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EAN : 9782253048299
604 pages
Le Livre de Poche (05/05/1989)
4.13/5   741 notes
Résumé :
" Ceci est l'histoire de ma mère, la princesse Selma, née dans un palais d'Istanbul.
" Ce pourrait être le début d'un conte ; c'est une histoire authentique qui commence en 1918 à la cour du dernier sultan de l'Empire ottoman. Selma a sept ans quand elle voit s'écrouler cet empire. Condamnée à l'exil, la famille impériale s'installe au Liban. Selma, qui a perdu à la fois son pays et son père, y sera " la princesse aux bas reprisés ". C'est à Beyrouth qu'elle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (78) Voir plus Ajouter une critique
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Kenizé Mourad signe une incursion passionnante dans les coutumes orientales et dans l'histoire politique de l'indépendance de la Turquie. Le langage vif et imagé incarne la chaleur et le vent du Bosphore, les couleurs appétissantes des marchés, le parfum capiteux des glycines et les feuillages de cuivre qui bordent les chemins de pierre.

L'empire ottoman est en pleine débâcle face aux puissances occidentales. Les femmes, brimées par tant d'interdits, rêvent de liberté, mais le poids des convenances et des traditions est écrasant.
On se prend de sympathie pour Selma la petite sultane effarouchée qui s'ennuie dans la vie de palais et qui s'intéresse à la culture de son pays et à son avenir.
On perçoit la Turquie des années 20 à travers ses yeux de petite fille face à l'occupation par l'ennemi. Elle vit le démembrement de son pays, les trahisons, la peur, et pourtant son besoin de liberté est plus fort que tout car elle sent qu'elle est faite pour un grand destin.
L'exil au Liban est un tournant mais aussi une épreuve. Selma se retrouve séparée de son père et en tant que musulmane elle doit essuyer le mépris des chrétiens, elle devient pauvre quand elle a toujours vécu dans l'opulence et subira la pression de devoir se trouver un mari.
Le passage dans les Indes marquera les jeux de pouvoir et d'argent auxquels il faut se soumettre ainsi que la notion très particulière de castes qui régit la société depuis des millénaires. Le racisme envers les musulmans, la lutte pour l'indépendance, Selma se battra pour aider à améliorer la condition des femmes, seul moyen de se sentir utile face à l'oppression.

Elle connaîtra le mariage, l'amour, la haine mais se battra surtout pour son besoin incommensurable d'être libre.
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Selma, naît en 1911 à Istambul. Elle est la petite-fille du sultan
Mourad V . Elle admire beaucoup sa mère, la sultane Hatidjé et elle aime beaucoup son père.
Elle rêve de voyager en Europe car elle admire beaucoup l'Occident. On retrouve l'ambiance du roman de Pierre Loti, " Les désenchantées" où la culture française était bien présente dans les palais d'Istambul.
A la fin de la première guerre mondiale, les puissances européennes rejettent le dernier sultan.
Hatidjé sultane est obligée de partir au Liban.
Selma est inconsolable car son père ne les accompagne pas.
A 7 ans, elle fréquente l'école où elle se sent étrangère et seule. Elle y découvre cependant l'amitié.
Adolescente, elle découvre l'amour mais déçue, elle épouse , sans le connaître, Amir, le radjah de Badalpur.
En Inde, elle vit dans cette famille musulmane où elle retrouve le faste mais aussi la rigueur et l'étouffement.
L'Inde est secouée par les violences qui précèdent la fin de l'empire britannique et elle va accoucher d'une petite fille à Paris loin de ces tumultes.
Elle y rencontre la liberté, l'amour, la guerre et une fin prématurée comme nous l'annonce le titre.
Sa fille, née en France, devenue adulte choisira de faire revivre sa mère, cette princesse oubliée et morte beaucoup trop tôt.
Kenizé Mourad , du nom de son grand-père, a fait des études de sociologie et de psychologie à la Sorbonne. Reporter au Moyen-orient pour Le Nouvel Observateur, elle a obtenu le prix des lectrices du magazine"Elle" en 1988.
J'avais lu le livre au début des années 1990 et avais été troublée par le destin de cette petite princesse Selma qui avait vécu la fin de l'empire ottoman, la vie au Liban sous la conduite française , la fin de l'empire britannique des Indes , le début de la deuxième guerre mondiale en France et tout cela en 29 ans d'existence.
Je viens de le relire avec autant d'enthousiasme tout en constatant que l'écriture est un peu édulcorée, conventionnelle par rapport à ce qu'on peut lire aujourd'hui.
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Qui n'a jamais rêvé des princesses ottomanes, de leurs palais somptueux à Istanbul, le long du Bosphore aux reflets d'or ?
Kénizé Mourad est la fille d'une authentique princesse, qu'elle n'a pas connue puisqu'elle est morte quand elle était encore un bébé, et elle imagine ce qu'a été la vie de sa maman, après avoir effectué une recherche minutieuse dans des documents officiels et privés.

Avec ce roman – enfin, non, cette histoire « réelle imaginée et romancée » - , nous côtoyons ce monde fermé des sultanes protégées par leurs eunuques, n'ayant pour toute occupation que de choisir bijoux et soieries, et de recevoir avec somptuosité leurs invités.
Du moins, je parle ici de la 1e partie du livre.
Car Selma, c'est elle le personnage principal, nait dans ce palais des mille et une nuits mais n'y restera que moins de dix ans. En effet, la Turquie est en plein chamboulement, et Mustapha Kemal en fera une république en 1923. Terminée l'occupation par les Alliés de la Première guerre mondiale ! Et sous ce nouveau régime, les sultans sont priés de déguerpir.

Nous suivons cette belle petite Selma tout au long de son exil, qui commence à Beyrouth, la ville aux multiples plaisirs, douce et indolente. Puis nous embarquons avec elle dans le paquebot pour les Indes, où elle se mariera avec le rajah de Badalpour. Et enfin, nous l'accompagnons à Paris, où elle fuit un destin où les femmes sont brimées, fussent-elles princesses, et où elle mourra à vingt-neuf ans.

Cette histoire foisonne d'anecdotes et m'a complètement dépaysée. Transportée dans ces pays d'Orient, j'ai pris connaissance de la façon de vivre, de la politique (c'est l'époque des colonisateurs anglais qui veulent garder leur prédominance, de Gandhi, des guerres entre musulmans et hindous), de la religion, de l'éducation, du droit des femmes.
J'ai partagé les états d'âme de Selma, qui est en perpétuelle recherche d'elle-même, divisée entre la tradition et sa propre individualité, ayant au fond d'elle une blessure, celle d'avoir été abandonnée par son père, et éduquée par une mère aimante mais froide.

Cette princesse morte a donc revécu ici le temps de 600 pages. C'est foisonnant, vivant, coloré, quoiqu'un peu long.
Alors, la Turquie, le Liban ou la France ? Si vous n'arrivez pas à choisir la destination de votre prochain voyage, embarquez-vous ici-même, vous aurez tout à la fois, y compris le dépaysement vers une époque lointaine, celle du deuxième quart du vingtième siècle.
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Selma m'a fait voyager dans sa vie et dans des pays de rêves. Ce roman captivant ne laisse aucun temps mort, on est pris dans, non pas le feu mais la douceur, du récit. Complètement absorbé par l'histoire de cette petite princesse coupée de ses racines, exilée, incomprise, on la suit aveuglement dans son parcours insolite. D'ailleurs, ce qui commence comme un conte de fée devient vite un quotidien d'angoisse et d'incertitudes. La pauvreté remplace le faste et l'inquiétude chasse l'insouciance des beaux jours. J'ai à peine eu le temps de savourer les détails de la vie d'une Sultane dans un palais ottoman « le haramlek » et ses intrigues que tout est chamboulé.
Ce roman est une valse non à trois temps mais à quatre : Istanbul, Beyrouth, les Indes et enfin Paris. La plume de Kenizé Mourad est envoûtante, pleine d'émotions et de douceur. On se rêve dans les palais majestueux des mille et une nuits.
La fin est si triste que j'en ai pleuré, je n'en dirais pas plus. Je préfère vous laisser découvrir ce petit bijou qui est devenu mon grand coup de coeur. On ne se lasse pas de relire des passages rien que pour savourer les instants magiques.
Confidence : je me suis empressée d'acheter la suite « le jardin de Badalpour ».

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Avec "De la part de la princesse morte", Kénizé Mourad signe non seulement la biographie romancée de sa mère, princesse ottomane qui lui aura donné la vie mais qu'elle n'aura pas connue bien longtemps, mais encore et surtout, elle publie aux yeux du monde un hommage vibrant qui a tout l'éclat d'une réhabilitation. La mémoire ne peut que vivre lorsqu'elle est servie par une plume talentueuse.

Quand les empires s'écroulent, ils sont nombreux ceux qui tombent avec eux dans l'oubli et sont balayés par L Histoire en marche. Dans le fracas des armes ou les chuchotements des ministères. Déchéance, exil, abandon... tombés de leurs piédestaux, les puissants aux pieds d'argile deviennent le jouet de la politique ; dans le meilleur des cas ils se vendent au plus offrant pour sauver de la ruine les débris de leur gloire, dans le pire des cas, devenus boucs-émissaires, ils s'enfoncent dans l'oubli sans susciter de compassion. A moins que le pire soit le meilleur ?

De 1918 à 1941, d'Istamboul à Paris en passant par le Liban sous mandat français et les Indes sous domination anglaise, Selma Raouf Mourad, petite-fille d'un des derniers sultans du gigantesque Empire ottoman, est racontée par sa fille qui, sur la base d'une documentation pointue, donne libre cours à son imagination pour offrir aux yeux émerveillés des lecteurs le faste des cours impériales d'orient. D'un trait précis, d'une verve sans mièvrerie, elle prête vie à des lieux, à des atmosphères, à des civilisations, à des traditions séculaires, à des personnages, réels pour la plupart. On s'y croirait. le réalisme de la narration immerge dans le récit et, peu à peu, l'émotion gagne au spectacle du destin hors du commun de cette jeune sultane déchue.

Pourtant, malgré les vrais atouts de ce roman, il m'aura manqué un petit quelque chose pour entrer pleinement en empathie avec Selma dont le tempérament d'élite, très bien rendu par l'auteure, m'aura retenue au bord du gouffre de l'émotion. "De la part de la princesse morte" restera cependant une belle lecture marquante.


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Challenge MULTI-DEFIS 2020
Challenge PLUMES FEMININES 2020
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Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Une forte odeur de jasmin la tire de ses réflexions. Ils sont arrivés devant le wagon indigo, aux couleurs de l'Etat. Au pied des marches, d'énormes bouquets blancs embaument. Qui a pensé à l'accompagner de ses fleurs préférées ? "Amir" sourit Zahra en réponse à sa question muette. Les larmes longtemps contenues montent aux yeux de Selma. Amir ?... Pourquoi si tard ? Est-ce parce qu'elle part qu'il est capable enfin, d'exprimer un peu d'amour ?
Bouleversée, elle a pénétré dans le compartiment et s'est avancée vers lui. A cette minute, s'il lui demandait de rester, elle tomberait dans ses bras.
Il se contente de la regarder, et recule, imperceptiblement.
Par la suite, il pensera souvent à cet instant où, quelque envie qu'il en ait eue, il n'a pu surmonter le réflexe acquis, la règle d'or qui interdit aux époux musulmans de se témoigner la moindre intimité en public (...) et sa jeune femme en silence le supplie de faire un geste.
Tremblante, Selma a saisi la coupe de champagne qu'en époux attentionné il lui tend. Il a recouvré son sang-froid et porte des toasts à la santé de la princesse, au bon déroulement de son voyage, à un agréable séjour en France. Pas une fois il n'évoquera la tristesse de son absence ou leurs retrouvailles prochaines. Sur son visage, pas la moindre émotion.
Le sifflet du chef de gare annonçant le départ imminent vient interrompre ces adieux étranges. Excepté Zeynel, tout le monde est descendu sur le quai, Amir était le dernier. Va-t-il l'embrasser ?
Galamment, il s'incline comme s'il la quittait pour quelques jours.
- A bientôt, ma princesse.
- Amir !
A son appel, il s'est retourné. Longuement, douloureusement, ils se sont regardés. Elle a soudain le pressentiment qu'ils ne se reverront jamais(...).
Penchée à la fenêtre du train qui dans des flots de fumée s'ébranle, elle fixe intensément la mince silhouette blanche, immobile sur le quai, qui s'éloigne, s'éloigne et disparaît...
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Elle se tait. Si elle ouvre la bouche, elle va se mettre à sangloter, et il n’y a rien qu’il déteste comme les pleurs. Pourtant il faut qu’elle parle, sinon il pensera qu’elle lui en veut, ou qu’elle a pris le parti d’Annedjim… C’est faux, elle n’a pris le parti de personne, elle les aime tous les deux, mais de façon si différente qu’elle a l’impression qu’il y a deux Selma qui aiment… Elle a souvent réfléchi à ce phénomène : lorsque sa mère lui sourit, elle se sent capable de conquérir le monde ; lorsque son père lui sourit, elle oublie le monde et elle fond de bonheur, doucement, comme une pâte de fruit sous la langue. Elle ne sait pas pourquoi, elle sait seulement qu’elle ne veut pas choisir entre ces deux sourires
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Elle n’est plus Selma, elle est bien davantage, elle est ce brin d’herbe, et ces feuilles, et cette branche qui s’étire pour atteindre un nuage, elle est cet arbre qui plonge ses racines jusque dans l’antre obscur et mystérieux de sa naissance, elle est le bruissement de la source et son eau transparente qui fuit et toujours reste là ; elle est la caresse du soleil et le tournoiement du vent, elle n’est plus Selma, elle est, tout simplement.

Sur le chemin du retour, la jeune fille ne dira pas un mot. Elle tente de protéger sa joie, flamme fragile. La croyant triste, Orhan s’ingénie à la distraire, lui raconte mille histoires qu’elle n’entend pas. Elle aimerait qu’il se taise… Mais comment lui expliquer que le silence peut être le plus chaleureux des compagnons, le plus attentif, le plus généreux, et que dans le mot « solitude » elle, elle voit « soleil ».
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"_Je vous ai apporté un livre de Fariduddin Attar, le plus grand poète mystique druze.Si vous décidez de ne pas venir, il vous tiendra compagnie.

« Les oiseaux du monde entier, raconte le livre, se sont rassemblés pour se mettre en quête de leur roi, le Simurgh, depuis longtemps disparu. Personne ne sait où il réside, sauf un très vieil oiseau. Mais il ne peut le trouver seul, car le chemin est semé d’embûches, il faut qu’ils partent tous. Le Simurgh demeure en effet dans le Qaf, une chaîne de montagnes qui entoure la terre, et pour y arriver il faut traverser des rideaux de feu, nager dans des torrents déchaînés, combattre des armées de dragons féroces.
Ils sont partis des milliers, mais au cours du voyage, qui durera des années, la plupart périront. Seuls trente oiseaux, les plus sages, atteindront, après bien des difficultés, la cour du Simurgh dans les montagnes du Qaf. Là, éblouis, ils découvrent des milliers de soleils, de lunes, et d’étoiles. Et dans le reflet de chacun de ces astres ils se voient et voient le Simurgh. Et ils ne savent plus si ils sont encore eux-mêmes ou s’ils sont devenus le Simurgh. Jusqu’à ce qu’enfin ils comprennent qu’ils sont le Simurgh et que le Simurgh c’est eux, qu’ils sont un seul et même être. Et que leur roi, le dieu qu’ils étaient allés chercher si loin, était en eux… »

Selma a laissé tomber le livre. "

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A Istamboul, dans son enfance, Selma a vu la misère, sans doute aussi atroce qu'aux Indes. Mais cette misère était due à la guerre qui depuis des années ravageait le pays; c'était une situation exceptionnelle que l'on combattait et que l'on savait pouvoir surmonter.
Ici, chaque jour, des milliers d'enfants meurent de faim, c'est un fait accepté, prévu, entré dans les habitudes.
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