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Critiques de Simonetta Greggio (358)
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Dolce Vita: 1959-1979

2010 : Le prince Emanuele, en fin de vie, appelle le jésuite Saverio pour se confier, raconter son existence tumultueuse.

Prétexte à Simonetta Greggio pour revenir sur toutes les affaires élucidées ou non, sur les nombreux scandales qui ont secoué l’Italie depuis cinquante ans.

Attentats, brigades rouges, meurtres, Aldo Moro, Berlusconi…. Tout et tout le monde y passe. Avec une grande importance accordée au film de Fellini

« Dolce vita ».

Roman de société, bien documenté, intéressant, mais à mon goût un peu décousu et manquant de puissance littéraire. D’un chapitre à l’autre, des faits sont racontés mais tiennent plus d’articles journalistiques que d’un véritable roman.

Ҫa m’a quand même permis de passer un bon moment en Italie

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L'ourse qui danse

🐻‍❄️Chronique🐻‍❄️



L’ourse qui danse

Simonetta Greggio





J’intercède. J’intercède pour l’ourse qui danse. Je lui cède la joie, la beauté, les confins. J’intercède pour la nature, l’ourse, la vie. J’interagis avec leurs légendes, leurs survies, leurs droits. J’intercède pour cette ourse polaire, et j’ai l’espoir que cette prière venue du fond des âges du futur ou passés, viendra vous toucher aujourd’hui. Il y a urgence. Il y aura urgence. Il y avait urgence. Il y avait urgence même, mais l’homme blanc, dévoreur de territoires, a volé ceux des Inuits. Il y avait urgence, mais du fin fond du froid, personne n’a vu le carnage. L’effet miroir est trop aveuglant. Mais maintenant, il y a urgence. Il y aura urgence. Urgence climatique. Urgence de réparation. Urgence de préservation. La banquise se meurt, et son système écolo-politiquo-sociologique est à l’agonie. La biodiversité est en voie de disparition. Et les ursus maritimus se raréfient dans le paysage. La mort arrive. Les virus aussi. La perte du tout est imminente.

Si le savoir ancestral se perd, la langue aussi. Pourtant, leurs mots sont si beaux, si poétiques. A force d’arrachements, le peuple inuit perd son lien avec les esprits, la nature, la vie. Alors qu’il aurait tant à nous apprendre. Mais encore faut-il regarder dans le miroir…Encore faut-il le courage de comprendre que les tuer, eux, c’est nous tuer, nous. Un reflet que nous ne sommes pas prêts à réfléchir.

Et pourtant, grâce à cette histoire de renaissance, Simonetta Greggio, renoue un lien. Le lien ténu entre homme-nature, le lien entre homme-fauve, le lien homme et grands espaces. Une invitation au chamanisme, mais pas seulement: une redécouverte avec le Vivant. Une quête initiatique qui fleure bon l’aurore boréale et la tanière de l’ourse. En effet, l’Inuit, scindé en deux par l’Histoire, en rencontrant l’ourse, va réapprendre la nécessité de l’humilité, de la réconciliation, de la bienveillance. Il va ré-mesurer l’état de vulnérabilité, de maîtrise, de l’implacable. Et trouver la voie d’un porte-parole de sa communauté de par le monde…

Entre le conte et le récit engagé, le sauvage délivre ses problématiques et c’est bouleversant. Le cri est puissant. Le requiem harmonieux et déchirant. L’ourse et l’Inuit ont une peine que j’ai décidé de serrer dans mon cœur. Comme la terre, moi aussi, j’ai pleuré tout ce que j’avais. Noire est la nuit qu’il m’est restée. Mais les étoiles de la Grande et Petite Ourse continuent de briller, dans mon ciel. Et j’intercède pour elles. Elles, qui dansent dans mes yeux, pour ne plus jamais s’en revenir, éteintes. Je veux les voir libres, entre nos deux mondes…Et si je vous dis, que j’ai lu et adoré L’ourse qui danse, est-ce que vous intercéderez aussi en sa faveur?
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Bellissima

Un livre que j'ai lu pour son thème. Le fascisme dans toute son horreur. Celui qui fait rêver certains français en la personne de Marine Le Pen. Ah non je me trompe, elle n'est pas fasciste.

Simonetta Greggio raconte son enfance dans ce roman qui est plus un récit, dans des chapitres un peu embrouillés et on a du mal à s'y retrouver.

L'histoire de sa mère, enfant juive, protégée car adoptée par un couple aux tendances fascistes, mais plutôt sympathiques et qui adule cette petite fille qui est la leur maintenant.

L'auteure évoque une agression sexuelle à 8 ans . L'homme prédateur qui lui a volé son enfance, un homme sans visage. Puis un père aimé qui bascule dans la violence, terrorisant sa fille. Lui est totalement fasciste. Comment a-t-il pu devenir cet homme? "Il me cognait plusieurs fois par semaine. Pour des broutilles. (...) Elle a besoin de la Scuria. En dialecte, de la cravache".

C'est l'Italie qui a inventé le fascisme, l'auteure nous le dit. Elle va droit au but. Elle dit ce pays qui fait peur par ses anciens démons. Et pourtant on y retrouve le bonheur d'être italien, de la famille, de cette atmosphère entre légèreté et terreur.

J'aime bien la plume de Simonetta Greggio. J'ai aimé sa liberté de parole, les évocations d'une époque qui n'est pas tout à fait morte et découvrir son histoire. Celle de ses parents et grands parents. un livre qu'on ne lâche pas. Utile, forcément utile. Vu l'actualité.



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Les mains nues

Emma est vétérinaire en montagne.

Elle vit seule, à presque cinquante ans.

Son quotidien, c'est le monde rural, l'amitié avec une bergère, et ses souvenirs : Thomas qui l'a initiée au métier et est devenu son ami, Raphaël et leur histoire d'amour brisée par une autre femme, la maladie de sa mère...



Dans ce quotidien solitaire surgit Gio, adolescent.

Fils de Raphaël, il se réfugie chez Emma pour fuir le domicile parental.

Commence alors une histoire, belle pour eux, condamnable pour les autres.



Un livre délicat et émouvant.
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Dolce Vita: 1959-1979

Le 3 février 1960 c’est la première à Rome de la Dolce Vita, ce très célèbre film de Fellini, très célèbre et très controversé. A l’automne 2010 le prince Emanuele Valfonda, 85 ans, s’en souvient encore, lui qui n’était alors qu’un tout jeune figurant dans ce fameux film. Il s’en souvient et le raconte à son jeune confesseur, le jésuite Saverio. Ces deux là pourraient être père et fils tellement les liens qui les rattachent sont étroits et mystérieux (nous apprendrons à la fin la vérité de la relation qui les lie). Mais si cette confession commence par le récit d’un tournage elle se poursuit bien au-delà. C’est à un véritable examen de conscience que se livre Emanuele Valfonda, comme le testament d’un enfant du siècle, un enfant gâté certes mais surtout le témoin privilégié des années 1959 à 1979 d’une Italie en pleine tourmente. Vingt années seulement et pourtant vingt années qui vont marquer à jamais toute l’histoire contemporaine de ce pays. Rappelez-vous, début des années 60 l’effervescence, les années d’émancipation, de libération, de création, de débauche et de luxure aussi. Mais très vite ces années là deviennent celles de la répression, de l’affrontement, les années de plomb, les années où s’affrontent dans un bain de sang les forces d’extrême droite et celles d’extrême gauche. Des années de confusion où tout se tricote dans une grande complexité, voir complicité, où interviennent pèle mêle politique, finance, croyance donc mafia, loge P2, Vatican et services secrets. L’enlèvement d’Aldo Moro, l’assassinat de Pier Paolo Pasolini, les attentats de Bologne et de Milan et bien d’autres événements et personnages sont ainsi relatés .



Ce livre parfaitement documenté, parfaitement romancé se dévore d’un seul souffle. Jamais peut être récit aussi plaisant à lire ( fantastiques personnages complexes et attachants d’Emanuele et de Saverio) ne nous aura autant éclairé sur cette période sombre de l’histoire italienne, ne nous aura permis aussi de comprendre l’Italie d’aujourd’hui, celle d’une douce agonie, celle de Berlusconi .

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L'ourse qui danse

L’ourse qui danse, c’est un court roman qui a en commun le sujet avec De pierre et d’os de Bérangère Cournut.



Un roman ici qui ancre l’histoire du peuple Inuit dans notre époque tout en laissant la place au romanesque, à l’initiation, au retour aux sources pour le personnage principal. Un destin qui s’accomplit, une révélation à soi-même.

Mythologie, amour, accomplissements sont les ingrédients de ce joli clin d’œil à l’Arctique. Très belle lecture !
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Elsa mon amour

C'est un roman qui mêle la fiction et les extraits des journaux, poèmes, lettres d'Elsa Morante !

Elsa mon amour, est écrit par Simonetta Greggio, passionnée de Morante dans un style flamboyant, lyrique, sensuel, intime et vibrant à tel point que par moment on ne sait plus si c'est elle ou Elsa qui vibre ( d'ou ma remarque préliminaire ! ).

Elsa la "douce et sauvage, l'arrogante, la menteuse et effrontée, la dédaigneuse et charmante, la suffisante, intelligente, sensible et géniale" !

Une femme née en 1912 à Rome, qui a vécu dans le quartier pauvre du Testaccio, qui a pris le nom de son beau père Augusto Morante, une gamine qui a été remarquée à 6 ans par sa marraine et qui a commencé à écrire, qui s'est même prostituée pour vivre, faire des études..

En 1941, elle a épousé Alberto Moravia : auteur célèbre plus âgé qu'elle et avec qui, elle restera mariée jusqu'à la fin de sa vie ! Elle le suivra en exil car il est juif par son père et il est listé par les fascistes..

Elle voyagera en Espagne, en URSS, en Chine et même aux US ou elle aura une aventure amoureuse avec Bill Morrow qui se jettera d'un gratte ciel New-yorkais !

Avec Elsa, les rencontres de célébrités intellectuelles et artistiques sont multiples et on découvre toute une génération de "monstres sacrés" comme Visconti, Pasolini, Penna, Saba, Magnani, Rossellini, Eléonor Fini, Malaparte et Giovanni Agnelli et sa famille...

Elle aimait les chats, les "abimés"de la vie, la liberté et l'amour !

Une écrivaine, essayiste, poètesse qui a marqué

son siècle en étant la première femme a obtenir le Premio Strega en 1957 et, qui a eu un succès international avec son livre " La " Storia " ( 1982 ) !

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Bellissima

Après « La Dolce Vita » et « Les Nouveaux monstres », Simonetta Greggio nous propose « Bellissima », un récit plus intime.



Toujours évoquée l’Italie dans la complexité des années 60/70 et plus : attentat de Milan, assassinat d’Aldo Moro, les Brigades rouges, la loge P2 (et 3 et 4),etc…, un monde de violences, de mafia, de règlement de comptes, de corruption, d’anti-communisme…

La ville de Padoue subit, comme d’autres lieux, cette ambiance nauséabonde et dangereuse.



Et dans cette Italie qui se remet difficilement du facisme de Mussolini (la description de l’attitude de la foule après sa mort est d’une rare violence), des femmes méprisées, de l’antisémitisme… naît en 1961 une petite fille, l’auteure.



Un milieu familial bousculé par la violence d’un père, homme de paille d’un puissant du moment (un chapitre développe les turpitudes et conséquences tragiques immobilières dues à la corruption des règles), une mère silencieuse, des frères aimés, des grands-parents adoptifs aimants, bref une enfance et adolescence malmenée qui croise la vilenie et plus tard la bassesse d’ avances sexuelles dans un hôtel puis à Venise.



La solution, la seule fut la fuite pour, comme elle l’écrivit au mur de sa chambre : « Io sono mia » (je suis à moi).



Et pour être, il fallut partir et puis écrire.



Un père maintenant mort, jamais retrouvé. Des frères à qui l’auteure adresse des messages émouvants et sages. Une mère qui enfin se raconte et tend une main.



Une fin un peu mystérieuse qui n’en dit pas assez mais qu’on espère salvatrice.



Il y a des moments où l’écoeurement nous pénètre et où l’on se dit comment l’homme peut-il agir de cette façon? (Épisode raconté par un témoin : dans un camp, un enfant massacré par un Allemand devant sa maman qui en tombe morte sur le coup - image qui me poursuit…).





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Étoiles

J’aime ce petit roman de Simonetta Greggio qui me transporte en Provence, celle de Pagnol où les cigales sont reines et nous assourdissent de leurs chants, comme si elles étaient enivrées par de multiples senteurs.

L’action se passe dans le petit village de Bijoux où Gaspard dépose son sac, fuyant une déception amoureuse et une célébrité encombrante et exigeante à la tête d’un restaurant étoilé.



Il reprend une auberge loin des sentiers battus, revient aux sources de la cuisine. Lui qui ne faisait plus que superviser son restaurant parisien, remet la main à la pâte, accommode les plats typiques de la région. Dans ce nouvel environnement surgit Stella, jeune fille frêle, anorexique dont il va tomber amoureux.



Autant dire que l’intérêt de l’histoire ne réside pas dans cette histoire d’amour

un tantinet cucul la praline, mais dans l’ambiance qui se dégage de ce retour aux sources.

On salive à la découverte de ce qui s’échappe de cette cuisine, des saveurs qui mettent l’eau à la bouche. On sent la truffe, le basilic et le romarin et l’on entend l’huile frissonner dans la sauteuse en attendant les filets de rouget.



Un roman léger et frais à savourer sans modération.



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La Douceur des hommes

Fosca, a passé sa vie à aimer, cette épicurienne des joies terriennes va raconter, à la jeune Constance qui est l'opposée de la femme qu'à été Fosca, cette vie riche d'hommes, d'amants mais surtout celle d'une femme libre.

Simonetta Greggio dans ce premier roman dresse un magnifique portrait de femme qui aura vécut sans interdits sa vie pour n'avoir aucun regret, une philosophie que Gréggio déroule avec une grande pudeur, une infinie tendresse pour cette femme et nous sommes nous aussi sous le charme.Un roman délicat et sensuel.
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La Douceur des hommes

1er roman d’une Italienne de 47 ans qui écrit en français (pour ne pas que son père colérique lise ses écrits), La douceur des hommes a été sévèrement dégraissé puisqu’à l’origine il faisait 500 pages et qu’à l’arrivée, il se loge dans 150 pages aérées. On peut prendre légitimement peur dès l’abord du livre car le titre n’augure a priori rien de bien excitant. La 4e de couverture n’est guère plus enthousiasmante. On sent qu’on va flirter avec le poncif, les bons sentiments, le symbole éculé, les sorties théâtrales, le raffinement des gens tellement chics (la mort à Venise, les palaces décrépits, les Rolls-Royce à bout de course…). Heureusement, la minceur de l’opuscule rassure. Puis, dès le livre ouvert, les citations en exergue exercent une première aimantation, légère mais réelle. Le soliloque de l’empereur Hadrien fait mouche : « […] Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts ». Il est aussitôt tempéré par une phrase du chanteur Lucio Battisti : « […] tant de bras t’ont étreint tu le sais pour devenir ce que tu es ». Entre la gravité et la légèreté, on sait qu’on va danser de concert avec Fosca sur le fil de sa vie, juste après le grand saut, par la voix et l’écriture de sa confidente des derniers instants, Constance. Les pages défilent. On n’y prend garde. On reste désarmé face à une vie vécue au plus près de l’amour et de la vie, avec la raison chevillée au corps. L’attraction du livre va grandissante à mesure que la lecture l’effeuille. Certaines phrases ciselées et calibrées possèdent le grain de la beauté : « A trois heures du matin, l’heure à laquelle les sentinelles s’endorment, les malades se réveillent, les amants se tournent le dos, Fosca me regarda… » ; « Celles qui s’appartiennent peuvent se donner » ; « […] la jeunesse tenait lieu d’hygiène, la beauté de morale ». On pourrait ainsi en égrener des chapelets pour tenter de conjurer le mauvais sort fait à la vie qui s’enfuit, inexorablement, infiniment, aveuglément. Par la grâce d’une écriture déliée, sans emphase et sans pathos, les fils de la vie de Fosca et de Constance se détricotent avec un certain bonheur, une vraie douceur, un grand respect. Prise dans le filet des mots, l’ombre s’ajoure alors un court instant et devient lumière.
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L'odeur du figuier

D'habitude la lecture de nouvelles me plaît beaucoup. Ces courts récits, à la chute souvent surprenante, me ravissent.

A part la première nouvelle, un peu angoissante mais qui trace le séjour de ce jeune couple amoureux dans leur résidence d'Aquascura, je n'ai pas été touchée par cette atmosphère mélancolique, pessimiste, voire morbide.

Le séjour de ce pauvre veuf dans l'ascenseur m'a absolument terrifiée, de même que la descente aux enfers de Leo, toute jeune femme qui glisse dans la déchéance.

Trois étoiles tout de même car l'écriture est belle. Je pense essayer de lire d'autres ouvrages de cette auteure, pour voir.
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Nina

Quelle merveilleuse ode à l’amour ! Tout au long des pages de ce livre, seul l’amour transparaît. Sur fond de sentimentalisme, parfois poussé à l’extrême, les auteurs nous offrent une histoire d’amour fantasmée, où l’amour parvient à sublimer la frustration et les regrets.

Car les regrets et la frustration sont les coupables désignés du mal-être et de la dépression d’Adrien. Comment peut-il parvenir à oublier son amour d’enfance et d’adolescence portant le doux nom de Nina ? Avec ces quatre lettres rejaillit le souvenir du vent faisant virevolter ses longs cheveux épais, du sable parsemant de mille éclats sa peau bronzée, de l’odeur délicate des fleurs embaumant les ruelles de Ravello, petit village d’Italie. Accompagné de ces quatre lettres, le présent semblait suspendu et l’avenir radieux. Chaque été passé en sa compagnie le laissait présager. Nina et Adrien s’aimaient. Leur regard brillant les trahissait, leur sourire complice les unissait.

Mais les années passent, la vie prend un tout autre tournant. Les rivages de Ravello s’éloignent emportant avec eux l’espoir. Car la déclaration d’amour d’Adrien reste sans réponse. Nina a-t-elle reçu sa lettre ? Tout semble perdu, Adrien n'a plus d'espoir, il doit s'obliger à vivre.



Mais comment vivre alors même que son cœur ne bat plus que par automatisme ? Lorsque la vie semble trop terne, lorsque le bonheur ne dépend que d’une absente, Adrien décide d'en finir. Cette voie semble la seule possible mais avant, Adrien veut vivre, revivre. Revivre grâce à la douceur des mots, à la chaleur des souvenirs. Sa dernière lettre sera pour Nina, comme un écho à celle demeurée sans réponse.



De cette lettre s’égrènent de sublimes moments, magnifiés par la subjectivité des souvenirs. Adrien aime. De toutes ses forces. Mais a-t-il vraiment idée de l’amour qu’on lui porte ?

Tout au long de ma lecture a raisonné en moi le magnifique poème de Lamartine, L'isolement. La beauté du monde, la chaleur de l'amour des autres ne suffisent pas à réchauffer le coeur brisé d'un être convaincu que Nulle part le bonheur ne m'attend alors qu'Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.

Avec Nina, Simonetta Greggio et Frédéric Lenoir nous plongent dans la souffrance invisible qu’un amour inabouti, sublimé, fantasmé. Avec leur sensibilité respective, ils permettent au lecteur de se laisser envahir par l’amour douloureux d’Adrien et par celui, beaucoup plus apaisé, de Nina. Car la magie de ce livre réside aussi dans la rencontre de ces deux êtres que la vie a séparés.

Sans jamais sombrer dans le romantisme naïf, ce roman est un véritable cri d’amour.
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Elsa mon amour

Merci à Masse critique et aux éditions Flammarion pour la découverte de ce livre et de cette auteure.

J’ai accepté de critiquer ce livre après avoir lu La Storia d’Elsa Morante, une lecture forte, marquante, qui m’invitais à connaître davantage l’auteure. Mais jusqu’alors je n’avais lu aucun autre de ses ouvrages et ne connaissais sa vie que de façon très sommaire.

Pourtant, lire ce livre de Simonetta Greggio, que je ne connaissais pas, me demandait de surmonter quelques réticences. C’est que je ne suis pas porté sur les romans qui s’emparent de la vie d’autrui. Déjà, l’autofiction m’apparaît narcissique. Alors s’accaparer par la fiction la vie d’un/d’une autre… Je préfère de loin les auteurs qui s’effacent derrière leurs écrits et dont l’inventivité et la création littéraire sont les premières qualités (je suis fan de Thomas Pynchon).

Et puis je me suis dis : ‘Après tout, un écrivain a une liberté absolue dans le choix de ses sujets. Voyons ce que cela donne.’ Et je ne me suis pas ennuyé. Ce petit livre se lit facilement et agréablement et offre de beaux moments de réflexion et de méditation.

Nous sommes emportés dans un monologue intérieur, dans le flux de conscience d’Elsa. Elle récapitule divers épisodes de sa vie, on sent qu’elle est à la fin. Et on est bien tenté de se laisser aller à croire que c’est en effet Elsa qui parle. De temps à autre, le flux est interrompu par des mises en contexte ou des fragments de journaux, poèmes ou lettres d’Elsa, en italiques.

Pourtant, ce n’est pas Elsa qui parle, c’est Simonetta. Elle l’a rencontrée, l’a aimée et a voulu témoigner de cette rencontre dans ce livre. Il faut dire que c’est assez réussi, même si toutes mes réticences n’ont pas été levées et que je me suis interdit de prendre le livre de Simonetta pour des paroles d’Elsa.

Et puis il y a des affirmations péremptoires qui me sont apparues sonner faux et tomber à plat, comme ‘Je suis tout le monde. Le monde c’est moi.’ (p. 27) Un peu prétentieux  non ?  de mettre cela dans la bouche d’autrui. Et les passages à propos de Malaparte et de la famille Agnelli, quoique informatifs, brisent l’unité de l’ensemble. Les passages de rêverie d’Elsa me paraissent les plus réussis, surtout ceux où il est question de Bill, qui sont poignants.

Au final, un livre somme toute plutôt léger, mais méditatif, et qui laisse sa marque. L’on en retire le grand bénéfice collatéral de vouloir en savoir plus sur cette formidable conteuse qu’est Elsa Morante (signalons la toute récente biographie de René de Ceccatty chez Tallandier) et de lire tous ses livres (je me suis mis à Mensonge et sortilège). Rien que pour cela le livre de Simonetta Greggio vaudrait le peine.

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Bellissima

Simonetta Greggio - Bellissima



Récit de vie, autobiographie, souvenirs d’enfance, thérapie ? C’est un peu tout ça que nous livre ici Simonetta Greggio .. Elle pourrait écrire : Italie, à la vie, à la mort ! Ou encore Famille, je vous hais…La violence de l’Italie trouve ici un écho dans la violence de son enfance ! Et même si ses souvenirs sont empreints de mélancolie, si le regard de l’adulte qu’elle est, se pose avec empathie sur l’enfant qu’elle était, la douleur, la souffrance, le vécu sont omniprésents et touchent le lecteur avec acuité comme une lame tranchante pourrait le faire. A la fois auteur et poète, Simonetta Greggio se sert des mots comme une défense. Elle déverse ses souvenirs et ses rancœurs et rend hommage à sa mère avec obstination. Des phrases courtes, percutantes qui touchent le lecteur en plein cœur ! A découvrir ! merci a NetGalley pour le prêt de ce livre
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Les nouveaux monstres 1978-2014

Ce livre est un choc. Je connaissais les tueries des années de plomb, je savais que les dirigeants de tous niveaux avaient des accointances avec la mafia sicilienne Cosa Nostra, mais pas à ce point.

Pas autant de silences, de mensonges, de procès faussés.

Si le peuple italien n'avait que la télévision comme source d'information, alors il était totalement et délibérément désinformé.



"L'auteur reprend la thèse d'une connivence entre les services secrets italiens, sous influence américaine, et de la mafia pour créer une " stratégie de la tension" afin de remobiliser les citoyens autour d'institutions discréditées et d'hommes politiques corrompus. Pas question, en effet, à l'époque, pour les Etats-Unis de laisser basculer l'un des piliers de l'Otan dans le camp communiste.

Bon nombre de serviteurs intègres de l'Etat qui voulaient mettre fin à ce système pervers, hauts fonctionnaires, magistrats ou encore journalistes y laisseront leur vie.

L'auteur déplore que des décombres de la Démocratie chrétienne ait émergé Silvio Berlusconi, qualifié de "caïman" par Nanni Moretti, et qui gouverna l'Italie pendant vingt ans avec les mêmes méthodes." Juillac

Intercalée entre ces pages douloureuses il y a le romanesque. Les personnages tourmentés ne sont pas gais mais il offrent des moments de respiration.



J'admire Simonetta Greggio d'avoir travaillé à révéler des parts de vérité.

Il y a de quoi désespérer des hommes.

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Les nouveaux monstres 1978-2014

Le premier livre (Dolce Vita) couvrait 1959-1979.

Voici "Les Nouveaux monstres" (titre éloquent). 1978-2014.

Nous y retrouvons le jésuite Don Saverio et sa petite nièce, journaliste d'investigation.

L'histoire continue : attentats, mafia, corruption, meurtres et politique.

Un chant tragique monte de ces pages livrant l'Italie de Berlusconi et toute la complexité du monde qui l'entoure.

Les faits se précisent, ceux qui nous sont familiers, ceux qu'on nous donne aux infos.

Des noms se rappellent à nous (Moro, Falcone...), le voile se déchire (un peu) qui recouvre le Vatican, l'argent sale, la politique qui va, qui vient avec ses laideurs qu'on soupçonne un peu et qui se révèle beaucoup.

35 ans de l'histoire italienne qui amènent à réfléchir sur le pouvoir et les tares y afférant. 35 ans d'Histoire qui sont autant de leçons à tirer.

Leçons qui pourraient aider à une vie meilleure mais cela est une histoire... je l'espère, je n'y crois pas et je relis les mots d'amour d'Aldo Moro dans sa dernière lettre à sa femme, quelle noblesse, quel pied de nez à la mort pour aider la vie.

Le dernier chapitre porte le titre : "Les belles choses" : une infinie injustice, une infinie tristesse, une infinie envie que la vie soit plus forte, voilà la conclusion de ce livre.

Simonetta Greggio nous fait voir et ressentir tout cela grâce à son écriture, son travail de recherche, en un mot sa passion, qui animent cet immense fresque de l'Italie moderne.
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Elsa mon amour

C'est parce que je suis tentée par la lecture d'un roman d'Elsa Morante que j'ai ouvert "Elsa mon amour", la biographie romancée de l'autrice italienne écrite par Simonetta Greggio. Je voulais un peu mieux la connaître puisque je ne l'ai jamais lue et que "L'île d'Arturo" est un cadeau qui trône dans ma PAL.

Alors que son titre fait penser à une grande amoureuse "Elsa mon amour" m'a déçue sur la forme et sur le fond même si Elsa Morante est une grande écrivaine du 20ème siècle (il me reste à la lire pour en être certaine).



Simonetta Greggio se met dans la peau d'une femme admirée dont la vie littéraire est riche et croise sa vie amoureuse.

Petite, elle passe beaucoup de temps chez sa marraine qui aimait les femmes et c'est comme si l'autrice voulait montrer qu'Elsa était toujours entourée d'homosexuels, son père d'abord qui n'est pas son père biologique, Visconti qu'elle aimait, ses grands amis Pier Paolo Pasolini ou Bill Morrow, mais on ne sait pas dans quelle mesure cela influence ou pas son oeuvre ou sa personnalité.

Il y a surtout sa vie amoureuse et houleuse passée avec son mari Alberto Moravia entre Rome et Capri. Il la trompe ouvertement et elle est très malheureuse, jalouse de cet homme qui a reçu le prix Nobel de littérature alors qu'elle "a l'intime conviction d'être aussi bon écrivain que lui - meilleure que lui en vérité -" (c'est écrit comme ça). C'est une femme de caractère qui souffre par amour décrite dans ce roman et qui se réfugie dans l'écriture.



Malheureusement je trouve que ce sujet n'est pas suffisamment développé. La narratrice parle plus du Mépris de Moravia que de ses propres romans sur lesquels je n'ai donc rien appris et s'éternise sur ses chats en plaçant toujours les animaux au-dessus des êtres humains, comme elle le dit honnêtement.

Entre les chapitres, il y a de brefs extraits biographiques qui donnent un côté formel au roman et des textes en italiques sans référence dont on apprend à la fin que ce sont des citations (on s'en doute mais j'aurais aimé connaître la source).

Tout cela ne m'a pas profondément passionnée alors que j'attendais un émerveillement adorant la littérature du 20ème siècle, les femmes de caractère et l'Italie. Il faut absolument que je lise Elsa Morante pour ne pas rester sur cette légère déception.





Challenge Entre-deux 2024

Challenge Coeur d'artichaut 2024

Challenge Plumes féminines 2024

Challenge Multi-défis 2024

Challenge Gourmand 2023-2024

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Elsa mon amour

Les lieux se mélangent, les dates varient. D’un souffle, Elsa se livre. Femme abîmée, belle insolente, petite fille, amante, magnifique, pauvre, riche, à Rome, ailleurs, ici. Une plume, un soupir. Les ans s’égrènent sur ses rencontres, ses amours, ses passions. Elle s’abandonne.



Elle croise Rossellini, Magnani, Pasolini et Fellini, s’amourache de Visconti, aime Bill Morrow, souffre, se perd en Moravia, sa passion, son naufrage. Elle aime. Entière, passionnée, écrit comme elle vit, comme elle respire. Elle sait que le succès est à sa porte, qu’elle est meilleure que lui, son mari écrivain, que les autres et sera récompensée.



L’Italie se traverse à son bras, sourire aux lèvres - heures flamboyantes ou disette - noyé parfois de larmes sous la plume poétique de Simonetta Greggio. Les pages se tournent et se savourent, se relisent. C’est doux tel un murmure. Une confidence que l’on reçoit, privilégié, avide d’en connaitre davantage. Encore un peu. Qui était-elle ?



Elsa Morante, j’ai entendu tes mots, j’ai respiré ton souffle, il ne me reste plus qu’à te lire.



Un écrit passionnant.
















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Black messie

« De l’irruption du mal dans le quotidien, aucun d’entre nous n’est à l’abri. Il y a une démarcation, un avant et un après. » (p. 179) Entre 1968 et 1985, l’Italie a tremblé devant les crimes atroces perpétrés par le Monstre de Florence. « Seize morts, des couples assassinés pendant leurs ébats amoureux. » (p. 13) Si un suspect a été arrêté, il s’est avéré qu’il n’était pas le coupable. Ainsi, le Monstre n’a jamais été appréhendé par les forces de l’ordre. Trente ans plus tard, quand de nouveaux meurtres tout aussi cruels sont accomplis, la ville tremble à nouveau. « Florence est une ville merveilleuse. Ici plus qu’ailleurs, le sang a coulé avec magnificence. Savez-vous que c’est là que les premières sociétés secrètes italiennes ont vu le jour ? » (p. 61) Jacopo D’Orto, le capitaine des carabiniers, reprend l’enquête et soupçonne rapidement Miles Lemoine, professeur d’histoire américaine au comportement d’autant plus suspect que sa fille a disparu. Parallèlement, on découvre l’existence d’un groupe au rituel secret, entièrement dévoué à la Vierge Noire. Et on cherche le lien entre un tableau de Botticelli, une chanson des Beatles et un tristement célèbre tueur en série américain.



Les narrateurs changent à chaque chapitre. La voix du capitaine se confond avec celle du professeur, avec celles des nombreuses victimes et celle du tueur, qui se surnomme Légion. « Qui suis-je ? Mon nom change pour les siècles des siècles. Mais toujours on m’appelle Légion. » (p. 62) Avec cette référence biblique, le tueur signifie que son visage est multiple et qu’il est impossible à arrêter parce que, toujours et partout, de nouveaux monstres se lèveront pour faire couler le sang. « Le mal se cachait dans les plis du réel, attendant tranquillement son heure. L’heure a sonné. Le massacre peut commencer. » (p. 319) J’ai ressenti une grande compassion pour Miles Lemoine, ce veuf tourmenté qui craint tellement qu’il arrive malheur à sa fille. Brisé par la mort de son épouse, hanté par un passé violent, Miles est un personnage ambigu fascinant et émouvant. « Revenir de chez les morts n’est pas la même chose qu’être vivant. » (p. 84)



Il y a quelques années, j’avais lu Étoiles : ce roman de Simonetta Greggio m’avait laissé une impression plutôt négative. Rien de tel avec Black Messie. Pourtant, les thrillers sur fond de complot et de religion ne sont pas ma tasse de thé. Mais ce roman est très difficile à lâcher. C’est autant le fait de la construction qui tient en haleine que du style qui est précis, voire cinglant, tout en étant extrêmement visuel et cinématographique. « Une rose sortit de la bouche de la crucifiée et roula aux pieds de Jacopo, qui se pencha pour la ramasser. Il n’en fit rien. Il attendit que ses larmes cessent, accroupi près de la morte, main tendue vers la fleur flétrie. » (p. 15) Ne cherchez pas de ressemblance avec Da Vinci Code, le roman de Simonetta Greggio est bien plus subtil et bien plus glaçant. Et qu’on se le dise, « Tout est abject aux yeux des abjects. » (p. 24)

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