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Critiques les plus appréciées

L'absence est une femme aux cheveux noirs

24 Mars 1976,
« C'était un mercredi, l'automne argentin et la lumière dorée et les rues semées de feuilles jaunes et roussies, et dans les rues du vert du vert, uniformes armes et jeeps,… »,
Le pays se trouve sous le contrôle opérationnel de la Junte militaire,
Le lendemain, un des plus grands quotidiens titre « Tout est normal » !

Émilienne Malfatto écrivaine et photographe , dont j'ai lu et apprécié énormément les trois livres publiés, nous revient avec un nouveau récit poignant sur les pages noirs de l'Histoire de l'Argentine, celles de la terrible dictature de Videla qui sévit le pays de 1976 à 1983. Elle s'appuie sur le travail du photographe colombien Rafael Roa, une trentaine de clichés accompagnent son récit donnant corps et vie aux fantômes et cicatrices d'une des plus terribles dictatures d'Amérique latine.
Très peu de mots, quelques pages, on est déjà au coeur du sujet, celui d'une réalité atroce, inimaginable. Elle soulève le coin d'un lourd tapis sous lequel s'amoncellent quarante années de poussière . Des étudiants, des ouvriers….disparaissent du jour en lendemain, sans traces , “Los desaparecían”, pas de corps, pas de crime. À ces trente mille disparus s'y ajoutent cinq cent enfants volés, nés en captivité ou bien enlevés au berceau , et des milliers de parents qui attendent un retour improbable , miraculeux.

Tout ça, soit disant , pour endiguer le péril rouge….
Torturés à mort, emprisonnés dans des cageots ….en plein Buones Aires ,
Endormis et jetés nus d'un avion dans le fleuve,
Mort au fond de ce même fleuve ou dans des barils de sable et de ciment ou dans des tombes anonymes là-bas en Uruguay….

Même après un à peu près retour à la démocratie après 1983 et le procès de Vidal et ses acolytes en 1985 mettant Vidal et Massena en prison , la machine infernale ne se calmera pas. Huit ans de dictature signifie des tas de militaires mouillés, corps énorme, monstrueux, constitué de milliers de bourreaux, tortionnaires, assassins, officiers et subalternes à la recherche d'une amnistie pour blanchir ce passé de sang et d'horreur….Quarante ans après la plaie est toujours béante et ne se refermera pas de si tôt.'


Malfatto s'intéresse à nouveau à un pan terrible de l'Histoire d'un autre pays que la sienne. Est-ce son nom étranger « Malfatto » qui l'y destine ? Elle se pose aussi la question. J'ai lu de très nombreux livres témoignages , roman ou autres sur les dictatures d'Amérique latine, un sujet qui n'a rien de nouveau pour moi , pourtant le style de Malfatto qui alterne prose et vers libres donne un texte très fort, percutant, poignant, qui m'a encore une fois subjuguée . Quel talent !
Pour qui cela intéresse conseille deux films celui de Santiago Mitre
«  Argentina 1985 » (2023)récit du procès des bourreaux de la dictature et un film beaucoup plus ancien de 1999, “Garage Olympo” de Marco Bechis qui relate justement l'horreur décrit dans ce livre.

“d'un côté la vie normale
le quotidien le foot et les rires
(est-ce qu'on rit aussi en dictature?)
de l'autre la mort la douleur les hurlements “
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Le petit livre de la loi de l'attraction

Petit livre qui permet de comprendre ce qu'est la loi de l'attraction et ses mécanismes. Très facile à lire, il est écrit simplement, les idées sont bien organisées au sein du livret. Tout petit, il est facile à transporter, il peut même se glisser dans une poche arrière du jean pour en faire une lecture intermittente à divers moments perdus.
Le sujet intéressera toute personne sensible à ce type de notion pour en retirer peut-être quelques idées. Des idées que chacun connait sans forcément les mettre en pratique, il est si facile de se laisser dominer par son côté négatif ! Attention, n'en attendez pas des solutions miracles, mais il est toujours bon de cultiver cet esprit afin de faire rayonner les ondes positives, et surtout, les attirer.
Allez donc manger chez vos beaux-parents par exemple en vous disant à l'avance que vous allez vous ennuyer, devoir répondre à des questions qui vous saoulent, devoir sourire alors que vous n'en avez pas envie... Votre visite, à coup presque sûr, ne vous apportera qu'insatisfaction.
Allez-y au contraire en vous disant que cela vous permettra de mettre les pieds sous la table (pour une fois !), que vous allez apprécier des mets finement préparés par votre belle-mère, que vous n'aurez pas besoin de participer aux discussions si vous n'en avez pas envie car votre conjoint se fera un plaisir de parler (encore) de son travail ! Votre visite cette fois vous donnera des raisons de penser à l'issue que vous avez passé un très bon moment pour diverses raisons avec son lot de surprises agréables.
La loi de l'attraction, une notion à méditer :)
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Le Royaume du Nord, tome 1 : Harricana

Après Les Colonnes du ciel, grande oeuvre jurassienne de Bernard Clavel, celui-ci ouvre une nouvelle saga, canadienne cette fois, Le Royaume du Nord, avec ce premier tome qui campe des personnages toujours attachants dont les aventures entraînent le lecteur avec plaisir, et, en toile de fond la nature immense et souvent hostile des grands espaces canadiens.

Harricana voit une famille française venir démarrer une nouvelle vie aux abords du fleuve dont le nom donne son titre au livre, ceci vers la fin du dix-neuvième siècle. Dès les premières pages, la lutte des hommes contre la nature donne l'ambiance avec des désillusions, mais aussi des espérances. Clavel a l'art de doser dans ses livres ces différents temps qui font de la vie de ces conquérants de belles aventures humaines.

Il décrit, sans doute avec quelques clichés, la nature sauvage, gigantesque, les animaux qui la peuplent, les souffrances des hivers, les espoirs printaniers et, tout au long, la vie, celles d'hommes et femmes simples que l'auteur présente aussi avec sincérité et simplicité.

C'est un belle oeuvre pour ouvrir une série qui sera tout aussi prenante que celle qui débutait en France, en une autre saison, celle des loups.
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Kissing my songs

Vous souvenez-vous de cette photo prise sur le vif en 1972 montrant une petite fille brûlée au napalm, courant nue et en pleurs sur une route vietnamienne ? Un cliché saisissant d'effroi toute personne amenée à le voir, à le regarder en face comme la vérité sautant aux yeux.
Mais saviez-vous que Nicola Sirkis avait cette photo en tête en écrivant Kao Bang ? « Ce texte était pour moi une métaphore de la guerre du Vietnam dans son entier. Ce que j'avais en tête, c'était cette photo d'une petite fille nue, hurlant de douleur... ». Puis avec cette image en tête, le nom de la bataille de Kao Bang lui est venu, sans savoir pourquoi. Il s'est mis à scander ce nom sur la musique … Ainsi est née la chanson « Kao Bang » du groupe Indochine.

Ce recueil édité en 2011, "Kissing my songs, textes et conversations", contient l'intégralité jusqu'à cette date des textes d'Indochine présentés de façon chronologique par albums. Agrémenté d'un tas de notes manuscrites, il est le fruit d'un travail entre Nicola Sirkis et Agnès Michaud, journaliste, à laquelle il se confie. Chaque chanson (paroles complètes) fait l'objet d'un commentaire de type question(s) réponse(s). Nicola Sirkis se livre, se dévoile. Des confessions intimes qui éclairent les textes, leur font prendre tout leur sens et parfois même une couleur différente. J'ai découvert ses inspirations littéraires, c'est un grand lecteur et amoureux des mots.

Plus qu'un simple éclairage sur les textes des chansons, c'est le portrait d'un homme que j'ai trouvé particulièrement touchant. C'est un très beau recueil qui fait entrer dans l'univers intime du leader d'Indochine, que je recommande à toute personne voulant découvrir le dessous des mots, des textes du groupe et en avoir une meilleure lecture. Et pour tous les fans, c'est un indispensable !

Je remercie @GuillaumeSignet dont le billet avait retenu toute mon attention et que je vous invite à consulter, il en parle tellement bien.

Deux questions pour finir si quelqu'un a des infos : à quand le prochain concert ? Un nouvel album 2024, info ou intox ?
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Darwyne

C'est toujours difficile de lire un roman noir où l'enfance maltraitée est l'héroïne malgré elle. Pourtant, malgré ces scènes dures de souffrances infligées au corps et à l'âme d'un petit de dix ans, ce texte révèle une puissance narrative très forte, avec l'émergence petit à petit de deux personnalités, l'enfant, Darwyne, et Mathurine qui instruit les dossiers au service de protection de l'enfance. La troisième personnalité si l'on peut dire est la forêt amazonienne où l'enfant marche avec aisance, connaît les oiseaux, les plantes, les animaux, alors que dès qu'il revient vers la civilisation il n'est plus qu'un pauvre albatros baudelairien.

Mais Darwyne est capable de discerner autour de lui le bien du mal, le danger permanent, pouvant venir, croit-il, des services sociaux, ou, plus dangereux des amants de la mère, voire d'elle-même. Nouant confiance avec Mathurine, il révèle une richesse qui conquiert celle-ci, en mal d'enfant, allant de FIV en FIV sans succès.

L'intérêt de ce roman est à la fois la prise de conscience par l'enfant qu'il peut être aimé pour lui-même, que la mère en qui il avait toute confiance, ne mérite pas une once de l'amour filial qu'il lui voue jusqu'au jour où ses yeux s'ouvrent.

La nature est l'alliée de l'enfant qui vit dans un bidonville accroché sur des pentes incertaines que les pluies diluviennes vont finir par emporter. Elle est son alliée pour la destruction méthodique des beaux-pères qui l'ont tous martyrisé et pour une vengeance terrible envers la mère.

Il ya tout un cheminement que vont faire Mathurine et Darwyne qui leur ouvre à chacun des portes insoupçonnées et la fin du roman, ouverte, laisse chaque lecteur envisager leur avenir selon sa sensibilité.

Ce roman porte beaucoup de beauté grâce à la nature, beaucoup de noirceur du fait du mal commis par hommes et femmes, il est aussi dur que les sentes impénétrables de la forêt qui peuvent se refermer mortellement sur ceux qui s'y aventurent, involontairement ou non, sauf sur Darwyne qui la connaît par coeur, qui en diffuse l'âme dans le coeur de Mathurine et c'est là que me semble émerger toute la beauté de ce texte difficile.
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La Main gauche de la nuit

J'ai adoré...

... terminer ce livre et le refermer définitivement. Alors, oui, je sais, je sais, ce livre jouit d'un capital d'estime important, très important. Plusieurs personnes que j'apprécie beaucoup m'en ont fait grand cas et me l'ont vendu au prix fort, prétextant de la qualité, de l'originalité et de tout un tas d'autres choses, d'où le fait que je m'y plonge.

Mais voilà, les faits sont têtus et les sensations aussi. On a beau me dire qu'un parfum sent très bon, si je ne l'aime pas, je ne l'aime pas, un point c'est tout. D'autres l'aiment, très certainement, mais moi pas. Eh bien c'est un peu ça avec La Main gauche de la nuit.

Bien sûr j'aurais pu vous jouer le coup de la main gauche de l'ennui, mais j'ai déjà usé la formule avec le bouquin de Delphine de Vigan. J'avais aussi en tête le titre d'un vieux film avec Paul Newman , incarnant le personnage de Luke, un gars qui foire à peu près tout ce qu'il touche. Mais non, je vais essayer de me borner à vous restituer très exactement le POURQUOI ? je ne l'aime pas.

Première carence pour que j'apprécie ce roman, le manque d'empathie vis-à-vis des deux personnages principaux (les autres je n'en parle même pas, tant ils sont insignifiants). Rien, zéro, nada, empathogramme plat de bout en bout, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, qu'ils souffrent, qu'ils geignent, qu'ils crèvent, je m'en fous éperdument car je ne ressens rien pour eux, ou disons, pour être précise, à peu près autant que pour chacun des insectes qui périssent éclatés sur mon pare-brise ou mon pare-choc lorsque je fais de la route.

C'est un problème, vous admettrez. L'art du roman, c'est l'art de nous faire nous glisser dans la peau des personnages, de vivre, de ressentir, de vibrer, de palpiter avec eux, et là, bah... guère plus qu'une mue de serpent abandonnée sur le bas côté. Il y a donc un certain Genly Aï (oui, aïe, en effet), émissaire d'un certain groupement de planètes ou de système, l'Ekumen, genre de gros amas fourre-tout vis-à-vis duquel l'usine à gaz de l'union européenne fait figure de haute limpidité.

Ce Genly Aï, donc, que les naturels de Gethen n'arrivent pas à prononcer autrement que Genry Aï, se pose un beau matin sur le territoire de la Karhaïde, royaume voisin de la commensalité d'Orgoreyn, deux des principales entités politiques de Gethen.

Vous voyez, je vous ai juste dit que Trucmuche se pose sur la planète Bidule et je vous ai déjà saoulé avec des tas de noms à la con, qui n'évoquent rien. Eh bien voici très exactement le deuxième gros problème en ce qui me concerne pour espérer ne serait-ce qu'une once d'adhésion à la recette romanesque.

L'auteure multiplie les noms barbares complètement creux, qui ne font, toujours selon moi, qu'éloigner le lecteur de l'histoire et du propos. C'est-à-peu près aussi intéressant à lire, pour moi, qu'un rapport médical de radiologue, qui vous explique que le valgus dysphasique de la plèvre du condyle externe se contracte au contact de l'épiphyse nodulaire tétra-ionique interne.

Vous trouvez que j'exagère ? Okay, des exemples. J'ouvre mon livre au hasard, je tombe page 161 de mon édition (on est au chapitre 11, à peu près au milieu du livre) : " Odgetheny Susmy " (ça c'est juste pour vous donner la date dans le journal d'Estraven, le second protagoniste important), " j'allais entrer en kemma le jour de Pothe ou de Tormenbod ". Vous voyez le genre ? Qu'est-ce que ça m'ennuie ce procédé, quelle inappétence cela développe, pour ne pas parler de rejet total.

Troisième point d'affliction, le rythme. C'est lent, lent, très, très lent. Un duel de limaces à la course, ça doit avoir quelque chose de plus intense et de plus captivant, je trouve. On se fait ch... euh, JE m'y fais ch... euh, non, c'est grossier, excusez-moi, je m'y endors, voulais-je écrire. Je me suis sentie constamment engluée dans de la mélasse, et ça n'avance pas, et ça n'avance pas, et de moins en moins au fil du roman. Quand arrive la dernière page, ouf ! la délivrance.

Quatrième point, la construction, l'équilibre des parties. Dans un premier temps, on suit l'émissaire dans ses tractations politiques difficiles avec les différents gouvernements, puis, à un moment, on ne sait pas trop pourquoi, il décide d'aller faire une sorte de voyage ethnographique auprès d'un groupe de devins professionnels, sortes de derviches voyeurs. Puis il repart, ça ne se goupille pas trop bien, puis... changement total, le roman bascule en expédition polaire.

On se dit que ce périple extrême ne va durer qu'un temps, qu'on va retrouver le cours de la narration et des tractations politiques, mais non, non, non vous allez en bouffer de l'expédition polaire, jusqu'à l'écoeurement, jusqu'à ce que vous soyez aussi épuisés en tant que lecteurs que les autres en tant qu'aventuriers des glaces. Enfin, un micro finale avorté qui ne tient aucune de ses pseudo-promesses du début. Bon bah...

Cinquième gravier sous la porte, le problème de l'imagination. Pourquoi diable Ursula le Guin est-elle allée nous assommer avec des planètes extraterrestres, des personnages bizarres et des mondes soit-disant imaginaires à deux balles, si c'est uniquement pour nous rejouer la planète Terre ? Sur Gethen, il y a une lune, qu'on voit la nuit, il y a la mer, qui est salée, il y a des créatures extraterrestres mais qui sont tellement humaines que c'en est affligeant, il y a des glaciers et des précipitations d'eau, qui ressemblent trait pour trait aux homologues humains. Il y a des arbres aussi, et hormis le fait qu'ils possèdent des noms bizarres, ce sont des arbres, rien que des arbres, c'est-à-dire une forme typiquement terrestre du vivant.

Tu sais quoi Ursula ? Dans un millilitre d'eau croupie observée à la loupe binoculaire ou au microscope il y a plus d'imagination et d'exotisme surprenant que dans tout ton machin pseudo imaginatif et extraterrestre mais qui est tellement terrestre que je peux t'affirmer que tu as perdu ton temps. Quant au calendrier (dont je n'ai vu qu'à la fin qu'il y avait un mémento), les révolutionnaires français avaient déjà fait le boulot, pas la peine de réinventer un calendrier qui ne sert à rien.

Au passage je signale que sur cette planète incroyablement imaginative il y a bien entendu quatre saisons, or on sait que c'est typique de la Terre en particulier, eu égard à son inclinaison sur son axe, mais passons, c'est de la littérature de l'imaginaire, il paraît. Si vous lisez La Vie est belle de Stephen Jay Gould, qui ne parle que d'êtres vivants ayant réellement existé sur Terre aux époques géologiques, vous vivrez un dépaysement dix mille fois plus total qu'avec cette espèce de fiction soit-disant " imaginaire ".

Sixième point faible : le propos. J'en lis des tonnes, sur le soit-disant " propos " qui serait hyper osé, hyper novateur, hyper puissant, hyper tout. Moi je dirais hyper creux. Alors voilà, les habitants de la Karhaïde sont hermaphrodites. C'est hyper nouveau, n'est-ce pas, car je vous rappelle que le terme même d'hermaphrodite est une concaténation des dieux Hermès et Aphrodite, et qu'il date donc de... la Grèce antique ! Ah oui, c'est nouveau, effectivement.

Et cet hermaphrodisme, là encore, je crois qu'il est plus intéressant chez les limaces déjà citées que dans ce livre. En effet, l'auteure nous explique que ces hermaphrodites ne sont pas réceptifs sexuellement une bonne partie du temps, mais qu'ils entrent en " kemma " périodiquement de manière prévisible et cyclique. Là, ils sont prêts à sauter sur n'importe qui ou quoi. On comprend alors que la vision de l'auteure sur l'hermaphrodisme est plus ou moins celle d'un cycle menstruel, tout ça pour ça. Lisez, je vous dis, une documentation sur l'hermaphrodisme des limaces, c'est plus étrange et plus intéressant comme processus. Où mieux encore, allez voir comment se reproduisent les crépidules (Crepidula fornicata — ça ne s'invente pas !) de nos bords de mer, c'est plus amusant et contre intuitif ou encore l'acquisition du sexe chez les alligators, tellement plus surprenante.

On sait que le parents d'Ursula K. Le Guin étaient d'éminents anthropologues (le K. fait référence à son nom de jeune fille Kroeber, si vous souhaitez consulter les travaux de ses parents). Et elle a sans doute voulu faire une sorte " d'expérience anthropologique extraterrestre ". Là encore, lisez d'authentiques livres d'anthropologie, par exemple ceux de ses parents, et vous serez mille fois plus intrigués, intéressés, remis en question que par la lecture de cette farce creuse.

Il y aurait aussi un soit-disant propos pro-homosexuel, trans-genre ou je ne sais quoi. Moi, personnellement, je ne l'ai pas vu, pas senti, pas compris, donc, pas retenu. En somme, de tout ceci, pour moi et avec ma sensibilité, avec les espoirs et les attentes que j'avais en entamant la lecture de ce bouquin, demeure une immense grosse et large déception. Vite, vite au suivant. Ceci dit, gardez à l'esprit que ce que j'exprime ici n'est que la main gauche de l'avis, c'est-à-dire pas grand-chose. Allez voir à droite si le coeur vous en dit, moi je n'aime pas la droite...
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La Ligne d'ombre (une confession)

Me voici à poursuivre la découverte de cet auteur d'origine polonaise.
Alors que « Au coeur des ténèbres » traitait de la présence coloniale au Congo pour l'appropriation de l'ivoire et du rapport avec les tribus autochtones dans une Nature hostile à l'homme blanc, « La ligne d'ombre » évoque, avec tout autant de subtilité, la complexité des relations entre les marins, sur un bateau en pleine panade, relations régies par l'obéissance et la solidarité, où les superstitions le disputent à l'esprit cartésien, l'appartenance à la grande famille des marins au respect strict de la hiérarchie.
Et, comme dans « Au coeur des ténèbres », où l'on sentait très clairement la présence en filigrane de l'auteur, qui en effet était allé au Congo belge, sans doute Joseph Conrad s'est-il là encore inspiré de sa propre expérience de marin.

Quelle subtilité et quelle finesse dans la plume de Conrad pour nous relater les états d'âme de ce jeune officier à qui on vient proposer le commandement d'un grand navire à voile !
Cette distinction le surprend, elle n'arrive normalement qu'après une longue carrière de « second » et pas ainsi, à son âge. Il accepte avec joie et ambition, avec exultation et confiance, cette aventure, lui qui était prêt, sur un coup de tête, à abandonner la marine. Revirements soudains et impulsifs propres à la jeunesse qu'analyse avec philosophie l'auteur.

« On s'en va. Et le temps, lui aussi s'en va – jusqu'au jour où l'on aperçoit droit devant une ligne d'ombre vous avertissant que les parages de la prime jeunesse, eux aussi, doivent être laissés en arrière.
C'est la période de la vie au cours de laquelle les moments comme ceux dont j'ai parlé risquent d'arriver. Quels moments ? Eh bien, ces moments d'ennui, de lassitude, de dissatisfaction. Les moments irréfléchis. J'entends les moments où les gens encore jeunes sont portés à commettre des actions irréfléchies, comme se marier sans crier gare ou bien laisser tomber leur situation sans la moindre raison ».

Mais voilà, le jeune Capitaine va s'embarquer dans une aventure périlleuse, voire cauchemardesque, durant laquelle les relations avec les hommes d'équipage sous son commandement seront variables et riches d'enseignement. Déjà, à son arrivée, il apprend de la bouche du Second, Mr Burns, que le précédent Capitaine, mort récemment, était devenu fou. Et vu les dangers mystérieux qu'ils vont rencontrer, c'est à se demander si son âme n'est pas encore présente sur le bateau, leur portant malheur.
Conrad donne à voir le processus qui s'empare de l'équipage. Les hommes tombent malades les uns après les autres, l'absence de vent les encalmine, les nuits se font ténèbres, et les divagations de Second à propos de l'ancien Capitaine, qui laissent d'abord le Capitaine indifférent, commencent à ronger son esprit. Angoissé, il se demande ce qui va advenir, accablé par des visions d'épouvante du navire flottant avec son équipage de cadavres, pétri de remords lui qui n'est pas touché par la maladie, il sent même la folie le guetter, folie qui nous offre des visions hallucinantes, teintées de fantastique, d'une beauté incroyable.

« Une noirceur impénétrable enserrait le navire de si près qu'il suffisait pour ainsi dire de passer la main par-dessus bord pour rencontrer quelque surnaturelle substance. Il s'en dégageait un effet d'inconcevable terreur et d'ineffable mystère. Les rares étoiles au ciel jetaient leur pâle éclat sur le seul navire, privant les eaux du plus petit reflet, préférant décocher leurs traits pour mieux transpercer une atmosphère muée en suie ».

Ce sont des hommes qui ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes qui arrivent finalement à bon port, un navire quasiment sans équipage, expérience marquante qui va faire vieillir et murir d'un coup notre homme…

Au-delà des aspects psychologiques qui composent l'essentiel du roman, ce livre met en exergue encore une fois l'histoire d'une puissance dominante, cette fois l'empire anglais, en ces temps coloniaux, à la fin du 19ème siècle, ici au Vietnam. C'est bien une histoire de domination que nous dévoile ce livre, comme le précédent livre cité. La marine anglaise, en effet, dominait tous les océans et traitait les peuples autochtones avec un certain mépris. Il faut, une fois de plus, resituer l'oeuvre dans son époque, le regard de l'auteur est bien eurocentré mais tiraillé tout de même comme le montre, dans les deux livres, le retour de bâton vécu par les colons avec cette Nature qui semble se venger.


Notons que la plume est tout aussi complexe, qui plus est émaillée de termes marins, mais il s'agit d'une plume riche, enveloppante, qui se murmure pour en déguster toute l'essence, au charme suranné, moins exotique que le livre précédent, certes, mais tout aussi belle…
Sans conteste, La ligne d'ombre est un riche roman d'apprentissage, celui du passage d'un jeune homme dans le monde des adultes, de la traversée de cet horizon, frontière floue et vaporeuse sans cesse questionnée, inlassablement mouvante.

« L'on regarde en arrière et l'on se dit Comment, il est là ! On regarde en avant et l'on dit la même chose. Il est au fond des jours anciens que nous vécûmes et dans les jours nouveaux que nous allons passer… ».


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Deux Soeurs (BD)

Voici une BD assez humoristique sur deux sœurs qui cohabitent dans une maison mitoyenne mais qui ne se supportent vraiment pas.

On va dire que les deux sœurs ont un caractère strictement opposé. L'une est assez bobo quand l'autre est professeur à l'éducation nationale. Les cercles d'amis fréquentés ne sont pas les mêmes ainsi que la vie de chacune qui tournent autour de valeurs diamétralement opposées.

Evidemment, cela produit des situations assez comiques qui sont magistralement bien mises en case par l'auteur qui réalise d'ailleurs un très beau travail graphique. Le parallélisme des cases au départ est assez marquant pour faire une démonstration convaincante et amusante.

Il va alors survenir un événement qui va remettre en cause leur équilibre qui sera brisé. Il faudra vaincre l'adversité à deux. Reste à savoir si elles vont y parvenir malgré leur différence. C'est tout l'enjeu de cette comédie dramatique qui est agréable à lire.

Au final, on sent bien que ces sœurs qui ont été séparé par des histoires remontant à l'enfance ont envie d'être ensemble malgré tout. Il y aura comme une espèce de témoignage comme quoi on peut être différent et se crêper le chignon entre sœurs mais on arrive parfois à surmonter cela. Que du positif dans la joie et la bonne humeur !
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Bleu Bacon

La nuit au musée

Ce Bleu Bacon, aussi alléchant puisse-t-il paraître, n'a rien à voir avec un produit phare de la restauration rapide.
Ce soir au menu, Yannick Haenel nous a concocté un face à face avec l'oeuvre de l'artiste britannique Francis Bacon au musée Georges Pompidou dans le cadre de l'exposition Bacon en toutes lettres.
L'entrée en matière s'avère tout de suite très compliquée.

Yannick Haenel ne s'attendait pas à subir un tel choc au contact des toiles de Bacon. Une migraine ophtalmique l'oblige à s'allonger un moment et à ingérer une double dose de Tramadol.
A son réveil, habité par une sorte de transe mystique, il découvre l'intensité de l'oeuvre de Bacon qui non seulement le touche au coeur mais au corps plus encore.
Tel un guide de musée, il nous décrit avec force et jutesse ces toiles qui lui "cisaillent les yeux".
Water from a Running Tap et son bleu éclaboussant qui nous engloutit sous ses flots tourbillonnants au risque de nous asphyxier.
Oedipe et le Sphinx et cette blessure à vie qui ne cicatrisera jamais. le sang, tache indélébile, qui souille le bandage du pied d'Oedipe d'une plaie qui ne se referme pas.

Errant presque comme le minautore dans son labyrinthe, Yannick Haenel affronte les réminiscences d'une enfance africaine qui jaillissent subitement et le confrontent à nouveau à ses propres hantises. Sorcellerie, envoûtement se sont frayés un chemin dans la béance créée dans son esprit par la violence d'une peinture fantasmagorique.
Le Bleu Bacon n'est pas apaisant, il se montre souvent saignant. Au mieux, il se fait hématome.
Au fil de notre visite, le Bleu se fait de plus en plus nuit et finit même par nous plonger dans un puits d'angoisse dont on finit par ressortir heureux de revoir la lumière de la vie.





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Les Voleurs d'innocence

Les hommes aiment les pistolets et les femmes aiment les fleurs...
Les hommes tuent les femmes avec le symbole phallique de l'arme à feu et les blessent avec un pénis. Les femmes sont délicates comme des petites Asters, des Roses, des Callas, des Daphnés, des Iris et des Hazels, qui aiment les pâtisseries, le parfum, les bagues de fiançailles, la poésie, le dessin et surtout elles saignent !!! (les règles, l'hymen percé)
Si ce roman paraît quelque peu cliché, il parvient tout de même à séduire.

***

Belinda ne voulait pas se marier car sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère sont mortes en couches. Elle ne se projette pas dans cette vie maritale. Mais la société dans laquelle, elle grandit, ne lui laisse pas beaucoup de choix, si elle ne veut pas finir sous un pont. Elle épouse un fabricant d'armes à feu et ne mourra pas en couche, car elle donnera naissance à six filles.
Six filles qui naîtront sous le joux d'une malédiction étrange...
Iris, seule survivante, nous conte son histoire...

***

Personnellement, j'ai été assez rapidement captivée par les histoires de toutes ses femmes. On pourrait trouver redondant le côté stéréotype homme/femme (et la seule qui s'en sort est celle qui ne se marrie pas), mais contextualisons l'époque, cela se passe en 1950, une époque qui n'est pas la mienne et j'ai été charmée par l'écriture de Sarai Walker, par cette touche fantastique et son imagination symbolique apportée. (Les femmes ne sont jamais crues).

***

J'avais déjà aimé Dietland même si je trouvais que son premier roman avait quelques maladresses (elle s'éparpillait), mais j'ai adoré certaines de ses phrases, la plaçant ainsi dans les auteurs à suivre.
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Colette Magny : Les petites chansons commun..

Par l’intermédiaire de Pierrot passionné et spécialiste de Colette Magny, Yann Madé se lance sur les traces de cette chanteuse, auteure-compositrice et interprète française née en 1926 et morte en 1997.
Encore aujourd’hui bien que considérée comme incontournable par des musiciens et des militants, beaucoup semblent pourtant l’avoir oubliée et Yann Madé raconte dans cette BD en bichromie qui elle était.
Colette Magny – Les petites chansons communistes, n’est pas vraiment une biographie, encore moins une hagiographie, ce qu’elle aurait détesté mais un hommage à cette artiste engagée et féministe se déroulant comme une enquête sur les engagements et les combats qu’elle a menés. C’est une BD richissime d’informations sur cette chanteuse jugée trop politisée et quasiment bannie des ondes.
Au sein de L’OCDE où elle est employée comme secrétaire bilingue, ils sont quelques-uns à partager la passion du Jazz et Colette y sera initiée par Claude Luter. À 36 ans, elle laisse tout tomber pour chanter, et comme beaucoup de jeunes se politise lors de la guerre en Algérie.
Après un passage au « petit conservatoire de la chanson » de Mireille, où sa voix est remarquée, elle sort Mélocoton, en 1963, une chanson qui lui vaudra un contrat avec CBS, le géant du microsillon. Cette chronique familiale parlant de ses neveux Mélocoton et Boule d’Or, ce grand tube, s’il lui permet de passer à l’Olympia, en première partie de Sylvie Vartan, masquera pour toujours l’ensemble de son œuvre.
Dès les premières pages, j’ai donc été happée par la mémoire de cette voix tellement grave et prenante, une véritable invitation à swinguer...
Pour aller où ?
J’en sais rien…
Viens donne-moi la main…
Quel plaisir de retrouver cette sublime chanson dès les premières pages et ce de manière très originale puisque Yann Madé s’est inspiré des planches de « Keep on Truckin » de Robert Crumb pour la présenter : magnifique !
Il adopte également une police de caractère différente du reste du récit, incluant la chanson dans des pages spécifiques au fond légèrement ocré.
Il renouvelle l’opération pour d’autres chansons « J’ai suivi beaucoup de chemins », « Vietnam 67 », « Babylone USA », « Répression », « Camarade curé », « Exil, Salem » …, et pour les dessins, réitère le processus « à la manière de » : Michael Golden, Reed Waller, Félix Vallotton, Manuel Vasquez, Moebius, ou Joe Sacco pour les titres cités.
Dans ses chansons, Colette Magny donne toujours la parole aux petites gens et aux opprimés de tout genre. Pour elle, il ne s’agit pas de « chanter pour » les ouvriers, mais bien de leur donner la parole … On entend dans ses textes l’histoire des luttes des années 1960 aux années 1990.
C’est donc avec grand plaisir que j’ai recherché à chaque fois la chanson sur la toile pour l’écouter, et du même coup, non sans un brin de nostalgie, j’ai ressorti mes vinyles, avec le souvenir encore intense et bien ancré d’avoir pu assister à un de ces concerts en 1979 …
Il est très intéressant de voir comment Colette Magny a influencé nombre d’artistes et j’ai été surprise de découvrir les noms d’Orelsan ou Olivia Ruiz parmi eux. Moins surprenant de constater que la revue musicale Paroles et musique, que José Arthur, Jean-Louis Foulquier, Ernest Pignon Ernest ou Augustin Trapenard l’ont aidée, lui ont permis de s’exprimer ou ont parlé d’elle, tout comme Télérama qui l’a soutenue en lançant une souscription lors de la sortie de son album Kevork, album inspiré par les pintades de son ami Jean-Marie Lamblard !
Leur soutien a été et est le bienvenu car les médias n’apprécient pas alors cette œuvre politique et ont choisi et continuent de l’ignorer.
Un grand plaisir pour moi également de retrouver dans ces pages de grands artistes comme Catherine Ribeiro, Francesca Solleville, Allain Leprest, Julos Beaucarne, Mouloudji, Cora Veaucaire, Axelle Red… sous le trait noir énergique, nerveux et très efficace de l’auteur.
Un seul regret que je partage entièrement avec lui « qu’on ne l’entende jamais assez », je dirais même jamais…
Un immense merci à notre fils Vincent pour nous avoir offert cette Magny.fique BD de Yann Madé superbement dédicacée par l’auteur.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Amintiri deghizate

Ces souvenirs déguisés répondent avant tout à un besoin d'anecdotique, en relatant des détails plutôt insolites sur la vie de plusieurs écrivains roumains de premier rang de l'entre-deux-guerres : Tudor Arghezi, Ion Barbu, Mihail Sadoveanu, George Calinescu, Camil Petrescu, Hortensia Papadat-Bengescu.

Avant 1990, « les références, même innocentes, à la morale des écrivains risquaient de les rendre politiquement “coupables” ; puis, l'idéologie abstraite du (néo)modernisme a fait disparaître à la fois les soucis passagers de l'anecdote de la vie littéraire, ainsi qu'une espèce d'histoire et de critique littéraire respectable, comme la biographie des grands auteurs. Mais lorsqu'elle était pratiquée, elle n'était considérée que comme un préambule à l'ouvrage et se transformait rapidement en genre rigide et antipathique de la “biographie spiritualisée”, qui laisse de côté l'accidentel et le hasard humain au profit de destins bien équilibrés », écrit Alex Goldiș.

Dans son avant-propos, l'auteur lui-même met en garde « certains souvenirs ne surgissent pas de la demande directe de la mémoire d'ouvrir ses coffres, mais naissent de l'acte d'exégèse littéraire ».
Il souhaite donner libre cours au flux des souvenirs à partir d'un dilemme lié à l'oeuvre — pourquoi Camil Petrescu est-il si réticent à la transcription du journal, comment se fait-il que les femmes de George Calinescu aient toutes une apparence « garçonne », à qui s'adressent réellement les poèmes de Tudor Arghezi dans le cycle Letopiseți, mais à chaque fois le point de départ livresque est submergé par la forme de la mémoire. Plutôt que de chercher des confirmations de la cohérence de l'oeuvre, comme dans une biographie classique, le critique aime enregistrer avec précision les paradoxes, les incongruités, les sorties dans le cadre de la poétique littéraire.

Ce livre d'Histoire littéraire vécue est aussi très drôle comme le souligne Ioana Pârvulescu qui signe une très intéressante préface.

Mon chapitre préféré est celui intitulé « Paul Celan entre pavot et mémoire » (pp. 169-175).
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Agatha Raisin enquête, tome 3 : Pas de pot po..

On ne peut que tous admirer ces photographes de scène de crime qui capturent le moment, l'horreur dans toute sa non-splendeur.

Cependant, peu d'éditeurs ou d'auteurs osent mettre l'une de ces photos en couverture d'un roman.
Ça c'était avant ce tome 3 d'Agatha Raisin, car voyez-vous, c'est l'un de ces clichés que nous prenons en plein visage, abruptement, en voyant le roman.

Je sais, c'est violent, à la limite du supportable...

Notre Agatha était partie en vacances deux mois et à son retour au village, elle constate l'installation d'une charmante femme dans un cottage au bout de sa rue.

Comble d'horreur, cette femme déambule en permanence au bras de son cher James.
Frranchement, y a outrage.

Bien entendu, elle est canon, contrairement à Agatha qui s'est un peu laissée aller lors de son voyage estival et le regrette amèrement chaque fois qu'elle croise le "couple".

Dans cette nouvelle aventure d'Agatha Raisin, il va être question d'horticulture.
Concours de fleurs, jardins porte ouverte, etc.

Non mais elle va finir par me donner envie d'aller à la campagne.
L'ambiance que je retrouve dans ces romans me rappelle un autre village que j'ai bien connu.
Mais bref, passons.

Un agréable moment passé avec Agatha et son James... un peu spécial, celui-ci, du reste.

J'ai souri, j'ai ri, un bon petit cosy mystery, ça détend toujours. :)
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Bomarzo

On nous dit que ce roman ferait partie des chefs-d'oeuvre de la littérature sud-américaine ; restons donc sur ce conditionnel, au calme.

On aurait d'abord pu parler de ce lieu, Bomarzo, petite localité italienne du Latium, siège historique de la seigneurie Orsini — une de ces grandes lignées qui ont fait ( et surtout défait ) la nation italienne, au même titre que les Medicis, Guerrieri Gonzaga, et autres Farnese — où l'on visite aujourd'hui ce Jardin Sacré des Monstres, singulière et étonnante création de cette Renaissance tardive.

On aurait alors dit quelques mots sur le Maniérisme, mouvement artistique dont ce jardin de sculptures est une des plus célèbres expressions, se gardant bien de glisser quelques sarcasmes sur la quantité assommante de manières dont notre héros abuse, tout au long de ces pages dont on perd rapidement le compte ( ou bien au contraire, dont le décompte semble infini et stationnaire… ), bottin mondain de l'époque, litanie de titres et de noms, ribambelle d'anecdotes s'écroulant sur d'autres, pile au moment où elles devenaient intéressantes… bref on aurait pu se moquer, l'oeil égrillard…

On serait obligé d'en passer par toute une réflexion sur l'historique et le romancé… dans le roman historique, bien que dans ce cas, la vérité n'est recherchée ; le fantastique est même convoqué, même s'il ne sert qu'au final à tenir vaguement en haleine, à clore une boucle narrative justifiant son emploi, avec cette histoire d'immortalité du narrateur, introduite après quelques troublants anachronismes, nous racontant sa vie au XVIème siècle depuis les temps actuels, sans jamais vraiment se servir du procédé dans tout ce qu'il permettrait : juger réellement une époque à l'aune d'une autre, ce que nos contemporains adorent faire, n'oubliant surtout jamais où se trouve leur nombril…

On aurait dit en passant quelques mots sur les maisons d'éditons concernées : ici la Librairie Seguier, surtout connue pour son goût pour Jean Lorrain et la Littérature Décadente ( les moeurs de la noblesse de la Renaissance n'ayant rien à envier à ceux du XIXème, bien au contraire… mais cette appellation ne semble plus utilisable à présent… ) ; plus récemment au Cherche-Midi — éditeur n'ayant jamais vraiment trouvé le sien — donnant lieu à ce regain d'activité, à ces quelques critiques semi-professionnelles plutôt flatteuses, dont l'habitué des lieux aurait dû se méfier, ne voyant pas d'étoiles à celle de 5Arabella, valeur archi-sûre de notre site, dont il faut malheureusement parfois chercher les critiques en pages suivantes…

Ce qui est sûr, c'est qu'on s'est mangé un gros pavé bien indigeste, rempli de promesses non-tenues, étalant sans pudeur ni explicité les tribulations complaisantes d'un noble au final d'une grande médiocrité, rabâchant ses tristes obsessions, nous rappelant avec force que la différence portée comme seule valeur n'accouche généralement que de lieux communs, tout au long de l'Histoire, triste et déprimante Humanité…
Apre conclusion, toujours la même, mais dont le chemin littéraire peut tout aussi bien être agréable…
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Patience dans les ruines

En 2020, quinze écrivains ont vécu « trois jours et trois nuits » à l'abbaye de Lagrasse et quatorze ont publié leur témoignage dans un ouvrage composé par Nicolas Diat.

Michel Onfray avait tardé à remettre sa copie qu’il publie enfin sous le titre « Patience dans les ruines » en affichant son inquiétude devant l’effondrement de la civilisation chrétienne.

Le sous titre précise « Saint Augustin Urbi & Orbi » et s’inscrit sous le patronage de celui qui a rédigé la règle des moines de Lagrasse, en vivant entre l’an 354 et l’an 430, c’est à dire lors du sac de Rome (24 août 410). Né en Algérie, le fils de Sainte Monique dissipe une jeunesse « agitée » avant de se convertir, de devenir évêque, puis docteur de l’église pour avoir notamment rédigé « La cité de Dieu », un texte que notre philosophe athée connait fort bien.

Ce « bouquin » de 120 pages est constitué de 4 chapitres :
- Pro logos : vertu des ruines
- Urbi : dans les murs de l’abbaye de Lagrasse
- Orbi : hors les murs de l’abbaye de Lagrasse
- Conclusion : patience dans la silence

Michel Onfray dialogue avec le Père Michel sur les poisons de notre époque, les antidotes de la religion et de la règle monacale, puis sur la grâce, la foi et Dieu. Le philosophe est non croyant, athée affirmé, mais s’interroge, et nous interpelle avec des questions décapantes. Les quelques citations publiées ne donnent qu’un aspect de cette réflexion qui me semble utile à tous, croyants ou non.

Lagrasse voit les vocations affluer et, au lendemain de la finale du championnat de France de volley-ball remportée par son équipe de Saint-Nazaire (28 avril), Ludovic Duée, le capitaine, a annoncé son entrée à l’abbaye des chanoines de Lagrasse.

Qui sait si Michel Onfray ne le rejoindra pas ?
Patience … dans les ruines ?


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La vie des Huns

L'auteur est un historien de l'art spécialiste de La Renaissance italienne et membre de l'académie française et malheureusement il est décédé. Il est l'auteur de cette monographie qu'il qualifie de "biographie des huns". C'est un travail très documenté mais intégralement romancé qui s'appuie sur la méthode classique du résumé historique.
L'auteur exploite de nombreux documents sans les situer en terme d'historiographie.
C'est un travail solide et très agréable à lire.
C'est aussi une lecture utile car il met au jour la vie des steppes eurasiatiques bien avant les aventures mongoles.
C'est une vieille histoire qui commence dans la mythologie chinoise.
Cet univers pose magistralement l'interconnexion des histoires politiques d'Eurasie.
Les Huns assiegent la chine pendant des siècles. Ils s'en nourissent et l'occupent sur ses marges occasionnellement et ils finiront vaincus plus par la civilisation chinoise que par les armées de Chine .
Ils contrôleront à leur apogée asiatique un territoire qui part de la mer du Japon et qui confine à la Volga.
Ils retourneront leur attention sur l'Europe et viendront la gratter jusque la Champagne-Ardennes et l'Italie, du moins un rameau hunique occidental le fera.
Ils jouent un rôle clef dans l'élan des invasions germaniques qu'ils causent largement et comme en Extrême Orient ,ils établirent des contacts politiques proffonds et durables avec les empires d'orient et d'occident, (Charlemagne compris).
On sait peut de choses sur les Huns et sur leur civilisation.
Ils furent peut-être et probablement principalement une confédération de peuplements ethiques variés d'origines turques entre autres et au départ.
Ils eurent leur propre langue qui est largement inconnue.
On les connaît surtout au travers des chroniques composées par leurs victimes et ennemis.
Le monothéisme des steppes qui est ancien semble avoir un rapport avec le Ciel chinois.
Ce travail de l'auteur constitue un ouvrage très agréable à lire et il connecte l'Europe et l'Asie à une époque ou on ne pense pas souvent, que les connections existerent entre ces mondes et qu'elles causèrent des seismes de dimensions intercontinentales.
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Des fleurs pour Algernon

N'est pas idiot qui on croit
car
le plus idiot est celui qui ne veut pas voir.

Des Fleurs pour Algernon est un livre que j'ai lu il y a quelques temps. Mais c'est surtout un film qui, adolescent, m'a marqué au point de m'en souvenir presqu'un demi-siècle plus tard.

Plus de sept mille notes et huit cents critiques sur Babelio… soyons brefs quant à l'histoire. Charlie est ce que l'on appelait, à l'époque, un idiot. Un QI très faible. Adulte, il vivote en faisant des petits boulots dans une boulangerie industrielle. Ses glorieux camarades se moquent de lui, mais il croit être leur ami. Une innovation médicale croise son chemin. Un couple de scientifiques ( neurologues ?) a mis au point un traitement qui multiplie l'intelligence d'une petite souris, Algernon. On cherche des volontaires pour l'expérimentation humaine. Charlie en sera. Peu à peu, des suites du traitement et d'un apprentissage intensif qui n'a rien à envier à une prépa, ses facultés intellectuelles se multiplient, son appréciation du monde devient plus réaliste, et sa personnalité se construit. Mais il y a un hic. Même un gros couac.

Le Charlie d'après la prépa est cet homme “venu d'ailleurs” qui jette sur la société de son temps - et du nôtre - un regard sans complaisance. Car il s'avère, en fin de compte, qu'il ne doit rien à personne. Rejeté, il rejette. C'est aussi un homme qui n'a pas reçu les cartes nécessaires pour jouer une partie valable. A qui la faute ? On ne le sait pas. Nous cherchons sans doute des fautifs, parce que s'il y en a, on peut les punir, et justice sera faite, les comptes seront en équilibre, cette partie du monde fera à nouveau sens. Mais il y a ce que l'on appelle des “accidents de la vie”. Terme fumeux, que nous utilisons pour désigner pudiquement ce qui n'aurait pas dû avoir lieu, ce que nous ne pouvons ni expliquer ni justifier. Qui est le “vrai” Charlie? L'enfant de quarante ans, ou l'adulte cultivé ? Et a-t-on le droit d'intervenir ainsi dans la vie de quelqu'un ? Enfin, au sens où nous devrons tous tôt ou tard rendre nos billes, Charlie, le Charlie de la boulangerie et nous, sommes nous si différents ?

Alors, critique sociale, roman philosophique ou initiation à l'éthique de la recherche médicale, Des Fleurs pour Algernon est un roman de science-fiction qui ose poser des questions. Il appartient à une époque où la SF ne se contentait pas encore d'un simple rôle de littérature de distraction.




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La poésie est invincible

Ce 3 mai, Abdellatif Laâbi a reçu le grand prix international de poésie en langue française Georges Mailhos, prix décerné par l’Académie des jeux floraux de Toulouse qui fêtait aussi ses 700 ans d’existence. Car oui, la poésie est toujours là, bien ancrée dans nos vies, et le dynamisme et la longévité de l’académie des Jeux floraux en sont la preuve.

L’importance de la poésie, c’est bien là le propos d’Abdellatif Laâbi qui n’a jamais cesser de la lire, de l’écrire et de la proclamer.
Dans ce recueil où il « feuillette » sa vie, il revient sur cette période sombre de la prison.

« Aux huit années et quelques
Que j’ai passé en prison
Il va falloir ajouter
Une neuvième
Celle qui s’achève
Et que j’aurai purgée
" librement " ! »

Avec un humour parsemé de dérision, il nous donne de petits instantanés de présent, se moquant de lui-même et des hommes en général dont il dit : « L’homme est un accident de la vie sur terre. »
Entre malice et ironie, ce patchwork de pensées et de poèmes est d’une grande humanité. Malgré l’adversité, malgré la peur, il célèbre la vie et l’on trouve toujours dans ses textes cette lueur d’espoir qui nous permet d’aller de l’avant.
Mais, il l’écrit et le proclame, la poésie ne se rend pas

« alors,
Qu’on se le dise
Haut et fort
Ici et partout
Aujourd’hui
Et dans les siècles des siècles :
Oui
La poésie est invincible ! »

Oui, la poésie sera toujours là, bien vivante, rien ne peut l’arrêter, elle vit pour dire le monde. Lions, lisez Abdellatif Laâbi pour que vive la poésie.

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Clara lit Proust

Évidemment que ce titre me tentait et m'intriguait !
Clara lit Proust est un livre réjouissant, qui met du baume au cœur
D'abord parce qu'il chasse les préjugés, les a priori : Comment une petite coiffeuse peut-elle s'éprendre d'un auteur que beaucoup jugent illisible et à la fois très intello?
Et, bien oui, c'est possible, Proust peut toucher n'importe lequel d'entre nous malgré nous.
J'ai découvert Proust à l'âge de dix- sept ans , toute seule sans que personne ne m'en parle. Au début, un peu comme Clara, j'étais très suspicieuse et je ne comprenais pas tout
Puis, rapidement, Proust a aussi changé ma perception, m'a permis de comprendre ce qui est enfoui au fond de nous.
Je trouve que ce petit roman est un très bel hommage, j'ai envie de dire un hymne à la littérature.
Oui, les livres sont un univers ouvert sur le monde et sur l'autre.
Marcel Proust porte dans son écriture, dans son regard intérieur toute une sensibilité qui nous touche immanquablement.
J'a aussi beaucoup i aimé dans ce livre, la simplicité touchante de Clara qui à la croisée d'un malheureux amour voit Proust comme un ami. Un ami qui guérit, un ami qui comprend, un ami qui nous émeut.
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Camerone, 30 avril 1863

C'est en visionnant un énième reportage sur l'anniversaire de la bataille de Camerone le 30 avril, que l'envie m'a enfin titillé de me documenter sérieusement, c'est à dire en lisant un travail d'historien documenté.
Mon choix s'est porté sur cet excellent livre de André-Paul Comor, un ouvrage très bien structuré et documenté. Camarón, car c'est ainsi que cela s'écrit exactement, c'était pour moi de vagues souvenirs, la campagne du Mexique, le destin funeste de l'Empereur Maximilien et ... le fameux combat livré par la 3e compagnie de la Légion Etrangère dont on a tous entendu parler un jour.
J'ai aimé cette lecture car elle est instructive, l'auteur nous parle du contexte avec précision, Napoléon III et le Second Empire, l'Impératrice Eugénie et son influence sur la décision d'envoyer des troupes au Mexique et offrir un titre d'Empereur à Maximilien. Mais surtout l'auteur va nous instruire sur la Légion Etrangère, ses origines et sa situation d'alors au moment d'envoyer les premières troupes au Mexique, figurez vous que les légionnaires, boudés par le haut commandement militaire, feront "des pieds et des mains" pour faire partie de l'expédition et aller "au feu", ce qui finira par être entendu pour leur plus grande fierté.
Une autre partie du livre est consacrée aux hommes qui sont entrés dans l'histoire à Camarón, on sait peu de choses les concernant, leur parcours est celui de soldats de métier, de gens en quête d'aventures et de danger, n'oublions pas que la Légion Etrangère, comme son nom le laisse deviner, est pour les deux tiers composée d'étrangers, seul l'encadrement est essentiellement français.
Il sera aussi et bien sûr question de la fameuse bataille du jeudi 30 avril 1863, où les 63 hommes du capitaine Danjou retranchés dans une hacienda vont résister pendant onze heures à 2 000 ennemis, accablés par la chaleur et la soif. A la fin, le bilan sera d'environ 300 tués et autant de blessés côté mexicain. Sur les 64 combattants français, 24 seront finalement faits prisonniers, tous sont blessés et la plupart mourront en captivité.
La dernière partie du livre nous parle de la légende de Camerone, elle mettra près d'un un siècle à se ritualiser et a être célébrée chaque année désormais dans tous les casernements de la Légion à travers le monde. C'est à Aubagne que la main articulée du capitaine Danjou est conservée dans sa chasse telle une relique et sortie à chaque commémoration, le tout étant expliqué par l'auteur qui s'est remarquablement documenté.
Je livre ici une citation du général Olié : "On peut même se demander si c'est la Légion qui a idéalisé Camerone ou si c'est Camerone qui a fécondé la Légion, quelle est la part de légende ajoutée à cette lutte épique et quelle est la part d'héroïsme issue au fil des ans de cet exemple exaltant."
Si j'aime L Histoire, je dois concéder de nombreuses lacunes à tout ce qui vient après 1816 et Waterloo, pour Camerone, c'est désormais réparé, j'ai été passionné par cette lecture.
J'ai tout de même un petit bémol à exprimer, l'auteur s'est de façon évidente un peu enflammé en racontant les combats. A le lire, on se demande si les légionnaires étaient vraiment au nombre d'une soixantaine tant le ton mélodramatique les mettait en situation désespérée dès la première heure des combats face à une marée d'adversaires braves et ivres de rage...
Pour conclure, il s'agit d'un bon livre sur le sujet et son contexte.
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