AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jón Kalman Stefánsson (1123)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Entre ciel et terre

Le gamin avait un ami, Baldur, pêcheur comme lui.

Baldur aimait les mots lorsqu’ils devenaient poèmes. « Certains poèmes nous conduisent en des lieux que nuls mots n’atteignent, nulle pensée, ils vous guident jusqu’à l’essence même, la vie s’immobilise l’espace d’un instant et devient belle, limpide de regrets ou de bonheur. »

Le gamin aimait les poèmes à travers son ami jusqu’à ce que la mort s’empare de Baldur.

Lire un poème avant de monter sur une barque à six rames en oubliant sa vareuse ne pardonne pas.

Laissant le corps de son ami aux soins des pêcheurs, le gamin part dans une sorte de voyage initiatique avec pour but premier de rendre le livre de poèmes à son propriétaire. Ensuite il décidera de continuer à vivre ou de se diriger vers la falaise des suicidés.



Un périple fait de questionnements mais aussi de belles rencontres.

Ce roman est véritablement hypnotique. La langue est extrêmement poétique, les paysages islandais sont magnifiés, on ressent la force des éléments, le vent, le froid, mais aussi la peur et la solitude face à une nature aussi grandiose qu’hostile.





Commenter  J’apprécie          410
Ton absence n'est que ténèbres

Qu’est-ce qui est le plus important dans la vie ? Pour nombre d’entre nous, je dirais l’amour. Qu’il soit avec un grand A ou en lettres minuscules, qu’il soit dit, écrit ou ressenti, nos rêves et nos envies lui tendent les bras. Toujours.

L’amour a une grande place dans ce livre magnifique. Celui d’un homme et d’une femme, l’amour fraternel, celui envers son enfant ou pour ses grands-parents. Mais personne n’a dit que l’amour est sans douleur.

Souvent, l’auteur met les mots sur les choses de l’amour, sans détour, de manière naturelle. Je ne dirais pas que ce livre est poétique pourtant la plume y est sublime et l’ensemble de l’oeuvre revêtu d’une écriture profonde.



Un personnage imaginaire, un démon ou le diable peut-être, interrompt sans cesse l’écrivain devenu amnésique mais poussé par une incroyable fièvre d’écrire. Retranscrire ces destins est une question de vie ou de mort. Ou d’oubli. Et les pages se remplissent avec frénésie, passant d’une génération à une autre. Les personnages semblent s’animer sans la volonté de leur auteur. Ils doivent vivre ou disparaître à jamais. Après tout, l’époque est révolue depuis longtemps. Pourquoi leur donner la parole ?



« Ecrivez. Et nous n’oublierons pas.

Ecrivez. Et nous ne serons pas oubliés.

Ecrivez. Parce que la mort n’est qu’un simple synonyme de l’oubli. »



Et c’est ainsi que l’on traverse le vingtième siècle dans une grande fresque de la vie rurale. Dans les landes, ces terres éloignées des côtes, qui offrent indépendance et liberté contre labeur sans fin, solitude et méconnaissance des grands événements qui font tourner le monde mais n’atteignent pas ces contrées lointaines.



Le rôle de la Femme est également capital dans ce livre. Nous les accompagnons et partageons leurs joies, leurs désirs, leurs souffrances. Une évolution fait ses premiers pas pour celles éprises de connaissances et de liberté.

La poésie et les mots côtoient la musique, les chansons et leurs textes, dont la compilation est reprise en fin d’ouvrage.



Après avoir lu « Asta » du même auteur, je m’attendais à retrouver la construction singulière du récit qui semble être la patte évolutive de l’auteur. La lecture demande donc de l’attention et peut déstabiliser. Moi, j’ai suivi la rivière et tous ses affluents et après cette lecture, la vie, si simple soit-elle, m’a semblé précieuse.

Commenter  J’apprécie          400
Entre ciel et terre

Jon Kalman Stefansson est sans hésitation l'un de mes auteurs contemporains préférés. Est-ce d'avoir croisé sa route un 16 novembre 2015 dans le cadre d'une rencontre chez Babelio? Sans doute mais pas que...

Entre ciel et terre est son premier roman, le premier volet d'une trilogie. L'Islande, le froid, la neige, les montagnes, le fjord et la mer cette amie/ennemie. Celle qui donne de quoi vivre mais qui happe l'homme à la moindre occasion.

Pourquoi Baldur? Pourquoi lui ? A t'il été puni d'avoir trop aimé lire et trop aimé la poésie? Pourquoi? Et le gamin pourquoi, pour qui ,doit il continuer à tracer son chemin?

Une splendide histoire d'hommes, de femmes dans ce pays âpre et dur.Une splendide histoire d'amitié.

Et bien sur une splendide écriture! La traduction d'Eric Boury conserve au texte sa fluidité, sa sonorité, sa beauté intrinsèque, merci à lui. Combien de fois me suis je retrouvée à lire et relire certains passages rien que pour la beauté du verbe!..

Allez je vous laisse et m'en vais aller fouiner dans ma PAL , j'ai rendez-vous avec le gamin et c'est devenu une priorité.
Commenter  J’apprécie          405
D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

Magnifique saga islandaise du vingtième siècle, des générations d’hommes et de femmes qui vivent de la mer.



L’histoire se passe à Keflavik qui a « trois points cardinaux : le vent, la mer, l’éternité. »



On y trouve des garçons qui deviennent des hommes en affrontant la mer, des durs qui ne savent pas parler et des marins qui répugnent à apprendre à nager…



Des femmes qui deviennent folles lorsque bébé les empêche de dormir, lorsque « la fatigue brouille l’ensemble de l’existence, elle transforme le moindre événement quotidien en colis expédié depuis l’enfer ». Mais aussi des femmes qui dépriment à rester enfermées dans la maison et qui rêvent d'un autre destin.



Des jeunes qui travaillent à l’usine à préparer le poisson ou le mouton, qui apprennent l’amour et composent de la poésie.



Une société tiraillée entre l’indépendance et l’argent apporté par les Américains, entre les traditions et la modernité, dans un petit pays qui se voudrait grand.



Une écriture dense, de longues phrases et des métaphores poétiques, une profondeur d’émotions humaines. On y sent le vent du large et l’odeur de poisson…



Et si les poissons n’ont pas de pieds, c’est que personne ne peut marcher sur la mer…
Commenter  J’apprécie          401
La tristesse des anges

Après les aventures décrites dans Entre ciel et terre, où le gamin était arrivé au village et a pu rendre le livre à Kolbeinn, vieil homme aveugle, il vit auprès de celui-ci et d'Helga. Il aide au café, fait les courses et le soir il leur fait la lecture. Il s'habitue à cette existence qui sera bouleversée le jour où Jens le postier arrivera au village. Jens doit livrer le courrier dans les dangereux fjords du Nord, le gamin va l'accompagner. Ils devront affronter le gel et les tempêtes de neige, c'est une âpre lutte, vont-ils y survivre ? Le cœur de l'homme m'apportera la réponse ...

Dans ce second tome de la trilogie, Jón Kalman Stefánsson a encore réussi à m'envoûter par la force de son écriture et sa poésie.
Commenter  J’apprécie          400
Ásta

Ásta — Où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde ? est un livre envoûtant grâce à son écriture qui compense la difficulté à entrer dans l’histoire, un voyage magique en Islande sur plusieurs décennies.



Le roman commence à la conception d’Ásta qui porte ce prénom que ses parents ont trouvé dans un livre de l’écrivain islandais Halldór Laxness, Gens indépendants. À une lettre près, Ásta signifie amour en Islandais.



Le roman raconte la vie d’Ásta, mais pas seulement, celle de son père, Sigvaldi, et de sa mère, Helga. Il parle d’amour, de littérature islandaise et de musique.



L’histoire est racontée sous forme de puzzle, avec des sauts dans le temps ou dans l’espace. Ce n’est qu’à la fin que le tableau est complet. Il faut donc s’accrocher pour entrer dans le livre. J’ai été captivée par certaines histoires et hop, l’auteur passe à autre chose. L’émotion, en ce qui me concerne, est arrivée à la fin du livre, quand le puzzle est achevé, une émotion forte qui avait fait défaut jusque-là. Il y avait pourtant d’autres évènements dramatiques. Les passages prenants sont nombreux : la rencontre de Josef et Ásta dans le Strönd, la mort de Sigvaldi, mais ils sont entrecoupés de fragments que j’avais du mal à situer dans le temps.


Lien : https://dequoilire.com/asta-..
Commenter  J’apprécie          390
Ásta

J'ai découvert l'auteur avec "Ton absence n'est que ténèbres", une découverte totale, que j'avais appréciée du début à la fin.

J'ai donc voulu continuer à découvrir sa bibliographie. J'ai emprunté "Asta" dans ma bibliothèque préférée.

Cet auteur a une musique propre à lui que l'on retrouve dans les deux livres. Musique surprenante et prenante, que j'apprécie vivement....

Ici nous suivons Asta, de son enfance à l'âge adulte (bien tassé). Ce récit est entrecoupé de l'histoire de ses parents et de lettres qu'elle écrit à l'homme qu'elle aime.

Un roman qui parle d'amour, de désir, de sexe.... Le tout avec tendresse.

Un roman qui parle aussi, de façon plus surprenante, de son auteur.



J'ai aimé ce roman même si il n'est pas le coup de coeur qu'avait été "Ton absence n'est que ténèbres". Ce qui est sûr, c'est que je vais continuer à chercher les romans de cet auteur !
Commenter  J’apprécie          399
Ton absence n'est que ténèbres

Un souffle romanesque puissant traverse le nouveau roman de Jon Kalman Stefansson.

Dans ce nouvel opus, construit comme un puzzle, Jon Kalman Stefansson dépeint l'histoire d'une famille islandaise sur plusieurs générations, depuis la fin du XIXe siècle jusqu'à nos jours. Avec une langue envoûtante, presque lancinante le narrateur, amnésique est en quête de son identité au gré des sursauts de sa mémoire et de son subconscient.

L'Islande est évidemment au coeur du récit : la rudesse de son climat, la pauvreté et l'isolement de ses habitants, la beauté fulgurante de ses paysages aussi, ce qui confère au roman une ambiance unique.

Même si ce roman n’est pas toujours facile à suivre, il s’en dégage une poésie et une atmosphère propre à l’auteur.

Merci à NetGalley et aux Editions Grasset.

Commenter  J’apprécie          392
Ton absence n'est que ténèbres

Voici un roman complexe et intense non dépourvu de la poésie propre à Stefansson mais je n’ai pas autant vibré qu’à la lecture de Lumière d’été, puis vient la nuit !



Non pas à cause de la multitude de personnages ni des nombreuses époques évoquées mais parce que j’ai eu l’impression parfois de textes comme une verrue et plus particulièrement avec le quasi monologue de Ásmundur ! Ce passage m’a tiré de l’état évanescent où m’avaient plongé les pensées de l’amnésique narrateur !



J’ai vraiment apprécié le chemin pris pour aller de la genèse des familles jusqu'au temps présent, un voyage temporel captivant. Même si la finalité était une certitude, son contenu et la manière d’y arriver ne se dévoilaient que petit à petit !



L’amour, la mort, l’absence, la trahison tout est bien évoqué sur une tombe près de l’église où le narrateur reprend conscience : "Ton souvenir est lumière, et ton absence ténèbres"



#Tonabsencenestqueténèbres #NetGalleyFrance



Challenge Multi-Défis 2022

Challenge Pavés 2022
Commenter  J’apprécie          390
Lumière d'été, puis vient la nuit

Un petit village loin de tout où il ne se passe rien… mais où tout peut arriver.



Dans le décor de la vie banale d’un bourg islandais, où tout le monde se connaît, où les entreprises ouvrent et ferment, où les emplois sont rares et où l’alcool coule à flots, surtout le samedi soir.



Mais on y rencontre aussi des fantômes et des passions dévorantes, un chef d’entreprise qui lâche tout pour observer les étoiles, un ministre qui se fait écrivain, une postière qui sait tout, une téléphoniste devenue ligne d’écoute pour cœurs en détresse, un jeune homme qui peint des oiseaux sur les murs de l’usine.



Il n’y a pas que des choses étranges. Le village recèle ses événements douloureux : un suicide, un meurtre ancien, des divorces et des amours malheureuses.



Un roman tantôt amusant, tantôt profond, qui nous transporte ailleurs et qui amène son lot de réflexions critiques de l’âme humaine et la vie moderne.

Commenter  J’apprécie          390
Ásta

Asta Jon Kalman Stefansson Grasset 29/O8/2018.

Comment résister? Lire un roman de Jon Kalman Stefansson c'est pour moi embarquer dans un univers différent . L'Islande une fois de plus sert d'écrin à ce roman existentiel. Deux générations; Années 1950 Sigvaldi et Helga vivent un amour passionné et fusionnel. Une seconde fille nait Asta , prénom d'une héroïne de la littérature islandaise. Asta à une lettre près signifie amour en islandais , tout un programme.

Asta sera t'elle l'héroïne romantique attendue?

Asta est une femme âgée, fatiguée et elle se souvient. Sigvaldi tombe de son échelle de peintre et se souvient. Un narrateur écrivain retrace leur histoire.La narration n'est pas linéaire mais peut-on raconter une vie de façon chronologique? A travers les souvenirs de l'un , de l'autre c'est aussi à une quête du bonheur que nous convie Jon Kalman Stefansson. Un roman foisonnant, sensuel, des personnages enlisés dans un quotidien qui le plus souvent ne leur convient pas, avec au bout du compte le sentiment de n'avoir pas su ou pas pu agir comme il l'aurait fallu. Bien sur nous sommes en terre d'Islande, bien sur la lumière du soleil se fait souvent rare, bien sur la mélancolie est omniprésente, mais qu'importe la tempête quand la plume de l'auteur nous emporte loin du rivage!

Jon Kalman Stefansson continue d'imprimer sa marque dans la littérature contemporaine. Si vous ne le connaissez pas encore n'hésitez pas à découvrir son univers le chemin parfois escarpé vaut le détour.

Un très grand merci aux éditions Grasset via NetGalley pour ce partage.#Ásta #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          391
Le cœur de l'homme

Contre toute attente, Jens le postier et le gamin ont survécu à la terrible tempête de neige qui les a surpris à la toute fin de l’hiver. Recueillis par un médecin, ils reprennent des forces alors qu’enfin le printemps s’annonce. Avant de repartir vers son village, le gamin rencontre une jeune fille rousse qui le trouble au plus haut point. De retour dans sa communauté, il reprend le cours de son existence auprès de la belle Geiprudur et des autres femmes qui l’entourent. Mais bientôt de nouveaux drames vont s’annoncer…



Le cœur de l’homme signe la fin de la trilogie islandaise de Jon Kalman Stefansson. La tristesse des anges, le volume précédent, m’avait littéralement emballé et je n’avais pas hésité à le mettre sur la plus haute marche de mes lectures 2012. Ici, pas le même énorme coup de cœur mais la magie a néanmoins de nouveau opéré. Cette conclusion se concentre sur la vie de la communauté villageoise et de ses membres. Le caractère épique et aventureux du volume précédent n’est plus de mise ce qui est quelque peu dommage. La profusion des personnages demande par ailleurs une attention accrue pour ne pas perdre le fil. De plus, il me semble difficile de se lancer dans cette lecture sans connaître les deux autres tomes car les références y sont nombreuses et donnent beaucoup de clés indispensables à la compréhension de l’ensemble.



Pour autant, Le cœur de l’homme reste un merveilleux roman. Toute l’âpreté de cette Islande du début du 20ème siècle vous saute à la gorge. A travers la figure du gamin sont abordées des questions existentielles majeures. Le rêve, la douleur, le deuil, la tristesse, l’absence, le désir et l’espoir d’une vie meilleure sont au cœur du récit.



L’écriture de Stefansson (ou plutôt l’exceptionnelle traduction d’Éric Boury) résonne fortement en moi. Ces réflexions sur le sens de la vie, le poids des mots, l’absolu besoin d’amour et cette haine viscérale pour la mort et la désolation qu’elle apporte me parlent et me touchent profondément. Pas certain que ce soit le cas de tout le monde. Je ne serais pas étonné de découvrir ici ou là des avis très mitigés sur ce texte qui peut, je le conçois, laisser totalement indifférent. Je ne cherche donc à convaincre personne. Je dis simplement que cette trilogie aura constitué pour moi un inoubliable moment de lecture. Et croyez-moi je ne dis pas ça tous les jours.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          380
Entre ciel et terre

Un roman MAGNIFIQUE plein de poésie, l'auteur (et le traducteur) écrit et décrit parfaitement, il nous fait ressentir les choses plus qu'il ne les décrit.

L'histoire est simple veut rendre un livre (le paradis perdu de Milton) à son propriétaire un vieux capitaine aveugle.

Au dela de l'histoire il y a une recherche du sens de la vie, de l'engagement et la POESIE est présente à chque page dans chaque mot.

J'ai vraiment beaucoup aimé et je me demande pourquoi je n'ai mis que 4*
Commenter  J’apprécie          380
Lumière d'été, puis vient la nuit

Est-il raisonnable de tout laisser tomber pour poursuivre des rêves, même en latin ? De détruire sa famille pour faire l’amour en pleine nature avec sa voisine ? De laisser son amante pour partir à l’autre bout du monde ? De craindre que des fantômes ne hantent certains lieux habités par le crime ? Bref d’écouter la voix des poètes plutôt que celle de la raison et du monde moderne qui se situent parfois très loin des préoccupations des hommes.



La vie n’est pas toujours facile dans ce village d’Islande, elle y est parfois même très rude, le climat rigoureux, la solitude, la perte d’un être cher et c’est le désastre, l’alcool, la mort, le désir d’une femme qui se dérobe, une entreprise qui ferme et c’est le chômage, l’ennui, les heures et les jours qui passent, l’océan et le ciel changeant, et parfois un homme revient et c’est le bonheur. Pour briser la routine, il y a le cinéma, les conférences de l’Astronaute, et bientôt le restaurant, mais n’est pas une idée étrange et sans lendemain ?



Jón Kalman Stefánsson nous raconte diverses anecdotes de la vie d’un village, suivant la destinée de plusieurs personnages, le café, la poste, la coopérative, mais pas de cimetière, la vie des paysans, ses joies, ses drames, une fois encore dans sa langue magnifique, poétique et mélancolique mais également pleine d’amour de la vie et de son pays. Comme partout jalousies et rancœurs se mêlent à la camaraderie et à la solidarité, mais quelques bonnes étoiles veillent au firmament…Pour éclairer les cieux des hivers interminables. Et on en sort enchanté, ensorcelé par la musicalité du récit. Merci à Babelio et à Gallimard pour cette belle lecture.

Commenter  J’apprécie          370
Lumière d'été, puis vient la nuit

Cette lecture est le fruit d'un partenariat avec le site NetGalley et les Editions Grasset.

Je les remercie vivement pour cette belle lecture.



J'avais depuis longtemps envie de découvrir l'écriture de cet auteur dont je lisais tant de bien à droite et à gauche et bien autant dire que je n'ai pas été du tout déçue par ma lecture. Originale, différente, un "poil" déstabilisante mais ceci a finalement participé à mon plaisir de lecture.



Nous n'avons pas vraiment là une histoire à part entière, c'est plutôt comme des petites nouvelles, enfin des chapitres. L'auteur dressant le portraits des habitants de ce petit village islandais.



Les narrateurs ne sont pas vraiment déterminés mais ils se disent habitants de ce village. Ils sont donc à l'intérieur et à la fois comme détachés et omniscients.



Nous avons là 8 histoires, 8 nouvelles ou 8 chapitres dont le lien commun est le lieu. L'auteur en dresse une sorte de portrait à travers certains de ces habitants.



Ce que j'ai surtout aimé dans ce livre c'est cette écriture "différente" car à la fois poétique, caustique, détachée mais paradoxalement ancrée dans la réalité. Difficile de la définir cette écriture...Je la pense étroitement liée à la vie dans ce village isolé d'Islande mais aussi universelle. La traduction ne devait pas être simple j'imagine.



J'ai mis des tonnes de marque pages virtuels dans mon livre numérique !



Mes impressions de lecture sont tout à la fois tendres, nostalgiques et un peu bousculées aussi car il n'y a pas une histoire qui forme un tout mais au final si...



Ainsi, il ne faut pas s'attendre avec cette lecture à un "tout" mais plutôt comme si on observait chaque étoile de façon particulière et que d'un coup on découvrait alors le ciel !



Dans ce livre l'auteur nous parle de la vie, de l'amour, du sexe, du désir et de la mort. Toutes les reflexions ont sonné justes pour moi.



L'écriture est aussi très sensuelle, voire "sextuelle" j'allais dire inventant un mot pour l'occasion.



L'auteur sait merveilleusement décrire les attirances, les étincellements entre deux êtres. Tout ce qui ne peut se prédire ou se prévoir. C'est beau et c'est bon.



L'auteur ne manque pas d'humour et ses narrateurs ne loupent pas une occasion de se moquer de certains travers des personnages qui transitent dans ces histoires.



Au final, je ne sais comment vous inciter à lire ce livre. Il est si particulier...

Alors, il faut le vivre comme une expérience et voir ce qu'il se passe en vous.



Pour moi, cette expérience là m'aura séduite totalement

et donnée un sentiment agréable à mi chemin entre rêves et réalités.



Merci encore à NetGalley et aux éditions Grasset

pour la découverte de cet auteur avec ce beau livre ♥



J'ai hâte de lire d'autres romans de Jón Kalman Stefánsson

avec cette écriture qui m'a charmée

et peut être même envoutée !





#Lumièredétépuisvientlanuit #NetGalleyFrance


Lien : https://imagimots.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          372
Ásta

Comme un miroir brisé

Que l'on veut recréer

Voilà au fil des pages Asta

Et toute sa vie en éclats...



L'auteur nous le dit clairement, il ne veut pas raconter de façon chronologique, même s'il commence par la conception d'Asta...

Le texte , éclaté, parcellaire, prend pour nous la forme d'une enquête, avec ses pistes, ses investigations du présent, du passé. Exigeant la pleine attention du lecteur.



Une enquête bien particulière, qui nous mène de la capitale islandaise aux fjords de l'Ouest.



Une enquête intime sur Asta, sensuelle, sauvage et tourmentée, imprévisible, en quête d'elle-même . Et sur ses parents, sa famille, ses amours. Universelle aussi car touchant chacun d'entre nous. Révélant les erreurs, la beauté des personnages.



Un tourbillon de vie, un élan lyrique intense, charnel, une réflexion sur l'existence et ses hasards curieux, ses mystères, un pont vertigineux entre la naissance et la mort.



Toujours ce souffle unique de l'auteur, qui s'immisce dans l'histoire, pour mieux nous perdre...et nous trouver. Superbe voyage au coeur de l'âme humaine!

Commenter  J’apprécie          379
D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds

Ari rentre du Danemark. Son père va mourir, et deux ans après son exil, Ari retourne en Islande où il y retrouve le narrateur , à Keflavik...

Superbe roman, d'une grande densité.

l'auteur nous ballade dans l'Islande à travers trois générations: Les grands parents Oddur et Margret, sur la coté est, Ari et ses potes dans sa jeunesse au milieu des année 70 en pleine adolescence et donc aujourd'hui, où l'on sent vite que le Ari en question n'est pas celui qui a vu Sally...



Il y a beaucoup de choses dans ce livre où l'histoire de cette famille, touchante, extrêmement bien décrite est un peu sans doute l'histoire d'un pays qui a vécu de la mer et se retrouve désorienté quand l'argent, la mondialisation et les politiques s'en mêlent .

Il y a beaucoup de philosophie de vie (pléonasme ?) aussi .

On y règle ici ses comptes avec Dieu et la religion en général (sacré Jésus qui marche sur l'eau pour épater quelques pécheurs !), on fustige notre société actuelle à travers les politiciens certes mais aussi les comportements et le mode de vie que nous adoptons.

J'ai trouvé les femmes belles dans ce livre. Elles sont des victimes, l'auteur leur rend hommage et semble défendre leurs cause devant la reconnaissance que le monde , dirigé par les hommes, ne leur accorde pas.

Il écrit bien notre descendant de vikings. Bon, il nous fait un peu la morale mais il met le doigt là où cela fait mal, essayant à travers ses personnages de trouver le bon compromis entre fierté, empathie, sentiment.

Certains livres vous marquent plus que d'autres pour diverses raisons. Je ne sais pas si cette histoire traversera mon esprit longtemps par contre, il est une scène qui restera longtemps gravée. Celle d'un couple de vieux , paumé au fond d'un fjord au début du XXème. Ce couple respire le bonheur et l'amour, alors qu'il n'a jamais connu que sa vallée et ne sait rien du monde. il est le cri de l'auteur contre ce monde matérialiste, chaperonné par la cupidité, l'égoïsme, le repli sur soi et la perte du sens des valeurs simples. Ce passage est d'une beauté indescriptible , je ne le décrirai donc pas :)



L'Islande, les thèmes que j'ai évoqués, des prénoms aussi bizarre que le nom latin des fleurs, l'obscurité. ça ne vend pas du rêve à tout le monde.Pourtant, il y a un peu de rire dans cette grisaille, beaucoup de musique et tellement de belles choses qu'il serait dommage de se laisser repousser par quelques clichés !
Commenter  J’apprécie          373
Mon sous-marin jaune

Dans ce récit aux accents autobiographiques, l'auteur raconte son enfance façonnée par la mort de sa mère, son obsession pour les Beatles, ses entrevues avec les défunts, ses cours de catéchisme et sa crainte de celui qu'il appelle l’Éternel, vieil homme colérique qu'il assimile à son père. Aussi tendre que décalé, fantaisiste que mélancolique, ce livre est tissé d'une sagesse candide aussi verdoyante et apaisante que les landes islandaises (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/02/19/mon-sous-marin-jaune-jon-kalman-stefansson/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          350
Ton absence n'est que ténèbres

De deux choses l'une : soit Jón Kalman Stefánsson est un génie, soit c'est un fou.

Qui d'autre pour produire une œuvre pareille ? Qui pour imaginer cette histoire démente, à la fois prodigieuse et assommante, lyrique et confuse, impeccablement maîtrisée et terriblement chaotique ?



Comme à son habitude, le romancier-poète islandais nous offre un roman foisonnant, aussi original qu'exigeant, prenant pour cadre cette île enchanteresse qu'il décrit comme personne.

Dans un nouveau fjord grandiose, il imagine cette fois un curieux dialogue entre un narrateur amnésique - dont on ne saura rien - et Dieu le père en personne (à moins qu'il ne s'agisse du diable ?), vêtu d'un short hawaïen et occupé à faire des crêpes. Allez comprendre...

Que nous racontent-ils ? L'histoire de Runa et de Soley, celle du pasteur Pétur et de sa femme aux mains de lumière, de la belle Guðríður et de sa passion pour les lombrics, des deux frères Pall et Halldor, d'Eirikur, de sa guitare et de ses chiens morts, d'Emile Zola et d'un poète allemand disparu. Et de tant d'autres choses encore...

Bien malin qui parviendra à démêler l'écheveau et à garder les idées claires face à ce texte kaléidoscopique qui n'en finit plus de se déployer, entrelaçant les époques, les intrigues et les personnages.



Au fil des pages se dessine un arbre généalogique touffu, reliant Guðríður à Eirikur. Un arbre que notre narrateur sans mémoire (et néanmoins doué d'un étrange don d'ubiquité spatio-temporelle, puisqu'il assiste simultanément à des scènes en des lieux et des temps différents) s'amuse à parcourir en tous sens à coup d'ellipses, de brusques retours en arrière et d'étonnantes circonvolutions narratives.

Tout ça est pour le moins déstabilisant, et je dois reconnaître que ma lecture fut par moment un peu laborieuse (en partie à cause de l'abondance de noms propres islandais) ... jusqu'à ce que j'accepte enfin d'abandonner la lutte et de me laisser emporter par l'écriture envoûtante et hypnotique de Jón Kalman Stefánsson.

Après tout, n'est-il pas vrai que "ce qui échappe à notre entendement rend le monde plus vaste" ?



Et quel plaisir alors que de voir évoluer, de génération en génération, ces personnages aux parcours singuliers, de partager leurs secrets et leurs doutes, de les accompagner dans leurs joies et leurs drames, pour finalement se laisser prendre avec eux dans un tourbillon géant, ce mouvement perpétuel qui "permet à la vie de ne pas se figer" !



Tout le monde n'y trouvera pas son compte.

Certains, c'est sûr, déploreront quelques longueurs et de nombreuses répétitions. Ils se perdront dans cette construction labyrinthique, mais même ceux-là finiront par l'admettre : "ton absence n'est que ténèbres" est un grand roman qui en contient mille, enchâssés les uns dans les autres.

Les autres apprécieront en prime le style si particulier de Stefánsson, son imagination sans limite et la multiplicité des réflexions qu'il nous propose sur la vie, la mort, le destin, le poids de l'hérédité et celui des souvenirs, l'influence capitale des poètes sur la marche du monde ("seuls les poèmes permettent de cerner ce qui constitue l'essence humaine").



Six cent pages durant, par la force d'un formidable effet papillon, les événements se télescopent, les strates de temps se superposent, au point de laisser le lecteur un peu sonné au terme de l'aventure.

En défiant toute logique et en s'affranchissant pleinement des contraintes chronologiques traditionnelles, Stefánsson livre une fois encore un texte surprenant, fantaisiste, unique en son genre, et dévoile en finesse la poésie cachée dans l'envers du monde.

N'est-ce pas à ça (entre autres choses) que se reconnaissent les grands écrivains ?
Commenter  J’apprécie          3414
Ton absence n'est que ténèbres

Traduit de l'islandais par Eric Boury

Pour la petite histoire, c'est le même traducteur que pour "La lectrice disparue". Deux livres islandais à la suite, ce n'est pas banal. Sur la quatrième de couverture, le traducteur est présenté comme « un des grands passeurs de la littérature islandaise. »



Un homme est assis au premier rang d'une église de campagne.

Cet homme ne sait plus qui il est, ni ce qu'il fait ici.

« J'ai 'impression d'avoir oublié tout ce qui se rapporte à ma personne, j'ignore quelle profession j'exerce, je ne sais rien de mes aptitudes, je ne sais pas s'il y a quelqu'un qui m'aime, je ne sais pas si j'ai des enfants - comment oublier tout cela ? » P 54

Il est devenu une coquille vide.

Dès les premiers mots, dès les premières phrases, dès les premières pages, j'ai su que j'aurais du mal avec la lecture de ce livre ( j'ai mis quatre jours pour le lire ! ) et, surtout que je serais incapable d'en dire quelque chose d'intelligent.

J'ai plongé dans ma lecture, je m'y suis abreuvée.

Le texte est dense, le récit foisonnant, les descriptions étonnantes et poétiques, les personnages surprenants, rudes atypiques, attachants, les histoires multiples et passionnantes, le tout parsemé de citations de Soren Kierkegaard ( qui veut dire cimetière en danois ! ).

Une lecture qui marque durablement.

Immergez-vous dans les fjords de l'Ouest, respirez la brume, sentez les odeurs des bruyères, vous ne regretterez pascle voyage en Islande.
Commenter  J’apprécie          341




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jón Kalman Stefánsson Voir plus

Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3665 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur cet auteur

{* *}