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EAN : 9782253934554
216 pages
Le Livre de Poche (08/01/2020)
4.09/5   83 notes
Résumé :
Résumé
La Chapelle-Meyniac, 1961. Pour Hannah, 10 ans, le quotidien s'égrène avec bonheur auprès de sa famille, ses copains d'école, la maîtresse vacharde, et surtout son adorable grand-père, gentiment anarchiste. Alors que l'ouverture d'une maison close crée du rififi dans le voisinage, Hannah fait d'étranges découvertes sur sa mère qu'elle a à peine connue...
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Il est de surprenantes rencontres inattendues qui , finalement , débouchent sur de belles surprises . " Picorant " toujours de-ci , de -là , des idées de lecture , mes recherches m'ont conduit vers la sélection du livre de poche puis , pour approfondir , vers les avis toujours éclairés des amies et amis babeliotes....Renseignements pris , j'ai " jeté mon dévolu "sur un " petit " roman dont la délicieuse couverture m'a interpellé au point de m'interdire de reposer ce livre dans le rayon d'où je l'avais extrait . Je vous laisse juges mais , sincèrement, qu'est- ce qu'il est beau , malicieux , touchant ce visage au regard si plein de joie de vivre ...Et que dire de ces poings placés avec fermeté et aplomb sur les hanches . L'autorité assumée . Hannah , sans doute? ....Gagné ! C'est elle et , franchement , je dirais même que c'est bien elle ....vraiment elle ...
Hannah a onze ans lorsqu'elle revient dans son village de Dordogne , guérie de la tuberculose aprés un séjour de 3 ans dans un sanatorium des Pyrénées.
Là , elle retrouve son père, son grand- père Jiminio et sa grand- mère Martha. Dés lors , nous allons vivre avec elle des aventures dignes de " la guerre des boutons " entre ceux du " haut " et " ceux " du bas .Hannah, dans un langage " fleuri" ( trop parfois ) nous relate tous les faits et gestes d'une bande de gamins comme les villages en regorgeaient à cette époque bien révolue désormais, nous conduit à l'école et même...à la découverte d'une " maison de tolérance " dont la construction aux abords du village , suscite bien des interrogations , bien des critiques de la part d'une gent féminine déjà naturellement prompte à semer l'émoi : du caviar pour certaines bigotes au passé pourtant... pas toujours ....bon , vous voyez ce que je veux dire ...Les hommes , eux , beaucoup plus " mesurés " car ...intéressés se montrent naturellement plus discrets et plus évasifs sur leurs propres sentiments quant à " la chose " . Prenez les enfants, prenez les adultes , secouez -moi bien tout ça et ..." Bienvenue à Clochemerle " . Les hostilités sont déclarées et on se prend au jeu , menés par le bout du nez par une gamine espiègle et attachante de 11 ans .
Oui , attachante ...et même beaucoup plus , en fait , car cette gamine au phrasé de " titi parisien" , à la gouaille incroyable porte de lourds secrets et son coeur n'est en rien " aride " , au contraire .
Sous un aspect plutôt agréable, sympa , désinvolte, ce roman aborde en fait de nombreux problèmes sociaux , moraux , remue encore avec force les rancoeurs d'une guerre qui , si elle s'estompe , n'en continue pas moins à souffler sur des braises encore vives et intenses .
Auprès de ses deux " anges gardiens " , Martha , qui devine tout et Jimino, sorte de Michel Simon du " vieil homme et l'enfant " , Hannah va tenter de percer les mystères qui hantent ses premières années pour construire sa vie future , pour se construire ....
C'est un premier roman intelligent dont " l'angle d'attaque " ,si je puis m'exprimer ainsi , est original et vraiment plaisant , un joli livre qui rapporte bien , me semble - t - il , une ambiance rurale du début des années 60 avec , d'un côté, le poids des pires défauts de l'occupation et , de l'autre , l'incertitude de l'avenir et l'émergence d'autres tares qui n'ont fait que s'amplifier jusqu'à aujourd'hui , hélas. . Une sorte de transition , en quelque sorte .
Bienvenue à La Chapelle -Meyniac , en Dordogne ( quel superbe département ) en 1961....."Moi , Hannah, je vais vous faire visiter . On y va ? Et faites gaffe en marchant , on se casse facilement la g.... dans des trous , ici , surtout si on raconte certaines choses sur l'un , sur l'autre ..."
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Quand un écrivain quadragénaire se glisse dans la peau d'une petite fille, ça donne un petit bijou de roman...
Déjà,  imaginer l'homme dans le costume de la fille enfant, c'est surprenant, mais en plus, quand le costume lui va comme un gant...
1961, Sanatorium de Gavarnie, Hannah, 10 ans, apprend qu'elle est guérie de la tuberculose.....dont elle n'a, en fait, jamais souffert. 3 ans à vivre loin de sa famille et ses amis. La voici donc de retour dans sa chère Dordogne.
Hannah se raconte, elle nous fait vivre ses émotions,  ses découvertes,  ses interrogations, ses angoisses, ses chagrins et ses rires. Elle nous raconte ses proches, ses amis. Elle nous raconte son village, les querelles, les rivalités,  les amitiés, les inimitiés, la petite et la grande histoire. A travers ses yeux d'enfant et avec ses mots, elle nous parle de politique, de religion, de sexualité,  de racisme aussi, des travers de notre société.  Elle nous régale avec son langage fleuri. Ah ! Les surnoms...un délice.  Et puis il y a un côté "guerre des boutons" savoureux.
C'est drôle,  c'est tendre, c'est....un merveilleux plaisir de lecture.
J'ai rencontré Laurent Malot lors d'un salon cet été, un salon du polar, mais comme j'avais déjà fait le plein de ce côté-là,  je lui ai demandé de m'étonner avec un roman d'un autre style qui me permettrait de découvrir son écriture, sans hésiter il m'a tendu et dédicacé de la part d'Hannah. Il a eu raison,  Il savait que ce roman allait me toucher.

 
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Hannah apprend à l'âge de 10 ans qu'elle va pouvoir rentrer chez elle après avoir passée 3 ans au sanatorium pour rien. Ce n'est pas qu'elle est guérie, elle n'a jamais eu la tuberculose. Elle ne le prend pas bien et on peut la comprendre, pendant cette période elle s'est retrouvée loin de des amis et de sa famille. C'est Jimino son grand père qui vient la chercher pour la conduire dans son village de Dordogne. Elle va vivre avec Jimino et y retrouver son père. Cette petite fille au caractère bien trempé, va nous faire vivre sa vie avec sa réintégration à l'école, ses amis, la vie au village avec l'ouverture d'une maison close et avec les rumeurs qui circule sur sa mère,… avec ses mots son langage. La vie ne l'a pas épargné, une mère qui est partie et dont elle n'a pas de souvenir, un père qui après avoir reçu une lettre de l'armée pour lui dire de se présenter à la caserne pour aller servir en Algérie, préfère déserter et l'abandonner. Mais Hannah va chercher la vérité et se construire. Elle est forte et n'a jamais baissé les bras face aux épreuves de la vie.
Laurent Malot a su aborder avec un style fluide de nombreux thèmes et messages à travers le personnage d'Hannah. On s'attache facilement à cette petite fille qui vit des moments difficiles mais qui ne perd rien de sa spontanéité et de son espièglerie.
Un livre trouvé dans une boite à livres de ma ville. La couverture avec la photo de cette petite fille m'a donné envie de le lire. Je ne connaissais pas l'auteur, je n'ai même pas lu la 4ème de couverture. Ce livre m'a attiré et je n'ai aucun regret de m'avoir laissé porter au fil des pages car c'est une belle découverte.
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C'est le deuxième roman que je lis de la sélection de février pour le Prix des Lecteurs du Livre de Poche. J'avais vu passer ce roman sur les réseaux sociaux lorsqu'il était sorti en grand format aux éditions Robert Laffont. le résumé m'avait intriguée et j'avais envie de découvrir l'histoire d'Hannah.

Et la découverte fut bonne. J'ai aimé cette petite Hannah, une petite fille de 10 ans. On est en 1961, Hannah est dans un sanatorium dans les Pyrénées car elle est atteinte de tuberculose, enfin c'est ce qu'on lui dit depuis trois ans. Convoquée un matin par les médecins, elle apprend qu'elle est guérie et qu'elle va quitter le centre pour rejoindre son domicile. La surprise est de taille pour elle. Elle rejoint donc son petit village, situé en Dordogne, où elle vit avec son père chez son grand-père. Sa mère est partie lorsqu'elle avait deux ans et n'a jamais redonné de nouvelles depuis. Elle va retourner à l'école, se faire de nouveaux amis, elle va devoir apprendre à se réintégrer à tout ce monde. Comme dans tout village, les commérages vont bon train. Une maison close vient d'ouvrir, rien de tel pour alimenter les langues de vipère. Hannah va faire les frais de ces paroles, elle ne connait pas l'histoire de sa mère, elle va l'apprendre justement à cause de mauvaises paroles prononcées et elle cherchera à apprendre la vérité.
Au fur et à mesure qu'on avance dans le livre, on en apprend un peu plus sur Hannah et son histoire familiale. En plus, on est dans un contexte politique difficile, avec la guerre d'Algérie qui fait rage, le père d'Hannah ne voudra pas y partir. En 1961, on n'est pas loin de la fin de la seconde guerre mondiale, les conséquences de celle-ci se font encore sentir dans le pays, les Allemands ne sont pas appréciés, et les Juifs non plus, à qui certains reprochent justement la guerre. Pas facile pour une petite fille de grandir dans une telle atmosphère, surtout quand les rumeurs qu'on entend concernent votre propre mère.

Hannah est une petite fille pleine de dynamisme, comme beaucoup d'enfants de cet âge. Elle est insouciante, mais les épreuves de la vie l'ont déjà rendue mature dans sa façon de penser. Sa quête de vérité est loin d'être facile avec un grand-père qui parle peu et une grand-mère qui esquive les questions. C'est comme ça qu'elle va apprendre des choses via la parole des autres et celle-ci n'est pas toujours bienveillante.
J'ai beaucoup aimé suivre cette fillette et j'ai apprécié les thèmes abordés par l'auteur dans ce livre. Des thèmes importants qui méritent toujours d'être cités dans un roman, pour ne pas oublier les faits historiques, pour comprendre la réaction des gens vis-à-vis d'eux. J'ai aussi aimé les autres personnages, les grands-parents d'Hannah, sa copine Sarah, ils amènent du relief à l'histoire, ont chacun leurs problématiques. J'ai aussi apprécié la façon dont Laurent Malot parle de la société, et surtout de la vie des habitants d'un village dans les années 60. On commence à sentir le changement de comportement des gens, leur désir de liberté, de bouleverser les vieux schémas. L'auteur appuie aussi sur les rumeurs et les dégâts qu'elles peuvent faire, surtout chez les enfants, qui entendent plusieurs sons de cloches, les parents qui bien souvent à cette époque ne leur expliquaient rien et leur disaient souvent qu'ils comprendraient quand ils seraient plus grands. de quoi bien alimenter l'imaginaire des enfants qui se font alors des films parfois plus graves que la vérité.

L'attachement à la fillette se fait vite, grâce au choix narratif de l'auteur. Il a employé la première personne du singulier pour raconter l'histoire. Ce « je » permet ainsi de se mettre mieux à la place du personnage principal, de ressentir au plus près ce qu'elle vit et de connaître la moindre de ses pensées. C'est un procédé que j'aime beaucoup retrouver dans les romans. Il rend le climat de la narration plus intimiste. Mon seul bémol, ce serait la manière de parler d'Hannah. L'auteur emploie l'argot, il fait parler Hannah avec une gouaille digne des films de Michel Audiard. Cela ne me gêne généralement pas dans mes lectures, je trouve même que ce style apporte une dose d'humour et permet de dédramatiser des scènes plus tristes. Mon seul souci ici, c'est que j'ai trouvé que c'était un peu trop pour une fillette de dix ans au début des années 60. J'aurais plus vu à la place d'Hannah un garçon d'une quinzaine d'années vivant en ville. le langage est beaucoup plus typé « ville » que campagne. Je n'arrivais pas à m'imaginer de telles phrases et de tels mots dans la bouche d'une petite fille, ce qui, du coup, ne me permettait pas de la visualiser. Je pense que c'est à cause de cela que je ne suis pas arrivée à m'attacher entièrement à Hannah. Pour moi, ce style de langage était trop accentué. Par contre, j'ai ressenti plus de sensations à partir du moment où certaines révélations arrivent. Elles créent d'ailleurs un petit suspense, qui fait que j'ai occulté la façon de parler pour ne penser qu'aux événements qui arrivaient dans la vie de Hannah. Je ne peux en dire plus, mais ces faits m'ont tenue en haleine jusqu'à la fin. Cette fin d'ailleurs où on retrouve Hannah treize ans plus tard, elle a grandi, changé, et raconte ce qui lui est arrivé pendant ces années. le langage à ce moment est totalement différent, c'est celui d'une adulte, elle explique d'ailleurs qu'elle a dû travailler son français pour mieux s'exprimer. Et ça, j'ai plutôt appécié que l'auteur souligne ceci. Ceci dit, j'ai trouvé que l'auteur se mettait très bien dans la peau d'une petite fille, avec ses pensées, ses premiers émois, ses querelles avec les autres filles et garçons de son âge. Pour moi, cet exercice me semble assez difficile, et Laurent Malot l'a réussi avec brio.
J'ai beaucoup aimé ce final, porteur d'espoir, qui tire les leçons sur tout ce qui s'est passé durant le livre, sur la lourdeur des secrets et des silences. Cette histoire est une belle leçon de vie, avec de beaux messages où chacun peut se reconnaître.
Dans l'ensemble, c'est une lecture que j'ai appréciée, avec laquelle j'ai passé un bon moment, où les émotions diverses étaient au rendez-vous ; j'ai souvent souri, par les réflexions et les actes, j'ai souvent été émue aussi par les différents personnages et leurs vies. Pour son insouciance et sa légèreté, j'ai souvent pensé au film La guerre des boutons en lisant certaines scènes où les enfants font des blagues un peu folles. C'est un film qui me fait toujours sourire, même en l'ayant vu plusieurs fois.
Ce livre restera un bon moment, et me restera sûrement en mémoire. Il s'est lu assez vite, il faut dire qu'il n'est pas non plus très gros. J'ai découvert la plume de Laurent Malot avec ce livre et j'en suis ravie, je vais le suivre de près, j'ai vu dans sa bibliographie qu'il a écrit un thriller, L'abbaye blanche, qui se passe dans la région où j'habite, le Jura, et du coup cela m'attire encore plus.
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C'est avec grand plaisir que j'ai replongé dans la plume insouciante de Laurent Malot.
Auteur que j'ai rencontré au Salon du Livre de Paris, que je ne connaissais pas du tout. J'étais juste tombée sur Booknode sur la sortie de son livre Lucky Losers. Rien que le titre et la photo m'avait plus. Et j'ai eu un coup de coeur. Alors quoi de plus logique de lire les premiers romans.
De la part d'Hannah, c'est l'histoire d'une petite fille de 10 ans au début des années 60. La Seconde Guerre Mondiale est encore dans les mémoires et la Guerre d'Algérie se profile. A travers son regard angélique et insouciant, Laurent Malot nous offre une histoire merveilleuse, touchante et bourrée d'humour.
Hannah, intrépide, sans langue de bois, drôle nous parle de sa « maladie », de sa famille « atypique », de sa recherche d'identité tout en observant et jugeant les cancans du village et ses conséquences. Village refermé où l'actualité n'arrive pas vraiment à bon port, où l'on reste sur ses préjugés et ses intolérances.
Laurent Malot tape fort avec son premier roman sur la racisme, la stupidité, la méchanceté des personnes aux visions étriqués. Mais avec la gouaille d'Hannah il le fait avec beaucoup d'humour et de sagesse. L'héroïne ne mâche pas ses mots mais on lui pardonne tout. Elle est si adorable.
Comme avec Lucky Losers, un message fort véhiculé à travers les yeux de la jeunesse. Chapeau l'artiste.
J'ai ri aux éclats, j'ai eu la larme à l'oeil, j'ai kiffé grave. On reconnait la pâte Laurent Malot pour notre plus grand plaisir. Je signe pour ses autres romans avec grand plaisir.
Pour compléter sa bibliographie, je dois me pencher sur son Thriller. Intéressant un auteur touche à tout. Mais j'ai très peur de m'y perdre et de ne pas reconnaitre l'auteur. de la part d'Hannah et Lucky Losers sont pour moi des romans intergénérationnels, destinés autant aux adolescents et adultes. Et en plus deux coup de coeur. J'ai peur d'être déçue mais bon, affaire à suivre.
Un coup de coeur pour Hannah et Laurent Malot !
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
- Parfaitement ! a répondu le Baron qui avait l'air d'avoir un coup dans le nez. C'est sûrement pas vos cuisses qu'on a envie de tâter ! Nous ce qu'on aime, c'est la soie et la dentelle, les couleurs qui font rêver, les parfums qui donnent envie de partir à l'autre bout du monde. On a aussi un petit faible pour les ronds de jambe et la galipette, ce que vous autres, vieilles carnes, appelez du vice. Si seulement, un jour, vous aviez su jouer de certains instruments ou simplement osé porter une tenue un peu affriolante, vous auriez le droit de causer, mais l'art de la culbute vous étant aussi étranger que la vie militaire ou le cancer de la prostate, je me permet de vous donner un conseil, celui de fermer vos claque-merdes !
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Savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va. Quoi qu'il arrive, quelles que soient les difficultés, je me suis fait la promesse de ne jamais rien cacher à l'enfant que je vais mettre au monde, ni à ceux qui suivront, parce que la vie se construit sur des réalités, aussi dures soient- elles, et non sur des mensonges. Et si ça sonne comme un conseil de vieux con, franchement, je m'en fous, c'est ma vie, j'en tire les conclusions que je veux!
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- Y a des putes au village! a dit Victor comme s'il fallait absolument que je sois au courant.
Jules et Françoise ont rigolé, normal, c'est des petits, mais les autres avaient l'air de prendre ça au sérieux comme s'il y avait la guerre.
- Le père à Bonbonne ya été samedi ! a cafté Louison, la pire teigne de la récré.
Bonbonne était juste derrière et lui a collé une baffe en disant que c'était pas vrai. Elle a valsé deux mètres plus loin, mais les baffes, avec ses deux frères, elle connaissait que ça, et celles de Bonbonne, même s'il faisaít trois fois son poids, elle les encaissait sans sourciller.
- Même que sa mère l'a cogné avec une poêle quand il est rentré! elle a ajouté.
J'ai regardé Bonbonne et j'ai vu à sa tête que c'était vrai. Je me suis demandé s'il avait honte parce que son père était allé aux putes ou parce que sa mère était le chef à la maison. J'ai imaginé Mme Beuzier, la grâce d'un buffle en tutu, attendant son mari au milieu de la nuit pour l'assommer avec une poêle, et je me suis dit que j'étais rentrée au bon moment.
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- Ça n'est pas dans son intérêt de se cacher.
- Et c'est quoi son intérêt ? D'aller se faire tuer dans le désert pour défendre ceux des riches propriétaires ? Allez-y, vous, si ça vous chante, tirez sur tout ce qui bouge et ramenez des médailles à la France, vous aurez un enterrement de première classe, la sonnerie aux morts et peut-être même le ministre au garde-à-vous pour verser des larmes de crocodile !
- Si l'on m'avait donné l'ordre d'aller me battre, j'y serais allé. Je préfère mourir en patriote qu'en lâche. Mais ça reste personnel, monsieur Saumur, vous avez le droit d'avoir vos opinions.
- Exactement, et vous concernant, mon opinion est que je n'aurais pas aimé être votre voisin pendant la guerre.
- Et pourquoi ça ?
- Parce que au nom du patriotisme, vous auriez été foutu de me dénoncer quand j'allais saboter des rails ou faire sauter des réservoirs allemands!
- Vous me traitez de collabo?
- Juste de bon Français , les mains propres et la conscience tranquille ! Faites votre devoir, la nation est fière de vous !
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- Tu nas jamais eu la tuberculose, Hannah.
J'ai rien compris. J'étais pourtant pas folle, on m'avait bien envoyée là parce que je toussais comme une dingue et que deux ou trois fois j'avaiscrachédu sang !
-Il y a de fortes chances que tu n'aies fait qu'une coqueluche. Tu as aussi un foyer d'asthme, mais rien qui justifie de te garder ici.
Ma colère a jailli comme un geyser.
- Alors pourquoi on m'a collée ici pendant trois ans si j'étais pas tubarde? J'ai une famille, moi, j'ai un père, jai Jimino qui voudrait bien venir mais qui peut pas parce que ça coûte trop cher! Dites-moi ce que ie fais ici si je suis pas malade!
Je crois qu'à la fin, j'ai fini par gueuler. Tintouin a regardé Kaminski avec son air de faux cul qui voulait dire: «Je t'avais prévenu quil fallait la boucler, maintenant, démerde-toi avec la môme. » Sauf que moi, je les mettais dans le même sac. J'aimais bien les Pyrénées, mais pas pour y passer trois ans ! Surtout que c'était pas un quatre-étoiles, le Sanatorium des Loups : on bouffait toujours la même chose, les chambres étaient glaciales, fallait pas faire de bruit à cause des vieux qui avaient besoin de se reposer! En plus, j'en avais jamais vu, des loups ! Comme quoi, c'était bien un sana de branques! Trois ans là-bas pour rien, sans savoir si j'allais sortir un jour. Parce que la tuberculose, on peut se la garder un bout de temps. Et ceux de la ville qui nous appelaient les rebuts ! A chaque fois qu'on sortait du sana, on y avait droit, «Tiens, les rebuts sont de sortie !» Ou alors: «Ça va, les rebuts, vous êtes pas encore morts?» Des fois, on en coincait un pour lui coller une danse, ça compensait. Et on lui toussait à la gueule, des fois qu'on le contamine et qu'il soit obligé de venir vivre au sana. Même le curé et les bonne sœurs nous faisant sentir qu'on n'était pas pareils. Le père Loustalet était venu nous dire une messe rien que pour nous, parce qu'il ne voulait pas qu'on descende dans son église pourrie et qu'on refile la tuberculose à ses ouailles. On s'en connaît, nous, de sa messe. Il nous prenait pour des traînes-lattes alors qu'on était juste malades. Totalement, comme la veille on avait bouffé coup sur coup brocolis et choux de Bruxelles, on s'est mis d'accord pour lâcher un maximum de perles. Au début en silence, pour ne pas se faire repérer, et puis après on s'en foutait, on pétait comme des diables. Si bien que Loustalet à abrégé son sermon et à jamais refouttu les pieds au sana !
Tout ça pour dire que si j'y avais passé trois ans juste parce que les toubibs s'étaient gourés, y avait de quoi l'avoir mauvaise !
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Dans le quartier endormi d'une petite ville du Jura, Monsieur Antoine vient d'emmenager. Avec sa fantaisie et sa gentillesse, il apporte un vent de fraicheur. Mais qui est-il réellement ? Quels secrets cache-t-il derrière sa bonne humeur ? Avec sensibilité et justesse, dans ce nouveau roman, Laurent Malot nous parle de regrets mais aussi de rédemption, d'amitié et d'espérance.
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