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EAN : 9782070142477
104 pages
Gallimard (03/04/2014)
4.09/5   23 notes
Résumé :
«Il est temps de mettre les choses au clair : les lieux tranquilles, tels et tels, ne m’ont pas seulement servi de refuge, d’asile, de cachette, de protection, de retrait, de solitude. Certes ils étaient aussi cela, dès le début. Mais ils étaient, dès le début aussi, quelque chose de fondamentalement différent ; davantage ; bien davantage. Et c’est avant tout ce fondamentalement différent, ce bien davantage qui m’ont poussé à tenter ici, les mettant par écrit, d’y a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Depuis des années et des années, Peter Handke, né en Carinthie, écrivain majeur de la littérature allemande, souvent contesté pour ses positions politiques pro-serbes, creuse le domaine de la « sensation pure. » Il s'attache à révéler le surgissement du magique, du bouleversant, de l'inattendu, de l'étrange dans le quotidien. Et il a éte récompensé en 2019 par le prix Nobel de littérature.

Il faut se donner le temps de l'accompagner.

Ainsi dans cet « Essai sur le Lieu Tranquille » (avec majuscules !), Peter Handke explore un endroit qui peut servir de cachette ou d'asile : le petit coin, les toilettes, les « ritirata » comme le dit si bien l'italien.

Attention : rien de scabreux, ni de scatologique dans ce bref texte infiniment poétique qui fait suite à un « Essai sur la fatigue », un « Essai sur le juke-box » et un « Essai sur la journée réussie. »

Écrit dans le Vexin, en décembre 2011, entre deux vagabondages dans les « forêts défeuillées », cet essai est tout imprégné de la sérénité que donne la retraite dans un lieu isolé.

C'est cette même sérénité, ce retour sur lui-même, qu'a toujours cherchés Peter Handke dans les « lieux tranquilles », depuis les « cabinets » de son enfance chez son grand-père, une petite « remise » avec des « journaux découpés en liasses percées d'un trou et pendillant au bout d'une ficelle » , aux toilettes du pensionnat, sans oublier une nuit recroquevillé autour de la cuvette des WC d'une gare, « sans plus un sou en poche. »

L'expérience la plus marquante a eu lieu au Japon, à Nara, dans les toilettes d'un temple, avec « une volée de moineaux très haut sur le toit de bardeaux de la pagode ». Là raconte Peter Handke, « je me sentis chez moi au Japon » et « mes soucis m'abandonnèrent. »

Cet essai est un texte précieux, original, exigeant, mais il touche si juste que ce serait dommage de passer à côté, ne serait-ce que pour la description des pluies dans le Vexin. « C'était comme si la pluie était bottée… »
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Handke a été l'écrivain de mon adolescence. Je lui ai même écrit une fois. C'était après la grande chute. Je trouvais le titre ironique. Il était alors le paria, déchu de son Nobel promis. Rappelons simplement que François Mitterrand 'était opposé au bombardement de Belgrade. Sa position comme celle du Président est complexe, peu réductible à l'émotion et au pathos.
Un essai sur les toilettes. Lieu isolé, ou on se trouve face à soi-même. Cela mérite-t-il un livre? J'avais de sérieux doute. le risque est clairement de virer au scatologique.
Bel exercice de funambule pour ne pas être trivial. Est-ce intéressant pour autant? Je suis mesuré. Bien qu'admirateur inconditionnel de Handke et connaissant bien le Japon, je ne suis pas séduit complètement.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ce n’est que ce matin-là, quand je pénétrai dans les toilettes du temple de Nara, que je me sentis chez moi au Japon ; que j’arrivai vraiment sur l’île ; que le pays, tout entier, m’accueillit. Tanizaki, dans son éloge des toilettes du temple japonais, insiste sur les murs de bois aux fines veinures et, surtout, sur leur porte coulissante, dont le treillage de bois, tendu de papier clair et perméable à l’air, ne laisse filtrer du dehors qu’un reflet amorti : je mentirais, si je disais que j’ai maintenant sous les yeux tous ces détails. Je sais seulement qu’il y régnait ce demi-jour qu’évoque Tanizaki et que c’est lui qui, sur-le-champ, m’enveloppant de la plus délicate et de la plus matérielle des façons, m’accueillit, me rendit par ses sortilèges, après toutes les semaines d’errance, à l’existence, à la vie, au séjour ici-bas.
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Et pourquoi faut-il que je repense maintenant à cette anecdote villageoise que m’avait racontée ma mère, à cet enfant qui apportait au curé du village un plein panier de belles poires luisantes en lui faisant observer : « Monsieur le curé, mes parents vous font l’hommage de ces poires qui ont poussé dans l’arbre de la cabane des chiottes ! » ?
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L’air était presque chaud, un temps encore, après tout c’était l’été. Sauf que les nuits d’été, en ce temps-là du moins, ne tardaient généralement pas à fraîchir ; une nuit parfaitement tiède : dans ma mémoire, une grande rareté, quelque chose de tout à fait exceptionnel — alors pour rien au monde on ne serait rentré chez soi, on préférait rester assis dehors, ensemble, oui, avec les autres, en silence, même les quelques paroles échangées ici et les bruits de la nature là-bas se confondant au silence, et même si aucun parfum de chèvrefeuille ne s’exhalait dans ces nuits-là, rien que le vent léger de la nuit, celui-ci était aussi précieux que le chèvrefeuille des États-du-Sud-et-du-Mississippi dans les livres de William Faulkner.
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Il était plus singulier encore que, sans même qu'on en eût le projet ou seulement l'intention, on pût créer de soi-même les lieux tranquilles, au cas par cas, au milieu d'un tumulte (justement dans le tumulte), au milieu de ce babil qui pouvait se révéler incomparablement plus mortifère encore. Il suffisait, pour que s'érige l'un de ces lieux protecteurs, qu'on lise, pendant tel et tel cours magistral, les textes, grands et moins grands, de la littérature, oui, de la littérature. Il arrivait du reste que cela se produisît non pas par la lecture, mais par la pure réminiscence de celle-ci, même au restaurant universitaire, qui, surpeuplé jusqu'aux heures du soir, était souvent le seul séjour qui me fût accessible.
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Je me trouvais voici quelques semaines à Casacais, au Portugal, au bord de l'Océan, assis sur le banc d'un parc, au bord d'un chemin qui conduisait au toilettes publiques, pour les besoins de mon étude, si l'on veut, mais surtout pour m'imprégner du lieu et de ses environs. Peu à peu, et ma contemplation n'y était sans doute pas étrangère, les quelques passants qui allaient et venaient formèrent un cortège, l'une de ces processions comme je n'en avais plus vu depuis longtemps dans les rues et ailleurs, et qui m'avaient douloureusement manqué. Car j'ai besoin, moi, en tant que tel et tel, ou tel que je suis simplement, de ce cortège, de cette procession d'êtres humains, et si maintenant, écrivant ces mots, il me vient à l'esprit qu'il n'y a qu'à l'église, peut-être, que j'ai vu un cortège comparable, quand le peuple des fidèles, pendant la sainte messe, va communier, recevoir le corps du Seigneur, et revient, chacun sur son banc ou je ne sais où, n'y voyez pas un blasphème.
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Videos de Peter Handke (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Peter Handke
Découvrez l'entretien de Peter Handke, prix Nobel de littérature 2019, consacré au volume Quarto, "Les Cabanes du narrateur. Oeuvres choisies".
Depuis cinquante ans, Peter Handke bâtit une « oeuvre influente qui explore les périphéries et la spécificité de l'expérience humaine ». Embrassant toutes les formes de la littérature, elle présente comme constante une fidélité à ce qu'il est, c'est-à-dire un homme de lettres, un promeneur dont la création ne peut prendre forme que grâce à la distance propice, paradoxalement, à une plongée dans l'intériorité des personnages, à la description imagée et vivante de la nature, à l'attention au quotidien. Pierre angulaire du patrimoine littéraire d'Europe centrale, servie par un style tranchant et unique, cette écriture se définit par le besoin de raconter — faux départs, difficiles retours, voyages, etc. — la recherche d'une propre histoire, de la propre biographie de l'auteur qui se fond dans ses livres : « Longtemps, la littérature a été pour moi le moyen, si ce n'est d'y voir clair en moi, d'y voir tout de même plus clair. Elle m'a aidé à reconnaître que j'étais là, que j'étais au monde. » Cette édition Quarto propose au lecteur de suivre le cheminement de l'écrivain à travers un choix qui comprend des récits qui l'ont porté sur le devant de la scène littéraire dans les années 1970-1980 comme d'autres textes, plus contemporains, imprégnés des paysages d'Île-de-France, et reflets de son écriture aujourd'hui. Et, le temps d'une lecture, de trouver refuge dans l'une de ses cabanes.
En savoir plus sur l'ouvrage : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Quarto/Les-Cabanes-du-narrateur
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