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EAN : 9791030422375
144 pages
Allia (01/01/2020)
3.61/5   18 notes
Résumé :
Tout semble opposer Éric et Laura. Si la réussite sociale de celui-ci n’a pas tenu toutes ses promesses, la déchéance de Laura est totale, aussi bien sur le plan amoureux que professionnel. Près de trente ans après leur première rencontre, les deux personnages se retrouvent sur un parking­, buvant du rosé et fumant des joints, au fil d’un dialogue décousu.
Cette nuit-là, tout le passé d’Éric lié à la mémoire de Laura resurgit : la fascination obsessionn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
«Laura, j'aurais tant à apprendre de toi»

Entre nostalgie et mélancolie Éric Chauvier raconte le retour d'un homme dans sa région natale où il retrouve son amour de jeunesse. Avec cette envie folle de réécrire l'histoire…

S'il existe un amour qui ne meurt pas, c'est le premier. Celui qui marque la fin de l'enfance. Celui qui, comme un rite de passage, vous offre tous les possibles. À la fois creuset de tous les fantasmes et rêve d'une vie idéale. Dans son «bled» Éric a la chance de côtoyer Laura, la fille au bikini rouge qu'il croise à la piscine et dont la beauté renversante met en émoi tous ses sens.
Dans une vie idéale cet amour emporterait tout. Parce que pur et absolu. Sauf qu'Éric est timide, sauf qu'Éric n'ose pas avouer sa passion brûlante, sauf qu'Éric est un gentil garçon qui ne peut rivaliser avec une horde de jeunes mâles entreprenants. Laura, quant à elle, s'est parfaitement rendue compte de l'effet qu'elle faisait et a décidé de jouer sur ses atouts pour se choisir un bon parti. «L'héritier», le fils du riche industriel pourra lui permettre de sortir de sa condition, de se construire un avenir à la hauteur de ses espérances...
Éric Chauvier a choisi de construire son roman sur deux époques, celle de cette jeunesse où tout était encore possible et de nos jours, soit une trentaine d'années plus tard, au moment où l'amoureux transi revient dans sa région natale et y retrouve Laura. L'occasion de revisiter le passé, l'occasion aussi de mettre en perspective les rêves d'alors et la réalité d'aujourd'hui. de retracer le parcours de ses camarades de classe, ceux qui sont partis et ceux qui sont restés, ceux qui se sont rangés et ceux dont on a perdu la trace.
« J'ai 47ans. À cette heure-là, je devrais être en famille, avec mon épouse et mes enfants. Je devrais m'efforcer d'être un père aimant et un mari productif. Je devrais faire et refaire l'épreuve de ce principe que je pensais fondateur de mon existence: “Dans la vie conjugale, il est plus difficile et gratifiant de construire que de déconstruire.” Je devrais l'éprouver pour me sentir mieux, conforté dans le choix d'avoir évité les tentations. Je devrais refréner mon romantisme absurde et le diluer dans ma vie de couple. Sauf que je suis ici, avec Laura, l'amour de ma vie du bled, à déconstruire je ne sais quel mystère qui s'épaissit notablement. »
Car Laura est toujours aussi belle et désirable. Aussi accepte-t-il volontiers de la suivre quand elle lui propose une virée du côté de l'usine. L'occasion rêvée pour lui avouer son amour, peut-être même de ne plus fantasmer et de passer aux actes. Après quelques verres d'un rosé en cubi et quelques joints d'une herbe dont Laura peut s'enorgueillir d'être la productrice, la conversation se fait plus ouverte, les langues se délient.
Éric raconte comment il est parti en 1989, s'inventant «des raisons qui font diversion» pour suivre des études de philo et d'anthropologie, qu'il a trouvé un emploi, s'est marié et a eu des enfants, partageant son temps entre Paris et la banlieue de Bordeaux.
Laura dit son mal-être après le départ de «l'héritier» qui a choisi de céder aux injonctions de son père qui refusait cette mésalliance et un mariage raté auprès d'un mari violent. Elle dit sa colère et son désarroi, mais aussi l'espoir que sa fille devenue «influenceuse» réussisse là où elle a échoué.
La force de ce court roman tient dans ce choc des cultures, dans le constat amer que la vie est passée et qu'elle aurait pu être toute autre, mais aussi dans ce désir aussi fou que désespéré de remettre les choses à l'endroit. Éric Chauvier, à l'instar de Nicolas Mathieu avec Leurs enfants après eux peint la France d'aujourd'hui, celle qui s'est résolue à essayer de s'en sortir mais qui n'a plus de rêves, celle dont l'avenir semble s'obscurcir à mesure qu'elle avance. Entre nostalgie et mélancolie, c'est à la fois triste et beau.


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Le thème me semblait attirant. Mais j'ai été déçu. La tonalité générale du récit réduit Laura à sa condition de bimbo inculte, opposée à un soupirant irrémédiablement séparé socialement d'elle. le haut et le bas de l'échelle s'échangent entre les deux protagonistes au fur et à mesure que la beauté de Laura se fane et que le fossé culturel devient le seul arbitre.
Une lutte de classes un peu caricaturale.
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Le bled c'est l'endroit lointain et rural ou a grandi le narrateur. le bled, ou il retrouve la belle Laura pour laquelle il se pâme de désir depuis l'adolescence. Entre rejet et affection il tente de comprendre l'attirance irrésistible qui le pousse à traîner dans cette voiture 25 ans après, alors qu'il a une famille qui l'attend. Laura si éloignée de son monde, ses codes sociaux, moraux, langagier que s'en est incompréhensible pour lui.
Pourtant il est là, et c'est ce huit clos que l'on suit dans ce court récit. L'auteur décortique et joue avec les mots. Il nous interroge sur l'essence du langage. Que veut dire parler le même langage ? A quel point le langage nous catégorise, nous range dans des cases scellées, étiquette nos pensées ?
A travers le regard distancié de l'anthropologue et celui en adoration du jeune pré-pubère, l'auteur nous livre une satyre étonnante sur l'opposition des multiples mondes qui compose notre société et qui souvent ne font que se croiser, sans se voir ni s'entendre réellement et qui parfois même se déchire lors de frottement. Un roman énigmatique sur la puissance de l'adolescence et son déterminisme existentiel. Un ensemble plutôt contemplatif et lent. Beaucoup de bruit pour peu d'action qui me laisse une appréciation de lecture en demi-teinte.
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Une fois sortis du lycée, Éric et Laura n'avaient plus aucune raison de se croiser. Lui, fils d'instituteur, quitte le « bled » pour la grande ville. Elle, suivie par une mauvaise réputation injuste qu'elle doit autant à sa scolarité médiocre qu'à sa beauté, reste au village natal et enchaîne les déconvenues. Trente ans plus tard, Laura ne rêve de rien d'autre que d'incendier l'usine de l'homme qui l'a quittée, la renvoyant à sa classe sociale d'origine. Au moment où sa colère trouve un écho dans le mouvement naissant des gilets jaunes, elle renoue avec Eric, devenu anthropologue et écrivain, qui fait le récit de ces retrouvailles. Au fil de leur discussion, comme d'autres transfuges de classe avant lui, Eric Chauvier mesure dans chaque phrase prononcée, dans chaque pensée refoulée, la distance qui le sépare de son milieu d'autrefois. Mais, sans se donner le beau rôle ni se poser en surplomb, il fait avec Laura le compte des entraves et des outrages subis, qu'elle dévoile peu à peu. Si le parcours de Laura révèle aussi bien les violences économiques que le poids du patriarcat, elle n'est jamais pour Eric Chauvier un pur objet sociologique : c'est ce qui fait toute la force de ce portrait dialogué à la fois pudique et incarné.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
INCIPIT
“Tu veux du rosé?”
Deux questions, simplement. La première me semblait impensable il y a peu encore : comment m’est venue cette impression que tout est possible ; je veux dire qu’aucune limite policière, encore moins judiciaire, ne saurait interférer désormais sur nos actes? La seconde question est à peine moins angoissante: qu’est-ce que je fais là avec Laura, en pleine nuit, devant l’usine du père de “l’Héritier”, une fabrique de prothèses médicales remplie de solvants en tout genre? “J’ai rien à perdre, c’est ce qu’elle m’a dit tout à l’heure, parce que je suis dans la clandestinité maintenant, tu comprends ?” Elle n’a que ça en tête : tout faire brûler. Comment peut-elle dire ça alors que tout est déjà réduit en cendres autour d’elle ? Je la dévisage et j’ai bien conscience que mon regard comporte quelque chose d’insistant, de culpabilisant peut-être.
“Oh oh, je te parle! Tu veux du rosé?
– Hein ? Euh... Du rosé... Pourquoi pas...
– Tiens, prends un gobelet et marque ton prénom dessus.
– Quoi ? Pourquoi je devrais marquer mon prénom ? Ça n’a aucun sens, on n’est que tous les deux. On n’est pas dans une fête...
– Je plaisante, c’était une blague. Bon t’en veux ou pas, du rosé ?”
Pourquoi cette blague ? J’ai l’impression qu’elle se fout de moi, qu’elle me prend pour un citadin.
“Oui, euh... D’accord. C’est juste que c’est particulier, non, de boire du rosé en plein mois de décembre sur ce parking, alors qu’il doit faire combien, à peine dix degrés!
– Qu’est-ce qu’on en a à foutre de la tem¬pérature qu’y fait? Qui va nous le reprocher?
– Ouais c’est vrai, personne.
– On va la faire cramer l’usine à Papy! Il res¬tera plus rien bientôt de son usine de gros enculé !”
Dès que je goûte à sa beauté, elle me balance ce genre d’images – “une usine de gros enculé” – sidérante, sale, vile et – je ne sais comment – puissante.
“Si tu le dis, Laura.
– Je le dis.”
Elle a l’air tellement sérieuse tout à coup. Elle me ferait rire si je n’éprouvais pour elle cette appréhension mâtinée de désir.
“Il est pas bon mon rosé ?”
En fait, si je ne ris pas, c’est parce que la peur et le désir sexuel sont des repoussoirs parfaits du rire. En ce qui concerne le rosé, pour dire vrai, je le trouve acide et râpeux mais n’ose pas l’avouer de peur de passer pour un esthète dénué de virilité ou, pire, pour un riche, un nanti, pourquoi pas un oligarque aux “yeux de Laura” (tiens, c’est le titre d’une chanson de variété de notre adolescence). Si tant est qu’elle sache ce qu’est un “oligarque” ; je suis presque sûr qu’elle ignore le sens de ce mot. Pourtant, lorsqu’elle évoque des “enculés”, j’ai l’impression qu’elle cible justement une caste qui comprendrait des êtres injustes, globaux, triomphants, mondialisés, évanes¬cents. Je ne sais d’où lui vient cette fascination pour ce mot, “enculé” mais, dans sa bouche, il devient surprenant, comme si, par les seuls recours à l’intonation, Laura était finalement beaucoup plus précise que moi pour parler du monde. Par exemple, si je voulais lui opposer une déclinaison de la “décence ordinaire” de George Orwell, ce serait avec de telles hési¬tations qu’elle me répondrait sûrement que tout partisan de la démocratie apparenté à ce modèle se réduit in fine à une “belle brochette d’enculés”. Et elle ferait mouche, sûrement.
“Eh-oh ! Il est pas bon mon rosé?”
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La regarder, je ne fais que ça. Mais elle, me voyait-elle seulement? Je n’ai aucune raison de le penser. J’étais le fils de l’instituteur et jouissais à ce titre d’une sorte de statut remar¬quable, quoique seulement aux yeux des jeunes gens raisonnables, respectueux d’un ordre qui les rassurait. Ce n’était pas le cas de Laura. Elle semblait indifférente à mon soi-disant “statut”. À ses yeux, j’étais peut-être même complice du mal indistinct qui s’acharnait sur elle. Elle m’a toujours donné l’impression de mépriser tout ce qui se ratta¬chait à l’école républicaine, ses symboles et ses prétendus principes d’égalité.
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Déjà esquissé dans La Petite Ville, récit autobiographique où l'intime de l'auteur croisait l'exploration de sa ville natale dont le centre est une zone morte et qui, tout en étant un lieu sans future, représente aussi la ville de demain, voilà qu'Éric Chauvier plonge dans un souvenir amoureux datant de la fin des années 80 pour raconter deux types de fractures : la première sentimentale, l'autre sociale. Cette Laura, qu'il compare à la Laura Palmer de Twin Peaks parfois, était-elle prédestinée à sa condition actuelle ? une "cassos' (cas social, comme l'avait-dit avec mépris le grand parton d'usine du coin) ? Cette belle femme au destin cabossé, à l'avenir ruiné, au passé dévasté, est une "gilet jaune", alors que Chauvier lui, en s'échappant du "bled", est, aux yeux de Laura, un privilégié de la grande ville… Le chassé croisé de ces deux personnages, entre fiction et étude anthropologique, donne un livre bouleversant d'intelligence.
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Elle n’a que ça en tête : tout faire brûler. Comment peut-elle dire ça alors que tout est déjà réduit en cendres autour d’elle?
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Elle a aussi dit, le regard torve, que tu avais décroché le « gros lot ». Puis elle a ricané, avec un air mauvais qu’elle ne faisait aucun effort pour contenir. Cette expression, « le gros lot », que ma mère m’a répétée sans prendre de précautions, m’a passablement troublée parce qu’elle t’assignait irrémédiablement aux prérogatives prétendument mineures de ta classe sociale et à ta généalogie de dominée. Elle supposait que richement dotée par la nature, tu avais en quelque sorte prévu depuis ta naissance de faire fructifier ton joli minois et tes jolies formes auprès de descendants d’huiles locales. Ce qu’il convient de reconnaitre comme argument de prostitution prédéterminée, cette femme l’a avancé sans hésiter, parlant au nom de tous ceux du bled, et avec un sentiment d’impunité qui lui donnait quasiment l’autorité de la science. Mais il faut bien comprendre que dans cette histoire il était avant tout question de ressentiment ; cette femme qui parlait de « gros lot » et t’assignait à je ne sais quelle classe vouée à reproduire je ne sais quel modèle sociologique, était en réalité animée par le seule ressentiment. (…) Ce qu’elle a fait passer ce jour-là pour un avis d’experte n’était en réalité que de la frustration.
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Vidéo de Eric Chauvier
Eric Chauvier vous présente son ouvrage "Plexiglas mon amour" aux éditions Allia. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2545362/eric-chauvier-plexiglas-mon-amour
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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