Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment !
Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici !
L'Embuscade de Emilie Guillaumin aux éditions HarperCollins Poche
https://www.lagriffenoire.com/l-embuscade-1.html
Des lendemains qui chantent de Alexia Stresi aux éditions Flammarion
https://www.lagriffenoire.com/des-lendemains-qui-chantent.html
Ces vies d'où l'on vient de Rodolphe Danjou aux éditions Robert Laffont
https://www.lagriffenoire.com/ces-vies-d-ou-l-on-vient.html
Récits du temps de Charles V - Livre 2 : Les Assassins d'Étienne Marcel de Jean d'Aillon aux éditions Robert Laffont
https://www.lagriffenoire.com/recits-du-temps-de-charles-v-tome-2-les-assassins-d-etienne-marcel.html
le Temps des ivresses - Tome 2 de Michel Peyramaure aux éditions Robert Laffont
https://lagriffenoire.com/le-temps-des-ivresses-t.2.html
La tour des anges de Michel Peyramaure aux éditions Folio
https://lagriffenoire.com/a-la-croisee-des-mondes-t.2-la-tour-des-anges.html
Mémoires de la forêt - Les carnets de Cornélius Renard de Mickaël Brun-Arnaud et Sanoe aux éditions Ecole des Loisirs
https://lagriffenoire.com/memoires-de-la-foret-les-carnets-de-cornelius-renard.html
À quoi tu penses ?: Il n'y a pas d'âge pour les questions, il n'y a pas d'âge pour être philosophe ! de Clémentine du Pontavice et Géraldine Mosna-Savoye aux éditions Ecole des Loisirs
https://lagriffenoire.com/a-quoi-tu-penses-il-n-y-a-pas-d-age-pour-les-questions-il-n-y-a-pas-d-age-pour-etre-philosophe.html
L'aigle et le léopard de Éric Branca aux éditions Perrin
https://lagriffenoire.com/l-aigle-et-le-leopard-les-liaisons-dangereuses-entre-l-angleterre-et-le-iiie-reich.html
le gardien de Téhéran de Stéphanie Perez aux éditions Plon
https://lagriffenoire.com/le-gardien-de-teheran.html
le Sang des Belasko de Chrystel Duchamp aux éditions Archipoche
https://lagriffenoire.com/le-sang-des-belasko.html
Délivre-nous du mal de Chrystel Duchamp aux éditions Archipoche
https://lagriffenoire.com/delivre-nous-du-mal-1.html
L'île des souvenirs de Chrystel Duchamp aux éditions de L'Archipel
https://lagriffenoire.com/l-ile-des-souvenirs.html
C'est votre sexe qui fait la différence de Claudine Junien et Nicole Priollaud aux éditions Plon
https://lagriffenoire.com/c-est-votre-sexe-qui-fait-la-difference.html
La Lisière de Niko Tackian aux éditions Calmann-Lévy
https://lagriffenoire.com/la-lisiere.html
Romans de John Steinbeck,
+ Lire la suite
On a raison de dire que l’amour vient souvent avec le temps et qu’il s’épuise avec le temps, mais c’est alors beaucoup plus tard, sur la fin de l’existence.
Cette inaction contemplative n’était pas de la paresse mais le souci de ne pas compromettre un plaisir qui se suffisait à lui-même. L’âme d’un paysan, certes, mais ni les bras ni la volonté de se contraindre à un travail que d’autres accomplissaient mieux qu’il ne l’eût fait.
Comparée à Jacoba, elle n’est rien. Je puis me passer d’elle une semaine ou davantage sans en souffrir vraiment. Avec elle, je n’ai jamais eu le sentiment de trahir Jacoba. Elle est la vague à la surface de la mer ; Jacoba en est la profondeur.
La mort n’existe pas. Nous nous survivons dans notre œuvre. Plus elle sera belle, riche et durable, plus douce sera la mort.
L’hiver fut rude, comme il l’est toujours dans nos montagnes. On a tendance à croire que les hivers de guerre sont plus rigoureux que ceux de la paix. Celui-ci le fut pour d’autres raisons que les conditions climatiques.
Nous souffrions moins des restrictions en vivres et en chauffage que les gens des grandes villes, mais dans notre administration, nous étions confrontés à des cas difficiles et souvent désespérés : vieillards mourant à petit feu dans leur solitude, enfants mal nourris malgré la croissance, trafiquants du marché noir au petit-pied qu’il fallait sauver de la prison, maquisards en proie à la disette et au désespoir, tassés au creux des burons dans l’attente du printemps, de la guerre et de la liberté…
Avec comme interprète un professeur d’anglais du collège, nous apprîmes de ce rouquin que, son appareil abattu par la chasse allemande, comme c’était souvent le cas, il avait atterri en parachute dans le Nord, au milieu d’un champ de betteraves. Recueilli par des paysans, confié à des résistants, il était passé de filière en filière avant de se retrouver à Saint-Clément, ville presque aussi exotique et pittoresque pour lui qu’une lamaserie du Tibet.
M'y installer de nouveau je n'en ai ni le désir, ni la volonté. Cette cellule de feuilles n'est plus mon domaine ; je m'en suis exclue et ne me hisserai plus jusqu'à ces territoires de refuge.
Cette année-ci, j'ai grandi plus vite que mon arbre et surtout j'ai changé tandis qu'il demeure immuable. À ce point de notre existence commune, nos destins se sont séparés : il continuera, insensible aux mouvements du monde et aux humeurs des hommes, à porter feuilles et fleurs ; et moi, le monde, j'y suis entrée allègrement de toute la force de mon cœur et de mon esprit longtemps comprimée pour m'en imprégner et le changer ; dans une certaine mesure, je suis devenue maîtresse de ma destinée, tandis que mon arbre demeure soumis aux lois inéluctables des saisons. Nous n'avons plus rien à nous dire.
On n’est jamais assez prudent avec les prêtres et les grenouilles de bénitier. Je pourrais te montrer des lettres de délateurs émanant de la bigoterie locale et ne s’en cachant pas. Nos instituteurs laïques, ces « sans Dieu », y sont dénoncés comme « des terroristes » en puissance. On se croirait revenu au temps de l’Inquisition et du bûcher.
En mars quarante-trois, une note de la préfecture d e région attira mon attention : « Ramasser d’urgence israélites d’Europe centrale, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas, de 18 à 55 ans, sexe masculin, et les diriger vers Gurs. » Le mot « ramassage » disait assez le mépris officiel pour ces proscrits.
J’avais entendu parler de Gurs, ce village des Pyrénées-Atlantiques, proche du camp où l’on avait parqué, en trente-neuf, les républicains espagnols. Un décret de Vichy avait transformé Gurs en camp d’internement pour une dizaine de milliers de Juifs étrangers : un vivier pour les camps de la mort.
Il est absurde de s’investir de toute la misère du monde. Il faut en refuser la fatalité mais se dire, en même temps, que les décisions nous échappent. J’envie et je plains ceux qui croient en Dieu. La foi est un refuge, mais redoutable : comment louer Dieu quand on connaît le bonheur et ne pas le maudire quand il nous plonge sans raison dans l’adversité ?