Je parlerai brièvement (je crois !) de ce livre si personnel parce que je risquerais de le déflorer avec mes gros sabots.
C'est à la fois le récit nécessaire d'une femme qui exprime son deuil et exorcise ses drames familiaux par le biais d'un livre et le récit qui dit la source de son « métier » d'écrivain.
Dans la chambre blanche, celle d'un hôpital psychiatrique, elle est face à sa mère, qu'elle observe et dont elle tente toujours instinctivement de se protéger. Elle évoque l'enfance de la mère, dans la maison en bardeaux, une enfance habitée d'une violence qui explique la folie de la vieille femme dont on a forcé le destin.
Dans la chambre bleue, dans une maison de soins palliatifs, elle accompagne son père, qui a décidé de se séparer de sa femme pour vivre ses derniers jours. Son enfance à lui n'est pas loin non plus, dans la maison du
chemin Saint-Paul, une enfance pauvre mais bien plus douce, qui a forgé le caractère de ce père dont elle se sent si proche. C'est cette maison-là qu'elle a choisie, on le devine aisément.
Les mots donnent chair à ces deux parents, redonnent vie et sens à leur existence. Des mots parfois arrangés en un discours qui permet à la fille de se protéger, des mots parfois étrange(r)s, des mots solidaires face à la mort. Des mots qu'elle a tenté de mettre sur les choses, des mots prononcés pendant très longtemps « dans les pièces aux lumières tamisées ». le rythme des phrases accompagne les sentiments, tantôt bref, haché, tantôt fluide, déployé. Au final, les mots, qu'ils soient fictionnels ou intimes, apportent une forme de compréhension et d'apaisement à
Lise Tremblay. J'ai particulièrement aimé la justesse et la douleur contenue de son récit.
Lien :
http://desmotsetdesnotes.wor..