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EAN : 9782812616631
1157 pages
Editions du Rouergue (03/10/2018)
4.55/5   21 notes
Résumé :
Le capitaine Anato qui est né en Guyane et a grandi en région parisienne, est muté dans son département natal. Il part à la recherche de ses origines et découvre le monde des Noirs-Marrons, ces descendants d'esclaves qui conquirent leur liberté, réfugiés dans l'immense forêt amazonienne. En marge de chaque enquête, c'est une Guyane aux mille facettes que le lecteur découvre à travers ce personnage récurrent. Cette édition intégrale rassemble Les Hamacs de carton, Ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
On parle peu du format des livres quand on les chronique…
Je viens de terminer un gros pavé de 1 160 pages qui regroupe les trois premiers romans de la Trilogie guyanaise de Colin Niel, une lecture qui m'a enthousiasmée mais que j'ai échelonnée de mars 2020 à juin 2021.
En effet, même si les Éditions du Rouergue les ont réunis en un seul volume, cela ne m'a pas particulièrement incitée à dévorer les trois volets d'une seule traite.
De plus, ce gros format, difficilement transportable, même dans mes immenses sacs à mains, se révèle très peu commode pour l'emporter partout avec soi.
Son seul côté pratique réside dans les grands rabats de la couverture qui m'ont permis de séparer les trois histoires…

Les Hamacs de carton,
lu en mars 2020
Avec Les Hamacs de carton, Colin Niel inaugure sa Série guyanaise qui met en avant le personnage d'André Anato, un capitaine de gendarmerie en poste à la section de recherches de Guyane Française.

Dans ce roman, le capitaine Anato a pris ses fonctions depuis peu et n'a pas encore trouvé ses marques, à la fois mal à l'aise dans ses rapports avec sa hiérarchie et ses subordonnées et aux prises avec sa propre quête identitaire en tant que « noir-marron », issu de la descendance des anciens esclaves noirs révoltés ou fuyant les plantations avant l'abolition de l'esclavage.
Il est Ndjuka par la naissance, mais essentiellement métropolitain puisque ses parents avaient rejoint la France quand il était encore enfant. Son retour au pays natal est source de malaise, de méprises, d'émotion refoulée.
Colin Niel a créé un personnage complexe, difficile à cerner, donc intéressant à suivre et à voir évoluer, toujours sur le fil, entre deux cultures. André Anato devient figure métaphorique de la Guyane, prise en étau par les lois françaises et pourtant régie localement par les chefs coutumiers, terre de contraste où cohabitent des métropolitains aisés, des ouvriers rêvant d'un avenir meilleur, des autochtones oubliés, des laissés pour compte, des repris de justice en quête d'un nouveau départ… C'est un peu comme si André Anato portait tout cela sur ses épaules, pris entre marteau et enclume.

Des meurtres, des enquêtes différentes en parallèle, puis enchevêtrées…
Une équipe de gendarmes, avec un « colibri » qui s'éparpille et un « tatou » qui creuse avec persévérance, un colonel qui veut des résultats et qui n'a pas les mêmes priorités que son capitaine… Des gendarmes, mais aussi des hommes avec leurs soucis, des familles, etc.
Un dépaysement total au bord du fleuve-frontière Maroni, des us et coutumes particuliers, une langue aux intonations exotiques, des traditions venues du fond des âges… Colin Niel nous plonge dans une réalité tribale, avec ses rites et ses croyances, dans un profond respect des sociétés décrites. J'ai apprécié notamment le déroulement des funérailles et les notions de bonne ou de mauvaise mort.
Une carte et un glossaire nous aident à nous repérer dans l'espace et à nous approprier un peu de la culture des autochtones.

Un titre qui m'a intriguée jusque très avant dans ma lecture.
Certes, les premiers morts sont découverts, comme endormis, dans leurs hamacs ; dans les petites cases peu meublées des tribus qui vivent le long du fleuve, les rectangles de toile sont accrochés pour la nuit et rangés pour la journée…
Je ne pensais pas à une autre assertion pour ce mot, plus « administrative » : je n'en dirai pas plus pour ne pas divulgacher.

Une intrigue complexe, des personnages aux parcours compliqués, des êtres cabossés auxquels on s'attache… Colin Niel fouille les psychologies, multiplie les détails, décrit en profondeur mais laisse toujours cependant des zones d'ombre ; ici, rien n'est vraiment bien ou mal, les bons font ce qu'ils peuvent, les méchants ont des faiblesses…
Les Hamacs de carton… Une Guyane bien éloignée de sa métropole et pas seulement par la distance, une histoire captivante et triste, dont on sort un peu grandi, un peu plus érudit aussi, comme le lieutenant obligé de rester quelques jours sur place qui reconnaît avoir « appris des choses »…

Une réussite !


Ce qui reste en forêt,
Lu en mai 2020

Ce qui reste en forêt est le deuxième volet de la Série guyanaise que Colin Niel a consacré au personnage d'André Anato, un capitaine de gendarmerie en poste à la Section de recherche de Guyane Française…

J'avoue qu'il me tardait de retrouver l'ambiance particulière de cette région prise en étau entre les lois françaises et l'autorité des chefs coutumiers, terre de contraste où cohabitent des métropolitains aisés, des ouvriers rêvant d'un avenir meilleur, des autochtones oubliés, des scientifiques et des orpailleurs… et, surtout, j'avais hâte de savoir comment André Anato allait trouver ses marques entre ses origines Ndjuka, ses nouvelles responsabilités, son refus de s'engager dans une relation amoureuse…
Un an a passé depuis Les Hamacs de carton, Anato s'est imposé, a creusé son trou, a apprivoisé les membres de sa section, entre respect mutuel, efforts et concessions de part et d'autre. Et, surtout, il a prouvé que sa légitimité repose sur ses qualités personnelles et professionnelles et non pas sur la couleur de sa peau, ni sur le fait qu'il soit le premier « originaire » à occuper un tel poste ; il est enfin reconnu tant par sa hiérarchie que par les partenaires et les politiques locaux.

Un ornithologue retrouvé mort en pleine forêt amazonienne, aux abords de la station scientifique qu'il avait contribué à créer et dont la gestion est épinglée par la Cour des Comptes.
Des témoins et un gendarme trop zélé retenus sur place par une météo difficile…
Des conflits avec des orpailleurs clandestins sans scrupules…
Un albatros des iles Kerguelen échoué sur une plage guyanaise…
L'enquête s'annonce ardue pour le capitaine Anato, d'autant qu'une nouvelle tragédie ne va pas tarder à compliquer les investigations… de plus, il est préoccupé par des histoires personnelles car il croise de plus en plus souvent un clochard qui pourrait lui ressembler tandis que le passé de ses parents revient le hanter ; côté amour, il n'a pas oublié Sophie, rencontrée dans le tome précédent, mais ils ne sont plus ensemble et tout cela est compliqué… Il souffre d'insomnie et de solitude et le courant passe avec la veuve de la victime…
Il n'est pas le seul à avoir des soucis : son adjoint vit à l'hôtel car il a des problèmes avec sa femme et son fils…
Et puis, une autre affaire entre en résonnance, un délit de fuite sur un accident de la circulation…

Au fur et à mesure de mes lectures des livres de Colin Niel, je suis de plus en plus fascinée par sa maîtrise, son art de tricoter les intrigues, de donner à lire des imbrications et des bifurcations. Les protagonistes ont toujours des personnalités complexes, des psychologies très travaillées.
Même quand tout est résolu, les personnages gardent un part de mystère : « ce qui se passe en forêt reste en forêt… » et « le tout est plus que la somme de ses parties »…

Ce deuxième opus s'achève sur des enquêtes résolues, des mystères élucidés. André Anato a même avancé sur la connaissance de ses origines, sur des vérités et des impostures avec lesquelles il lui faudra vivre désormais. La rationalité du gendarme va devoir composer avec les traditions noires-marrons, les accepter dans leur puissante opacité.
Encore une réussite ! J'ai hâte de connaître la suite.


Obia,
Lu en mai-juin 2021

Je poursuis ma découverte de la Série guyanaise de Colin Niel avec Obia et retrouve avec un immense plaisir le Capitaine André Anato dans une nouvelle enquête.

Un titre mystérieux qui fait référence à un rite ancestral d'immunité très ancien, dont les origines remontent à l'Afrique des anciens esclaves… L'Obia est un bain de protection, à base de décoctions de plantes de la forêt et d'incantations.
Une série d'affaires criminelles compliquées autour des destinées complexes de trois jeunes hommes pris dans le double piège des cartels de la cocaïne et des revenants d'une guérilla perdue…
Une difficile collaboration entre deux gendarmes que tout oppose…
En filigrane et en parallèle, les traces de la guerre civile qui provoqua, à la fin des années 1980, le passage de milliers de réfugiés surinamiens sur les rives françaises du Maroni…
Et toujours, la quête identitaire d'André Anato à la recherche de ses origines.
J'ai retrouvé dans ce livre tout ce que j'avais déjà beaucoup apprécie dans les deux épisodes précédents : un enchevêtrement de situations personnelles, une enquête complexe aux ramifications infinies, une belle découverte de la Guyane, loin des schémas touristiques connus… Toute une ambiance !

Je commence à bien connaître l'univers de Colin Niel ; je sais qu'il va me balader, que les événement et les péripéties vont s'imbriquer et que vais me perdre en conjectures jusqu'au dénouement.
La narration se décline en portraits, et parcours, ceux des jeunes gens assassinés ; c'est captivant et perturbant à la fois… Un découpage en forme de poupées gigognes…

Le Capitaine Anato avance dans les recherches sur le passé de ses parents, sur sa famille paternelle, sur son mystérieux géniteur, sur une lignée oubliée… Il accepte peu à peu ses origines Ndjukas, apprend le dialecte, etc…
Encore une fois, sa nièce occupe une place importante dans le récit tandis que son ancien collègue, radié de la gendarmerie, devenu détective privé, se retrouve mêlé aux investigations en cours. Encore une fois, le bel André Anato va se lier à une femme… Ce sont, encore et toujours, les mêmes ficelles qui sont mises en oeuvre et cela fonctionne.
Tout cela fait le lien avec les romans précédents, dans une réelle montée en puissance.

Le récit est développé à partir d'un ensemble de situations politiques, économiques et sociales que Colin Niel maitrise parfaitement, ce qui lui permet d'illustrer des problématiques très concrètes : l'immigration, le chômage, la surpopulation, le désespoir de la jeunesse du Bas-Maroni...
Ainsi, au-delà du trafic de cocaïne et du sort de ceux qui ont le cran de se lancer dans le transport de la drogue, de devenir des « mules », l'auteur nous fait toucher du doigt des réalités que nous autres, métropolitains, peinons à appréhender.
De même, j'avoue n'avoir aucun souvenir des troubles survenus au Surinam à partir de la proclamation de l'indépendance, en 1975.
Dans ce roman, il est aussi question de campagne électorale, de représentation des ethnies…
Personnellement, j'aime ce côté didactique de cette série guyanaise.

Efficace, dépaysant… J'ai adoré !

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Ingénieur agronome et en génie rural des eaux et forêts, Colin Niel a séjourné durant plusieurs années en Guyane française en participant notamment à la création du parc amazonien de la Guyane en tant que chef de mission. de ce territoire méconnu, multiculturel, abritant une biodiversité à nulle autre pareille l'homme s'est mis en tête de raconter les dérives qui en découle telles que l'immigration clandestine, l'orpaillage abusif par des garimperos sans scrupule et cette drogue qui ravage la jeunesse de la région. Tout un registre de dérives sociales qu'il décline par le biais du polar en mettant en scène, dans ce que l'on appelle désormais la Série Guyanaise, le capitaine de gendarmerie André Anato, un noir-marron en quête de ses origines. Edité depuis 2012 chez Rouerge Noir, la maison d'éditions a eu la bonne idée de composer un recueil des trois premiers romans de la série qui en compte désormais quatre et qu'il convient de lire dans l'ordre sans que cela ne soit vraiment
indispensable. Néanmoins il faut prendre conscience que la quête du capitaine Anato quant à ses origines et aux événements tragiques qui ont frappé ses parents devient une espèce d'arche narrative qui relie l'ensemble des ouvrages ce qui explique que les trois premiers d'entre eux sont désormais publiés sous la forme de ce superbe recueil débutant avec Les Hamacs de Carton.



Capture d'écran 2020-08-08 à 22.15.49.pngEn Guyane, les habitants d'un village niché sur les rives françaises du fleuve Maroni sont bouleversés en découvrant les corps sans vie d'une femme et de ses deux enfants qui semblent endormis dans leurs hamacs. Débutent alors les rites funéraires de ce peuple noir marron, tandis que le capitaine de gendarmerie André Anato, un « originaire », guyanais de naissance, doit composer avec les procédures policières qui se heurtent aux traditions que le chef du village doit faire perdurer afin de laisser la parole aux défunts. L'enquête entraîne le capitaine et son équipe de Cayenne au Suriname sur un territoire où les ethnies et les communautés se brassent en quête de leurs origines et d'un destin meilleurs qui passe peut-être par l'obtention de papiers d'identité permettant d'accéder à leurs rêves les plus fous, comme cette métropole lointaine qui devient l'eldorado tant convoité. Mais le parcours est semé d'embuches et de désillusions comme en témoigne ces dossiers suspendus s'accumulant depuis des années dans les tiroirs de l'administration française et que les fonctionnaires surnomment les hamacs de carton.Quand la folie des rêves devient meurtrière.



Avec ce premier roman de la série, le lecteur va donc faire connaissance avec le capitaine de gendarmerie André Anato, premier officier « originaire » de Guyane qui ne connaît pourtant absolument rien de la région puisqu'il a toujours vécu dans la banlieue parisienne. Ayant perdu ses parents qui ont péri deux ans plus tôt dans un accident de voiture, il lui importe donc de renouer les liens avec les membres d'une famille qu'il n'a jamais connue. Ainsi se pose au travers de ce personnage central la question des origines qui devient l'un des thèmes du récit se déroulant au coeur d'un territoire où le brassage des ethnies et l'absence d'une frontière bien déterminée entre le Suriname et le Brésil jouxtant ce département d'outre-mer recouvert à 96 % d'une forêt équatoriale extrêmement dense, favorise une immigration clandestine assez intense. le capitaine Anato est secondé dans ses enquêtes de deux officiers au profil diamétralement opposé que sont les lieutenants Pierre Vacaresse et Stéphane Girbal. Si le premier peine à s'acclimater, le second a fait de la Guyane une espèce de terrain de jeu qu'il apprécie et c'est sur cet antagonisme que se déroule les enquêtes de la Série Guyanais en mettant en scène ces trois enquêteurs aux profils si différents qui vont pourtant se compléter en fonction des affaires dont ils ont la charge. Il faut dire que Colin Niel développe ses intrigues de manière déconcertante en déroutant le lecteur avec des faits divers en apparence disparates qui vont pourtant révéler des liens parfois singuliers comme c'est le cas avec ce premier opus où les trois gendarmes semblent enquêter sur des affaires bien différentes comme la mort de cette famille dans un petit village reculé, niché au bord du fleuve Maroni, le décès accidentelle d'une joggeuse du côté de Cayenne et le meurtre crapuleux d'une jeune fille détroussée de son téléphone portable.



Outre les investigations des gendarmes, Colin Niel développe avec Les Hamacs En Carton tout l'aspect des us et coutumes du peuple noir-marron en s'attardant particulièrement sur ce qui a trait aux funérailles d'une femme et de ses deux enfants que l'on a retrouvé morts dans leur carbet. On découvre ces rites par le biais du lieutenant Vacaresse contraint de rester dans ce village reculé de la Guyane, ceci pour les besoins de l'enquête afin d'interroger les habitants de la petite communauté qui semblaient marquer une distance à l'égard de cette famille. Loin d'être anecdotique ces éléments vont s'intégrer parfaitement dans le développement de l'intrigue tout comme le parcours de ce couple guyanais qui fait écho à l'enquête des gendarmes à mesure qu'ils avancent dans leurs investigations, nous permettant de prendre la mesure du casse-tête administratif pour l'obtention de papier d'identité qui devient ainsi l'enjeu central du récit. Et puis il y a cette nature luxuriante, cette atmosphère indéfinissable d'un pays hors norme que Colin Neil dépeint à la perfection ceci sans ostentation puisque ces paysages exotiques et cette ambiance métissée d'une Guyane lointaine qui devient pourtant si proche du lecteur, se suffisent à eux-mêmes.



Premier roman à la fois rythmé et très émouvant d'une série prometteuse, Les Hamacs En Carton ne manquera pas d'époustoufler le lecteur avec ce cadre exceptionnel dont l'auteur sait tirer le meilleur parti pour nous immerger dans le contexte méconnu de cette région d'outre-mer dont il décline les travers par le prisme d'une intrigue policière singulière. Une réussite.





Colin Niel : Les Hamacs de Carton. Recueil La Série Guyanaise. Editions du Rouergue Noir 2018.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Colin Niel a créé une série policière multiprimée située en Guyane autour d'un héros récurrent, le capitaine Anato, un gendarme noir-marron à la recherche de ses origines :

Les Hamacs de carton (2012),
Sur les rives du Maroni, le capitaine Anato enquête sur la mort d'une femme et de ses deux fils. Malgré la difficulté de renouer avec ses origines, c'est dans les croyances des peuples de ces rives qu'il peut découvrir les réponses à ses questions.

Ce qui reste en forêt (2013),
Un homme a disparu en pleine forêt amazonienne, aux abords de la station scientifique de Japigny. Orientés grâce à un signal de détresse, les gendarmes découvrent un cadavre dont les poumons sont remplis d'eau. Un noyé retrouvé en pleine forêt, des témoins retenus par une mauvaise météo : l'enquête s'annonce difficile pour le capitaine Anato.

Obia (2015)
Oule destin de trois jeunes hommes qui se retrouvent pris dans le double piège des cartels de la cocaïne et des revenants d'une guérilla perdue, au Suriname.
Obia à reçu le Prix des lecteurs Quais du polar-20 minutes 2016.

et Sur le ciel effondré (2018).
Grâce à son comportement héroïque, l'adjudante Angélique Blakaman a obtenu un poste à Maripasoula, dans le Haut-Maroni, en Guyane. Lorsque de sombres nouvelles arrivent de Wilïpuk, son village, Angélique est chargée de l'enquête, aidée par son meilleur allié, le capitaine Anato.

Quatres romans qui nous ont happés.
Le lecteur qui pensait lire un simple polar se trouve happé par une ambiance moite, une fange omniprésente, séduit par des personnages d'une richesse rare et des paysages à couper le souffle. Il ne peut qu'être touché par Anato et la quête des ses origines et par Melissa, cette jeune femme sourde qui montre une force de caractère hors du commun qui font oublier quelques longueurs ouy répétitions dans la narration, tout à fait supportables.
Bonus … les expressions locales apportent un exotisme bienvenu



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Je suis rentrée de mon périple Guyanais la semaine dernière et grâce à Colin Niel je suis encore restée immergée encore un petit peu dans cette atmosphère moite et luxuriante qu'est la Guyane.
Pendant les presque 3 semaines de mon séjour j'ai découvert le capitaine Anato, gendarme noir-marron, en poste à Cayenne et personnage principal des 4 romans policiers dont la Guyane est la toile de fond. Une Guyane violente, sombre et magnifiée par l'écriture de Colin Niel. La forêt est un personnage incontournable de cette fresque, le chant des oiseaux, le ruissèlement de la pluie et le flot boueux des fleuves et rivières transpirent des pages de ces 4 romans.
Chaque livre est une enquête et peut se lire indépendamment des autres mais toute la personnalité complexe du capitaine Anato se découvre au fil des romans.
Je n'ai pas eu le temps de découvrir la partie Nord- ouest du département mais grâce à la plume de Colin, j'ai l'impression d'avoir été jusqu'à St Laurent du Maroni ou Maripasoula.
Tous les sujets sensibles de ce bout de France sont traités avec recherche et justesse, les orpailleurs, les clandestins, le trafic de drogue vers l'Europe au départ de Cayenne, la misère et la difficulté d'obtenir des papiers, les amérindiens et leurs traditions ancestrales.
Je n'aurais rien pu lire de mieux pendant ce voyage…
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J'avoue m'être arrêtée à la fin du premier opus dans cette trilogie rassemblée en un volume. L'intrigue et la plume sont loin de m'avoir envoûtée moi qui vit en Guyane. Je pensais être transportée le long du Maroni et j'en sors déçue car finalement trop peu de descriptions et on n'y séjourne qu'à travers les yeux d'un gendarme frustré et obnubilé par les pieds des Noirs-Marrons ce qui, à mes yeux n'a que peu d'intérêt et aucun concernant la découverte du meurtrier.
Alors même si l'on découvre quelques balbutiements concernant la culture ndjuka je n'ai pas été emballée. Dommage.
Je ne sais pas si je vais continuer cet ouvrage mais une chose est certaine , ce ne sera pas tout de suite.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait là trois corps inertes qu’on aurait pu croire seulement endormis.
Anato s’approcha de madame Apanga, allongée sur un matelas en mousse, les mains réunies sur son torse en position de gisante, habillée d’un tee-shirt rouge quasiment neuf. Un mètre soixante au maximum, elle avait un corps tout en muscles, avec des bras épais des épaules aux poignets. Une silhouette courte, mais massive, presque masculine. Des mains de travailleuse aux paumes râpeuses, aux ongles abîmés. Seul le vernis argenté sur les ongles de ses pieds apportait une touche féminine à la défunte.
Son visage dégageait une émotion troublante. Une sorte de fierté austère. Des petits yeux resserrés autour d’un nez droit. Une bouche étroite et sèche, comme prisonnière de deux rides verticales et d’une fossette au menton. Six grosses nattes de cheveux gris rampaient vers l’arrière de son crâne. Une figure digne et triste, qui semblait n’avoir jamais souri. Difficile d’estimer son âge. Quarante ans ? Peut-être moins. La vie sur le fleuve pouvait faire vieillir prématurément.
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Comment une famille entière avait-elle pu ainsi s’effacer, en une nuit seulement ? se demanda-t-il. Quelle avait pu être la vie de cette femme ? Une vie de labeur, se prit-il à imaginer, entre fleuve et forêt, faite de précarité et de sacrifices pour élever deux enfants. Assez pour user une femme, pour lui creuser des rides, lui casser le dos, lui détruire les mains en quelques décennies. Anato se remémora avec tristesse le visage de sa mère, qui aurait pu ressembler à celui-ci si elle et son père n’avaient pas choisi de quitter la Guyane pour s’installer en métropole. Il tentait de rattacher le village, l’intérieur de cette maison à ses souvenirs d’enfance. Ses parents avaient-ils habité un jour dans une baraque en bois comme celle-là ? Avait-il lui-même passé ses premiers mois sur un tel plancher poussiéreux ? Dans sa mémoire, tout restait trop lointain, trop flou pour permettre un rapprochement.
(Les hamacs de carton)
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Rouge, orange, jaune, vert, bleu, violet. Le lieutenant Pierre Vacaresse eut beau se réciter plusieurs fois la liste, il ne parvint pas à retrouver la septième couleur. Un genre de mauve, peut-être ? Il se souvenait pourtant bien avoir révisé la leçon avec son fils, quelques années auparavant. De même qu’il avait à l’époque presque compris quel phénomène permettait de faire émerger tant de nuances d’une simple goutte d’eau. Une histoire de réfraction de la lumière ou quelque chose comme ça. Devant le petit arc-en-ciel apparu à l’avant de la pirogue, il mesurait son ignorance.
Deux bancs derrière lui, le capitaine Anato se tenait droit, immobile, les yeux rivés sur la berge surinamienne où le fleuve et la forêt se disputaient une frontière imprécise. L’eau s’introduisait entre les arbres pour inonder les rives, la végétation se déployait au-dessus du fleuve.
(Les hamacs de carton)
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— Z’êtes le… le patron ici ?
Si un parpaing avait été doté de parole, il aurait sans doute eu cette voix. Laborieuse. Aride. Minérale. Le capitaine André Anato sursauta, recula, main sur la bouche, jugea la silhouette camouflée contre le béton. Du haut de son mètre quatre-vingts, l’homme le dévisageait, les yeux perdus au milieu d’une face poussiéreuse, d’une masse de barbe floue et de cheveux agglomérés. Ses vêtements déchirés pendaient comme de longs poils verdâtres. Sous ses pieds crevassés, des chaussures artisanales, deux morceaux de pneu ligotés par des cordons crasseux. Le clochard tenait entre ses doigts noirs une bouteille en plastique percée d’un tube de stylo à bille, prêt à dégainer son caillou de crack. Une odeur sale suivait tous ses mouvements. Comment un homme pouvait-il atteindre un tel niveau de dégradation ?
Anecdotique vingt ans plus tôt, la toxicomanie se répandait comme une épidémie dans le département, cannabis, cocaïne et crack en tête. Chaque soir, une bande de junkies errait autour des camions-snack de la place des Palmistes, la main tendue. Merci pour votre contribution à notre projet d’autodestruction ! On les retrouvait à hanter les rues de Cayenne, hagards, beuglant leur dialecte d’un autre monde. D’un monde qui faisait peur, du monde de la précarité, de l’insécurité. Mais d’un monde qui gagnait du terrain.
Le gendarme et le mendiant se jaugèrent un instant. Le contraste était saisissant. Crâne et menton rasés de près, la stature haute, Anato prenait soin de son allure. Que veux-tu ? interrogea-t-il du regard. Je n’ai rien pour toi. Pourquoi ce toxicomane avait-il élu domicile à trois mètres de l’entrée de la caserne ?
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Devant eux, comme un éclat d’obus : un amas de sable retourné en tous sens. Une ponte de tortue, pas de doute possible. La rousse sort son mètre, mesure le site. Un mètre cinquante. Pas mal ! se dit-elle en pestant contre la tige rouillée qui refuse de rentrer dans son boîtier. Elle range l’outil dans sa poche, se redresse pour observer l’ensemble du nid. Les traces viennent et repartent vers l’océan, symétriques, parcourues par un sillon profond.
— C’est une luth ?
Évidemment.
— Une grosse, complète-t-elle pour débuter l’initiation du pseudo-rasta. Elle est arrivée par là. Elle a commencé à déblayer par ici, s’est déplacée vers ce point. Puis elle a creusé. Elle a pondu, rebouché le trou, brouillé les pistes en projetant du sable partout et elle a rampé vers l’eau par cette trace. Prends une photo.
(Ce qui reste en fôret)
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Vidéo de Colin Niel
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