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EAN : 9782745918864
312 pages
Milan (09/02/2006)
3.81/5   324 notes
Résumé :
Alice Tully. 17 ans, jolie, cheveux coupés très court. Étudiante, serveuse dans un bistrot. Et Frankie, toujours là pour elle. Une vie sans histoire. Mais une vie trop lisse, sans passé, sans famille, sans ami. Comme si elle se cachait. Comme si un secret indicible la traquait.
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Critiques, Analyses et Avis (81) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 324 notes
Peut-on vivre une vie "normale" d'adulte lorsqu'on a tué, enfant ?
En a-t-on le droit ?*

Alice, dix-sept ans, est en réinsertion après avoir purgé une peine de six années de prison pour meurtre.
Officiellement, elle vient juste d'être libérée. La famille de la victime la fait rechercher par un détective privé.
En réalité, Alice vit depuis six mois chez une assistante sociale sous une nouvelle identité, elle essaie de repartir à zéro, et du bon pied.
Cela semble en bonne voie : elle travaille dans un café, prépare son bac, son entourage est sympa et elle a même un petit copain étudiant.
C'est compter sans les médias et la soif de sensationnalisme de l'opinion publique...
Précision : l'histoire se passe au Royaume-Uni, pays où le système judiciaire est particulièrement sévère pour les mineurs.

J'ai découvert ce formidable roman en 2006, je viens de le relire dix ans plus tard et je l'ai trouvé tout aussi remarquable. Ce récit bouleversant nous fait notamment réfléchir aux notions de justice et de rédemption, et nous montre une forme de maltraitance particulière : le manque d'attention, l'indifférence, l'inconscience et l'immaturité de certains parents.
On s'attache à la petite Alice - oisillon tombé du nid et blessé -, à l'enfant mal-aimée qu'elle fut, à la jeune fille encore si vulnérable qu'elle est devenue. Quoi qu'elle ait fait, on la juge innocente, pauvre victime d'un entourage délétère.
On trouve Rosie formidable, généreuse, réconfortante et maternelle. On admire également les autres femmes qui se démènent sans se décourager pour préserver Alice.
On s'indigne des comportements de la mère - tellement immatures - et de ceux de la grand-mère - tellement égoïstes !
On se dit que les enfants, décidément, sont bien cruels entre eux, et que la petite voisine est une sale teigne, à jouer ainsi avec les sentiments des autres, à manipuler son entourage.
On craint que le chéri d'Alice lui fasse du mal, trop jaloux, trop possessif pour quelqu'un de si fragile.
On redoute une nouvelle gaffe, une trahison.
Bref, on vit intensément cette deuxième chance offerte à la jeune fille et on découvre avec un sentiment d'horreur croissant l'enfance d'Alice et les circonstances du drame, au fil de ses souvenirs.

La solitude et la souffrance de cette enfant m'ont rappelé celles de Ludovic ('Les Noces barbares', Yann Queffélec). Pas de haine maternelle, ici, « seulement » de la négligence et un manque de jugeote, mais autant d'espoirs déçus et de soif d'amour (carences destructrices)...

Un récit sombre, intense, pertinent, juste et sensible, à faire lire dès quatorze ans à des adolescents avertis. Certaines scènes sont dérangeantes, mais l'auteur a beaucoup de talent et évite tout exhibitionnisme malsain.

* OUI !
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Trois jeunes filles sont parties dans la forêt. Seules deux d'entre elles sont revenues vivantes. La troisième est morte. Assassinée par l'une de ses copines. Naturellement, l'affaire a fait grand bruit. Six ans après les faits, Jennifer Jones a changé d'identité, a été placée chez Rosie – qui sait tout d'elle et de sa situation – quand tout le monde la croit encore en prison. Pourtant depuis quelques mois Jennifer Jones, devenue Alice Tully, travaille comme serveuse, s'est constituée un groupe d'amis, a un fiancé avec qui elle s'entend très bien et s'apprête même à poursuivre des études. Sa réinsertion est sur la bonne voie. Pour autant, elle n'oublie rien de son passé , de sa mère démissionnaire, ancien mannequin déchu et toujours avide de se trouver sous la lumière des projecteurs, quitte pour cela à bafouer la confiance de sa fille, à en jouer, en abuser même. Bien sûr, elle se souvient aussi du meurtre et de ses circonstances. Elle archive tous les articles de presse la concernant. Avec le temps, ceux-ci se sont espacés mais voilà que de nouvelles informations commencent à circuler avec l'annonce de sa sortie imminente de prison. Informations qui coïncident avec l'arrivée d'un détective dans la bourgade. Il pose des questions en brandissant une vieille photo de Jennifer. Comme s'il savait déjà tout de sa libération anticipée.

Impossible en lisant L'Affaire Jennifer Jones de ne pas penser au cas des enfants-tueurs de Liverpool qui avait ébranlé la Grande-Bretagne en 1993. Impossible de croire qu'Anne Cassidy n'y a pas songé elle-même en se lançant dans cette histoire. Certaines similitudes permettent en tout cas de le penser, ne serait-ce qu'en ce qui concerne la thématique mais aussi la durée d'emprisonnement, la volonté des instances judiciaires de réinsérer au mieux et à brève échéance ces jeunes accusés, ou même encore dans la fébrilité, l'acharnement et les déboires médiatiques suscités par de telles affaires.

La comparaison s'arrête cependant là car Anne Cassidy a su se dédouaner totalement du fait divers, si on peut l'appeler ainsi, pour laisser libre cours à sa propre histoire, où ce qui l'intéresse n'est pas le drame en lui-même mais les circonstances qui l'ont amené à se produire. Qui plus est , elle le fait d'une manière tout à fait habile et subtile – la construction du roman est remarquable -, de sorte que le lecteur se trouve alternativement captivé à la fois par le présent et le passé de Jennifer Jones. Par exemple, longtemps dans l'histoire on ne sait pas quel enfant a été assassiné, ni quelles raisons ont poussé Jennifer à perpétrer cet acte. On ne doute pas que la réponse viendra, bien sûr, mais cela entretient un certain mystère, toujours présent, que l'on garde dans un coin de la tête, et qui contribue même à nous immerger un peu plus dans le parcours de Jennifer Jones. Pa tant pour savoir que pour comprendre.

Sous prétexte que le récit touche au meurtre d'un enfant, on aurait pu redouter qu'Anne Cassidy s'ingénie un peu trop à tirer sur les cordes du violon. Or, sa musique est ailleurs, dans la complexité des protagonistes de cette histoire et des sentiments qui les animent. Elle est même au-delà, dans l'évocation de l'enfance, dans la cruauté dont elle se fait parfois l'écho mais aussi dans les attentes qui lui sont relatives.

Anne Cassidy évoque d'une bien belle manière le sentiment d'abandon de Jennifer, sa sensation d'isolement, son envie d'être considérée, d'exister enfin au yeux des autres. Elle aborde aussi le sexe, la prostitution, la mort, la reconstruction de soi, la repentance, l'acharnement médiatique sans jamais paraître moralisatrice, sans qu'à aucun moment on ait l'impression d'être plongé dans un vaste fourre-tout thématique. Au contraire, tous ces éléments s'intègrent aisément dans le fil du récit.

Malgré l'annonce faite sur la couverture comme quoi ce livre avait reçu le Prix du meilleur livre adolescent en 2004 en Anglettre, j'ai redouté en l'entamant de devoir le refermer assez vite. Je craignais de me trouver face à un récit gnagnan et culcul la pral. J'en suis ressorti admiratif, tout ébaubi. Eh oui, ce genre de chose est bien sûr possible à la lecture d'un ouvrage. Et on aurait tort de penser que la littérature adolescente est exempte de produire un tel effet.
Lien : http://bibliomanu.blogspot.com
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Alice Tully, dix-sept ans, se prépare à aller étudier l'Histoire à l'Université. En attendant, elle vit chez Rosie, assistante sociale, et travaille comme vendeuse dans un petit fast-food.
Alice ne peut s'empêcher de guetter et de lire les articles de presse consacrés à la criminelle Jennifer Jones, emprisonnée à dix ans pour avoir assassiné une autre enfant. D'où vient la fascination d'Alice pour cette criminelle ? Où la mènera-t-elle ?

Le récit répond à ces questions en dévoilant avec finesse la passé de Jennifer. C'est l'histoire d'une enfant délaissée que l'on découvre peu à peu, et de ses difficultés à supporter le vide affectif qui lui a été imposé.
L'assassinat commis par Jennifer m'a moins indigné que la désinvolture de sa mère, la perversité de ceux qu'elle fréquente assidûment, la cupidité de la presse et des journalistes, et la méchanceté de la jeune victime…

Ce roman amène le lecteur à réfléchir sur les notions de culpabilité et de justice, en évitant de tomber dans la caricature ou les poncifs. Je le recommande vivement, à partir de quatorze ans.
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J'ai longtemps hésité avant de trancher mon avis sur ce roman. Et encore, je ne suis pas complètement sûre d'y être parvenue.
Estampillé de manière voyante sur la première de couverture « Prix du meilleur livre ado en Angleterre », on se dit que malgré cette glauque histoire de meurtrière d'enfant (citée sur la quatrième de couverture), on va avoir le droit à une histoire comme les Britanniques savent nous en donner : intimiste, personnelle, émouvante.
Je ne peux pas nier que ce soit le cas, mais quelle ambiance sombre ! L'univers hyper-réaliste devient plus étouffant, plus suffocant, au fur et à mesure de la lecture, et penser que ce livre est destiné à des ados peut laisser songeur...
La longue descente aux enfers de cette fillette, le sordide des conditions dans lesquelles elle va s'effectuer, tout est amené par l'auteur dans un va-et-vient constant entre passé et présent qui crée chez le lecteur un véritable malaise. Et la dissociation des « personnages » de Jennifer Jones en accentue encore la force : peut-on être vraiment si différent à quelques années d'intervalle, avec ce fardeau que l'on devra à tout jamais porter ?
Les thèmes abordés sont cependant profonds : les gens sont-ils capables de changer ? Naît-on monstre ou le devient-on ? Les actes que l'on commet peuvent-ils trouver une explication en nous, en notre environnement familial ou social ? Peut-on pardonner le meurtre ? Peut-on SE pardonner ? A-t-on le droit de refaire partie d'une société qui nous a condamné pour un crime atroce ?
Les pistes d'exploration de ce livre sont multiples et fouillent les tréfonds sombres et angoissants de la nature humaine. A travers l'histoire de cette jeune fille qui sort de prison au moment où elle sort de son adolescence et s'apprête à mener une vie d'adulte, on parcourt le cheminement tortueux d'une histoire hors-norme, bouleversante et terrifiante à la fois.
Alors, oui, c'est un beau livre. Mais un livre noir. Oppressant. Et le malaise qu'il crée dure même après avoir refermé le livre. Un livre pour ados ? Pas si sûre...

terminé le 27 mars 2006
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Je ne connaissais pas ce roman avant de découvrir sa réédition aux éditions Milan. le résumé m'a tout de suite intriguée, car je n'avais jamais lu d'histoire avec pareilles thématiques. Ça a dû réveiller mon petit côté morbide, de celle qui aime bien se faire peur toute seule.

Jennifer Jones a tout l'air d'une enfant normale, si ce n'est que sa vie est très instable. Fille d'une mère mannequin aux revenus inconstants, elle lui voue un amour sans borne, mais n'a jamais eu la chance d'avoir des amis à proprement parler. La mère et la fille finissent par déménager et Jennifer – alors âgée de dix ans – se lie d'amitié avec Michelle et Lucy. Un jour, les trois amies se promènent dans les bois et c'est le drame : seules deux d'entre elles en reviennent. Par la suite, Jennifer est accusée de son meurtre, ce qui affole totalement la presse. Sept ans plus tard, on fait la connaissance d'Alice Tully, une jeune fille discrète qui n'aspire qu'à une chose : refaire sa vie loin des plus indiscrets.

Dans ce thriller sur fond de mystères, les histoires de Jennifer Jones et d'Alice Tully s'entrecroisent d'une étrange manière. J'ai très vite adhéré à ce schéma, cherchant dans les petits détails les indices qui pouvaient me permettre de reconstituer les événements. Pour ça, Anne Cassidy est particulièrement douée puisqu'elle nous explique le cheminement qui a amené Jennifer à commettre ce meurtre. À chaque nouvelle page tournée, je me répétais comme un mantra : « Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour qu'une gamine en arrive là ? ». Et la réponse n'est pas facile à digérer.

La construction de l'intrigue est le gros point fort de L'affaire Jennifer Jones. Si j'ai été très rapidement prise dans la toile de mystères tissée par l'auteur, j'ai néanmoins été un peu ralentie par quelques longueurs qui auraient pu être facilement évitées.

L'ambiance est toute particulière. Elle met mal à l'aise et colle à la peau du fait des sujets ultra-sensibles abordés. Et le fait qu'on les découvre à travers les yeux d'une enfant ne fait que renforcer ces sentiments. La plume d'Anne Cassidy a quelque chose de candide, d'indéniablement enfantin, ce qui accentue le malaise. Je me voyais presque à la place de la petite Jennifer, j'avais l'impression d'avoir son âge et sa douce naïveté.

Le roman en lui-même repose sur une espèce de dualité. Peut-on pardonner cet acte abominable à une fillette ? Après avoir lu ce roman, ma réponse est formelle : oui ! Oui, moi je peux pardonner ça, surtout en sachant ce par quoi Jennifer est passée. Son geste – s'il m'a grandement choqué – m'a paru d'une terrible logique. C'est horrible de dire ça, mais je ne suis pas surprise qu'elle en soit arrivée là. Anne Cassidy nous montre que l'on peut avoir de l'empathie pour un tueur, qu'on peut le comprendre, compatir et le prendre en pitié. Et c'est, je pense, le message premier qu'elle a cherché à transmettre à ses lecteurs.

En dehors de Jennifer, je ne me suis malheureusement attachée à personne d'autre. Malgré toutes ses qualités, l'histoire n'a de cesse de nous tenir à distance. J'étais complètement indifférente quant à l'avenir, aux sentiments et aux pensées de ceux qui entouraient Jennifer et Lucie.

En résumé, L'affaire Jennifer Jones nous entraîne dans une histoire bien glauque. J'ai apprécié l'expérience, malgré la noirceur de l'intrigue et la distance que j'ai sentie entre moi et les personnages secondaires. En revanche, je suis impressionnée par la construction de l'intrigue ainsi que le cheminement qui amène cette petite fille à commettre un acte irréparable. Ce roman dégage quelque chose d'assez triste et nous pousse à reconsidérer nos principes et nos valeurs.

Lien : http://april-the-seven.weebl..
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critiques presse (2)
Lecturejeune
01 septembre 2006
Lecture jeune, n°119 - Pour : Alice Tully est une jeune fille « sans histoires », elle a dix-sept ans, un petit ami qui s’appelle Frankie, vit chez Rosie et travaille dans un café. Bientôt elle rentrera à l’université. Sept ans auparavant, Jennifer Jones, dix ans, assassine une des ses amies. Pourquoi Alice porte-t-elle autant d’attention aux articles de journaux annonçant la prochaine libération de l’enfant meurtrière ? Et si ces deux enfants étaient en réalité la même personne ? Ce récit pose la question de la culpabilité, du remord, du pardon, mais montre avant tout un monde impitoyable, avide de scoops et de bêtes à abattre. En effet, Alice se trouve traquée comme une proie par les journalistes, qui répondent à la demande de l’opinion publique tout en la suscitant. Ce qui choque ici, c’est donc davantage la manière dont on peut s’acharner sur une enfant que le meurtre en lui-même. Si on est étonné que l’ouvrage ait obtenu, comme le souligne le bandeau de couverture, le « Prix du meilleur livre ado en Angleterre », il n’en reste pas moins assez touchant et intéressant. ? Juliette Buzelin Contre : Alice Tully, personnage central de ce roman, doit, au travers d’identités successives, apprendre à s’intégrer dans une société qui l’a condamnée pour meurtre quelques années plus tôt. La structure narrative du récit n’en fait pas une lecture aisée : la narratrice omnisciente (Alice) nous implique sans ménagement dans les méandres de sa vie, de ses relations avec sa mère et les autres. Ce procédé est critiquable, d’une part car le lecteur est vite happé par l’enchaînement de situations plus glauques les unes que les autres (en particulier celles liées à la relation mère/fille), et d’autre part parce qu’il perd tout repère : qui est la victime ? Enfin, ce récit, qui connaît pourtant un véritable succès en librairie, apparaît artificiel, fabriqué. ? Michelle Charbonnier
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Lecturejeune
01 septembre 2006
Lecture jeune, n°119 - Contre : Alice Tully, personnage central de ce roman, doit, au travers d’identités successives, apprendre à s’intégrer dans une société qui l’a condamnée pour meurtre quelques années plus tôt. La structure narrative du récit n’en fait pas une lecture aisée : la narratrice omnisciente (Alice) nous implique sans ménagement dans les méandres de sa vie, de ses relations avec sa mère et les autres. Ce procédé est critiquable, d’une part car le lecteur est vite happé par l’enchaînement de situations plus glauques les unes que les autres (en particulier celles liées à la relation mère/fille), et d’autre part parce qu’il perd tout repère : qui est la victime ? Enfin, ce récit, qui connaît pourtant un véritable succès en librairie, apparaît artificiel, fabriqué. ? Michelle Charbonnier
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Elle n'avait pas été battue, tabassée, enfermée. Personne ne lui avait crié après, ne lui avait donné des ordres ou ne l'avait insultée. Elle avait seulement été mise de côté, oubliée. On l'avait laissée chez des amis et dans la famille, dans les services sociaux, de complets étrangers. Puis, quand rien de tout cela n'était plus possible, on l'avait laissée toute seule. Ce sourire [maternel] étincelant, cette bouche peinte de rouge à lèvres, ces yeux scintillants avaient été entièrement pour elle à une époque mais, quand elle avait grandi, ils s'étaient tournés vers autre chose. Jennifer était devenue un problème, et chaque fois que sa mère avait de nouveaux amis, un nouveau petit ami ou un nouveau contrat de mannequin, elle l'avait tout simplement rejetée.
Elle faisait cela en beauté, avec des promesses, des jouets et des baisers. Et chaque fois, Jennifer la croyait. C'était la dernière fois qu'elle allait rester chez sa grand-mère, ou dans un service social, ou chez Perry. Ensuite, tout rentrerait dans l'ordre, et elles se retrouveraient toutes les deux. RIEN QUE TOUTES LES DEUX.
Mais à chaque fois c'était le même choc. Les journées qu'elles passaient ensemble étaient lumineuses et pleines de couleurs. Puis, lentement, par un simple regard, un coup de téléphone, une heure de trop passée dans la salle de bain, Jennifer comprenait que tout était en train de basculer. Les journées multicolores viraient au noir et blanc, et elle se retrouvait seule ; sourires figés d'un autre service social, lassitude de sa grand-mère. Chaque séparation envoyait un souffle glacé au plus profond d'elle. Elle ne pouvait pas se mettre en colère. Elle n'avait qu'à attendre qu'un jour la porte s'ouvre et que sa mère apparaisse, resplendissante, les cheveux coiffés en mèches fines, la peau brillante, la bouche formant une petite moue qui signifiait que Jennifer devait lui pardonner, qu'elle en avait besoin.
(p. 110-111)
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Elle avait vraiment de la chance. Elle avait Rosie, Frankie, une place à l'université. Un sac à remplir et un voyage à Brighton en perspective. Elle envisageait même d'aller à Majorque, dans l'appartement de Kathy. Est-ce que tout ça n'était pas très normal ? Sa nouvelle vie s'avérait confortable, comme un fauteuil préféré dans lequel elle aurait pu se blottir.
Et cependant, le passé était toujours là. Il serait toujours là. « Tu ne peux pas changer ce qui est arrivé », avait dit et répété Patricia Coffey.
« - Peu importe que tu y penses souvent ou que tu pleures, tu ne peux absolument rien y changer. La seule chose que tu peux changer, c'est ton avenir.
- Je ne mérite pas d'avenir, avait-elle dit. Je ne peux pas reprendre une vie normale alors que j'ai tué quelqu'un. Ce n'est pas possible.
- Il le faut. Sinon, il y aura deux vies gaspillées. Tu dois continuer et avoir une vie exemplaire, pour racheter ce que tu as fait. »
(p. 116)

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Très souvent, elle avait partagé la chambre de sa mère et de Perry, et elle était restée allongée en tendant l'oreille. Parfois, elle s'était tournée vers eux pour regarder les silhouettes qui remuaient sous les couvertures. Un jour, il n'y avait pas de couverture, et elle avait plissé les yeux pour ne voir que quelques bribes de ce qui se passait. Après, pendant des jours, elle s'était sentie horriblement mal à l'aise.
(p. 56)
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Que se passait-il dans la chambre de sa mère ? Elle n'aurait su le dire, mais tout au fond d'elle, sans savoir comment, elle le savait. [...] Pourquoi sa mère vivait-elle ainsi ? D'autres mères travaillaient. Mme Livingstone était secrétaire. Pourquoi sa mère ne faisait-elle pas un travail dans ce genre-là ? Même sa grand-mère fabriquait des vêtements. Pourquoi sa mère n'était-elle pas comme elle ?
(p. 179-180)
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Un très bon roman qui permet de comprendre comment une jeune fille ordinaire peut commettre l'irréparable.Ce qui pourrait être racoleur ou choquant est ici traité tout en finesse. La couverture est particulièrement intéressante à étudier avec des élèves dans le cadre d'une séquence sur le roman policier.
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