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EAN : 9782376220237
336 pages
Tohu-Bohu (21/09/2017)
3.8/5   5 notes
Résumé :
La ruse est vieille comme la résistance aux ogres, aux tyrans, aux empoisonneurs d’existence. Historique comme l’art de déjouer les combats inutiles pour ramener la paix. Pragmatique comme l’art de vivre ensemble. Elle est de tous les temps, toutes les civilisations, comme la malice et les subterfuges. Elle a ses figures légendaires : Hermès le messager, Till l’Espiègle, Robin des bois, Renart le goupil, le Chat botté, Hans et Gretel, le Petit poucet, Scapin, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
" Mon Dieu, donne-moi le courage d'accepter ce que je ne peux pas
changer, la force de changer ce qui peut l'être,
et la sagesse de distinguer l'un de l'autre."
(Marc Aurèle)

Cette phrase, attribuée au célèbre empereur stoïcien peut très bien servir de point de départ pour parler du livre de Frédéric Joignot. Et on peut la développer encore, en se disant que si on dispose d'assez de sagesse pour "distinguer l'un de l'autre", il nous faudrait aussi acquérir une sagesse nouvelle, pour pouvoir "changer ce qui peut l'être". Et cette sagesse particulière, on peut l'appeler la RUSE....

Mais attention ! Il faut d'abord faire une distinction nette entre la "bonne" et la "mauvaise" ruse. le mot "ruse", de nos jours, a des connotations bien péjoratives - on pense tout de suite à la filouterie, l'escroquerie, les mauvais tours, voir pire....oubliez tout ça et tournez-vous du côté de la ruse "philosophique", douce et réfléchie, qui peut vous aider à profiter de la vie en toute tranquillité ! On doit être nombreux à se dire - "...si seulement !"

La couverture, déjà, en dit beaucoup...
"L'art de la guerre", où le mot "guerre" est raturé et remplacé par le mot "ruse" insinue que notre vie est une guerre permanente...
Avec beaucoup d'humour et à l'aide de nombreux adjectifs réjouissants, F. Joignot dresse les portraits de (tellement !) nombreux types de "caractériels" qu'on doit affronter au quotidien - réacs, harceleurs, autoritaires, casse-pieds, mauvaise foi, rabats-joie, et j'en passe ! Comment vivre avec eux, tout en évitant les conflits ? Et, par pitié, quoi faire quand on se rend compte qu'on fait partie de telle ou telle catégorie, et quand on comprend à quel point on peut se montrer borné et ridicule... (mais voici déjà un premier pas en avant !)
Pour chaque type de "caractériel", les solutions sont proposées, mais nullement imposées...

On retourne dans l'histoire, quand la "bonne" ruse était considérée comme un véritable art de vivre. de nombreux traités sont cités - "Le livre des 36 stratagèmes" (450 av. J.C.), "L'art de la guerre" de Sun-Tzu, un ouvrage à l'usage de la femme orientale "Les manteaux d'étoffe fine dans les ruses subtiles" (j'adore le titre !)...les philosophies antiques, le Zen, le Tao, les courants psychologiques ( et je trouve très bien que le livre ne se contente pas de la psychanalyse freudienne !); on se rappelle les "rusés" sympathiques tels que Renart le goupil, Ulysse, Till l'Espiègle, Shéhérazade...bref, il y a de quoi faire !

Lisez, triez, réfléchissez, essayez...parfois il suffit un petit "rien" pour retourner la situation en votre faveur. Une blague, une question, une phrase bien tournée...et peut-être que ça marchera ! Comme dit l'auteur - "la ruse est l'art de la métamorphose des gens ordinaires".

Merci à l'auteur pour ces moments de réflexion doublée d'humour, à la masse critique et aux éditions Tohu-Bohu pour leurs choix judicieux (quelques petites fautes se sont cependant glissées sournoisement et avec ruse dans le texte, dommage...)

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Le titre de ce livre est assez intrigant, c'est ce qui m'a amené à le demander lors de l'op. Masse critique de février.
L'auteur a pour objectif, ici, de nous présenter des ruses pour contrer des « pénibles » et ou son propre caractère et ainsi vivre plus sereinement avec soi-même et son entourage.

Le livre est découpé en deux types de chapitres. L'un nous présente, des caractères difficiles, des situations explosives. L'autre propose des solutions, des ruses, pour contrecarrer les persécuteurs, les gonfleurs… Ce découpage permet à l'auteur d'être fouillé dans son argumentaire, mais donne aussi quelques redondances et longueurs à certaines explications.
Le gros point fort de ce livre, pour moi, ce sont ses multiples références présentées avec simplicité et souvent humour : mythes, courants de pensée, textes antiques, cas d'école de spécialistes, expériences de la vie quotidienne… qui rendent les ruses proposées vraiment intéressantes et marquantes.

Dans l'ensemble, ces "ruses" semblent assez simples à mettre en pratique dans la vie quotidienne. Il faut simplement prendre le temps d'y réfléchir et de penser à les appliquer... ce qui est souvent le plus difficile !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Pour Théophraste, qui succéda à Aristote à la tête du "Lycée" d'Athènes, le problème vient de ce que ces caractériels ne sont pas assez "philosophes". Ils manquent de contrôle sur leurs passions et leurs lubies. Ils ne savent pas se contenir, comme s'y exercent les stoïciens et les épicuriens - leurs contemporains. Ils obéissent sans retenue à leurs réactions maniaques. Ils ignorent les conseils "éthiques" d'Aristote, qui prône une conduite évitant d'agresser et blesser les autres, cherche le consensus, cultive la civilité. Théophraste brosse leurs travers, pour que les "jeunes générations" apprennent à les reconnaître - et, partant, à bien se tenir civilement. A se méfier des esprits compulsifs, envahissants et bornés. Car le caractériel est l'antiphilosophe. Il ne fait aucun travail d'introspection sur ses ergotages. Il est dans le déni. Le pulsionnel intellectuel. L'orgueil aveuglé. Il refuse de se regarder en face. D'écouter ceux qui se plaignent de sa pénibilité. Il ne s'interroge pas sur ses emportements et ses ombres, comme le préconisent Héraclite d'Ephèse et Socrate. Bientôt, il échoue à trouver le chemin de la "sagesse".
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Il a fait distribuer à neuf "compères" prévenus et un "naïf" - le sujet de l'expérience - des dessins de lignes longues et courtes. Chacun doit dire comment il les voit : sont-elles petites ou allongées ? Tous les "compères" répondent de façon erronée, démentant l'évidence : une ligne est beaucoup plus courte que les autres de plusieurs centimètres, mais ils déclarent qu'elle est plus longue. Quand le "naïf" répond à son tour, après eux, une fois sur trois il répète ce que dit la majorité : oui, cette ligne, avec ses cinq centimètres en moins a la même taille que les autres. Il préfère trahir sa propre certitude et l'évidence géométrique pour se conformer aux autres. Il ne veut pas détonner. Cette expérience a été menée des centaines de fois par Solomon Asch. À chaque fois, un tiers de participants se range d'avis commun. Pourtant faux. C'est ce que Solomon Asch appelle "l'intériorisation du conformisme" : un individu sur trois adopte l'avis de la majorité, même quand il contredit l'expérience vécue. Il préfère respecter la norme que la vérité, répéter la "doxa", l'opinion, plutôt que la contredire.
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Pour le bouddhisme zen - venu de Chine, implanté au Japon, découvert au XIXe siècle en Occident, où il est très étudié depuis les années 1960 -, un "kôan" est une énigme philosophique destinée à troubler de façon durable les pensées toutes faites, les a priori et les préjugés des jeunes initiés au zen. Paradoxal, illogique, parfois absurde, il cherche à les plonger dans une situation intellectuelle impossible, d'où ils ne peuvent pas sortir qu'en renouvelant leur pensée - en reconsidérant l'opinion commune, la "doxa", et les tics de leur ego. Pour ce faire, le maître en bouddhisme leur pose des questions dérangeantes, les confronte à des paradoxes ou leur recommande des actions inattendues.
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Au nom d'une métaphysique de l'Être et de l'Immuable, le savoir conjectural et la connaissance oblique des habiles et des prudents furent rejetés du côté du non-savoir. Cette méfiance s'est perpétuée dans l'Europe chrétienne, où la philosophie de la vérité "toujours bonne à dire", fondée sur le respect d'une moralité faite de règles toutes faites et de péchés capitaux, en vue de conduire un Être moral constant, dogmatique et strict, la ruse a été amalgamée à l'astuce, la feinte et la fourberie - voir une forme de trahison. C'est une importante lacune intellectuelle de notre tradition, même si certains auteurs l'ont cultivée....
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L'intermittence lucide révèle une des graves failles de l'esprit caractériel : il ne fait pas le travail philosophique qui lui permettrait de lutter contre ses emballements. Alors qu'il peut. Qu'il pourrait. Il possède cette liberté, mais il ne l'utilise pas. Il est, dirait Sartre, de mauvaise foi.
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