AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782864322535
188 pages
Verdier (07/05/2003)
4.07/5   7 notes
Résumé :

" C'est à peine s'ils commentèrent la nouvelle quand ils l'apprirent au village, quand le soir attablés à boire leur anis au café de l'Eglise ils évoquèrent la fin prochaine de celui qu'ils n'avaient jamais aimé [...]. Il était loin le temps où lui et sa famille, ceux d'en haut comme nous les appelions, faisaient l'objet de leurs conversations, et ils s'abstinrent de rappeler les vieilles histoires, le mys... >Voir plus
Que lire après L'habituéeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La dévastation d'une famille qui atteint chacun de ses membres par méandres successifs, sournois et brutaux. Un livre sur le silence et l'enfermement comme réponses à l'épreuve, quand celle qui en est à l'origine a pris la fuite. Un livre sur le poids des regards et des rumeurs de l'environnement qui, plutôt que d'accepter simplement ce qui est tu, s'aventure en suppositions péjoratives.
Ce silence qui s'est imposé pendant des années, et le on-dit qui s'épuise à mesure du temps qui passe, parlent par l'écriture longue, lente, ciselée en clair-obscur, de Michelle Desbordes. Une merveille !
Commenter  J’apprécie          80
L'histoire d'une famille retirée et solitaire, un père autoritaire et réservé, réfugié dans le silence, une mère trop tôt disparue, les trois filles qu'une grande affection unit, l'attente et l'espoir d'une vie plus exaltante, les premiers temps de liberté, les premiers émois, avant le désastre, la guerre va bouleverser la vie paisible et figer le temps. Beaucoup de poésie, une écriture exigeante (elle n'est pas sans me rappeler Sylvie Germain dans l'exploration de l'intime) et des textes magnifiques, lumineux, lu avec bonheur, à voix haute.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Quand la vieille servante parle de cette époque-là, c'est avec hésitation et même réticence, car ce sont les derniers mois avant que ce qui faisait leur vie ne se disperse, n'éclate comme une bulle de savon, un ballon d'enfant pris dans les ronces ou bien un flacon rempli d'eau gelée oublié sur le rebord d'une fenêtre, de ces choses éphémères dont elles sentaient et redoutaient la fragilité, au plus profond d'elles-mêmes toutes ces incertitudes et le manque de confiance grandissant, sans parler de la crainte vague et inavouée qui lentement avait gagné sur la tranquillité, comme les eaux montantes d'un fleuve peu à peu et sans qu'on y puisse rien se répandent dans la plaine. Cette époque très brève, où jour après jour, et sans avoir l'air de s'en étonner elles (dont la vie en apparence si peu différente de celle qu'elles avaient jusque-là s'écoulait de la même et paisible manière, aussi dépourvue que la plus recluse des existences de ces histoires dont peuvent parler les autres) comprenaient que les choses autour d'elles, lentement et sans retour se défaisaient.
Commenter  J’apprécie          20
Venir à mon tour m'enfermer dans cette demeure dont la vie paraissait absente, et où tout baignait dans cette atmosphère si confinée et délicate que c'était comme si le moindre souffle allait faire s'envoler, se volatiliser tout ce qui se trouvait là (cette maison où le malheur - l'attente, la crainte puis le souvenir du malheur - ou d'une autre façon que le malheur, cette chose indéfinissable et crépusculaire, cette atmosphère de crainte, d'incertitude et d'inachèvement, avaient imprégné chaque mur, chaque objet, tandis que peu à peu et comme si c'eût été normal, tout le reste avait cédé du terrain, reculé comme devant l'ennemi sur un champ de bataille tout un front d'armée, pour un jour ne plus laisser place qu'à ce qui y était permis, adapté au terrain en quelque sorte comme les végétaux qui ne poussent que dans certaines conditions - car n'était-ce pas cela, n'était-ce pas dans des demeures et des familles comme celles-là que se cultivaient les espoirs déçus et les chagrins, les renoncements et les vastes gâchis?) chaque jour mettre mes pas dans les leurs, refaire étape par étape le chemin parcouru jusqu'à entrevoir parfois au passage ce qu'elles n'avaient ni vu ni seulement soupçonné, comprendre un jour l'incroyable et lente progression de ce qui allait devenir leur destin, n'était pas exempt de danger : pire qu'une obsession ou un ressassement, l'irrésistible avancée dans ce qui, croyais-je, avait été leurs pensées, leurs espoirs et leurs craintes, n'allait-elle pas à mon tour m'en révéler la fascinante et redoutable attraction ?
Commenter  J’apprécie          10
... longtemps, elle avait imaginé jusqu'à l'obsession les cheveux de Mathilde épars sur l'estrade où on la tondait devant la foule, dans le pli de la robe entre les genoux comme sur les épaules fatiguées où roulaient une à une les boucles rouges qu'ils coupaient à grosses poignées, c'est vrai elle avait de beaux cheveux, autrefois lorsqu'elle était enfant les gens s'arrêtaient dans la rue et se pendant vers elle touchaient les boucles lourdes et soyeuses.
Commenter  J’apprécie          50
Alors comment auraient-elles su lui parler de sa mère autrement qu'en lui montrant certains jours des photos, des habits ou bien, oubliés, relégués dans un coffre ou le tiroir d'une armoire, une poupée sans bras ni cheveux, ou des osselets jaunis qui soudain à être manipulés répandaient autour d'eux une odeur douceâtre et vaguement écoeurante. Comment auraient-elles su lui parler d'autrefois autrement qu'en lui montrant les traces de sa mère, la chambre où elle avait grandi, sa mère enfant, puis adolescente et déjà c'était la guerre, et cette histoire vécue loin d'elles toutes et de sa désapprobation à lui, seule dans le silence d'un amour mille fois interdit. Et fallait-il que ce fût difficile pour que le silence pour toujours tienne lieu de tout. Et l'absence.
Commenter  J’apprécie          20
N'y eut-il pas un moment où il leur parut qu'autour d'elles, tout s'organisait comme dans une histoire faite pour être racontée, rassemblée en ses moindres détails pendant tant de mois et d'années jusqu'à leur apparaître tout entière et pleine de sens, et possible soudain à comprendre.
Commenter  J’apprécie          30

Video de Michèle Desbordes (2) Voir plusAjouter une vidéo

Ecrits intimes : Michèle Desbordes : La Robe bleue
Olivier BARROT présente "La Robe bleue", de Michèle DESBORDES. Elle y relate l'ascension et la chute de Camille Claudel.Lecture d'un passage du livre par Jacques BONNAFFE.Musique classique en fonds sonore (non identifiée)Lieu de tournage : Cabourg, Calvados
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3193 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}