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EAN : 9782070131105
448 pages
Gallimard (02/02/2012)
3.4/5   39 notes
Résumé :
"Quand Jack s'est installé à Los Angeles, il rêvait de devenir présentateur télé ou acteur, il voulait mener la grande vie, s'écarter à jamais de la masse laborieuse. Au lieu de ça, il vivote dans un studio miteux de Venice Beach, partage sa vie avec une prostituée à la dérive qui n'est même pas amoureuse de lui. Un jour, après s'être fait enlever un rein contre une grosse somme d'argent, la prostituée disparaît. Son corps mutilé est retrouvé dans un dépotoir du cen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La chronique de Jean-Marc Laherrère :


Vie de merde !

Voilà donc le roman choc annoncé depuis quelques temps à la série noire, le monstre de Matthew Stokoe, La belle vie, traduit par Antoine Chainas. Un bouquin défendu par Aurélien Masson et Antoine Chainas, on l'attend, et on s'attend au pire. Et on a le pire. Mais pas forcément où on l'attendait …



Jack vit à Los Angeles, la ville du mirage, la ville des rêves sur papier glacé. Jack ne vit que pour une chose, passer de l'autre côté. Son idéal le voilà :

Stockoe « J'allumai le magnétoscope et chargeai une de mes cassettes de pubs pour parfum. Les réclames pour cosmétiques de luxe sont le meilleur instrument de mesure d'une vie saine. Les individus y sont parfaits : vous vous en rendez compte rien qu'en les voyant. Leurs corps sont désirables, ils portent les fringues les plus chères, et ne regardent pas à la dépense. Ils vivent dans un monde où les problèmes sont résolus par d'autres, où il est impossible de douter de soi et où nul ne peut vous voir sans s'empêcher de vous aimer, de désirer vous ressembler. »


Jack est persuadé que la vraie vie, celle qui compte, est celle qui est de l'autre côté du miroir. Et pour le franchir il est prêt à tout. Quand sa femme Karen est retrouvée morte dans un parc, pour s'occuper, il commence à chercher son assassin, en plongeant dans le monde de la prostitution et de la came qui était celui de Karen. C'est comme ça qu'il rencontre Bella, belle, riche, richissime même. Bella qui va lui ouvrir les portes de la belle vie… et celles de l'enfer.


Pourquoi donc le pire n'est-il pas là où on l'attend ? Parce que malgré les multiples scènes de baise les plus sordides (nécrophilie, viol, merde et pisse à tous les étages, catalogue de toutes les perversions possibles et imaginables …) ce n'est pas cela qui glace le plus. du moins ce n'est pas ce qui m'a glacé le plus. Tant c'est fait sans émotion, sans passion, sans … sans rien. Juste parce que c'est possible. Comme dit Jack : « Il n'existe sans doute, à l'heure actuelle, que peu d'individus qui peuvent se vanter d'avoir baisé un cadavre, mais je suis sûr que beaucoup y pensent. »


Et finalement, à la lecture, ce que j'ai ressenti, plus que du dégoût, de l'écoeurement ou de l'effroi c'est de l'effarement et de l'incompréhension. Cet effarement vient du rien, du vide de cette vie. La déshumanisation totale de personnages qui n'existent que par ce qu'ils achètent. Pas par le plaisir que procure l'appartement, la bagnole, les fringues, non, seulement par l'acte de l'acheter, et même plus précisément de faire partie de ceux qui peuvent l'acheter. Ce qui glace c'est le renversement des valeurs qui fait que la réalité n'est plus le monde dans lequel on vit mais celui qui nous est vendu par la pub. Et le vide qui en résulte.


Avec cette contradiction flagrante, énoncée dès les premières pages à propos des personnes sensées vivre dans ce vrai monde, le seul qui compte : « Ils vivent dans un monde où les problèmes sont résolus par d'autres, où il est impossible de douter de soi et où nul ne peut vous voir sans s'empêcher de vous aimer, de désirer vous ressembler. » Confusion de « aimer » et « désirer ressembler ». Confusion d'autant plus forte que dans le roman personne n'aime, et même personne ne ressent le moindre plaisir. Jamais le plaisir ou le bonheur ne sont évoqués, même au moment d'un supposé accomplissement.


Est-ce qu'on peut conseiller ce roman ? Je n'en sais rien. Difficilement c'est certain. Trop trash pour certains, trop vide pour d'autres, trop dérangeant bien entendu. Car il pose cette question : Existe-t-il vraiment, autour de moi, des gens à ce point différents, à ce point hors de toute discussion possible, à ce point hors d'atteinte ? Je peux comprendre la haine, la vengeance, la méchanceté, l'envie, la jalousie … Je n'arrive pas à comprendre ce vide.


D'ailleurs après avoir tourné autour du pot c'est là que je comprends mon ahurissement. Ces personnages, pour moi, sont des aliens complets. J'ai l'impression de pouvoir comprendre, un peu, un indien d'Amazonie, un japonais traditionaliste, un inuit, pour peu qu'on m'explique. Je n'ai aucune prise pour comprendre ce monde là.


Et s'il existe vraiment, merci à l'auteur de nous le rendre perceptible. Si c'est vers ça que notre société marchande veut nous faire aller, si ce sont des individus comme ça qu'elle fabrique, il faut le savoir. Pour la combattre. Et comme le clame Paco Ignacio Taibo II, dans ce combat, « No me rindo ».


Heureusement, il existe tant de garde-fous ! Des plaisirs à partager gratuitement. le bonheur de voir un chat s'étirer voluptueusement, le couteau qui tranche un gigot d'agneau cuit à point, peau craquante, chair rosée et tendre, Sarah Vaughan qui chante My funny Valentine, le rire d'un môme quand Ventura colle un bourre-pif à Blier, une colère de Montalbano, la limpidité de l'air, un matin, au démarrage d'une rando dans les Pyrénées, un verre partagé avec les amis, l'intro de Jumpin Jack Flash … et tant d'autres. Plaisir. Un mot qui n'est jamais employé dans le roman …


Bref, vous le constaterez, un roman qui interroge. Ce qui est un gage de qualité. Et un roman très désagréable à lire, très déstabilisant. La discussion est ouverte, j'attends vos réactions. Et éventuellement, s'ils passent par ici celles d'Aurélien Masson et Antoine Chainas que je me ferai un plaisir, et un honneur, de publier (si ça s'appelle pas un appel du pied …).


A vous tous.


Matthew Stokoe / La belle vie (High life, 2008), Série Noire (2012), traduit de l'américain par Antoine Chainas.
Lien : http://actu-du-noir.over-blo..
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À Los Angeles, Jack rêve de partager la vie des célébrités. En attendant, il s'est marié à une prostituée, Karen, et vit dans un appartement minable de Venice. La découverte du cadavre mutilé de Karen ne va pas le moins du monde venir briser les rêves de gloire de Jack. En s'enfonçant de plus en plus profondément dans un monde où se côtoient les vices les plus extrêmes, il va peu à peu tenter de découvrir le meurtrier de Karen tout en essayant de faire en sorte que ses désirs deviennent des réalités.

Inceste, scatologie, nécrophilie, trafic d'organes… La belle vie est un véritable catalogue de perversions décrites avec crudité, sans filtre et sans doute avec le désir d'allier provocation et grand guignol. Car, si certaines scènes sont rudes et même à la limite du supportable, il convient de remarquer que Matthew Stokoe n'est pas dépourvu d'humour et d'ironie.

On l'aura compris, La belle vie n'est pas un livre à mettre en toutes les mains, mais il convient de ne pas s'arrêter à ce côté provocateur qui, en fin de compte, n'est pas ce qui peut le plus mettre le lecteur mal à l'aise. C'est le détachement du narrateur, Jack, obsédé par ses rêves de gloire ou plutôt de reconnaissance, jusqu'à nier sa propre humanité, son détachement face aux perversions auxquelles il est amené à se livrer pour accomplir ce qu'il croît être son destin, qui rend cette lecture douloureuse.
C'est de cela dont parle La belle vie. du pouvoir de l'image et de l'argent et de la vacuité qui va avec jusqu'à ne plus considérer les autres que comme des objets dont on n'a rien à faire d'autre que de les casser pour montrer que l'on existe soi-même. Et, à ce titre et malgré son image vénéneuse et nihiliste, ce roman apparaît comme éminemment moraliste si ce n'est moralisateur.

En préface, l'éditeur américain de Stokoe regrette « que La belle vie ne soit pas mentionné de manière régulière aux côtés de classiques transgressifs de la satire sociale tels qu'American Psycho ou Fight Club ». On aurait envie de lui répondre que c'est peut-être, justement, parce qu'il est arrivé après eux et ne bénéficie pas de l'effet de surprise, de l'impact, qu'ont eu ces romans-là. Sans doute est-il arrivé un peu tard, en même temps d'ailleurs que montait la téléréalité et sa cohorte d'aspirants à la gloire prêts à tout pour apparaître à la une de la presse tabloïd.
La belle vie n'est donc finalement pas aussi original qu'il en a l'air même s'il n'est pas dénué d'intérêt et peut effectivement trouver sa place quelque part entre American Psycho et Fight Club. Voilà un roman qui demeure toutefois une lecture éprouvante et – on ose l'espérer – ne se cantonne à un simple divertissement trash pour lecteur en manque de sensations fortes.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Tout commence avec Jackie, à la recherche de sa femme Lauren, prostituée, qu'il retrouve morte dans des conditions abominables...

Petit à petit, il va sombrer lui aussi dans la prostitution et dans tous les vices possibles et inimaginables afin de prouver au flic bizarre, Ryan, que ce n'est pas lui l'assassin.

C'est cru, hard, dur... et pourtant, on a envie de continuer à lire et lire encore pour connaître la suite. Déroutant !
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Paie ta chronique.
Okay, sur papier ça s'engageait bien : du glauque, du sordide, du marginal.
Mais au bout de quelques chapitres, j'ai commencé à trouvé que ce livre se transformait un peu trop en catalogue à perversions. du foutre à chaque page, bien nappé, qui vient engluer tout le propos.
Il en faut franchement plus pour me dégoûter, mais là, non, je ne sais pas... ça m'a fait l'effet de "tout ça pour ça".
Alors oui, "la belle vie" montre bien jusque où l'humain est capable d'aller dans l'inhumain pour servir ses intérêts les plus égoïstes, à travers le détachement extrême du narrateur. Et rien de mieux, j'imagine, que Los Angeles pour planter ce décor, ville de tous les contrastes américains.
Mais encore une fois, je ressors de cette lecture les doigts poisseux et avec la vague impression d'avoir participé à quelque chose que je ne voulais pas voir ni faire.

Plus de 500 pages pour public averti et au coeur bien accroché
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Putain c'est quoi ce premier roman ? Il a visiblement fait de l'effet à son éditeur et à son traducteur mais perso, j'ai été plutôt mal à l'aise ou bonne partie de la lecture est pourtant je suis loin d'être prude.
Mais alors "La belle vie" de Matthew Stokoe de quoi ça parle :
Installé à Los Angeles, Jack rêve en vain de télévision ou de cinéma. Un jour, après qu'elle s'est fait enlever un rein contre une grosse somme d'argent, la prostituée avec qui il vivait disparaît puis est retrouvée mutilée dans un dépotoir du centre-ville. Jack commence alors une longue descente aux enfers dans le milieu de la prostitution.
"La belle vie" c'est une plongée dans les turpitudes du rêve américain. Ce roman a un vrai style, on est assez captivé par la noirceur du récit qui distille un vrai malaise. le problème, c'est que trop, c'est trop! Une description extrêmement détaillée de toutes les déviations sexuelles (coprologie, nécrophilie, j'en passe et des meilleures...) fait que le résultat est proprement(!) insupportable ! ou alors pour pervers !
Visiblement ça n'a pas été ma came !
Lien : https://collectifpolar.com/
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critiques presse (1)
Liberation
20 février 2012
Matthew Stokoe plante un hyperréalisme hypersexué, excessif et froid, où chacun vit son «insularité glacée» ; avec une intrigue accrocheuse, du simili-policier, en guise de cadre.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
J’allumai le magnétoscope et chargeai une de mes cassettes de pubs pour parfum. Les réclames pour cosmétiques de luxe sont le meilleur instrument de mesure d’une vie saine. Les individus y sont parfaits : vous vous en rendez compte rien qu’en les voyant. Leurs corps sont désirables, ils portent les fringues les plus chères, et ne regardent pas à la dépense. Ils vivent dans un monde où les problèmes sont résolus par d’autres, où il est impossible de douter de soi et où nul ne peut vous voir sans s’empêcher de vous aimer, de désirer vous ressembler.
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« Ils l’ont trouvée dans le parc il y a deux jours. Avant ça, elle avait vendu un de ses reins. Peut-être qu’il y a un lien.
— Vendu son rein ? Comme… vendu son rein ? »
Rex ne put retenir un petit éclat de rire.
« Eh ben, c’est ce que j’appelle de la prostitution. »
Il se ressaisit tout de suite, affecté et choqué à nouveau.
« Désolé, mec, trop de sniffettes. Bon Dieu, c’est terrible. Mais je peux piger. Parfois, tu te dégoûtes tellement que tu voudrais qu’on t’enlève une partie de toi-même. Je veux dire, tu sais de quoi je parle, hein ?
— Elle avait juste besoin d’argent.
— Nan. Peut-être que c’était pas conscient, mais elle envoyait un message. Elle disait à quel point elle était abîmée, elle payait pour ses mauvaises actions. »
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Le lendemain matin, effondré sur les toilettes, nauséeux, j’essayais de chier lorsque la porte de la salle de bains s’ouvrit avec fracas et je rencontrai Ryan pour la première fois. Il se tint un moment face à moi, me scrutant comme une sorte de tueur fou qui se demanderait si oui ou non il allait appuyer sur la détente, puis il sortit sa carte de police.
« Essuie-toi le cul. »
J’avais vraisemblablement sous-estimé les compétences des enquêteurs de la ville de Los Angeles. J’utilisai quelques feuilles de papier, mais je me sentais plutôt vulnérable et ne m’en tirai pas très bien. Alors que je remontais mon pantalon, il m’arrêta.
« La dernière feuille était encore sale. Tu ne veux pas avoir le trou qui te gratte. Frotte bien. »
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Il fut un temps où j’adhérais complètement à cette espèce d’optimisme ensoleillé. Je croyais que tant que vous aviez un boulot, tant que vous travailliez assez dur, et pour peu que vous vous teniez à l’écart de la police, vous pouviez prétendre à un certain niveau de vie. Une relation stable, une maison dans un chouette quartier, une bagnole, des vacances à l’occasion… Pas la grande vie, peut-être, rien qui n’ait l’incandescence de celle d’une vedette, mais au moins une certaine protection contre les intempéries : une gratification suffisante pour avoir respecté les règles.
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Ryan fit signe à l’assistant et ce dernier cala ses outils entre les jambes de Karen avant d’écarter la plaie au-dessus de la cicatrice latérale. Les bords étaient nets. Là où les blessures se croisaient, ils présentaient le même genre de stries, faites de graisse blanche et de fibres musculaires rouges, que la viande chez le boucher.
« Tu vois ? »
Il me regarda comme si je risquais de ne pas comprendre.
« Tu vois ? Vide. »
C’était exact. Il ne restait pas grand-chose sous les dernières côtes. Plus rien de cette pulpe d’intestins bleu-gris, pas d’abats poisseux, ni même un petit tas de matières fécales agglomérées. Sous la lumière crue, un petit morceau du pelvis brillait sous une fine couche de tissu. Il n’y avait pas de sang, tout était propre.
Éviscérée comme un poisson et lavée au jet.
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