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EAN : 9782226186690
474 pages
Albin Michel (20/08/2008)
3.69/5   116 notes
Résumé :
Le domaine de Montaigne, quelque part en Kabylie : 600 hectares de collines, de champs de blé, d’orangers, d’oliviers et de vignes. La terre de la famille de Saint-André depuis un siècle Au cœur de ce petit royaume, une maison de maître et ses dépendances entourées de palmiers, d’acacias, de pins et de figuiers. Six personnages : le père, la mère, les trois enfants (dont un a embrassé la cause du FLN) et la domestique kabyle. Tout au long du roman, leurs voix s’inte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 116 notes
Je ne vois ici que des critiques positives, or ,moi, ce livre m'a profondément déplu, malgré une certaine qualité d'écriture (technique bien connue de l'entrelacement : chaque personnage parle à son tour). Mais l'ouvrage ruisselle de haine, aucun personnage n'est sympathique, disons même que tous les personnages sont odieux. Certaines scènes sont forcées et relèvent d'une imagination malsaine, cf. celle de la bonne soeur avec son crucifix, ou la scène d'antropophagie militante. de plus, il ne faut pas prendre le roman pour une peinture véridique de l'Algérie coloniale, l'auteur est né après l'Indépendance et le pays qu'il imagine ressemble plus au Sud esclavagiste de "La case de l'oncle Tom" qu'au pays que j'ai connu, pays difficile, certes, où la vie pouvait être très dure, où le racisme affleurait souvent, mais dans le respect (et oui ! ça paraît contradictoire, mais ça ne l'est pas complètement), la dignité et une certaine multiculturalité qui subsiste encore chez les survivants de cette époque.
Je sais qu'on "ne fait pas de bonne littérature" avec de bons sentiments, mais en fait-on avec juste de mauvais ?
D'ailleurs, j'avouerai que, pour les mêmes raisons, je n'aime pas Céline non plus.
P.S. Pour des témoignages lucides sur l'Algérie coloniale, lisez plutôt : " Une enfance singulière" de Fadela M'Rabet, "Une éducation algérienne" de Wassyla Tamzali ou, plus romancé, mais absolument délicieux "Mon frère ennemi" de Djilali Bencheikh. Côté colons, "Rio Salado", d'Andrée Montero, n'est pas mal non. plus
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Un grand domaine en Algérie française. Trois générations s'y succèdent, prenant tour à tour la parole : il y a d'abord la figure du père, Ernest, honni et craint par ses enfants et par sa femme. Qu'il soit vivant ou mort, tout tourne autour de lui ; d'ailleurs les voix mêlées de ceux qui l'ont côtoyé se renvoient toutes à son corps, dans le cercueil. Personnage maudit, « devenu riche par la simple opération du mariage », passant plus de temps au lupanar qu'à s'occuper de sa descendance, celle-ci ne le pleure pas vraiment. Il y a sa femme, Hortense, blessée par les tromperies, qui ne peut se résoudre à quitter le domaine. Enfin, les trois enfants apportent leurs voix à ce sombre discours ainsi que leur bonne à tout faire, Fatima.

L'autre grand personnage, c'est le domaine de Montaigne, vaste propriété avec ses vignes, ses champs, ses oliveraies, appartenant à la famille de Saint-André, construit dans la haine et la brutalité : « C'est dans le sang de ta grand-mère et celui de ses assassins que Montaigne s'est construit, et c'est dans le sang des colons et celui des arabes que l'Algérie est devenue française, pas autrement, alors c'est dans ce sang toujours prêt à couler qu'il fallait vous tenir pour garder le pays ».

C'est l'amère nostalgie de ce domaine perdu qui pousse, trente ans plus tard, les héritières du patriarche à faire renaître un petit Montaigne dans un appartement du quartier Saint-Gabriel à Marseille. Elles redécorent le lieu, créent des liens de vassalité avec leur employée d'origine algérienne, montrant toute leur rancoeur et rejoignant par là-même l'avis du père détesté.

Faut-il voir en ce domaine meurtri une métaphore de l'Algérie Coloniale tendant vers sa fin ? En figure du père dominateur, une France incarnée ? Peu importe : Mathieu Belezi a composé dans ce livre le cantique funéraire de l'Algérie française, nouant aux distorsions familiales romanesques la fin historique de ce pays colonisé, et offre avec ces personnages une superbe symphonie. Chacun possédant sa propre incarnation, une étrange litanie se crée entre les différentes voix, tantôt chargées de haine, tantôt d'amertume, et les morts se relèvent, évoquent leur vie, hantent les vivants. La beauté du texte vient de ce mélange de voix ; de chant, de poésie. La construction est particulière, liée à l'absence de points, aux phrases hachées, scandées à l'envi, loin de déranger la lecture.

On l'aura compris, C'était notre terre n'est pas un roman sur la guerre d'Algérie, ni un témoignage. L'écrivain conte avec subtilité l'histoire d'une famille de colons. C'est la saga d'une famille broyée par les meules impitoyables de l'Histoire. L'auteur ne juge pas, n'excuse rien, n'épargne personne.

Apre, douloureux, le roman choral de Mathieu Belezi se lâche difficilement. Les personnages sont terriblement humains, terriblement poignants, lâches et cruels, haïssables et attachants, viscéralement attachés à leur pays, et leurs monologues résonnent encore dans la tête bien après avoir posé le livre.
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Depuis plus de cent ans, la famille Saint-André règne en maître sur son immense propriété.
Le domaine de Montaigne, en Algérie est leur fierté.
Leurs multiples employés doivent leur obéir au doigt et à l'oeil, sinon, c'est la cravache.
Mais voilà que l'Algérie se révolte, et c'est la guerre.
L'histoire est racontée par les membres de la famille,
la mère, arrogante et fière
le père, bon vivant mais impitoyable
Claudia, la fille cadette, partie en France pour protéger ses enfants
Marie-Claire, sa soeur qui finit ses jours dans un couvent en Bretagne
Antoine, le fils, mort torturé par les paras
Fatima, l'employée qui, entre autres, a élevé les rois enfants et est corvéable à merci
Chacun part dans ses souvenirs, ses délires, ses désirs.......
Les chapitres se succèdent sans s'interrompre, sans que l'on sache au départ qui raconte.
Outre l'histoire, qui raconte la vie des colons et des algériens, c'est le style qui est remarquable dans cette histoire.
Certains peuvent ne pas aimer, c'est inhabituel, tellement peu conventionnel, personnellement j'ai adoré.
C'est comme une grande chanson aux multiples couplets qui s'enchaînent, aux refrains lancinants.
Une longue mélopée qui se déroule et nous enveloppe.
Des phrases répétées qui entraînent de plus en plus loin.
Une musique de mots.
C'est tout sauf un roman linéaire.
Le seul point qui m'ait un peu dérangé, c'est le côté caricatural de tous les colons méprisants et impitoyables et de tous les arabes exploités, maltraités.
Ce fut certainement majoritairement le cas, mais j'ose espérer qu'il y eut des exceptions.
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La vie de colons sur trois générations dans une région berbère. Au domaine de Montaigne, il vaut mieux être bien vu, et obéir au doigt et au l'oeil sinon humiliations et violence vous remettent sur le droit chemin. Les Saint André gros propriétaire terrien se comportent avec suffisance et mépris. Belezi à travers cette famille, montre comment la page de l'Algérie reste une blessure douloureuse. Plus on avance dans ce roman, plus le chant funeste de la fin de la colonisation se fait entendre.
Les Saint André comme de nombreux colonialistes recevront le juste retour de leur comportement. Une fois, le point de non-retour atteint les personnages connaitrons à leur tour le déracinement et l'humiliation. Un grand roman choral, écrasant comme un soleil d'Afrique. Et pour ma part, la découverte d'un auteur qui maitrise de façon impressionnante un récit qui résonne comme un chant funèbre.
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La présence française en Algérie et la guerre qui a abouti à son indépendance restent au XXIème siècle des questions sur lesquels les avis sont très partagés. En effet, beaucoup de Français (surtout les jeunes) sont malheureusement ignorants et indifférents à ce sujet. Une autre partie de l'opinion publique, suivant l'opinion d'historiens et de journalistes progressistes, ont définitivement jeté l'opprobre sur les Pieds-Noirs et sur l'armée française, en "oubliant" les atrocités du FLN. Enfin une majorité de rapatriés, dont la mémoire est fixée sur leur pays natal et sur le traumatisme de 1962, restent très amers et fustigent le parti-pris des Métropolitains à leur encontre.
Comment parler sereinement de ce drame, au cours duquel tout le monde a fait du mal à tout le monde ? C'est presque impossible; je n'ai jamais lu un ouvrage écrit à ce sujet qui me satisfasse entièrement. Mais la moindre des choses, me semble-t-il, est de donner la parole à tous les protagonistes et surtout d'éviter des jugements de valeur (a posteriori !) trop catégoriques.

Qu'en est-il du roman de Mathieu Belezi ? D'abord, l'auteur a choisi de mettre sur le devant de la scène des grands propriétaires terriens qui sont des caricatures des "gros colons" méprisants et brutaux vis-à-vis des indigènes, sûrs de leur bon droit. Certes, ce genre de personnages, passablement odieux, a réellement existé dans "l'Algérie de Papa"; mais ils ne représentaient qu'une minime fraction du peuplement d'origine européenne. S'il en était resté à ces figures, l'écrivain aurait apporté de l'eau à un moulin qui - selon moi - ne tourne pas rond. Heureusement, Mathieu Belezi a su introduire dans son roman d'autres figures, très différentes, qui viennent nuancer le tableau. Par exemple, dans le livre, l'un des fils de la famille aide le FLN - mais il ne faut pas s'y tromper: il n'est qu'une exception rarissime, absolument pas représentative de la population des Pied-Noirs. Par ailleurs, la domestique (kabyle) de la maison des maitres joue (assez tardivement) un rôle dans le roman et apporte son point de vue très intéressant, sortant des polémiques franco-françaises. Enfin, l'auteur n'occulte pas les abominations commises par tous les belligérants, y compris le FLN, et je lui en sais gré. Si on cherche la petite bête, on peut noter que le romancier ne donne pas une grande place aux "petits Blancs" des villes d'Algérie, qui formaient pourtant une grande partie des Pieds-Noirs et dont une bonne partie votait à gauche avant le début des hostilités. Malgré cela, je pense sincèrement que Mathieu Belezi a réussi à donner une image presque exhaustive de ce que fut cette société (trop) passionnée et de cette période brûlante, qui ont disparu corps et bien dans un passé oublié ou occulté.
Mais ce livre a encore un autre grand intérêt, déjà souligné à juste titre par d'autres commentateurs: son style, lyrique, incantatoire, donc visant à l'empathie. Personnellement je ne suis pas du tout porté sur ce genre d'écriture et, au début du livre, j'ai beaucoup renâclé. Mais j'ai fini par accepter ce lyrisme, qui donne une très vive couleur à ce pays de soleil et de violence - très loin des schémas intellectuels pré-fabriqués que certains projettent sur la présence française en Algérie.
Donc, oui: en conscience, j'ai aimé ce livre que je trouve à la fois remarquable et juste.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
J'ai vu les machoires soudées des hommes qui ne voulaient pas céder, j'ai vu la colère déformer le visage des gens que je croyais connaitre, j'ai entendu les bombes qui explosaient à Oran, j'ai respiré jusqu'à l'écoeurement l'odeur fétide du sang répandu
oui
et pourtant je suis restée là ou mon père et ma mère m'avaient fait naitre
Comprenez-vous mes filles ?
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Papa, de quoi te souviens tu dans ton cercueil en bois de chêne?
Oui, en bois de chêne, j'ai vu ça au premier coup d'oeil
pas de sapin pour ton corps bouffi d'alcool, non, notre mère malgré la haine qu'elle te porte ne l'aurait pas permis, pour ton corps de mauvais père et de mauvais mari du beau chêne épais, noble, sculpté, du chêne de colon fier de sa réussite
J'ai vu ça au premier coup d'oeil
tu as les mains sur le ventre, les jambes bien alignées l'une contre l'autre, des chaussures anglaises aux pieds, ton costume de paon satisfait, il ne manque que la Légion d'honneur qu'on a oublié volontairement ou involontairement de fixer sur ton jabot, tu es parfumé, rasé, coiffé, tu n'es pas beau ni impressionnant à regarder, tu es un paon, tu étais un paon sur tes terres de colon et tu es encore un paon dans ton cercueil
j'ai vu ça au premier coup d'oeil
alors pourquoi te souviendrais tu de notre chaise à histoires? vu que tu ne t'es pas assis une seule dois dessus pour remplacer la voix ténébreuse de Fatima, vu que tu avais bien d'autres choses à faire que de lire des histoires à dormir debout aux trois enfants qui portaient ton nom de paon
que je te détestais, papa, et que je te déteste encore
il faut m'excuser, un père qui n'a servi à rien ne peut pas s'attendre à être aimé
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« ... la terre sur laquelle il était assis n'était plus la terre qu'il avait connue, qu'en y plongeant la main, il y découvrirait les nappes de sang coagulé d'un bon million de morts. »
« C'est dans le sang de ta grand-mère et celui de ses assassins que Montaigne s'est construit, et c'est dans le sang des colons et celui des Arabes que l'Algérie est devenue française, pas autrement, alors c'est dans ce sang toujours prêt à couler qu'il fallait vous tenir pour garder le pays
mais le sang a coulé, Jules...
- Pas suffisamment"
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Saint-Gabriel (France)
C’était notre terre
Quand je dis que c’était notre terre, je veux dire que nous de l’avions pas volée, que nous en avions rêvé au temps de nos ancêtres, et que l’Etat français nous avait permis de concrétiser nos rêves en nous vendant une bouchée de pain six cent cinquante-trois hectares de bonne terre africaine

p. 9
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Oui, qu'elle s'excuse pour avoir essayé de m'étrangler, et pour avoir jeté les de Saint-André à la porte de l'Algérie, et pour leur avoir fait tellement de mal qu'ils n'arrivent plus à trouver le repos.
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