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EAN : 9782848769585
Philippe Rey (27/01/2022)
3.93/5   47 notes
Résumé :
Un texte d’intervention sur la question des migrants, pour réfléchir, pour s’indigner, pour agir.
Deux personnages réunis sur le port de Lesbos, en Grèce, évoquent le destin des migrants. L’un est un étrange pêcheur qui fait commerce de leurs corps sans vie. L’autre un client dont on ne sait s’il veut acheter ces cadavres, ou se racheter.D’emblée s’installent le malaise et le questionnement. Pourquoi ce mélange de cynisme, d’indifférence, d’impuissance ?C’est... >Voir plus
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C'est bien au coeur d'un port de pêche de Lesbos, en Grèce, que nous rencontrons les deux personnages de cette nouvelle glaçante écrite par Eric Fottorino. Alors qu'ils discutent de manière calme et tranquille, on découvre avec horreur que ce qui est étendu sur les étales ne sont pas des poissons mais les corps des migrants, morts noyés.

Si l'un des deux hommes est un pêcheur aguerri, qui récupère, transporte, entrepose, commercialise depuis 3 ans ces hommes, ces femmes et ces enfants, l'autre est un spectateur qui tente de comprendre...

Cette nouvelle, courte en pages, est assez violente dans tout ce qu'elle engendre, questionne, culpabilise. Poussée à l'extrême, elle dénonce avec force l'immobilisme et l'aveuglement qu'on réserve au sort des migrants. Si tout se sait, tout se dit, tout se voit, rien ne se regarde en face.

Alors, chacun retourne à sa culpabilité, à son rejet de la faute, à ses rêves de mieux. Mais en attendant, la situation reste terrible. Aux bonnes excuses succèdent les dédouanements, les justifications fragiles. Mais le regard de ces hommes ne s'effacent pas. Tout comme leurs cris qu'on enferme dans une pièce insonorisée pour ne plus entendre, écouter.

Une simple question revient en boucle tout au long de ces pages : où est donc passée notre humanité ?
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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Claque monumentale en soixante pages à peine.
Deux personnes dialoguent : un pêcheur de corps sans vie qui en a fait son gagne pain et un curieux qui s'interroge, questionne le premier.
Eric Fottorino pousse loin le curseur du cynisme pour mieux nous interroger sur la politique migratoire actuelle et le rôle que nous tenons dans son acceptation. Pointant du droit nos incohérences et notre inaction il force l'indignation, inspire la colère. Non pas notre colère passive, quotidienne, non : celle qui soulève des montagnes, donne envie de sortir dans la rue, de se rassembler.
Souvent cru (un ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains), le propos est volontairement violent. Suscitant la réaction et laissant le lecteur dans l'impossibilité de jouer l'indifférence (à l'image du second personnage de la nouvelle). Il pose ainsi la question suivante : lequel d'entre nous est vraiment innocent ?
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LA LOI DE LA MER

▶️Grèce, sur le port de Lesbos, sur ce qui semble être un marché aux poissons : deux hommes échangent sur la pêche du jour ; le pêcheur présente à l'autre les derniers arrivages ; sur les étals, des corps de migrants repêchés dans la nuit. Morts.
▶️Le pêcheur fait l'article, détaille les qualités comparées des «bois d'ébène, du bois mort » - le nom qu'il donne aux corps morts...
▶️Au travers de cette discussion macabre d'un cynisme effrayant, l'auteur dénonce la politique d'accueil des migrants en Europe - une politique faite d'attentisme, de renoncements et de bonne conscience : le pêcheur : «les droits et les libertés offerts aux arriérés, ça vous ressemble bien. L'aumône des esprits supérieurs, la leçon des lumières. Qu'avez-vous fait des grands principes du droit absolu d'être secouru en mer, du droit d'asile qui adoucit l'exil, du droit d'être logé, d'être soigné quand on est déraciné? D'être accueilli quand on a tout perdu? Quand vous tuez, c'est avec nos mains ».
▶️Un texte très court, davantage une pièce de théâtre qu'un roman ; un long dialogue sur 68 pages d'un cynisme inouï - un échange immoral sur le sort des réfugiés pour mieux dénoncer l'inertie de l'Europe face à la question migratoire : «La Méditerranée est la route maritime la plus meurtrière du monde. On y meurt en masse sans que ça n'émeuve personne. La mer fait une partie de la sale besogne ».
▶️Une charge féroce contre l'indifférence d'Etat et les égoïsmes individuels et un plaidoyer rageur pour une politique migratoire humaniste ; un texte dérangeant qui interroge, vibrant et salutaire !...
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Merci aux éditions Philippe Rey pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique.
Lu en 30 minutes, ce petit livre de 68 pages nous relate le dialogue entre deux hommes sur le port de Lesbos en Grèce. L'un d'eux est pêcheur, mais un pêcheur bien particulier, il récupère les corps des migrants morts en mer et en fait toute sorte de commerce auprès d'une clientèle variée. Ce dialogue est d'un cynisme totale, le pêcheur tente de justifier son activité en mettant en cause l'inertie de l'Europe fasse à ce problème migratoire. D'une immoralité parfaite, on se dit à la fin de la lecture espérer que ce livre ne soit qu'un roman de fiction.
Le théâtre du Rond Point en fera une lecture avec Jacques Weber à partir du 21 janvier les week-end à 18h30, dommage que je ne sois pas parisienne.
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Peut-on donner à ce texte un nombre d'étoiles pour dire qu'il nous a plu ? Non, ce texte ne m'a pas plu. Ce n'est pas, bien sûr l'écriture, le talent littéraire d'Eric Fottorino dont je suis un fidèle et admiratif lecteur. Non c'est le sujet qui fait mal, et son traitement qui est très fort. Lorsque l'on attaque cette lecture on en prend plein la figure d'entrée, et au fur et à mesure que l'on avance les stupéfactions se succèdent. Sur le port de Lesbos en Grèce, deux hommes sont en conversation, l'un est un pêcheur qui vante la qualité de ces produits, l'autre est un acheteur potentiel. Ce n'est pas de poisson dont ils parlent, mais des migrants noyés en mer que le pêcheur remonte dans ses filets et dont il fait le commerce. Cela paraît diabolique, mais l'auteur a jugé qu'il fallait avoir recours à ce cynisme pour faire prendre conscience du drame qui se déroule en Méditerranée, au large des îles grecques, où de Lampédusa, où encore dans la Manche. Il relate de manière crue, les aspirations, les souffrances, les agressions, les tortures que les migrants ont subies avant de trouver la mort dans des eaux, sur des plages parfois prisées des touristes. Il démontre l'impuissance des dirigeants des pays d'Europe, vis à vis des pays de départ qui souvent exerce un double chantage en percevant de l'argent pour empêcher les départs et en s'accommodant avec les passeurs. C'est bouleversant, cela va parfois au delà de ce que l'on imagine. A la fin de cette lecture on s'identifie aux dernières phrases : «  Alors qui êtes-vous ? - Un lâche parmi tant d'autre. »
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
– C’est l’arrivage ?

– Pêché du matin.

– Loin ?

– Devant Lesbos. Et juste en face, sur les côtes de Turquie. Il suffisait de se pencher pour les attraper.

– Vous avez quoi ?

– De tout.

– Mais encore ?

– Du meilleur et du tout-venant. Suivez-moi sous la tente, vous verrez mieux.

– Qu’est-ce que c’est ?

– Du Malien. Bien conservé. La peau noire, ça protège les chairs.

– Et là ?

– Du Guinéen.

– Moins bon état, non ?

– Trop longtemps à croupir dans les camps de Libye. Coups de pied, coups de fouet, coups de bâton, coups de couteau. Viols. Sans compter les faux départs, les faux espoirs. La torture, parfois. Les simulacres d’exécution. Puis le voyage, trop long.

– Ça donne quoi ?

– Voyez vous-même. Peaux trouées, tuméfiées, éclatées, déchirées. Hématomes. Dents cassées. Chairs tapées de fruit trop mûr.

– Et celui-ci ? Petit calibre, on dirait.
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- Ecoutez.
- Je sens une présence. Plusieurs, même.
- C'est la salle des cris.
- Quels cris ?
- On les remonte dans nos filets. On ne sait pas à qui ils sont. Toutes sortes de cris. Des cris étouffés. Pas si étouffés. Vous les entendez maintenant ?
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Je ne fais rien de mal. Je suis un maillon au bout d'une longue chaîne de responsables anonymes qui vivent leur petite vie sans se soucier de mes coups de filet, du moment que je veille. Ceux qui passent entre les mailles, ces gens auraient le culot de me le reprocher ? Mais je ne suis pas douanier ni garde civil, et flic encore moins. Ceux-là qui obéissent à la loi quand ils décident de ne pas sauver des clandestins en train de se noyer. Un homme qui enfreint les règles, la règle est qu'on ne les sauve pas. Ce n'est pas moi qui fabrique le droit. Je suis un croque-mort respectable et sans haine, le fossoyeur de vos lâchetés à tous.
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Il y a des mots qui puent à force de ne plus servir. Des mots pareils à des cadavres. Des mots en décomposition. Vous voulez en entendre quelques-uns ? Accueil. Entraide. Solidarité. Soin. Chaleur. Réconfort. Compassion. Ça sent mauvais, vous ne trouvez pas ?
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- Finalement les négriers avaient raison.
- Raison ?
- Ils privaient les esclaves de leur nom, qu'ils remplaçaient par des chiffres. C'est plus facile de rester de marbre face au numéro 327 que devant le corps sans vie d'un Boubacar.
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Vidéo de Éric Fottorino
Eric Fottorino vous présente l'hebdomadaire "Le 1" à l'occasion des 10 ans du journal. En partenariat avec l'IJBA.
Retrouvez le journal : https://www.mollat.com/Recherche/Editeur/0-7102238/le-1
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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