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EAN : 9782746744738
Autrement (15/02/2017)
3.72/5   25 notes
Résumé :
Une réflexion sur la nuit, qui abrite des expériences philosophiques. Point de départ, limite de la pensée, le savoir nocturne prémunit contre les lumières crues et les lucidités prématurées. Intime et sensible, la nuit ouvre un espace pour vivre sans témoins.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les dormeurs sont ici renvoyés à leurs songes. On devrait prendre au sérieux une lecture qui incite à entrer dans la nuit en devenant hibou pour faire “l'apprentissage de la vision en conditions précaires”. Métamorphose en animal nocturne, amoindrissement des perceptions visuelles et modifications des conduites ouvrent les portes à l'expérience nocturne moderne explorée dans ces pages. Réunissant noctambules et insomniaques, fêtards et prolétaires, écrivains et personnages de la littérature, philosophes, policiers et hommes infâmes, la nuit version Foessel interroge jusque dans ses artifices les plus ambivalents ou paradoxaux, éclaire autant qu'elle efface, et transporte, depuis les débuts de l'éclairage public, du Paris de Restif de la Bretonne à Las Vegas en faisant d'une apothéose électrique berlinoise une métaphore de la nuit contemporaine. Par-delà l'ancienne opposition métaphysique Ténèbres/Lumières ou jour/nuit retenue par le langage commun, et à côté de Descartes, Kant ou Nietzsche, Michaël Foessel s'attarde plus loin avec bonheur sur de très humaines expériences entre le coucher du soleil et le chant du coq parmi lesquelles on se réjouit de son interprétation de la trahison de l'apôtre Pierre ou de son commentaire sur le combat nocturne de Fitzgerald avec un moustique. Moins voir mais pour être moins vu c'est aussi le programme des noctambules. Leurs nuits rendues plus égalitaires par la pénombre gommant les différences et les distinctions sociales. Nuits de rencontres entre êtres dissemblables et parenthèses de répit en contrepoint de la logique diurne sous contrainte d'un capitalisme sans pause... Sensorielle et perceptive par l'approche, la nuit de Foessel est particulièrement polyphonique par la variété des sources et références empruntées au cinéma (J. Eustache, Hitchcock, F. Fellini), à la peinture (Michaux), à l'esthétique, à la littérature ou la poésie (Rilke, Novalis) etc. Elle est aussi vaste à parcourir philosophiquement que l'immensité étoilée à regarder (Foessel préface d'ailleurs plus récemment un très beau catalogue d'une exposition à Pompidou-Metz : « Peindre la nuit »), et aussi profonde à élucider que la pensée des origines et du noir avec lesquels elle ne se confond pas. La dimension politique de la nuit au coeur de ce petit essai stimulant est moins attendue et ajoute à son attrait. La nuit de Michaël Foessel, propice à un anonymat recherché et qui offre à l'expérience un temps alternatif “sans calcul ni comparaison”, est porteuse d'une promesse de réinvention du lendemain.
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Un essai philosophique sur la nuit et les plaisirs paradoxaux qu'elle fait naître. M. Foessel parvient à dépeindre les errances nocturnes et l'imprévisibilité des ténèbres avec énormément de génie. Les thèmes abordés sont étudiés minutieusement et les réflexions qui en découlent sont passionnantes.
Grandiose.
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Le dernier livre (février 2017) de Michaël Foessel
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critiques presse (2)
LeMonde
18 septembre 2017
Michaël Foessel a consacré son dernier ouvrage, « La Nuit. Vivre sans témoin » (Autrement, 2017), à ce temps propice aux expériences philosophiques.
Lire la critique sur le site : LeMonde
NonFiction
02 mai 2017
Passée au crible de l'analyse de Michael Foessel, la nuit révèle ses enjeux corporels, mais aussi juridiques et phénoménologiques.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
En me réveillant, je ne sais plus très bien de quoi cette nuit était faite. Aux souvenirs se mêlent peut-être les rêves. Ai-je dansé aussi longtemps que les courbatures de mon corps le suggèrent ? Ont-ils seulement existé ces inconnus avec lesquels j’ai refait le monde ? Suis-je certain d’avoir bien vu dans l’obscur ?
J’y étais pourtant. C’était une nuit dans un bar berlinois. Il faut dire que rien n’était fait pour que je me souvienne précisément. Ni les lumières minimalistes, ni le prix (modique) des bières, ni la fumée de cigarettes. La musique était entraînante, cela au moins est sûr. La nuit, les oreilles ont plus de mémoire que les yeux. Pour le reste, je ne reconnaîtrais sans doute aucun de ceux que j’ai croisés. Sauf mes amis, bien sûr, puisqu’ils font aussi partie de mes jours. Mais les inconnus rencontrés dans ces conditions précaires appartiennent seulement à cette nuit.
C’est mieux ainsi. On va à la nuit pour être moins regardé et, de ce fait, moins regardant. L’expérience nocturne est un défi au désir social de reconnaissance. Il ne devait d’ailleurs pas être brillant ce bar. Il y a eu des nuits pour abolir les privilèges, d’autres pour ourdir des complots. La mienne n’a rien de si exceptionnel. Sinon que, dans la pénombre, je n’ai pas vu le temps passer. Je me souviens seulement du moment où j’ai regardé ma montre. A cet instant, les impératifs du jour se sont rappelés à moi : il a fallu rentrer. La nuit était finie.
C’était une fête, mais j’aurais aussi bien pu errer des heures sous les étoiles. Toujours, la nuit altère le temps et suspend les comptes.
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Souvent je me demande ce que je fais encore là. Seul ou entouré, dans le noir ou baigné par des lumières artificielles, dans une rue obscure ou aux abords d'une piste de danse, la même question : "Qui suis-je, moi qui veille ?"
Dès l'instant où cette question se pose, je sais que la nuit est terminée.
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La privation de sommeil est une forme ancienne de torture, mais elle s'est perfectionnée grâce à des techniques (lumières artificielles, amplification du son) qui ont en commun de maintenir la victime dans une temporalité où l'alternance entre le jour et la nuit a complètement disparu. [...]
Dans les sociétés contemporaines, la permanence des lumières artificielles est devenue une seconde nature, plus puissante que la première. C'est pourquoi la privation de sommeil et le régime de la veille forcée ne font plus scandale. Nous sommes désormais habitués à vivre dans un environnement où les machines fonctionnent de manière incessante, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. De l'ordinateur à la station-service ouverte non stop, les choses qui nous entourent indiquent une disponibilité sans limite. Si l'on appelle "liberté" le droit d'être livré sans attendre, la mise au rebut de la nuit comme espace favorable à l'inertie des corps et au relâchement social apparaîtra comme un signe d'émancipation (p. 112 - 113).
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Dans un passage d'"Aurore", Nietzsche met en garde son lecteur contre "la vengeance des ivrognes en tout genre, pour lesquels l'aube est le moment le plus lugubre de la journée". Ce sentiment où l'aube se présente comme une menace, tous les habitants de la nuit l'ont éprouvé.
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L'obscurité égalise les hommes en les rendant pauvres en perceptions claires et distinctes. Ce faisant, elle dépouille les yeux du pouvoir de juger en même temps qu'elle ôte des coeurs le désir de se faire paraître à son avantage exclusif (p. 140).
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Videos de Michaël Foessel (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michaël Foessel
Peut-on encore être de gauche et aimer le steak frites? C'est la question que semble poser le dernier livre, "Quartier Rouge ", du philosophe Michaël Foessel. Dans ce nouvel essai, il montre le pouvoir politique du plaisir, des occupations joyeuses d'usines à la colère suscitée par la fermeture des théâtres et des bars lors des confinements.
La gauche progressiste est en effet accusée d'être de plus en plus moraliste et ascétique, entre obligation de modération à l'aune de la crise climatique et souci de l'auto-critique face aux minorités. La droite hédoniste aurait pris la défense du plaisir.
L'auteur montre qu'il est devenu urgent de réfléchir à nouveau sur la dimension émancipatrice du plaisir. En effet, on a aujourd'hui tendance à porter une attention de plus en plus exclusive à la souffrance ou au désir comme origine de la critique sociale. Or le plaisir a une vraie valeur politique. Il permet au discours de rejoindre le réel.
Le plaisir devrait donc redevenir un enjeu pour la gauche. Ses principes n'ayant plus d'effet dans le réel. le parti socialiste a en outre abandonné la promesse que portait son emblème - le poing et de la rose dont les épines servent d'avertissement : le plaisir et la joie ont le pouvoir de subvertir l'ordre établi. Un pouvoir de subversion et d'émancipation du plaisir qu'il faudrait réhabiliter aujourd'hui, à l'heure où le capitalisme prétend avoir formaté notre bonheur.
Olivia Gesbert invite à sa table Michaël Foessel, philosophe et professeur à l'Ecole polytechnique.
#philosophie _____________
Prenez place à La Grande Table pour rencontrer d'autres personnalités qui font l'actualité des idées https://www.youtube.com/watch?v=JDYyX3huGpU&list=PLKpTasoeXDrpsBVAaqJ_sANguhpPukaiT&index=3&ab_channel=FranceCulture ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie
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