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Citations de Sándor Márai (675)


Le destin m'a donné la capacité, don ou grâce, de savoir me discipliner. Triste cadeau. Il me permet de mener a bien la tâche que je m'assigne et m'empêche peut-être de jamais reconnaître quelle est ma véritable tâche.
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Le monde, c'est une suite de malentendus, quant au monde des lettres, une suite de malentendus de mauvaise foi. Mais quand un homme est sûr de lui et de son travail, il supporte sereinement toute attaque et vexation car il mesure la vérité et le mensonge contenus dans l'agression et poursuit son chemin. Celui qui s'arrête en route, se prend la tête entre les mains et crie parce qu'une pierre ou une flèche siffle à son oreille, celui-là ne sait pas vraiment où il va.

1947, p.328
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Ce peuple romain est absolument différent du nôtre. Les citoyens romains sont des gens à l'esprit tellement pratique qu'ils n'arrivent même pas à s'imaginer que l'on puisse agir sans égoïsme et sans idée derrière la tête. Si quelqu'un prétend dire ou faire quelque chose sans en attendre un avantage, on l'écoute avec méfiance : on le soupçonne, soit de s'engager en l'air, soit de nourrir un dessein secret.
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Pourtant, j’ai quelques fois l’impression que si les hommes nous aiment, c’est parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement, et qu’au fond d’eux-mêmes ils méprisent l’amour. Tout homme digne de ce nom observe toujours une certaine réserve, comme s’il semblait interdire à la femme qu’il aime l’accès à certaines zones de son âme.
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Pourtant, Conrad disposait d'un refuge, d'une retraite cachée, où le monde ne pouvais l'atteindre : la musique. Henri qui n'était pas musicien et se contentait de musique tzigane et de valses viennoises ne pouvait pas non plus l'y suivre.
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Les beaux esprits occidentaux, ces doux rêveurs épris d’utopies, qui qualifiaient de « fautes passagères » le cynisme et l’inhumanité de cette « diplomatie », ne furent tirés de leur sommeil que le jour où le régime communiste s’en prit à leurs propres personnes. (Certains continuent encore à rêver.) (p. 78)
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Par la suite, après leur retour en Union soviétique, leur perplexité n’ayant fait que croître, Staline leur offrit – ils étaient tout de même plusieurs millions – la possibilité de poursuivre leurs méditations derrière les fils barbelés des camps de concentration. (p. 96)
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Cette nuit, il a parcouru un très long chemin. Il sait qu'il faut vivre dans l'humilité, car entre le réveil et l'endormissement, nous sommes guidés par une main étrangère et des intentions inconnues.
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Il est à craindre que tant qu’un tel homme existe quelque part, il soit vain de faire frire les autres sur le gril, de les cuire dans l’huile et de les casser sur la roue. J’avais appris que la Sainte Cause était plus important que tout, qu’il fallait un Seul Berger et un Seul Troupeau. Mais c’était avant d’être frappé comme par la foudre par un doute effrayant : un homme peut compter plus qu’un troupeau.
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Timár avait raison : il faut aimer quelqu’un- cette expression est peut-être trop forte, il suffit de trouver quelqu’un de suffisamment sympathique pour donner soudain plus de sens au quotidien. Cette sensation de vide, si lourde, si pénible, a disparu. Le matin, je me réveille de bonne humeur, je sens que la journée a un but, comme s’il fallait régler une affaire ou comme si on avait la perspective d’une visite agréable.
Je suis content quand je vois Cserey
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C’est que, déjà, une fermentation des esprits s’amorçait dans les profondeurs de la nouvelle génération, un vague mécontentement grondait, qui cherchait à s’exprimer par des mots d’ordre et des slogans ; les jeunes de cette grande famille se rencontraient au bord de l’abîme qu’incarnaient les extrêmes politiques, mais ils avaient en commun une conviction : la génération qui avait précédé la leur n’était plus capable de maîtriser le mécontentement social par ses méthodes révolues et pieusement charitables. Dans les profondeurs comme dans les hauteurs, aux étages des immeubles où se trouvaient leurs appartements bourgeois, les jeunes de la nouvelle génération préparaient quelque chose. Par tous ses pores Kömives le sentait – et il savait aussi qu’il n’appartenait plus à cette jeunesse.
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Après le travail de la nuit, ils rentraient chez eux à l'aube, l'âme sereine, avec le sentiment du devoir accompli : ils avaient aidé un hérétique à gagner l'autre monde.
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Tout pouvoir suprême, prince ou despote, tyran étranger, se trouve souvent impuissant face à la volonté de la famille. Celle-ci constitue une alliance secrète par le sang, une structure établie sur une toile d'araignée des intérêts et des expériences archaïques. L'Inquisition sait qu'une puissance qui s'oppose aux intérêts de la famille n'a finalement aucune chance. C'est pourquoi, ... , il faut tout faire pour démasquer à temps les intentions suspectes tapies dans les recoins secrets des solidarités familiales.
Page 66
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Les enfants ont une propension à observer, disait le padre Pistoia, ...
Ces petits malins sont capables de duplicité, ils sont inventifs et habiles et ils comprennent vite la véritable signification des paroles lâchées à la table du déjeuner ou la nuit, dans l'intimité de la chambre à coucher commune. Ce que disent vraiment ou ce que cachent les parents, les frères et sœurs aînés, la parentèle et les visiteurs, quel est le contenu secret de remarques apparemment anodines mais à l’ambiguïté suspecte. Les enfants sont les petits observateurs directs de la famille, cette communauté étroite, et le padre soulignait avec quelle joyeuse et vive attention ils s'emparaient des paroles imprudentes des adultes pour ensuite signaler à la Sainte Inquisition ce qu'ils avaient entendu !
Page 64-65
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Le souvenir est un crible merveilleux qui filtre tout. En dix ou vingt ans, on découvre que de grands évènements n'ont laissé aucune trace en vous. Mais, un jour, nous nous rappelons une chasse ou une certaine page dans un livre, ou cette pièce-ci.
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Apparemment, on ne naît pas impunément en Europe. Malgré les champs de bataille et les camps de concentration, malgré le rideau de fer et les polices secrètes, la Gestapo hier, la Guépéou aujourd’hui et Dieu sait quoi demain… malgré les infamies, la suspicion, l’indifférence des Etats petits et grands, le comportement aberrant des autorités, les bûcherons lituaniens et les journaliers hongrois blêmissaient sur le pont du navire, parce qu’ils devaient quitter ce continent où on leur avait tout pris. Naître ici, semble-t-il, est un privilège. Et pourtant, que signifie le fait d’être européen ? Il m’a dit un jour qu’il était bien difficile de répondre à cette question. S’agit-il simplement d’être un natif de ce continent ?... Nombreux sont ceux qui se mentent à eux-mêmes. Selon lui, être Européen, c’est partager une complicité. Mais il ne m’a pas précisé quelle complicité… Et il est mort sans me l’avoir jamais dit.
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J'avais peur des Français, parce qu'ils étaient étrangers, « européens », et aussi, je le sais désormais, parce que, vainqueurs, ils appartenaient à une autre race, à une nation hostile et triomphante. La vie politique était dominée par la grande génération qui avait gagné la guerre, et tous, de l'épicier du coin jusqu'aux marchands de journaux et aux garçons de café, n'avaient que les mots « gloire » et « victoire » à la bouche. L'occupation de la Ruhr était, pour chaque Français, une affaire personnelle, sinon familiale. (p. 356)
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La méthode souveraine dans le combat contre l'hérésie était de réduire à néant tous les livres, auteurs et lecteurs louches parce qu'il n'y aurait pas d'ordre dans le monde tant que vivraient des hommes qui feraient l'expérience de penser par eux-mêmes.
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- Nous n’en avons plus pour longtemps à vivre, déclare le général en guise de conclusion à ses réflexions muettes. Une ou deux années, peut-être même pas autant. Nous ne vivrons plus longtemps, puisque te voilà revenu. Tu le sais toi-même parfaitement. – Oui, je le sais, dit Conrad tranquillement. Le général reprend : - Quarante et une année, c’est long ! Tu as bien réfléchi avant de prendre ta décision, n’est-ce pas ?... Mais, finalement tu es revenu, parce que tu ne pouvais pas faire autrement. Et moi, je t’ai attendu, car je ne pouvais pas non plus faire autrement. Et, nous savions, l’un comme l’autre, que nous nous reverrions une fois encore, puis que ce serait la fin. Est-ce bien cela ? - Oui, c’est bien cela, répond Conrad.
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Pendant quarante-huit ans, moi aussi, je suis resté à la surface. J'ai cru qu'avec des baisers et de l'amour et des étreintes, on pouvait arranger quelque chose. Mais quand on n'y arrive plus...
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