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Critiques de Simonetta Greggio (358)
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Dolce Vita: 1959-1979

J'adore ce pays, j'adore sa langue, j'y ai vécu, étudié, je parle évidemment de l'Italie.

Et qu'as-tu étudié? La langue, la culture, le patrimoine et surtout le cinéma et la mafia!!



Autant dire que ce livre, je l'ai dévoré. Bon c'est pas de la grande littérature, mais cela donne un bon aperçu de cette Italie des années 60 à 80, de ce cinéma et ses stars incroyables, des strass et paillettes fleurtant avec les affaires pas bien nettes du pouvoir, les attentats, la mafia...



Bref, c'est une immense fresque que Simonetta Greggio tente de monter ici, et j'ai trouvé cela plutôt réussi.
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L'homme qui aimait ma femme

Maria est belle, Maria est douce…

Mais voilà.

Deux frères, Alexandre et Yann, vont croiser son chemin.

Involontairement certes mais n’empêche, ils vont en faire un parcours chaotique.

La belle Maria tombera sous le charme d’Alexandre, séducteur invétéré de tout ce qui porte jupon, l’épousera et lui donnera deux enfants.

Tandis que Yann en romantique dépité, regardera la belle et tentera vainement de l’oublier.

Durant quarante ans, leur histoire constituera le chassé-croisé d’un trio broyé par les sentiments dont Simonetta Greggio d’une plume élégante et pudique fait un roman bouleversant.

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Dolce Vita: 1959-1979

Le prince Malo octogénaire au crépuscule de sa vie se confesse auprès de Saverio jeune jésuite. Témoin actif d'une période qui semblait plein de promesses et qui au contraire va plonger l'Italie dans des années de violences, d'attentats et de meurtres plus ignobles les uns que les autres. Simonetta Greggio réussit à la fois un roman mais aussi et surtout un travail historique remarquablement documenté. Elle montre témoignages, faits avérés à l'appui la collusion entre les poltiques, les groupes fascisants, la CIA, Le rôle du Vatican et de la fameuse et secrète loge P2. Les drames qui ont secoué cette belle Italie sont relatés comme si une sorte d'impuissance s'abattait sur ce peuple tandis que les gouvernants se vautrent dans la volupté et la décadence. Les attentats, les brigades rouges, les meurtres de Pasolini ou d'Aldo Moro sont autant d'évenements qui nous mènent jusqu'au frasques Berluscoliennes. Une fresque foisonnante, passionnante et remarquablement contée.

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Provence des cinq sens

Un plaisir des sens, pas à pas, sur les chemins de Provence!

Alors que dernièrement, je m'étais enlisée dans L'odeur du figuier, de Simonetta Gregio (auteur intalienne contemporaine), relatant des histoires de désamour, ne voulant pas rester sur des notes nostalgiques, j'ai ressorti de ma bibliothèque (époque branchée Provence non stop) Provence des cinq sens pour une balade dont je ne me lasse pas.

"Le charme de la Provence, on le croque", "le parler provençal, de belles phrases qui coulent parfois dans un autre siècle" on le cueille, la Provence, c'est avec des mains de potier, de cuisinière ou de musicien qu'on la saisit, "pudique et rieuse dans ses bras",elle commence dans un mamelon, une cigale et monte vers l'infini du ciel,elle se parfume de mille odeurs qui soulèvent la chappe des souvenirs.

Simonetta Gregio sait faire vibrer de ses mots cette terre si belle baignée de soleil.

Le texte est très bien écrit mais ce sont surtout les photos,colorées et vivantes, d'Eric Cattin qui le mettent en valeur.

Suave lac onctueux à souhait d'oranges confites, azur crépitant de l'eau de source qui goutte à la fontaine, argile soyeuse métamorphosée par une poigne puissant,parterre ensoleillé ajouré fleuri de broderies à l'ancienne, fouillis joyeuxde filets de pêche aux textures palpables,volume en 3 D d'une coupe Santo sur papier aux fleurs incluses, mer de croupes rebondies de moutons amalgammés, troncs secs et tourmentés sur fond pierreux en quête de ciel,grappes de lavandes jouant des arpèges sur une portée verdoyante, poivrons rutilants pour mise en bouche rapide....Bref Provence des cinq sens, un plaisir à l'état pur pour booster un moral en berne ou simplement pour savourer sa chance d'avoir la Provence à portée de coeur.

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L'odeur du figuier

Déception. Appâtée par une superbe starlette en première de couverture et une sublime odeur de figuier en quatrième, je m'étais déjà fait tout un cinéma avant de pénétrer dans les nouvelles de Simonetta Greggio. Vous allez rire! J'avais déjà prévu une belle garce qui balade ses proies en décapotable.

Pas du tout, les femmes n'ont vraiment pas le beau rôle dans ces scénarios d'amour enlisé.

Acquascura: Malgré la discrétion des "trois figuiers d'Inde", on attend en vain que la sympathique Chiara fasse défaillir de désir son Tsvi dans "son bout d'Eden" et on sanglote avec elle sur leur absence de relations alors qu' "attachés l'un à l'autre" ils auraient tout pour vivre une belle histoire. On compatit tout de même devant son sexe anesthésié par des piqüres de fourmis!

Plus chaud que la braise: La "menthe froissée" parfume cette histoire d'amour aux chassés croisés passionnés (dont un sous un figuier soyons honnête) mais où David "épingle au ciel" sa maîtresse.

Quand les gros seront maigres, les maigres seront morts: Fernando, veuf qui a fait le vide autour de lui après avoir perdu Olga va se trouver enfermé dans un ascenseur le temps des vacances de ses voisins. J'avoue, par manque de courage, avoir élagué sa lente agonie d'un mois malgré le fait qu'il lise Rigorni Stern et se raccroche à ses mots.

Année 82: Longue déchéance de Léo, entrainée par la mort "dans une valse enfiévrée" qui apprend "la souffrance et le manque" d'amant en amant.

Fiat 500:Ah le parfum des "brises venues de la mer"! Oh ce salaud de Moreno voleur de Fiat!

Cinq nouvelles placées (pour moi) non sous le signe de la mélancolie mais du ressentiment!

A moins que la dédicace "Aceux que j'ai aimés en les quittant. A ceux que j'ai quittés en les aimant." n'explique l'odeur plus que fugace de figues fraiches!

Quel dommage! Sans ce malentendu du départ j'aurais pu aimer l'écriture, l'ambiance, l'Italie de Simonetta Greggio auteur de plusieurs romans et traduite en plusieurs langues. Dés lundi je me mets en quête de lire son Dolce Vita en espérant que....
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Bellissima

J’ai ressenti combien l’autrice a usé de courage pour confier ce témoignage en écrivant ses confidences.

« Autobiographie de l’Italie » j’ignorais, commençant ma lecture qu’il s’agissait d’un troisième volet (après « Dolce Vita » et « Les Nouveaux Monstres »).



« Nous connaissons si peu ceux que nous aimons.

Nous connaissons si peu notre propre cœur.

Savons-nous de quoi nous sommes réellement capables, en bien comme en mal ? »



Bellissima m’a semblé le roman de deux violences qui cheminent en parallèle, car les violences familiales racontées sont intimement liées à la violence qui imprègne ce pays qu’est l’Italie durant la période racontée ici.



Portrait autobiographique, c’est une histoire personnelle et intime pleine de secrets lourds et tragiques, mêlée à l’histoire politique et sociale d’un pays durant les années de plomb et de la stratégie de la tension.

Sa ville, Padoue, comme son pays, coupée en deux. Rouge et noir.



Par fragments de souvenirs, l’autrice confie ce qui l’a amené à s’éloigner de ses proches et de son pays natal.

Elle raconte la violence à laquelle elle a été confrontée, celle d’un pays, et celle, familiale. J’ai trouvé très intime ces révélations sur sa souffrance personnelle, que j’ai sentie vécue avec une certaine fatalité, et sans jamais se plaindre.

Politique, mafia, fascisme, pouvoir occulte, sur fond de secrets de famille et secrets d’état.

L’ambiance est à la fois sombre, marquée par le sang, et c’est aussi un hymne à la vie, au courage.



« Je suis née de la fureur d’un garçon timide et du rire d’une princesse au petit pois. Ç’aurait pu être pire. Est-ce que ç’aurait pu être mieux ? »



C’est un récit plein d’intensité et d’abnégation, fulgurant de noirceur.

Mais j’ai ressenti l’évocation par bribes assez surprenante, me laissant un sentiment de décousu ; et j’ai perçu les liens de l’autrice avec ses parents, chargés de complexité et d’antagonisme.



« Les destinées humaines sont des écheveaux emmêlés. Parfois, on tire sur un fil qui se brise net, et c’est fini.

Parfois, patiemment, le fil se déroule, et l’écheveau se débobine, se lisse, s’allonge.

Se déploie. S’amplifie ».

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Bellissima

Ce livre, écrit en 2021 n'est pas une autobiographie; c'est un roman "d'après une histoire vraie". Cette histoire est celle de la jeunesse de Simonetta Greggio, née en 1961 dans une petite ville du nord de l'Italie à proximité de Padoue, et celle de sa famille, une famille aisée presqu'ordinaire.

Il y a nécessairement, dans un tel récit, une part de fiction due à l'éloignement dans l'espace et dans le temps des années évoquées, ainsi qu'au recul évident pris par la narratrice, âgée de 60 ans, par rapport aux faits racontés.

Simonetta Greggio a 8 ans lorsque les 1ers attentats des années dites "de plomb" frappent l'Italie. Elle a 17 ans lorsque le Président du Conseil italien Aldo Moro est assassiné à Rome par les Brigades Rouges. L'année 1978 marque alors à la fois l'apogée et le début du déclin de ce mouvement. Mais, pour autant, l'Italie n'en a pas fini avec la violence, car il y a celle beaucoup plus sournoise qu'est la corruption au plus haut niveau.

A cette violence qui gangrène le pays résonne concomitamment celle d'une famille rongée par les brutalités du père, dont l'auteure, la seule fille de la fratrie, est la principale victime. La jeune fille trouve alors dans la fuite une réponse possible, mais jamais définitive.

Une écriture "coup de poing" qui veut régler ses comptes, mais qui est aussi, paradoxalement peut-être, empreinte de beaucoup de tendresse vis à vis de son pays, à l'égard des siens, et notamment de sa mère, sa "Bellissima".
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Étoiles

Il aura suffi d’un défi littéraire lancé par une amie lectrice – Sy Dola pour ne pas divulguer son "pseudo Facebook" – pour que je retrouve, sagement posé sur une étagère de ma bibliothèque "Etoiles", dédicacé par l’auteure, Simonetta Greggio, en mai 2016, ouvrage correspondant à l’item du mois de janvier : "un poche de moins de 200 pages".



Cette lecture fut ma gourmandise du jour, réchauffée au soleil de la Provence, parfumée aux arômes de lavande et de thym. Ce genre de lecture qui vous enveloppe d’une chaude couverture, allume vos papilles et vous apprend à rêver. En ces temps difficiles que nous traversons tous, quel bonheur de se couler dans le miel, de respirer les odeurs de jardins mouillés et de saliver à la description d’une recette visiblement aussi sublime que simplissime.



"Etoiles" raconte l’histoire de Philippe Coimbra, alias Gaspard, grand chef étoilé dont la vie bascule, un jour, alors qu’il rentre chez lui plus tôt que prévu et découvre sa femme dans les bras de Paul Duguesnin, "Cet homme providentiel, charmant, bien élevé, excellent gestionnaire…" qui…"avait pris une place considérable dans sa vie, allant jusqu’à tenir en ordre ses comptes en banque…". Subrepticement, Gaspard quitte le domicile et disparaît…

L’écriture de l’auteure, très belle, est aussi virevoltante qu’une jupette au gré du mistral, aussi colorée que les tomates du marché, aussi odorante que les herbes qui poussent en désordre dans le jardin créé par Gaspard dans son refuge méridional. Elle m’a régalée sans relâche de la première à la dernière page. L’épilogue en forme de happy end ne m’a semblé en rien malvenue, apportant une touche finale sucrée à tous les plats préparés par le chef, prêt à démarrer une nouvelle vie culinaire.



J’ai adoré cette jolie nouvelle – 73 pages – sans temps mort, allègre, optimiste, qui, tel un onguent, est capable d’apaiser les maux de l’âme et guérit de toute mélancolie.



"Etoiles", un ouvrage gracieux, délicieux, savoureux. Un véritable remède à la morosité ambiante qui devrait être remboursé par la Sécurité sociale.


Lien : https://memo-emoi.fr
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L'ourse qui danse



Le Musée des Confluences de Lyon est riche d'une immense collection d'objets retraçant l'Histoire de l'Humanité, les Histoires de l'Humanité. Ce musée a proposé à des auteurs de choisir un objet et d'en faire un récit, ou un roman. Partant de la statuette d'un ours dansant de l'artiste Inuit Davie Atchealak, dans l'univers de l'histoire des territoires du grand Nord, Simonetta Greggio nous emmène vivre le monde ancien des Inuits.



À travers un récit presque onirique dit par un Homme, un Inuit, qui décide de revenir dans son monde primitif, avant que son peuple soit morcelé par le Danemark, le Groenland, le Canada. Les croyances, traditions, dialectes, costumes, coutumes étaient les mêmes. Mais dès que L'Homme Blanc est arrivé, il a imposé ses propres croyances, interdit les traditions millénaires, le langage commun à tous les inuits, a morcelé les paysages et les territoires, séparé les familles, et introduit cette notion de profit propre aux grandes puissances modernes. Élevé dans un monde "moderne", en Occident, cet homme revient pour s'imprégner de sa propre culture presque détruite, reconnaître son âme et ses traditions, et explique en un monologue envoûtant ce que c'est que d'être Inuit.

Il retourne vers sa tradition de trappeur, de chasseur, et poursuit l'Ourse Blanche, l'esprit de la chasse intemporelle, animal-totem.



Un court roman initiatique, dans la vague du livre de Bérangère Cournut, "De pierre et d'Os" et aussi du livre de Nastassja Martin "Croire aux Fauves" (ed Verticales), pour qu'on connaisse la terrible lutte des derniers Inuits contre les États rivaux qui exploitent les dernières richesses de ce peuple.



Inoubliable.
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Black messie

Il m'a fallu du courage pour aller au bout du roman de Simonetta Greggio Black Messie. J'avais lu d'elle Les Nouveaux monstres et cela avait été une lecture agréable autour de ces hommes politiques et de pouvoir d'Italie.

Black Messie est un livre monstrueux dans l'acceptation littérale du mot.

Simonetta Greggio prend comme décor de son roman Florence, dans laquelle un serial killer tue ( le mot est gentil ) filles et garçons. Ces meurtres ressemblent étrangement aux meurtres de 7 jeunes couples dans les collines de Toscane entre 1968 et 1985.

Le meurtrier appelé le monstre de Florence n'a jamais été arrêté. Serait il lui qui serait de retour 30 ans après .

Pour son enquête, Simonetta Greggio s'appuie sur le caporal Jacopo d'Orto, sur Miles professeur de littérature américaine, sur Indiana la fille de Miles, sur Nonnie, Nino, Légion ou encore HS. L'enquête et la poursuite du meurtrier est vu au travers de ces personnages avec leur point de vue.

Cela devient vite confus car à ces personnages s'ajoute la CIA, les sociétés secrètes comme les Croix Rouges, un peu de Renaissance , l'album blanc des Beatles ou encore l'assassinat de Sharon Stone par Charles Manson.

Bien évidemment les meurtres peuvent être qualifiés de gore, sexuel, satanique etc....

Voilà un roman d'une grande confusion sans colonne vertébrale et pataugeant dans une violence effrénée.

Cela flatte-t-il le morbide , le voyeurisme, notre côté obscur.

Je fuis.

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L'odeur du figuier

Depuis le temps que je possède ce livre, je m'étais toujours promis de le lire en été pour mieux en savourer l'atmosphère. Et voilà, c'est chose faite ! Et quel beau moment ou devrais-je dire beaux moments puisqu'il s'agit d'un recueil de nouvelles qui ous font découvrir la vie de personnages dans l'italie ensoleillée et odorante.

Simonetta Greggio, que j'avais déjà lue à plusieurs reprises et qui m'avait enchantée, m'a epoustouflée par la maitrise de la forme "nouvelle".

J'adore cette forme d'écriture mais parfois on quitte la lecture déçu ou en attente de quelques lignes supplémentaires. Là, rien de tout cela, un bonheur à chaque début d'histoire qui se concrétise en un récit court mais complet.



Mention spéciale pour la nouvelle dédiée à Mario Rigoni Stern et celle nommée :Acquascura.
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Col de l'Ange

Nunzio est mort et raconte ses souvenirs ainsi que les jours qui suivent sa mort pour les deux êtres qui ont le plus comptés dans sa vie : Blue et Marcus. Blue retourne au col de l'Ange pour retrouver Marcus. C'est le lieu de leur enfance...

L'auteur livre des phrases courtes avec paradoxalement un rythme lent de l'histoire à l'image d'une poésie qui accompagne le lecteur tout au long de ce récit. L'histoire en elle-même n'est pas transcendante mais tout est dans l'écriture, une douceur et une analyse de vies de ce trio. Chaque personnage est totalement différent mais ne les empêche pas d'être des frères de coeur.

Une histoire agréable surtout par cette fausse poésie qui enchante.
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Les mains nues

Autant le dire tout de suite : j'ai beaucoup aimé ce roman....





Le plaisir de lecture a tenu à plusieurs éléments : l'histoire elle-même mais surtout la construction narrative, le point de vue d'Emma sur les événements, lesquels événements qui occasionnent ce récit toujours suggérés jamais décrits directement, ces retours en arrière dans la vie d'Emma pour évoquer son métier, son amour perdu, la relation avec Gio, ses relations aux gens , aux bêtes, à la nature, l'atmosphère qui règne tout au long des pages, l'amour de Gio pour les animaux....



Ce livre, c'est une porte que l'on ouvre sur une parcelle d'existence et que l'on referme avec le regret de quitter Emma...





Je le redis : très beau roman !
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Les mains nues

Magnifique histoire d'amour, superbe portrait de femme, celui d'Emma, vétérinaire à la campagne, confrontée à un monde viril et fermé et dont la relative quiétude est soudain perturbée par l'irruption dans sa vie d'un bel adolescent... Certains en feraient un fait divers en une de journaux à scandale. Simonetta Greggio, elle, nous livre un roman délicat et subtil et pose la question du rapport à l'autre. Un roman qui mérite d'être redécouvert.
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Dolce Vita: 1959-1979

N°565 Avril 2012



DOLCE VITA 1959-1979 Simonetta GREGGIO. Stock



Le titre d'abord qui évoque un film mythique de Frederico Fellini sorti en 1960 dont on ne retient que le bain nocturne de Marcello Mastroianni et d'Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi à Rome. Ce film qui rompt avec la tristesse et la pauvreté cinématographiques des années d'après-guerre, fit scandale dans cette Italie puritaine et l'Osservatore Romano menaça d'excommunication tous les spectateurs mais il obtint cependant la palme d'or à Cannes en 1960. Il parle de ce pays dans les années 50 et inaugure une écriture cinématographique   « fellinienne », faite de sketchs très en vogue à l’époque. Le synopsis est en effet composé d’épisodes, en apparence décousus, que sa longueur (2H46), le nombre des thèmes abordés et l'ambiance qu'il distille contribuent, à tort, à donner cette impression.



Ce roman fait non seulement beaucoup d'allusions au film mais lui emprunte aussi son montage puisqu'il se donne à voir, un peu comme une sorte de documentaire, racontant vingt ans de l'histoire de l'Italie. Cela commence par la sortie du film de Fellini et se termine par l'assassinat d'Aldo Moro, président de la   Démocratie Chrétienne, en mai 1978 même si on déborde un peu sur cette période). Entre ces deux dates, l'auteur mêle fiction et réalité à travers le personnage flamboyant mais un peu décati du prince Emanuele Falfonda dit   Malo  , vieux et jouisseur octogénaire au pas de la mort et de celui, un peu plus en retrait du prêtre Saverio, un jésuite à la jeunesse mouvementée qui conte, des années plus tard, son histoire un peu comme une confession. Pourtant,   Malo, qui a a participé au film de Fellini (mais juste un petit rôle, presque de la figuration),  ne cherche pas l'absolution, peut-être veut-il seulement la libération que lui procure la parole puisqu'il ne connaît pas le remords et exècre le repentir ? Cela peut passer pour un sourd combat du vice contre la vertu mais ce que veut Malo c'est surtout raconter sa vie dissolue, ses frasques, autant que révéler des secrets politiques dont il a été le témoin. La mort sera pour lui une délivrance mais il souhaite ardemment la compagnie de l’ecclésiastique pour ses derniers instants...



Pourtant, c'est moins son parcours personnel qui est ici évoqué que l'histoire de l'Italie, à la fois insouciante et ravagée par la violence. Tout y passe, les fascistes de Mussolini et les no-fascistes, les affaires de mœurs, les agressions et les attentats, les scandales financiers, les luttes à mort pour le pouvoir, les Brigades rouges, le meurtre d'Aldo Moro, le monde politique, la mort mystérieuse du réalisateur Pier Paolo Pasolini, les assassinats violents et suspects où chacun peut voir l'empreinte de la Mafia, invisible, mystérieuse et toujours meurtrière, la loge P 2, la CIA, les services secrets, mais aussi les intrigues sulfureuses immorales et hypocrites du Vatican, l'ombre inquiétante du cardinal Marchinkus, les blanchiments d'argent, la mort toujours controversée de Jean Paul 1° ... sans oublier le sacro-saint secret de la confession !



Cette histoire n'est pas exactement comme le titre le donne penser, une vie douce, à laquelle on associe volontiers ce pays qu'on voudrait romanesque. Au contraire, c'est la fois un récit plein de dépravations et de cynisme quand il s'agit de la vie de Malo et une chronique sombre où les luttes d'influence, qui bien souvent se terminent dans le sang, le disputent aux enquêtes bâclées, aux destructions de preuves par les pouvoirs publics eux-mêmes, aux coups d'état avortés, aux procès truqués, une classe politique manipulée, véreuse, minée par la corruption, aux prévarications de tous ordres ... Tout cela donne, et sans doute explique, le personnage grand-guignolesque de Silvio Berlusconi, autant que le naufrage économique que connaît actuellement ce pays-frère qui ne peut nous laisser indifférents.



L'auteur qui écrit directement en français, se livre ici à un remarquable travail documentaire autant que l’écriture d'une fiction dont la poésie n'est pas absente. Elle procède par petites touches pour tisser peu à peu ce roman bien écrit, qui se lit facilement, et, avec ses relents de scandale, passionnant du début à la fin. Elle présente son travail de dépouillement d'archives et de créateur de fiction en courts chapitres qui ne sont pas le résultat d'une enquête policière, même si on peut parfois regretter que certains d'entre eux aient la froideur d'une chronique judiciaire. Elle se rapproprie ce pays qui est aussi le sien, y jette un regard plein de tristesse et de nostalgie comme on évoque un âge d'or culturel disparu, fait notamment de grands noms du cinéma et de la la littérature mais aussi en déplore la déliquescence, un véritable gâchis où on a sciemment sacrifié l'espoir légitime dans un monde meilleur et confisqué la démocratie au profit de quelques-uns qui ne seront jamais inquiétés. L'auteur fait dire un de ses personnages cette phrases laconique qui résume bien tout cela   « Nous avons cru que nous allions changer le monde , et c'est le monde qui nous a changés. »



Ce fut un bon moment de lecture avec un plaisir particulier et tout personnel de l'insertion dans les phrases et les paragraphes d'expressions et de mots italiens.



Hervé GAUTIER - Avril 2012.

http://hervegautier.e-monsite.com 


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Nina

Qui a dit qu'un auteur ne pouvait écrire que sur une même thématique ou dans un même registre? Frédéric Lenoir nous prouve ici le contraire en nous contant avec Simonetta Greggio l'histoire entre Adrien et Nina. Non ils n'écrivent pas une histoire banale mais une belle et émouvante histoire d'amour. N'ayant plus gout à la vie et se sentant inutile, Adrien décide d'en finir en buvant un cocktail de médicament. Mais avant, il écrit... une dernière et longue lettre à l'amour de sa vie: un amour d'adolescent en vacances avec une italienne prénommée Nina. C'est un très beau livre, bien écrit et bien organisé. Vous trouverez ici une lecture légère et rapide pour une soirée d'été. Je recommande bien évidemment. Et pour finir, une citation qui est en fait une question sur la vie: "Ne plus rien attendre vaut il mieux qu'attendre quelque chose qui ne viendra pas?" page 48
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Les mains nues

L’histoire d’amour est racontée avec pudeur et délicatesse ……. Mais l’essentiel du roman n’est pas là.

Ce qui m’a plu, c’est l’évocation des souvenirs de la narratrice, des moments importants de sa vie : son enfance, son adolescence, ses parents – surtout sa maman -, son amour pour l’homme qu’elle n’a jamais oublié. J’ai aimé les réflexions sur la vie, la mort, l’amitié, les regrets, le temps qui passe …
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Dolce Vita: 1959-1979

Cela doit faire 10 fois que j'essaie d'écrire toute l'admiration que je porte à ce livre (lu il y a déjà quelques temps ) et à son auteur mais je me heurte à un mur. Par quel bout le prendre, le raconter? Allez, zou, tentons le spontané, je me lance.



Il est vrai que ce "roman" est difficile à résumer. Seul point un peu négatif, le prétexte fictionnel nous faisant suivre les derniers instants du prince Malo se confiant au jeune prêtre Saverio, procédé légèrement arbitraire voire maladroit pour dresser un portrait de l'Italie de la fin des années 50 jusqu'à la lisière des années 80 et de l'ascension de Berlusconi.

C'est là le vrai cœur du livre et sa terrible beauté, en faire le roman noir de l'Italie de ces années-là, entre corruption à tous les étages de la politique, éminences grises mafieuses ou vaticanes œuvrant dans l'ombre, Brigades Rouges installant une peur durable à coups d'enlèvements, assassinats et attentats...



Mon tropisme italien me fait dévorer ces pages qui virent à la litanie sanglante dans un chaos géré de main de maître par l'auteur avec une clarté didactique et extrêmement documentée, où l'enchaînement des mauvaises décisions et des drames dessine le portrait d'un pays au bord de l'effondrement moral et politique, débordé par ses paradoxes, jusqu'à l'enlisement des sinistres années de plomb.

Tout ceci pourrait sembler rébarbatif comme un essai politique et pourtant, Simonetta Greggio finit d'emporter le morceau car nous sommes loin d'un article journalistique, avec un style implacable et parfois poétique, et une structure jouant sur les temporalités.



Le cauchemar de ces années est atroce mais passionnant, voire fascinant. Avec, en figures sacrifiées, en plus des anonymes, quelques artistes n'ayant pas voulu se taire (Pasolini, Franca Rame).

Je le redis, la plume de l'auteur est d'un didactisme éclairant, replaçant cette période dans l'histoire du pays, enfantée du fascisme et ouvrant la voie à l'Italie d'aujourd'hui. Un instant chaotique de plus dans les équilibres precaires et contradictoires de ce pays.



A noter, une suite qui s'attache aux années Berlusconi, du même auteur et tout aussi édifiante: Les Nouveaux Monstres. Ainsi qu'un roman, toujours de Greggio, inspiré du Monstre de Florence, fait divers mentionné dans Dolce Vita : Black Messie.



Et pour en finir sur ce thème, si comme moi cette période tourmentée vous passionne,

un film: Buongiorno Notte

et une série: Esterno Notte

tous deux de l'excellent Marco Bellocchio sur l'enlèvement et le meurtre d'Aldo Moro, tragédie symptomatique de cette époque.



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Bellissima

C'est avec ce roman à fort contenu autobiographique que je fais connaissance avec l'autrice. Il semblerait qu'elle reprend les thèmes de ses précédents romans, en utilisant cette fois-ci le "je".



Elle évoque ses souvenirs d'enfant et de jeune fille dans un désordre d'époques et de générations pas toujours facile à suivre. Elevée dans une famille aimante, elle est pourtant confrontée tôt à une certaine violence. Elle en garde l'image récurrente d'un homme sans visage qui la poursuit et auquel elle a si peur de ne pas échapper. Elle avait huit ans, c'est la préfiguration d'autres violences qui jalonneront sa jeunesse.



Violence familiale d'abord, en la personne de son père qui, d'attentif et bienveillant se transformera en brute qui cogne dur dès qu'elle devient une jeune fille. Il n'en démordra plus et n'aura pas de mots assez forts pour la rabaisser, sous le regard passif de la mère. Elle n'aura d'autre solution que la fuite vers la France dans les années 80 si elle veut vraiment s'approprier sa vie.



Elle relie cette violence intime à la violence qui a secoué l'Italie au fil des années. Retour sur la mise à mort de Mussolini, les années de plomb, les brigades rouges, l'assassinat d'Aldo Moro, la loge P2 .. tout ce qui a occupé nos journaux dans les années d'après-guerre.



La famille a ses propres blessures. Les traumatismes sont tus, on évite d'en parler. L'enfant a une grande affection pour ses grands-parents maternels. Ils ont adopté sa mère lorsqu'elle avait huit ans, lui permettant d'éviter les rafles des juifs. Mais savaient-ils qu'elle l'était juive, eux qui étaient notoirement fascistes ? Comme toujours, tout est plus complexe que ce que montrent les apparences.



C'est après avoir vu l'autrice à la Grande Librairie que j'ai eu envie de la lire et j'ai aimé cette façon de mêler l'histoire de l'Italie récente à la sienne, y voyant au fond les mêmes mécanismes de violence. J'ai été touchée par son désir d'aller coûte que coûte au fond de son histoire et de l'entendre dire dans une vidéo qu'écrire ce livre lui a sauvé la vie, mais a failli la détruire.
Lien : http://legoutdeslivres.haute..
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Les mains nues

Je ne saurais dire comment ce roman s'est retrouvé sur ma liseuse, livre offert avec? donné par la famille, les amis? Il serait sans doute rester longtemps dans un coin sans un challenge.

Découverte et bonne découverte, pas jusqu'à un coup de coeur mais bonne surprise de la poésie qui se dégage de ce roman si court.

A 43 ans, Emma est vétérinaire de campagne. Par choix, par dépit elle a quitté Paris, ses amis. Raphaël son amant qui lui a préféré Micol, cette amie ennemie qui s'est insinuée dans leur couple, la mère de l'enfant qu'elle n'a jamais eue. Emma a appris à vivre dans la solitude, la dureté d'un travail si prenant. Un jour, débarque un fugueur Gio l'enfant de Raphaël et Micol, un enfant dont elle a connu les premières années avant de s'enfuir. Gio plus réellement un enfant, pas encore un homme.

Par touches, Emma se rappelle de sa vie d'avant, de sa rencontre avec Gio, d'une histoire à peine nommée.

Ce roman en peu de pages est dense, dense d'une nature si rude mais si belle , si présente par rapport à l'histoire entre Gio et Emma. Annoncée par petites touches, si peu évoquée mais aux graves conséquences. Un roman plein de poésie, de pudeur.
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