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EAN : 9782200625139
208 pages
Armand Colin (22/05/2019)
3.96/5   13 notes
Résumé :
Le 11 octobre 1914, au Bois-des-Loges, le sous-lieutenant Julien Chapelant est fusillé pour reddition à l’ennemi. Blessé, la jambe fracturée, il est ligoté à son brancard pour pouvoir être maintenu debout face au peloton d’exécution. Cette affaire, qui a révolté l’opinion, a suscité une grande campagne en faveur de sa réhabilitation, soutenue par les associations d’anciens combattants et la Ligue des droits de l’Homme. Mais comment faire un récit honnête et impartia... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je livre cette nouvelle critique accompagnée de mes vifs remerciements à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de la Masse critique, à Lydie Segala du Service communication de Dunod Editeur et à la Maison d'édition Armand Colin.
Coupable ou non coupable ? Criminel, innocent ? Telle est la question que Jean-Yves le Naour pose au lecteur converti en officier siégeant dans un conseil de guerre pour statuer sur le sort du sous-lieutenant Julien Chapelant, accusé de reddition à l'ennemi. Deux chapitres distincts où l'historien développe les nombreux éléments recueillis sur cette tragédie.
De multiples témoignages accablants, partiaux ou honnêtes, contestables, approximatifs, d'autres qui le dédouanent, des arguties, des versions contradictoires, des données historiques précises, le sens de l'Histoire et le contexte historique, sont autant d'éléments pour se conforter une conviction personnelle. Où est la vérité, et quelle vérité ?
Quoiqu'il en soit, Chapelant, commandant la 3e section de mitrailleuses au 98e R, accusé de désertion et de reddition, n'échappa pas à la terrible sentence fixée par l'article 238 du Code de la Justice militaire. Blessé, ligoté à son brancard de fortune, il reçut, deux mois et demi après le début des hostilités, le 11 octobre 1914, « douze balles dans la peau ». Il avait 23 ans, il est devenu l'un des symboles de l'inhumanité de la justice militaire, et pour Stanley Kibiric, un modèle cinématographique dans « les sentiers de la gloire ». Un cas, parmi les 600 autres fusillés « une goutte d'eau au milieu des 1 400 000 sacrifiés ».
Le père de cet infortuné, malgré d'interminables démarches et de courage, ne put obtenir la réhabilitation de son fils, et Jean-Yves le Naour de préciser « … un élan passionné et instinctif nous pousse à prendre parti de l'innocence du condamné. Mais la justice l'a dit et réaffirmé quatre fois. Chapelant était coupable ». Pourtant, il fut quand même reconnu en 2012, soit près d'un siècle après son exécution « mort pour la France » !

A chaque lecteur de se prononcer. Ma conviction était faite, bien avant cette lecture, car tous les hommes tombés pendant cette guerre sont autant de victimes de la barbarie humaine. L'exposé remarquable de Jean-Yves le Nahour a conforté mon sentiment, même si les faits reprochés à l'intéressé , condamnables en temps de guerre, étaient avérés.

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Le 11 octobre 1914, au Bois-des-Loges, lors des premiers combats, la section de mitrailleurs du sous-lieutenant Julien Chapelant résiste vaillamment aux assauts allemands et cause d'importantes pertes à l'ennemi. Mais les munitions s'épuisent, les mitrailleuses sont lourdes à transporter et les camions n'arrivent pas. Les soldats sont encerclés et se rendent sur ordre du sous-lieutenant...
Dans les rangs français l'ordre de tirer sur ces soldats déserteurs est donné, le sous-lieutenant est blessé à la jambe par un de ces tirs français. Malgré tout, le lendemain, il réussi son évasion et rampe dans le no-mans land qui sépare les deux armées. de là il est ramené dans les lignes française par ses camarades de combat.
Le Lieutenant-colonel Didier, son chef de corps, décide de le faire passer en conseil de guerre et d'en faire un exemple. Il lui propose même de se suicider avec son arme, sur son brancard, ce que Chapelant refusera.
Après un simulacre de procès expéditif, Julien Chapelant meurt donc fusillé, attaché sur son brancard dressé contre un pommier...il est l'un des premiers des 600 "fusillés pour l'exemple" de cette sinistre boucherie.
Révoltant à plus d'un titre, y compris pour ses camarades désignés d'office qui durent accomplir cette sinistre besogne !
Après avoir rapporté les faits, Jean-Yves le Naour place le lecteur dans la situation de l'un de ces soldats, hommes de troupe ou officiers qui jugèrent en quelques minutes le sous lieutenant et le condamnèrent. le livre est écrit en deux grandes parties distinctes, "Coupable" d'une part, dans laquelle sont repris les éléments à charge et "Non coupable" d'autre part dans laquelle sont repris les arguments de défense du soldat...Deux présentations volontairement partiales....bel exercice !
A chacun de se faire juge.
Le sinistre Lieutenant-Colonel voulait à tout prix ses barrettes de colonel, il les obtint, malgré toutes les fautes lourdes de procédure lors du jugement expéditif qui condamna Chapelant. J'écris "sinistre", vous comprendrez pourquoi...
Cette lecture m'a passionné et révolté.
Passionné, oui, je le fus par la lecture de faits certes archi-connus, à la lecture de ces quelques pages qui me rappelèrent les rares confidences que me fit mon grand père, blessé plusieurs fois et Croix de Guerre. J'ai vécu à Verdun, où les traces toujours présentes de ces combats dans ces bois au sol défoncé donnent des frissons...des traces qui ne peuvent que nous interroger : "qu'aurais-je fait si j'avais été là?". Il est facile depuis notre fauteuil de lecture de juger, de condamner...voire de fanfaronner.
Révolté aussi, car le cas de ce soldat Chapelant fut réexaminé à quatre reprises sans suite, une fois la guerre finie, Jean-Yves le Naour nous le rappelle, y compris par des tribunaux composées d'Anciens Combattants ou par la Cour de Cassation, et ceci malgré toutes les fautes de procédure, évoquées par l'auteur, lors de ce jugement expéditif.
Chapelant reste donc, aux yeux de l'Histoire et de la Justice,coupable de désertion, mais pas les soldats qui l'ont suivi ...ils ont obéi à son ordre de reddition! Un ministre, dont je tairai le nom, décida malgré tout de le faire figurer dans la trop longue liste des "Morts pour la France"
Hypocrisie suprême !
Et, malgré toutes ses turpitudes le sinistre lieutenant-colonel Didier obtint quand même, avant sa retraite, ses étoiles de général.
Édifiant !
Aucun président de la République en exercice, y compris les plus récents, n'a souhaité rouvrir le lourd dossier des fusillés pour l'exemple !
Il n'est peut-être pas bon de remuer la boue ! "Ils sont notre mauvaise conscience"
Passionnant ouvrage sur le mode de fonctionnement de cette "justice" expéditive. Un ouvrage rédigé en puisant dans les archives militaires, dans les dossiers de Chapelant et de Didier, dans les archives du Ministère de la Justice ou dans les Archives Nationales (entre autres)
Georges Clemenceau, fut ministre de la guerre, il participa activement, faut-il le rappeler, à la défense du capitaine Dreyfus. Il garde à jamais le surnom de "Père la Victoire" et nous rappelle : "Il suffit d'ajouter "militaire" à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n'est pas la justice, la musique militaire n'est pas la musique."
C'est quand même alors qu'il était en fonction qu'une partie des autres fusillés pour l'exemple furent exécutés...
Passionnant ouvrage - notamment pour les amateurs d'histoire et de justice - qui ne manquera pas d'indigner et d'interroger chaque lecteur ou lectrice, appelé à se faire juge d'un homme!
Juge de l'Histoire.
Un grand merci aux Editions Armand Colin et à Babelio, qui m'ont transmis cet ouvrage. Je les prie de bien vouloir excuser mon retard dans la publication de ce commentaire de lecture.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Je me passionne pour l'histoire quand elle est présentée à la manière de l'auteur, historien de renom qui en outre a fait de nombreuses émissions à la télévision sur un grand nombre de sujets et notamment sur la première guerre mondiale.
Récit passionnant de Julien Chapelant qui reste brûlant de vie malgré les cent années qui nous séparent des faits.
Le récit très bien construit, à la fois métaphorique ou simple nous rappelle succinctement les faits et déroulements au cours de cette période. On éprouve intérêt, tristesse, rage, et haine-même à la lecture des faits racontés.
Deux volets sont donc présentés Guilty or not guilty, comme ils disent...
Je pense que la plupart des lecteurs auront voté l'innocence et l'acquittement.
Personnellement la haine que je ressens pour le sieur Didier est profonde... personnage immonde et cruel, à l'origine de bien des malheurs,,,
La pitié pour le condamné est, elle, réelle et durable.
C'est ainsi que je pense aux centaines de fusillés « à tort ou raison »
A notre époque où les meurtriers, assassins, terroristes sont relâchés au bout de quelques années, à cette époque où la peine de mort devrait être rétablie pour certains actes irréparables et monstrueux, on peut ainsi faire le parallèle entre deux comportements de sociétés ou d'individus qui ne savent pas vraiment ce qu'est le prix de la vie, ce qu'est la signification du courage, de la folie, de la haine aussi.
Quand je lis de tels comportements ou aberrations émanant de la dite justice française, je pleure dans mes mains et j'ai honte d'être un humain.
Quand donc le véritable courage et le bon sens reviendront-ils à l'homme ?
Une histoire telle qu'elle vient d'être racontée devrait faire l'objet d'un bon film.
Elle est tellement rocambolesque, tellement humaine, trop humaine, prenant aux tripes, qu'elle aurait de quoi occuper les consciences de toute une population occupée aux billevesées d'un monde en parfaite contradiction avec le bon sens et la réalité qui parfois et souvent va plus loin que la fiction.
Un super récit qui fait écho à d'autres ouvrages du même auteur, comme à tant d'autres historiens encore qui ne craignent pas de garder en mémoire un passé plus que trouble et douloureux.
Ma consolation est que ce pauvre Chapelant a aujourd'hui son nom gravé sur un Monument aux morts, pour lui rendre justice et l'honorer. Comment peut-on fusiller un garçon innocent de 23 ans au cours des premiers mois de la Grande Guerre ? Qu'ont fait « les supérieurs » derrière leurs galons ? Rien. Ils étaient aux abris.
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Le 11 octobre 1914, le sous-lieutenant Julien Chapelant est fusillé, blessé, immobilisé sur son brancard dressé à la verticale contre un pommier. Pourquoi ? Un tribunal militaire lui reproche de s'être rendu à l'ennemi en compagnie de ses hommes et cela sans raison valable. le jugement s'avère sommaire, bâclé, sans véritable instruction, sans même respecter le peu de règles alors en vigueur. Pire, la hiérarchie militaire a fait pression sur les « juges » afin de faire un exemple. Pire encore, le chef de corps du fusillé, le lieutenant-colonel Léon Didier, alcoolique notoire, névrosé, brutal avec ses hommes, n'a rien fait pour le défendre, bien au contraire.
L'auteur, historien de la Grande Guerre a l'intelligence de scinder son ouvrage en deux parties : une à charge (Chapelant coupable) et l'autre à décharge (Chapelant innocent), cent pages chacune. Objectif : mettre l'accent sur la subjectivité de l'historien et la relativité des témoignages.
On pourrait ajouter la subjectivité du lecteur. Je ne nie pas la mienne : je suis évidemment, plus de cent ans après les faits, en faveur de l'innocence de Chapelant. Cette position semble peu à peu devenir prévalente puisqu'en 2012 il a été déclaré « mort pour la France », mention qui lui avait été refusée jusqu'alors.
Mort pour la France, mais fusillé par la France ! C'est absurde et insuffisant : Encore un effort messieurs les politiques, un peu de courage, si peu en l'occurrence... vous qui en demandez tant aux autres ! Réhabilitez !
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Remarquable travail que celui offert ici par Jean-Yves le Naour: pour traiter cette douloureuse affaire de "fusillé pour l'exemple", l'auteur a choisi une approche originale. Il nous propose deux versions de l'affaire en quasi symétrie: une à charge, une à décharge et nous place en position du juré qui doit juger en son âme et conscience. Entre l'éternel problème de la lecture objective des témoignages et du crédit à leur accorder, la lutte contre le risque de plaquer sur une affaire vieille de plus de 100 ans nos critères de jugement contemporains, le recul nécessaire pour ne pas laisser l'horreur de l'acte (seul fait indéniable) nous aveugler, il devient difficile de répondre: coupable! innocent! Une démonstration donc très intéressante pour nous apprendre à ne pas juger ce qui ne peut l'être quand on le regarde d'aussi loin, à regarder l'histoire comme une expérience pour le présent et le futur, afin ne pas nous laisser embrouiller par les manigances et autres récupérations. Pari gagné car la lecture de cet ouvrage interpelle et suscite nombre d'interrogations. Ouvrage des Editions Armand Colin reçu dans le cadre de la Masse Critique.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ernest Renan peut bien considérer que le talent de l'historien consiste "à faire un ensemble vrai" avec des éléments qui ne le sont qu'à moitié, on peut tout à fait lui opposer que les faits en tant que tels n'ont pas de sens et que la narration repose uniquement sur l'interprétation de l'historien, interprétation qui fatalement construit et reconstruit l'histoire en lui donnant une cohérence qu'elle n'a pas eue forcément ou qui n'a pas été ressentie comme telle.
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L'affaire Chapelant n'est pas unique cependant. Plus de la moitié des fusillés de la Grande Guerre l'ont été la première année, à cause notamment de la bride lâchée sur le cou des militaires par le pouvoir civil. Quand les députés se décident à supprimer les cours spéciales à trois juges, pouvant statuer sans instruction, sans appel et sans grâce, en décembre 1915, on en revient aux conseils de guerre ordinaires, ce qui fait brusquement baisser le nombre des exécutions.
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Dans ce procès, tout est réalisé en dépit du bon sens et rien ne se fait dans les règles. Il y a d'abord ces pressions inacceptables, ces appels à l'exemple sanglant du colonel Pentel et du général Demange, qui font que le verdict est déjà dicté avant que la cour ne se réunisse. « Il serait très désirable que vous puissiez faire quelques exemples de répression impitoyable à l'égard des lâches », édicte le chef de la 50e brigade. Le conseil de guerre « saura, je n'en doute pas, faire son devoir », continue le général Demange. Il faut compter ensuite sur les recommandations impérieuses de Didier à l'égard du commandant Gaube qui préside la cour martiale. « Vous m'entendez Gaube, il faut me le fusiller », lui aurait-il dit avant la réunion du tribunal.
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Il n'empêche, le lieutenant-colonel Didier se taille une réputation de cannibale. Son énervement, le bidon de « blanche » qu'il transporte à la bandoulière, sa propension à distribuer insultes et horions et à sortir son revolver à tout bout de champ, le font passer pour un alcoolique invétéré, une brute névrosée, un dangereux ivrogne. « Il ne nous faisait pas l'effet d'un entraîneur d'hommes », résume sobrement le soldat Claudius Lafau.
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Vidéo de Jean-Yves Le Naour
Interview de Marko et Jean-Yves Le Naour pour Le réseau comète, chez Grand Angle
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