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EAN : 9782823608977
160 pages
Editions de l'Olivier (03/01/2019)
3.86/5   111 notes
Résumé :
Leur relation n’était pas seulement celle d’un romancier et de sa traductrice, c’était aussi celle de deux amis qui se parlaient sans cesse.
De quoi parlaient-ils ? D’écriture, de langues, d’amour, d’animalité, d’enfance. De la terreur d’être traqué.
Ils partageaient également quelques silences.

Lorsqu’il disparaît en janvier 2018, la jeune femme ne peut se résoudre à perdre cette voix dont l’écho résonne si puissamment en elle. Après un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,86

sur 111 notes
« le 4 Janvier 2018 : Dans le taxi qui me conduisait à l'aéroport, à 7 h 04, une alerte du quotidien israélien Haaretz s'est inscrite sur l'écran de mon téléphone, annonçant : L'écrivain Aharon Appelfeld, lauréat du prix de littérature d'Israël, est mort cette nuit à l'âge de 85 ans ».

Cet ouvrage émouvant est tout à la fois un hommage et des confidences. Valérie Zenatti s'épanche sur la perte de cet ami dont elle traduisait depuis 2004 tous les ouvrages, depuis le bouleversant « Histoire d'une Vie ». Cette amitié inestimable venait de subir un arrêt sur image brutal. Elle se remémore cet état de sidération dans lequel elle a vécu les quelques jours qui ont précédé l'enterrement d'Aharon, cette perception d'une vie qui bascule dans l'inconnu avec l'annonce du décès de l'ami qu'elle avait espéré retrouver sur un lit d'hôpital à Tel Aviv mais qu'elle ne verra plus. le vide s'installe, le besoin de silence se fait prégnant jusqu'au dimanche des obsèques. Ce jour-là, il fait très chaud à Jérusalem. Toujours dans un état second, elle assiste aux obsèques et devant le corps frêle enveloppé dans son châle de prière, ses larmes se mettent à couler.

Ce n'est qu'à l'aéroport, sur le chemin du retour vers la France, que Valérie formulera la question qui fait mal, celle qui s'impose dans de tels moments « Je ne sais pas comment je vais vivre maintenant, tu vois, je ne sais pas comment vivre sans Aharon ».

« Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami », ces paroles de Bécaud me viennent à l'esprit.

A Paris, vacillante, prise d'un tremblement qui allait crescendo, elle se relie dans son silence intérieur à Aharon. Elle évoque leur relation, la richesse de leurs dialogues, l'affection mutuelle qui les unissait, les conseils avisés que lui transmettait Aharon. du fil de sa mémoire, elle nous fait l'immense cadeau d'extraire de très belles phrases écrites par Aharon : ces phrases simples comme les écrivait Aharon, inspirées de son douloureux vécu, « J'en ai tant vu dans mon enfance, mais j'ignorais qu'il s'agissait de prodiges. Je marcherai d'un endroit à l'autre jusqu'à ce que je sois passé par tous les lieux où nous avons été et partout ceux sur lesquels j'ai entendu des histoires ».
Aharon, bien qu'écrivain, se méfiait des mots, ces mots qui peuvent trahir comme « les idéologies ont perverti le langage, quel plus grand mensonge que les mots Arbeit macht frei sur le fronton d'Auschwitz ». Elle retiendra cette méfiance.

Elle cherche l'isolement pour mieux recevoir la voix d'Aharon, retrouver sa sonorité, elle a tellement peur que cette voix s'éloigne avec les jours qui défilent. Elle ressent avec acuité la joie de l'avoir connu et d'avoir été aimée de lui comme sa propre fille. Il y a de la Lumière dans l'Obscurité et de l'Obscurité dans la Lumière se dit-elle. Vivre sans cet homme ravive la trace imprimée en elle. Elle est habitée par Aharon. Il n'avait qu'à lui exprimer une pensée, une phrase en hébreu, elle pouvait la traduire sans trahir son auteur, ils étaient comme des jumeaux, fusionnels et l'hébreu les rassemblait, cette langue qu'ils avaient tous les deux appris à l'adolescence, cette langue adoptive et adoptée, cette langue qui allait comme un gant à Aharon dont il disait ; « C'est une langue concrète, les phrases sont courtes, vont droit au but, sont dénuées de fioritures linguistiques. Il n'y a pas de sophistication, peu d'adjectifs, j'ai compris très vite que c'était une langue qui correspondait à ce que j'avais vécu. On ne peut écrire sur des grandes catastrophes avec des mots trop grands. »

Cette absence va la mener jusqu'à Czernowitz où Aharon est né en 1932. Cette ville, aujourd'hui ukrainienne, faisait partie de la Roumanie à cette époque. Il y régnait une grande effervescence culturelle, on y parlait entre autre l'allemand, il y régnait un petit air de Mitteleuropa. Valérie marche dans les rues enneigées, parfois dans l'obscurité. de la Synagogue à l'Eglise où se rendait Victoria, cette jeune domestique catholique qui a appris le Chema à Erwin (Aharon au temps du bonheur), d'un petit musée juif à de petites rues, elle tente de reconstituer la vie du grand écrivain, à l'imaginer, peut-on humer la présence de quelqu'un ? Ce qui interroge, ce sont les rencontres qu'elle va y faire dans une atmosphère qui flirte avec le fantastique comme cette enseigne de boutique au nom de Valérie. Mais c'est là, à Czernowitz, le 16 février 2018, pour l'anniversaire d'Aharon, que ses trembleront cesseront.

J'ai lu ce récit avec, de temps à temps, les yeux embués de larmes. J'ai une grande tendresse pour cet auteur, son écriture me touche, elle a une âme et je la reçois comme un présent. Ce livre, écrit par Valérie Zenatti, condense à la fois le recueillement, l'affection, la puissance du lien par-delà la mort, le temps qui passe et qui se mêle à l'histoire d'un grand écrivain et de l'amitié indéfectible qui l'unissait à sa traductrice. Il méritait bien toute notre admiration ce grand homme. Tout au long de cette intimité entre Valérie et lui, j'ai apprécié de découvrir la sagesse nichée au creux des phrases d'Aharon, de participer à ses interviews ainsi qu'aux échanges entre Aharon et Valérie. Là, la traductrice ne s'efface plus devant son auteur, elle ne fait plus qu'un avec lui et elle cherche, aujourd'hui, à dégager les racines des thèmes de ses livres, c'est bouleversant et magnifique à la fois. Est-ce un Kaddish ou un mémorial au Grand homme ?
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J'ai découvert Valérie Zenatti, en 2018, à une soirée à la maison de la poésie en hommage à Aharon Appelfeld mort quelques mois auparavant.
C'est là que j'ai appris qu'elle était la traductrice d'Appelfeld. Cette femme aux yeux pétillants et rieurs, au sourire charmeur m'a beaucoup émue.
Dans le faisceau des vivants, elle tente de chercher comment elle va dépasser et accepter la mort d'Aharon Appelfeld qui nous l'avons compris, représente tant pour elle.
Pour la date anniversaire d'Aharon, le 16 février, elle décide de se rendre à Czernowitz, la ville natale d'Appelfeld, sans savoir quoi chercher mais être en communion avec lui peut-être.
Je finirai par ces phrases émouvantes et fortes qu'elle écrira après ce voyage
"Il m'a fallu du temps pour comprendre tout ce qui se passait à travers la bouche, mais petite déjà je sentais que chaque chose avait un goût particulier et pas seulement ce qui se mangeait, L'angoisse avait un goût de métal rouillé, la gaieté un goût de fraises des bois, la tendresse un goût de fleurs d'orangers et les langues aussi avaient le leur, le français était une brioche beurrée, l'arabe un mélange de pain bis et d'olive et plus tard, l'hébreu à eu la consistance d'un fruit vert et acide qu'il fallait mâcher longtemps mais dont le jus me rafraîchissait, j'aurai besoin d'une vie entière pour dire les goûts qu'ont eus mes silences d' enfance, qu'importe, lorsque j'ai commencé à traduire les livres d'Aharon, ils se sont fondus dans les siens "

Un grand merci Valérie Zenati pour tous ces mots.
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La langue et la littérature hébraïques ne sont pas comme les autres, et l'auteur israélien Aharon Appelfeld n'est pas comme les autres auteurs israéliens contemporains : il a acquis sa langue à l'adolescence, il a émigré en Israël après avoir traversé le génocide en Europe. Il y a peu d'oeuvres hébraïques célèbres écrites par des rescapés, qui ont plus souvent écrit dans les langues de l'exil : français (Wiesel), italien (Levi), yiddish (Sutzkever, Glatstein), allemand (Celan). de plus, le travail et la position du traducteur sont intéressants. Il est le passeur d'une langue à une autre, ni tout à fait écrivain, ni tout à fait technicien des langues. Il est dans une situation de discrétion ambiguë : l'auteur, sans lui, reste inaccessible, mais pour rendre l'auteur accessible, il lui faut se tenir en retrait.


Toutes ces raisons aiguisaient ma curiosité pour le livre de Valérie Zenatti, traductrice et amie d'Aharon Appelfeld. Mais son hommage à l'auteur et son témoignage sont un livre faux. Au lieu de décrire son travail de traductrice au centre des passages de langues et de voix, elle se place au milieu de la scène en étalant ses "ressentis" et ses "moi je" à longueur de pages. Sa sincérité est hors de doute, mais la sincérité n'est pas la vérité. Adaptatrice d'un romancier sobre, elle tartine sa prose informe, sans phrases syntaxiquement valables (ah ! l'abus de la virgule ! ah les constructions nominales ! ah le vocabulaire affectif dégoulinant !), où elle se décrit et se raconte. Appelfeld et son monde ne sont que le décor de sa subjectivité verbeuse. La syntaxe de la subjectivité est le contraire de celle de la pensée : elle juxtapose des émotions, des sensations, des idées à demi-formées (mais sincères), sous forme de listes sans queue ni tête. La traductrice n'a pas l'air de savoir que si l'on achète un livre d'Appelfeld en français, ce n'est pas pour lire Valérie Zenatti.


Bien sûr, c'est de la littérature "à coups de coeur", à savoir le contraire de l'entreprise d'Appelfeld. Les sentiments, ou les ressentis comme on dit ici, sont communs : le sentiment est banal par essence, démocratique et partagé. Quand la littérature s'en empare, elle le sort du cliché et du stéréotype par le style. C'est le style qui rend le sentiment unique, particulier, reconnaissable entre tous. C'est lui qui permet d'éviter la déplaisante rhétorique de la sincérité et de l'effusion, genre Bobin. C'est le style, le grand absent du livre de Valérie Zenatti (et de la plupart de ses collègues).
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Quelle splendeur que ce livre !
Voilà, c'est dit, et je souhaiterais presque n'ajouter aucun mot à ceux de Valérie Zenatti. Ils sont tellement beaux, sensibles, sincères, intimes qu'ils m'ont touchée au coeur et je sais que je garderai à jamais inscrite dans ma mémoire la toute dernière partie qui frise le sublime…
Valérie Zenatti est la traductrice du romancier et poète Aharon Appelfeld avec lequel elle a noué au fur et à mesure des traductions et des rencontres un lien extrêmement fort. Lorsqu'elle apprend sa mort le 4 janvier 2018, elle est sidérée, accablée, anéantie : elle perd un proche, un père, un ami, un amour, une âme-soeur, un double même peut-être. La veille de sa mort, le sachant très malade, elle a pris un billet pour Tel-Aviv et le lendemain, tandis qu'elle s'apprête à monter dans l'avion, elle découvre une alerte sur son téléphone portable. Aharon Appelfeld vient de mourir quelques jours avant son 86e anniversaire.
Après les obsèques et le retour en France, Valérie Zenatti ressent une incapacité profonde à se lancer dans une activité quelconque qui lui permettrait d'occuper son esprit. Elle se sent vide, abandonnée, perdue. « Je ne sais pas comment je vais vivre maintenant… je ne sais pas comment vivre sans Aharon. » Elle se replonge alors dans les interviews d'Aharon qu'elle peut trouver sur le net. Elle réentend sa voix, retrouve ses gestes, son regard, ses silences. Elle se perd dans ces images pour tenter de faire revivre ce double perdu et nous entraîne avec elle au plus près de cet homme qui vient de mourir. Elle rêve de lui, réécoute ses messages, compte le nombre de jours qu'il a vécus, se souvient de leurs échanges, des phrases qu'il a prononcées, des mots qu'il lui a glissés à l'oreille. Les personnages des livres qu'elle a traduits lui reviennent en mémoire : elle est eux, elle est lui.
Dépossédée d'elle-même, elle refuse tout d'abord de sortir de cet état comme pour rester avec lui, ne pas l'abandonner. Elle pense avec une profonde tristesse au prochain livre qu'elle traduira sans qu'elle puisse parler avec lui, sans pouvoir échanger sur ses sentiments, ses émotions.
Elle nous raconte l'existence incroyable de cet homme avec lequel elle ne fait qu'un : « Et ma voix s'est élevée pour traduire : Je suis né à Czernowitz en 1932. Et quelque chose en moi murmurait, je suis née à Czernowitz en 1932. » « On me dit que je lui ai donné ma voix en français, mais ce n'est pas tout à fait ma voix, c'est la sienne que je porte en moi et qui existe dans ma voix pour lui, pour le comprendre et le traduire, livre après livre, et pour toutes nos conversations silencieuses. »
Alors un jour, elle prend un avion pour Kiev, puis un train pour Czernowitz en Ukraine (jadis rattaché à la Roumanie) afin de se trouver le jour anniversaire d'Aharon Appelfeld, le 16 février 2018, là où il est né, là où il a vécu enfant, là où il a puisé à jamais les images qui peuplent ses livres. Peut-être le retrouvera-t-elle un peu dans les rues de cette ville et parviendra-t-elle à éprouver une certaine forme d'apaisement. Et si rien ne venait ? Si aucun signe de lui ne se manifestait ? Et si Aharon avait disparu à jamais ? Etait-ce possible ?
Je peux à peine parler de ces dernières pages sublimes sans que les larmes ne me montent aux yeux. Quelle pure beauté, quelle grâce… Quel magnifique texte sur les liens puissants qui peuvent unir un écrivain et sa traductrice.
Un très grand texte et, bien sûr, un hommage hors pair à un homme exceptionnel : Aharon Appelfeld.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Encore un gros coup de coeur!
Je connaissais Valérie Zenatti pour avoir lu et apprécié son livre: Jacob,Jacob,mais là ,elle m'a surprise par sa délicatesse et sa sensibilité. Avec beaucoup de pudeur ,elle nous émeut en nous racontant au travers ses mots la relation qu'elle avait avec ce grand écrivain Israélien :Aharon Appelfeld dont elle traduit les livres écrits en Hébreu.
Celui-ci est hospitalisé ,les médecins ne se prononcent pas,elle décide alors de se rendre à son chevet hélas dans le taxi qui la mène à l'aéroport via Tel -Aviv ,elle apprend sur son portable qu'il est décédé, un grand froid l'envahit et elle se met à trembler.
Par bribes,elle nous fait partager certains souvenirs.Une amitié sans faille,sincère, profonde se noue entre eux,une compréhension ,parfois sans paroles.Finalement elle se décide à aller sur les lieux de son enfance : un petit village en Ukraine: Czernowitz.
J'ai regretté que cette deuxième partie ne soit pas plus longue,plus développée, j'aurais voulu rester à ses côtés pour m'imprègner de ses impressions.
Je ne connais pas les livres d'Aharon Appelfeld ,mais grâce à Valérie Zenatti ,je vais lire son dernier ouvrage: des jours d'une stupéfiante clarté.A RECOMMANDER CHALEUREUSEMENT🌟🌟🌟🌟🌟
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critiques presse (1)
LePoint
22 janvier 2019
Dans son dernier livre, Valérie Zenatti rappelle l'importance qu'a eue l'écrivain israélien dans son existence. Un récit intime en forme d'ode à la vie [...] Ce livre à l'écriture tantôt élégante et pudique, tantôt fiévreuse et compulsive est un douloureux chemin du deuil.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Un petit bureau, une dernière page écrite, un stylo encore ouvert, des mots tracés à la main d'une écriture que je connais si bien, des lignes penchant de la droite vers la gauche, les derniers mots d'un écrivain sont déjà une relique, une adresse à ceux qui restent, ils ont sans doute la même importance que les millions de mots qu'il a écrits tout au long d'une vie mais ils prennent la valeur bouleversante de ce qui demeure interrompu et à jamais inachevé.

Page 20
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Aharon disait "l'écriture est une prière ou l'écriture est la musique de l'âme", cela venait de ce maître (Rabbi Nachman). Il s'est arrêté de lire, a attendu quelques longues secondes avant de me dire "Tu vois, je suis persuadé que Kafka avait lu cette histoire, il venait d'une famille juive assimilée, comme moi, mais je sens qu'il avait lu Rabbi Nachman, il avait intégré la culpabilité effroyable des innocents.

page 71
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Puis nous nous sommes mis à parler cette langue dans laquelle nous n'avions pas vécu, c'est-à-dire une langue dans laquelle nous n'avions pas découvert le monde ni été aimés, dans laquelle nous n'avions pas souffert non plus, et surtout dans laquelle n''étaient pas inscrits les silences de l' enfance. Nous nous sommes glissés dans l'hébreu comme dans des draps rugueux, dans une hospitalité qui créait grossièrement mais sûrement un espace involiable par le passé,dont on pouvait se donner l'illusion qu'il n'avait pas eu lieu.
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Je remonte par la rue Petrowicz, retrouve la rue Olga Kobylyanska, j’aime prononcer cette phrase, égrener les noms des rues et connaître les trajets qui mènent de l’une à l’autre, j’aime que ta ville me soit si familière, Aharon. Ici, la nuit de ta mort a rejoint celle de ta naissance, la nuit des paroles oubliées a rejoint celle du silence, son immensité immobile, j’aime que nos enfances soient ainsi mélangées, et pas seulement nos enfances mais les traces qu’elles ont laissées en nous, vivantes, ne demandant qu’à prendre des formes nouvelles au contact des mots, des images qui nous traversaient, des découvertes que nous faisions, en retournant vers ta ville,
en la quittant, en y revenant encore, tu m’as enseigné la fidélité à soi-même
et la liberté, tissées dans un même geste, un même corps, l’adulte pouvait
rejoindre l’enfant et l’enfant rejoindre l’adulte, la vie était tout sauf figée,
elle était plus que jamais mouvement, voilà, c’est peut-être l’image que je
cherche depuis ta disparition, elle est un peu floue puisqu’il s’agit d’un
mouvement, celui que je te dois, celui qui donne du courage, qui fait que
l’on ne reste pas pétrifiés dans le passé mais au contraire vivants, portant en
nous tout ce que la vie a déposé, et innocents encore, capables d’aimer, de
croire à l’amour et de lancer un regard circulaire sur chaque jour, effleurant
à la fois l’instant et la parcelle d’éternité contenue dans cet instant, je te dois
cela, oui, la conscience aiguë du dérisoire et du sacré de nos vies.
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Ce silence, comme un abri vital, seul lieu possible pour celui qui est blessé, il a su un jour que c'était lui qu'il voulait habiter, il ne voulait pas lutter contre ce qui le traversait, il lui fallait tendre l'oreille à ce qu'avait emmagasiné le petit garçon né à Czernowitz qui avait entendu le cri de sa mère assassinée par les nazis, et la résonnance de la Catastrophe était si grande qu'il lui fallait bien quarante-cinq livres et une vie vouée à ce silence pour lui permettre d'être avec les siens, avec lui-même, pour chercher en lui le monde englouti, lui donner présence, forme, visage, voix, vie et je sens trembler dans mon corps l'écho de cette nécessité, (..) taisez vous, taisez-vous tous, je veux sentir l'onde de choc de la déflagration et tenter de saisir ce qui a été construit, détruit, ce qui est encore là.
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Videos de Valérie Zenatti (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Valérie Zenatti
Dans Qui-vive, la narratrice, Mathilde, semble perdre pied dans un monde toujours plus violent et indéchiffrable. Perdant le sommeil, puis le sens du toucher, elle s'arrime à des bribes de lumière des feuillets retrouvés à la mort de son grand-père, une vidéo de Leonard Cohen à Jérusalem, les réflexions douces-amères de sa fille adolescente et décide subitement de partir en Israël pour tenter de rencontrer ce qui la hante. de Tel-Aviv à Capharnaüm puis à Jérusalem, ses rencontres avec des inconnus ne font qu'approfondir le mystère. Trajectoire d'une femme qui cherche à retrouver la foi, ce roman initiatique interroge avec délicatesse le sens d'une vie au sein d'un monde plongé dans le chaos.
À l'occasion de ce grand entretien, l'autrice reviendra sur son oeuvre d'écrivaine où l'enfance et la guerre tiennent une place particulière, ainsi que sur son travail de traductrice.
Valérie Zenatti est l'autrice d'une oeuvre adulte et jeunesse prolifique. Elle reçoit en 2015 le prix du Livre Inter pour son quatrième roman, Jacob, Jacob (L'Olivier, 2014), et le prix France Télévisions pour son essai Dans le faisceau des vivants (L'Olivier, 2019). Son premier roman adulte, En retard pour la guerre (L'Olivier, 2006) est adapté au cinéma par Alain Tasma et réédité en 2021. Elle est également la traductrice en France d'Aharon Appelfeld, décédé en 2018, dont elle a traduit plus d'une dizaine de livres.
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