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EAN : 9782923896977
Marchand de feuilles (09/09/2019)
3.9/5   26 notes
Résumé :
Les Foley ce sont cinq portraits de femmes que Laura semble raccrocher aux murs vides de sa maison. Des portraits qui sentent la tourbe, l'orme qui brûle et le caramel. Des moments d'histoires qui se révèlent par temps gris avec un thé ou un whiskey. Ce sont des femmes qui bercent, qui lisent, qui trappent, qui cuisinent et qui aiment. Mal, souvent, mais qui aiment. Des femmes qui cherchent finalement peut-être simplement toutes la même chose: survivre. Ne pas s'eff... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un récit à six voix à travers le temps : 1847, 1880, 1910, 1940, 2019, plusieurs générations de femmes issues d'une même lignée, les Foley, parlent de leur quotidien, de leurs aspirations, tout en cherchant à prendre racine et à se rapprocher du passé pour mieux le comprendre.
Ann n'a pas pu se résoudre à quitter son Irlande natale grugée par la famine avec son père et ses frères jumeaux, mais eux ont émigré vers les côtes canadiennes, au Nouveau-Brunswick, où ils ont refait leur vie, non sans difficulté, comprend-on à demi-mot. Leurs descendantes, Nora, Ellen, Nelly, Eveline et Laura connaîtront elles aussi des débâcles intérieures, un vertige permanent de n'être de nulle part et un urgent besoin de donner un sens à leur existence, au risque d'ébranler le cocon familial.
C'est joliment écrit, nimbé d'une certaine mélancolie en accord avec les paysages décrits et la personnalité des protagonistes. Et, présente dans les six portraits, comme un rappel à cette impulsion première d'immigrer, la figure du doryphore (notre vulgaire bibitte à patate), fléau redouté de tout temps par les paysans irlandais.
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Cette histoire en est une de famille et de la descendance de cette dernière. Elle débute par la matriarche des Foley et un coléoptère en Irlande durant la Grande Famine. Elle écrase l'insecte et elle crie que la guigne va s'abattre sur les siens. Elle n'aura pas tort… Voici comment se présente ce livre s'avérant structuré en 6 temps.

1847 – La guigne – Citation en exergue de James JoyceGens de Dublin – On retrouve l'histoire d'Ann durant cette partie et celle de l'insecte qui conditionnera l'histoire des Foley : le coléoptère. Ainsi, la grand-mère, Eveline Foley, affirme qui les siens sont frappés par la guigne à l'époque de la Grande Famine en Irlande. Ann doit partir avec son père et ses frères pour aller vivre au Canada, mais elle refuse et retourne auprès de sa grand-mère et de ses tantes. Elle choisit de continuer à vivre entourée de femmes.
1880 – le refuge – Citation en exergue H.J. Longfellow – Évangéline – Nora, la petite-fille d'Eveline Foley, se retrouve au couvent pour apprendre à lire et à écrire. Elle voit son père mourir après l'avoir déposée au couvent. – Il y a des belles réflexions échangées entre Nora Foley et Soeur Jeanne sur les exilés, les apatrides (p. 99) – Au Nouveau-Brunswick, les Irlandais sont confrontés à la même discrimination de la part des Anglais qu'en Irlande. Nora ressent une attirance pour Soeur Jeanne.
1910 – L'esseulement – Citation de Thoreau – La vie dans les bois – Nora Foley et sa fille Ellen vivent dans une cabane dans le bois et elles chassent pour se nourrir et survivre. La jeune Ellen n'a jamais vu un homme – Elle ne connaît pas son père. Qui est-il? L'instance lectrice se pose des questions et elle en vient à penser que Nora s'est fait violer au couvent et qu'elle s'est réfugiée dans le bois à la suite de ce drame. Ellen découvre un homme blessé et elle essaye de s'en occuper. Sa mère finit par le tuer, car elle ne fait confiance à aucun homme.
1940 – L'effondrement – Citation de Gabriel Robichaud – Nelly Folley est albinos et son frère, Frank Folley, apparaît comme un homme violent et il l'appelle Blanche. Ce dernier a frappé sa mère durant une période de temps et Nelly ressentait de la honte, car elle se sauvait pendant les crises de violence de son frère. Son père disait qu'il fallait tuer les coléoptères car les insectes étaient les vecteurs de la guigne. Son frère porte une jambe de bois pour se déplacer. Nelly cuisine du toffee pudding, du caramel pour Cinq-Cennes, le gueux du village, qui dort dans un coin de la maison. Nelly, alors qu'elle souhaite être bonne, brûle la jambe de bois de son frère alors qu'il est étendu saoul sur son lit. Ensuite, elle le tue. Sa violence témoigne d'un désir de retrouver l'innocence première, la blancheur, la pureté. Elle aspire peut-être à effacer toute trace de violence. À la fin, elle mentionne qu'elle doit protéger la fragilité de sa maison, comme une louve.
1963 – L'effacement – citation de Joseph Yvon Thériault sur la mémoire – Deux adolescentes de 13 ans – Clara et Eveline Foley – connaissent la violence de l'homme alors qu'elles souhaitent s'émanciper en portant des shorts. Un homme essaye de violer Eveline. Par la suite, Eveline vient se réfugier chez Clara pour lui annoncer qu'elle va devoir la quitter pour suivre son père qui désire s'établir aux États-Unis. Elles vont alors se cacher dans un camp dans le bois et ce dernier est recouvert de coléoptères épinglés.
2019 – Pas de thème – Citation abordant le trauma – Irlande – famine- Laura quitte Philadelphie pour aller au Nouveau-Brunswick durant un an sur l'île de Miscou (petite île pourpre) pour étudier la digestion de la Sarracenia purpurea. Elle s'est révoltée contre la misogynie de son professeur qui dit que c'est compliqué d'embaucher des femmes (congé de maternité et après, elles ne veulent plus travailler). Par le biais de ce retour à l'île, Laura va en apprendre davantage sur ses ancêtres. C'est un retour aux sources qui semble alors être amorcé.
Mes impressions

J'ai beaucoup aimé ce livre surtout pour l'écriture de l'autrice. Elle possède une plume poétique et ses phrases sont courtes, vivantes, remplies de rythme, ce qui crée chez l'instance lectrice un sentiment où le rythme de l'action l'amène rapidement adopter le point de vue de la narration, à plonger dans l'âme de cette dernière. Voici un extrait que je lis pour vous. Je l'ai trouvé magnifique.


De plus, dans ce livre, voici les thèmes abordés :

L'exil/l'immigration
Les femmes et leur émancipation
La religion
La misère
La filiation
La puissance de la nature
L'alcoolisme
Le déterminisme (présence des citations en exergue)
La violence des hommes
L'incommunicabilité entre les hommes et les femmes
La haine des Anglais
Les pommes de terre et le coléoptère
La Sarracenia purpurea
Je vous recommande ce merveilleux livre. Il se lit facilement comme de petites nouvelles. Je vais certainement plonger dans Les filles de l'Allemand et dans Quelque chose comme une odeur de printemps d'Annie-Claude Thériault. Il y a de si beaux livres québécois! À vous de les découvrir!

Avez-vous lu ce bouquin? Il vous tente?
https://madamelit.ca/2024/02/19/madame-lit-les-foley-dannie-claude-theriault/
Lien : https://madamelit.ca/2024/02..
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Impossible de ne pas terminer ce livre. Comme dans bien des sagas familiales, la curiosité de connaître le sort des descendants est suffisante pour nous obliger à ne pas refermer l'ouvrage. Dans celui-ci, il m'apparaît plutôt que c'est la perception des aïeux sur un long fleuve de 172 ans qui occupe la scène.

L'aspect historique n'est pas omniprésent ; l'âme du roman ce sont les cinq femmes. Les phrases sont courtes, un peu comme dans la femme gauchère de Peter Handke. Cependant, elles sont remplies de poésie, jusque dans la ponctuation.

Dans les Foley, la violence est présente, mais on l'excuse, on la justifie. C'est avec plaisir que j'ouvrirai ce livre à nouveau dans quelques années.
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Superbe roman retraçant plusieurs générations de femmes, les Foley. Des femmes fortes, déterminée, fan de whisky, de nature et de tourbe chauffé.
Pour une étrange raison, j'hésitais a commencer ce roman qui trainait dans ma bibliothèque depuis deux ans. Mais des que je m'y suis mise, j'ai adorer. Ces destins de femmes plus grandes que nature nous transportent dans une Acadie d'hier a aujourd'hui. Vraiment joliment construit, entre douceur et force.
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Il n'y a aucun doute que ce livre est superbement écrit. Mais ces histoires des femmes Foley à travers plusieurs générations ne m'ont pas convaincu, peut-être parce que les hommes y sont au mieux quantité négligeable quand ils ne sont pas carrément présentés comme des monstres. Un manichéisme qui m'a dérangé même si j'ai applaudi quand une victime décide de prendre les choses en mains. le pouvoir d'évocation de l'auteure est à la fois puissant et subtil, que ce soit pour parler de la peur de l'exil, de la solitude d'une orpheline, de la haine de l'homme, de la révolte d'une victime ou des émois de l'adolescence. Malgré des qualités indéniables de ce roman, je ne fais clairement pas partie du public cible . . .
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
30 septembre 2019
Il est de ces livres qui, partant d’un détail, nous font entrer dans un univers précieusement ciselé et qui va nous happer. C’est ce qui est à l’œuvre avec Les Foley.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il connaissait un évêque au Canada et nous aurions une terre là-bas, nous avait-il dit. Beaucoup plus grande qu'ici. Tout près de la mer, aussi. Fertile. Pleine de petits fruits. On pourrait à nouveau avoir des animaux. Puis on continuerait d'aller à l'église. Il nous avait expliqué tout cela. Et que l'hiver serait blanc. Et froid. Et long. Mais beau.
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Simplement ainsi. Des aurores figées de poésie. Une vaste maison plutôt vide d'objets : quelques bibelots, un chien de plâtre, une chaise berçante. En revanche, une maison pleine de chaudrons, de cuillères, d'assiettes, de gâteaux, de thés et de pommes de terre. Une maison chaude et odorante. Des matins enveloppants.
Et bons. Suspendus. Des matins flottants.
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Préserver un espace de douceur. Un lieu où les corps se frôlent avec tendresse. Où les bras bercent. Où les mots pansent. Un endroit plein d'instants timides où le bois fume en silence. Une forêt pour marcher. Des champs pour sentir l'odeur des petits fruits, des fleurs, de la tourbe et de la terre fraîche. Une vie pleine de portes ouvertes. D'enfants qui rient, de candeur, de mains qui caressent lentement les joues. Une vie où l'on veille les uns sur les autres.
Je me le promets, ce jour-là, oui : je préserverai toute cette fragilité.
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Je pensais au lin sous ma main. Je pensais aux doux soupirs de la mer. Puis aux couleurs claires de l'été à l'hiver. Aux gigantesques pierres grises sculptées par les marées. Parfois, je voyais aussi apparaître le visage de la vieille Riordon. Comme si elle aussi, elle faisait partie de ce que je voulais garder.
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Tu as de nouveau tourné ton visage vers moi. Des yeux luisants, un peu mouillés. Des larmes, m'a-t-il semblé. Ou l'âge, peut-être simplement des yeux mouillés d'âge et d'alcool. Mais je préfère croire aux larmes. Je préfère imaginer tes yeux noyés d'affection.
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