pourtant sans doute ici, à mon avis, l'une de ses forces, sa lumière, sa façon non pas de remonter le temps mais d'aller puiser ici et là, un peu dans le désordre d'une mémoire qui vacille, chercher des voix, des musiques aussi, se raccrocher à cela comme à des bouées de sauvetage...

Ainsi, Sigvaldi, artisan peintre en bâtiment, tombe d'une échelle et tente un instant de se raccrocher au rideau du temps et l'emporte avec lui dans sa chute. Il est le père d'Ásta. C'est un peu comme si, tombant de cette échelle, allant frapper le trottoir d'en bas, il avait cherché à se retenir à quelques souvenirs, mais en définitive entraînant dans cette chute tout un monde fait de bonheur et de malheur.

Ásta est un magnifique portrait féminin, féministe aussi, le personnage revendique dans son parcours cet engagement. Elle est malmenée par la vie. Tour à tour vibrante comme la corde d'un instrument de musique qui vivre, puis mélancolique et touchée par la douleur...

Il est difficile de raconter cette histoire, il y a plusieurs histoires qui s'entremêlent, d'ailleurs ce n'est pas l'objet de mon propos. C'est une famille bousculée par les aléas de la vie, comme tant d'autres vies, les personnages de cette famille sont malmenés, meurtris, blessés, rêvent aussi, espèrent. Rebondissent parfois, d'autres s'effondrent dans l'alcool, la désillusion, la chute depuis une échelle...

Le paysage d'Islande joue aussi un rôle fondamental. Est-il possible d'être heureux et d'aimer dans une terre de désolation ? Ce n'est pas moi qui le dit mais un des narrateurs... Pourtant la nature devient parfois un personnage à part entière, notamment quand une partie du récit s'en va du côté des fjords de l'ouest. Ici, le ciel se donne en spectacle.

Comme en Bretagne, il semble que là-bas aussi la terre sent bon après la pluie. J'ai toujours adoré la pluie pour cela.

Les personnages ont parfois peur d'aimer car ils ont l'impression d'aimer pour la première fois. Parfois ils ont l'impression de se retrouver dans des impasses. « N'est-il aucun chemin qui nous mène hors du monde ? »

C'est un livre qui parle de maternité, de paternité, de déracinement, du bonheur d'exister et puis forcément d'amour. A quoi reconnaît-t-on l'amour ? C'est la question que se pose un des personnages du livre. Les souvenirs sont présents. L'éternité s'invite ici comme pour prolonger l'espoir des personnages et la limite du paysage.

Ásta est un très beau personnage, dans tous les sens du terme, qui évoque la mélancolie, la passion, la curiosité, l'impatience.

Ásta est une enfant abandonnée sans l'être vraiment.

Pourtant, ce sont les personnages secondaires, ceux qui sont dans l'ombre de ce texte, qui m'ont le plus touché.

Il y a tout d'abord cette nourrice, sa présence tout au long du roman, même lorsqu'elle n'est pas physiquement présente. D'ailleurs, elle n'est quasiment jamais là, on ne la voit pas, mais elle est là pourtant, à travers le regard d'Ásta, son souvenir, dans ses lettres, sa douceur est là, sa chaleur humaine, la confiance d'Ásta en elle.

J'ai été aussi épris d'émotion pour cette petite vieille qui s'appelait Kristín. Son fils est paysan. C'est là-bas dans cette ferme du côté des fjords de l'ouest qu'Ásta, recueillie pour un temps, va rencontrer Jósef.

Le travail d'Ásta et de Jósef consiste à enlever des pierres dans un champ immense.

Kristín se perd dans l'été, se réveille parfois à une autre époque, souvent en 1910, c'est-à-dire cinquante-cinq ans avant. Son fils l'attache à un poteau pour ne pas qu'elle s'égare dans le paysage. Parfois elle réussit à faire des fugues et quand on la retrouve, elle pleure en silence. Elle aussi a un secret qui sera révélé dans ce récit.

Souvent la pluie apporte une douce mélancolie au récit, la pluie d'été, la pluie d'automne. Il y a aussi un été dans ce roman, cet été qui allume des étoiles dans le ciel d'août.

Et tandis que Sigvaldi n'en finit pas de dégringoler de son échelle, nous n'en finissons pas de descendre dans les paysages intimes de nos vies, comme Kristín qui s'égare dans un champ de pierres, bascule brusquement soixante ans en arrière, ressemble forcément à nos vies, à nos proches...

Dans ce livre, j'ai aimé aussi la bande son. C'est un livre sonore. Nina Simone, tout d'abord qu'Ásta adore. Mais il y aussi Chet Baker. Je ne sais pas si c'était un hasard ou pas de la part de l'auteur. Il s'avère que Chet Baker est mort en tombant depuis la fenêtre d'une chambre d'hôtel à Amsterdam.

Je referme ce livre magnifique tandis que Nina Simone chante I put a spell on you.

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Ásta

Je suis très heureuse d’avoir enfin fait la connaissance de Jon Kalman Stefansson.

Il m’est toujours agréable de me plonger dans les pages d’un auteur célèbre, dont je connais à peine le nom.

Cette immersion en terre islandaise a été une découverte assez déconcertante dans les premières pages. J’ai été déroutée par le manque de linéarité dans le récit, Jon Kalman Stefansson n’hésitant pas à nous balader d’un personnage à l’autre, d’un pays à l’autre avec souvent quelques décennies d’écart.



Mon plaisir a commencé lorsque j’ai accepté de me laisser guider à l’aveugle par un auteur ô combien talentueux, sur les pas d’Asta, superbe héroïne née de la passion brûlante entre Sigvaldi et Helga.

Toute l’histoire d’Asta nous est relatée par Sigvaldi étendu sur un trottoir après avoir chuté de l’échelle sur laquelle il travaillait.

Cette vie qui le quitte peu à peu est intimement liée à celle de sa fille Asta.



Jon Kalman Stefansson a l’art de tisser les destins, dresser les portraits des protagonistes, croiser leurs regards et nous raconter les péripéties de leur vie. Chaque personnage est brossé avec beaucoup d'application et une grande sensibilité.



« Asta » est un roman foisonnant porté par une écriture lyrique, sensuelle qui mélange les époques et les personnages. J’ai adoré me perdre dans ces lignes pour mieux me retrouver dans cette Islande grandiose aux paysages époustouflants magnifiquement décrits.



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D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

"Celui qui lit tellement de poésie qu'il en vient à imaginer qu'il peut nager jusqu'à la lune doit pouvoir vivre plus longtemps, le monde ne saurait se passer de ce genre de personnes. "



Avec ce genre de phrase on ne peut que tomber sous le charme de l'écriture de Jon Kalman Stefansson. On retrouve la rudesse du climat islandais, la richesse de la poésie, les pensées profondes sur l'existence de sa trilogie merveilleuse.

Ici, c'est une histoire de famille qui se raconte et s'entremêle sur trois générations. On se laisse happer par les longues phrases qui nous emmènent ailleurs, dans les pensées des hommes et des femmes de ce pays si extraordinairement beau et sauvage, qui s'égrènent au fil du temps.



Un roman qui nous ferait presque croire qu'on peut nager jusqu'à la lune, mais on retombe dans la réalité car on sait bien qu'hélas les poissons n'ont pas de pieds...

Un roman à la fois dramatique, où il est question de la vie des femmes, de la rudesse des hommes, et passionnément magique.

Pourtant quand ils serrent les poings, ils veulent dire un poème...



"Oddur serre les poings plus fort encore, impuissant, vaincu, il serre les poings, c'est sa manière à lui de déclarer sa flamme, elle le sait, c'est ainsi que se tisse le chant d'amour qu'il lui dessine."
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Lumière d'été, puis vient la nuit

L’histoire s’ouvre sur un petit village, comme tant d’autres, perdu dans les fjords, avec sa poste (surtout sa postière en fait !) sa coopérative agricole mais qui a cependant une particularité : il n’y a ni église ni cimetière.



« Il semble cependant qu’il y ait un point par lequel notre village se distingue des autres – nous n’avons pas d’église. Non plus que de cimetière. On a pourtant maintes fois tenté de remédier à ce manque, une église donnerait indéniablement de l’allure à notre environnement, le doux tintement des cloches rejoint les âmes en peine ; le glas porte avec lui des nouvelles de l’éternité. »



On fait ainsi la connaissance d’un homme particulier, le directeur de l’Atelier du Tricot, qui tout à coup se met à rêver en latin. Alors que tout un chacun ne ferait que s’en étonner moire s’en amuser, il décide d’apprendre le latin, et donc de lire des ouvrages en latin pour ensuite s’intéresser aux grands textes et notamment à l’astronomie. Il va ainsi renoncer à son travail, faire des conférences, rencontrer d’autres personnes dans le monde qui ont la même passion. Ces voisins vont le surnommer « l’astronome ». Son épouse en profitera pour faire ses valises…



Au départ, on pense que l’auteur va raconter son histoire, alors qu’en fait, d’autres personnes vont entrer en scène et une interdépendance va ainsi s’installer entre les personnages, aussi bien que les thèmes.



On fait ainsi la connaissance de David le fils de l’astronome qui travaille à l’entrepôt, qui est persuadé de l’existence des fantômes ce qui lui permet de trouver des explications à certains évènements étranges, malgré le scepticisme de son collègue Kjartan, ou encore Jonas, si pâle et évanescent qu’il risque de se dissoudre dans l’espace, ou encore Benedikt. Mais n’allez surtout pas croire que les femmes sont absentes : nous avons Agusta postière qui lit tous les courriers qui arrivent à la poste et n’hésite pas à en instruire ses concitoyens, ou encore ma préférée Elizabet, au caractère bien trempée qui n’hésite pas à se frotter aux autres, hommes ou femmes). J’allais oublier Jacob qui parcourt le pays à v bord de son camion ou Matthias qui rentre au pays après des années passées à l’étranger.



Ce roman me rappelle dans sa construction, le roman précédent « Asta », lequel variait les époques dans sa narration, alors qu’ici on reste dans l’ensemble dans la période actuelle, mais les chapitres s’étoffaient et s’enrichissaient les uns les autres.



Je n’ai toujours pas lu la trilogie de Jon Kalman Stefansson : « entre ciel et terre », « La tristesse des anges » et « Le cœur de l’homme » qui me narguent depuis un certain temps dans ma PAL… « ô temps suspends ton vol et vous heures propices suspendez votre cours » comme le disait si bien mon ami Alphonse de Lamartine…



Un immense merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui ont bien voulu me permettre de découvrir ce roman et de retrouver son auteur ainsi que l’Islande, ce pays qui me fascine (tout comme sa littérature)



#Lumièredétépuisvientlanuit #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

J’ai découvert Jon Kalman Stefansson avec un autre roman, Entre ciel et terre, que j’avais adoré. Énormément. Je me suis donc lancé assez rapidement dans un autre de ses romans : D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds. Le début m’a accroché. On retrouve Ari qui revient chez lui, en Islande, nostalgique de sa jeunesse, rempli de souvenirs. C’est le genre de truc qui réussit habituellement à me faire craquer. Mais mon enthousiasme s’est estompé plutôt rapidement. Pourtant, je retrouve dans ce bouquin plusieurs des éléments qui m’avaient séduit, la plume de l’auteur, sa façon de décrire un quotidien qui pourrait paraître ordinaire au premier abord mais qui cache mille richsses. Un quotidien dur, mais enchanteur à la fois. Malheureusement, les plus beaux mots et la plus précieuse atmosphère, quand ils ne s’accrochent pas à des personnages pour lesquels on se sent investi, ça sonne un peu creux. Plus j’apprenais à connaître Ari, moins j’avais envie de découvrir la suite de ses aventures. Quand, à son retour en Islande, les douaniers l’ont fouillé – complètement, jusque dans le… –, j’ai décroché. Même si c’est plausible et que les détails vulgaires ont été épargnés, je ne voyais pas la pertinence d’inclure un tel élément. Je pouvais comprendre que ce personnage descendait à son plus bas sans cela. Quant à l’alternance dans la narration entre l’histoire d’Ari et celle de ses grands-parents, je n’ai pas trop accroché non plus. À mes yeux, ça sonnait faux, superficiel, tissé de fils blancs. J’avais constamment l’impression que Stefansson essayait de m’obliger à ressentir la pitié ou le malheur de ses personnages. Je n’aime pas me faire forcer la main – ou le cœur – ainsi. C’est bien dommage car son style me plait particluièrement. Incidemment, je me procurerai tout de même un autre de ses bouquins.
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D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

Quel plaisir de lire un beau texte !

Dans ce roman islandais, traduit par un amoureux des mots, on part dans les souvenirs partagés du narrateur et d'Ari, poète et éditeur qui revient au pays après une longue absence.



Partout où se pose leur regard dans la petite ville de Keflavik , où tout le monde se connaît, renaît une anecdote, tendre, drôle ou tragique. ..Keflavik, petit port de pêche avec sa base américaine et son aéroport international, située un peu au sud de Reykjavik, capitale d'un pays semblable à un cookie perdu dans l'Atlantique Nord, une lande battue par les intempéries, avec si peu d'habitants...peu nombreux certes, mais si passionnés !



Les souvenirs plus ou moins lointains sont prétexte à une méditation poétique sur le caractère éphémère de toute chose et sur la fonction incantatoire des mots qui font revivre le passé, bousculant au passage notre représentation linéaire et continue du temps.



J'aime les souvenirs des ados et leurs premiers émois, la douleur d'Ari avec son bégaiement, l'incroyable histoire d'amour des grands parents. J'adore ses délicates analyses du délitement des sentiments, le mail de rupture sublime de l'épouse d'Ari, sa petite vengeance aussi..j'ai souffert avec Margrete débordée par un quotidien tellement partagé par les femmes du monde entier.



J'ignorais le goût particulier des Islandais pour la poésie qui imprègne ce texte de moments lyriques, et toutes les émotions suggérées. Il y a le singulier d'une société dans laquelle la mort est un mot masculin, et l'universel de la condition humaine.



J'ai aimé voyager aux confins de la terre et de l'océan, il me reste quelques phrases en mémoires, de petites leçons de vie venue du froid.



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À la mesure de l'univers

Indicible, c’est le mot qui me vient à l’esprit pour décrire mon ressenti à la lecture de ce roman. Indicible, c’est ce que je ressens au plus profond de moi.



Encore une fois Jon Kalman STEFANSSON me touche au-delà de tout.

Vous dire en quoi, est difficile à expliquer. Ce sont les mots, tout simplement, l’atmosphère... La magie a une nouvelle fois opérée. Ce livre est empreint de nostalgie, de mélancolie, mais aussi d’espoir. Les portraits des femmes sont magnifiques. C’est peut-être cela qui fait que j’aime particulièrement cet auteur.



Par petites touches, et tout au long des deux volumes STEFANSSON nous raconte ce qu’a été la vie de chacun de ses personnages. Ceux de la famille d’Ari mais également ceux qui gravitent autour d’eux, et ce, sur trois générations. Petit à petit tout prend corps, tout s’explique. L’histoire de chacun est tellement forte en émotion, qu’il n’était pas possible de tout raconter en une fois. Et le charme n’aurait pas opéré de la même façon.



Je l’ai acheté à sa sortie, mais j’attendais le moment propice pour le lire. Car un livre de Jon Kalman STEFANSSON ne se lit pas n’importe comment. Il faut le déguster, avoir le temps de se l’approprier.



J’attends la suite avec impatience ! Parce que pour moi, il doit y avoir une suite. Tout n’a pas été dit dans ce deuxième opus. Qu’en est-il des amours d’Ari et de Pora ?



Comme pour le précédent, ma critique n’est pas à la hauteur. J’aurais tellement aimé vous communiquer ce qu’il y a d’indicible et de ce que j’ai pu palper en me plongeant dans cette lecture. Vous pouvez vous référer aux citations que j’ai relevées tout au long du livre pour vous donner une idée de la dimension de ce roman.



De nouveau, une superbe traduction d’Eric BOURY.

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Ton absence n'est que ténèbres

♫Qu'est-ce qui bouge le cul des andalouses

C'est l'amour

Qu'est-ce qu'on trouve en cherchant sous ta blouse

C'est l'amour

J'prends l'entrée et puis le plat du jour

C'est l'amour

Toi et moi dans le même bermuda

C'est l'amour

C'est l'amour

C'est l'amour, - mour - mour - mour

Elle revient l'hirondelle des faubourgs

C'est l'amour

Dis par où c'est la sortie d'secours

C'est l'amour. ♫

(C'est l'amour – Léopold Nord & vous)



Un extrait de chanson pour débuter ce billet sur un roman très musical (peut-être le plus musical de cet auteur ?). Un extrait de chanson sur l'Amour pour un roman qui en a fait le thème principal. En tout cas c'est ma perception, très personnelle si je lis les billets des autres babéliotes, qui parlent aussi de la Mort comme thème principal. Mais aujourd'hui je suis de bonne humeur et j'ai envie de penser que l'Amour c'est la vie, et que la mort aussi c'est la Vie, l'ultime étape de la vie. Et puis tout le monde sait que:



♫ Les histoires d'amour finissent mal en général

Les histoires d'amour finissent mal en général

Les histoires d'amour finissent mal en général

Les histoires d'amour finissent mal en général♫

(Les histoires d'A- Les Rita Mitsouko)



Bon alors on retrouve avec joie l'Islande, ce pays où le ciel est si près de nous qu'on a l'impression qu'il est plus proche des humains que nulle part ailleurs. Ce pays de landes qui « sont ces lieux où la terre se soulève comme dans l'intention de monter vers les cieux. Joli mot, certes, mais qui implique parfois solitude, mauvais temps, dangers de toutes sortes et brouillards où vous vous perdez, même s'il implique également liberté, quiétude, rêves et si les plus belles landes recèlent des lacs où nagent des truites saumonées et des ruisseaux qui chuchotent entre les touffes d'herbe. Peu de choses en ce monde sont aussi merveilleuses que de s'allonger entre les touffes d'herbe d'une lande islandaise, de rester couché là, en communion avec le ciel et le parfum des bruyères, celui qui a fait ce genre de chose peut s'enorgueillir d'avoir vécu, d'avoir existé, c'est-à-dire, pour autant que la terre ne soit pas détrempée, quand il n'y a pas une goutte de pluie, quand le vent ne souffle pas si fort que celui qui traverse les lieux à cheval peut s'estimer heureux de n'être pas désarçonné comme une poupée de chiffon. Et quand la neige, parfois mêlée de pluie, ne s'abat pas sur vous, ce qui peut arriver même en plein été – mais tout ce qui monte vers le ciel, qu'il s'agisse d'un humain ou d'un paysage, doit évidemment pouvoir supporter plus d'épreuves que le commun des gens. »



Un tout petit pays, une toute petite île, mais une grande nation littéraire puisqu'elle compte parmi sa population de grands écrivains contemporains. Et un pays de sagas aussi vieilles que le monde. D'ailleurs c'est à une saga -moderne- que nous avons affaire ici.



Tout part d'un article écrite par une modeste paysanne peu lettrée sur le lombric, pauvre invertébré élevé au rang de « poète de la glèbe » (les poètes apprécieront peut-être la comparaison). La publication de cet article aura des conséquences qui se répercuteront jusque 120 ans plus tard, et encore rien ne nous dit que l'histoire est finie.



Ce sont des histoires d'amour imbriquées les unes dans les autres, pour remonter au début du siècle dernière et retracer l'histoire d'une famille islandaise, et en filigranes l'histoire de l'Islande faite aussi d'exil, d'exode, de pauvreté.



Bon on se perd assez facilement dans toutes ces histoires et ces prénoms (il faut bien l'avouer) qui sonnent étrangement à mes oreilles francophones, même si l'auteur sème beaucoup de petits cailloux pour nous repérer, ce qui alourdit l'histoire aussi et au final fatigue le lecteur.



On retrouve néanmoins le style de Stefansson, mais pour ma part j'ai été beaucoup moins séduite avec ce roman-ci … en dépit de la poésie de l'auteur, des moments de grande émotion (j'avoue avoir versé une larme de temps à autre), et des questionnements existentiels, mais cette fois-ci j'ai trouvé que certains d'entre eux avaient des allures de sentences de développement personnel !



Un avis mi-figue mi-raisin.

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Ton absence n'est que ténèbres

Jón Kalman Stefánsson est un poète de l'ordinaire. Il touche de sa plume l'âme humaine, la pare de lumière et l'ancre dans un écrin de verdure bordé par la mer et lavé par la pluie. Entre larmes, poésie, rêve et tendresse, ce roman bouleverse les cœurs et les codes, joue avec le temps pour ne plus le laisser jouer avec les destins. Un livre brillant qui marque par la pureté de sa voix (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/02/11/ton-absence-nest-que-tenebres-jon-kalman-stefansson/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Le cœur de l'homme

Et voilà! le coeur lourd j'ai tourné la dernière page. Je n'étais pas prête à quitter le gamin. Une fois encore je suis revenue en arrière, mais la dernière ligne est arrivée et je me sens orpheline. Que c'est douloureux de quitter un tel univers.

Jon Kalman Stefansson est un grand, un immense écrivain.

Des personnages extraordinaires au sens littéral du mot.Un pays de neige , de glace, de mer, un pays dur et exigeant.

Une ronde de mots où le lecteur doit chercher son chemin. Une ronde de mots qui m'a touchée au plus profond. Une ronde de mots où le rêve tient toute la place« Les rêves sont la lumière qui éclaire l’homme, la clarté qui le nimbe ; en leur absence, il n’y a que les ténèbres, vous savez donc ce qui vous attend si vous cessez de rêver, vous savez aussi d’où vient la nuit en l’homme. »..

Je ne trouve pas les mots pour exprimer tout le bonheur ressenti à cette lecture. Le coeur de l'homme est le dernier volet de la trilogie Entre ciel et terre, une trilogie qui a pris une place de choix dans mon coeur de lectrice.



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Ásta

ll n’est pas simple de résumer en quelques mots cette saga qui se déroule en Islande des années 50 à nos jours autour d’Asta (sans le a en islandais ce prénom signifie amour) et de Sigaldi son père ainsi que de tous ceux qui ont compté dans leur vie.

Ce roman est tellement riche qu'on a l’impression que face à un festin, on a décrit chichement un misérable amuse bouche.

Asta est une saga mélancolique qui envoûte au fur et à mesure de la lecture ; au fur et à mesure que Sigaldi -peintre en bâtiment victime d’une chute d’échelle et allongé sur le trottoir, incapable désormais de bouger- se remémorait des épisodes de sa vie ; au fur et à mesure que l'on découvre les lettres écrites par Asta à celui qui partageait sa vie.

Asta est une saga exaltante tant il y est question de poésie, du pouvoir de la musique, du rôle de l’écrivain par rapport à ses personnages (le narrateur apparaît ainsi lors de plusieurs chapitres) sans jamais tomber dans l’exposé. Au contraire Jón Kalman Stefánsson a le don de mêler idées et actions, sensations et images...suite sur blog
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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