AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330080266
144 pages
Actes Sud (27/09/2017)
3.96/5   13 notes
Résumé :
Nous sommes les enfants de l’univers mais nous l’avons oublié. Au nom de la liberté et de la raison, nous avons coupé tous les ponts qui nous liaient au monde. L’homme moderne est devenu une énigme de la nature. Pourtant, une nouvelle révolution copernicienne est en cours au cœur de notre civilisation occidentale. Partout, au cinéma, en littérature, en philosophie, émerge un nouveau regard sur nos « compagnons de planète ». En allant à la rencontre des animaux et de... >Voir plus
Que lire après Les français et la nature : Pourquoi si peu d'amour ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Les Français et la Nature : pourquoi si peu d'amour ? » Voilà une question qui avait de quoi m'intriguer, sachant que je suis curieux de Nature depuis plusieurs décennies. En comparant le développement des sociétés savantes, l'activisme des mouvements de protection de l'environnement, ou le succès éditorial des publications consacrées à la Nature en France et chez nos voisins, notamment Britanniques, Valérie Chansigaud soutient la thèse d'un déficit de curiosité pour la Nature chez les Français. Les nombreux ouvrages qu'elle cite et commente dans une annexe fort utile sont l'occasion pour le lecteur de découvrir de nombreux auteurs, « best-sellers » dans leurs pays mais effectivement très peu connus en France. J'ai noté plusieurs titres que je ne manquerais pas de lire dans les prochaines semaines ! Sans faire une étude sociologique à proprement parler l'auteur propose différentes hypothèses pour expliquer ce particularisme français. Héritage de notre rationalisme, manque d'éducation à la nature ? L'auteure reconnait qu'il est pratiquement impossible d'expliquer aisément les différences culturelles entre pays. Bien d'autres aspects pourraient d'ailleurs être abordés. Devant la passion pour le jardinage et la préférence pour l'habitat pavillonnaire, héritage des origines rurales de beaucoup de citadins, je pencherai pour le malentendu plutôt que l'indifférence. Notre culture classique elle-même nous conduit à considérer une pelouse bien tondue et une haie taillée au carré comme un espace suffisamment « vert », pour satisfaire notre besoin de prendre l'air, mais qui n'est en rien naturel. Aimer la Nature c'est bien, mais qu'en est-il de sa protection ? Dans la fin de son ouvrage Valérie Chansigaud fait le constat que les espaces naturels ne sont malheureusement pas mieux préservés dans les pays où les mouvements de protection de l'environnement mobilisent beaucoup plus qu'en France. Pointant le manque d'organisation ou notre individualisme, le déficit de démocratie, ou l'ambiguïté des politiques comme des citoyens, Valérie Chansigaud fait un constat plutôt pessimiste du développement de l'écologie politique malgré la gravité et l'urgence des problèmes à résoudre. de la sympathie à l'action politique le chemin sera encore long !
Commenter  J’apprécie          10
La question est inattendue, et pas idiote. le programme est alléchant: une bibliographie comparée (principalement: les français d'un côté, les anglo-saxons de l'autre) des grandes figures de la défense de la nature, illustrée d'anecdotes historiques for distrayantes, le tout dans un format relativement réduit (140p) dont on se saisit sans avoir l'appréhension de l'essoufflement. En attendant que survienne la réponse à la question posée dans le titre : pourquoi si peu d'amour, hein, c'est vrai ça, pourquoi ?

Quelque part, le contrat est bien rempli. On ne s'ennuie à aucun moment, on a envie de noter des tas de citations, des noms inconnus pour approfondir le sujet une fois arrivé au bout des 140 pages. On est saisi de la clairvoyance prophétique d'un Lamark (dont le génie fut malheureusement éclipsé par celui de Darwin) qui, épouvanté par la révolution industrielle qui n'en était pourtant qu'à ses balbutiements, écrit dès 1807: "On dirait que l'homme est destiné à s'exterminer lui-même après avoir rendu le globe inhabitable" (p87 – le paragraphe qui précède cette conclusion vaut aussi son pesant de cacahuètes). Bref, les individus remarquables (femmes incluses !) qui ont réalisé que défendre l'homme passe par la défense de la vie sur terre et non par son anéantissement ne furent pas légion, et célébrer leurs noms et leurs écrits est tout sauf inutile, vu l'effroyable dynamique d'anéantissement du vivant entretenue sans relâche par le capitalisme consumériste qui a fini d'envahir la planète.

Mais l'exercice comparatif (France – Angleterre/Allemagne/Etats Unis) est surtout démonstratif: de nombreux exemples sont donnés, imparables. La démonstration, quant à elle, ne vient pas, ou si peu : Valérie Chansigaud ne consacre que 7 pages (sur 140 – pile 5%) de son ouvrage à tenter de répondre à sa question… pour finalement s'avouer vaincue: il n'est pas possible de dégager honnêtement des causes à ce désamour des français, le sujet étant éminemment trop complexe. On ne trouvera pas ici d'analyse sociologique ou philosophique profonde, l'essai fait donc un peu flop. Il faut néanmoins le prendre tel qu'il est, pour ce qu'il est: je ne regrette pas ma lecture, bien au contraire, mais il aurait été préférable que les accroches en 1re et 4e de couverture n'ouvrent pas l'appétit sur cette question si peu traitée dans le fond!
Commenter  J’apprécie          30
Un ouvrage très documenté qui retrace le parcours de l'intérêt des français pour les différentes questions liées à l'environnement à travers les citations de multiples ouvrages sur le sujet, ainsi que des données statistiques très bien contextualisées. Les nombreuses comparaisons avec les pays voisins permettent de mettre en perspective les différences culturelles et d'être éclairé sur grand nombre de problématiques qui nous sont encore contemporaines.
L'auteur dresse également un bilan de la situation actuelle de la vision des citoyens et de l'état des démarches politiques face aux questions de la protection de l'environnement qui sont plus qu'actuelles. Et termine en proposant des ouvertures sur des solutions par le biais d'idées d'auteurs cités précédemment.

Un livre que j'ai trouvé très éclairant et très instructifs sur l'évolution des courants de pensées liés à l'environnement de manière générale. de par le résumé des pensées de certains auteurs il nous donne de la matière en termes de suggestions de lectures pour approfondir les sujets.
Commenter  J’apprécie          30
Aujourd'hui, dans un contexte où la biodiversité et les écosystèmes se dégradent rapidement une approche pluridisciplinaire alliant naturalismes, étude de l'environnement et sciences sociales et humaines est nécessaire afin d'interroger et d'évaluer la faible efficacité des mesures de sauvegardes de l'environnement. « Les Français et la nature : Pourquoi si peu d'amour ? » écrit par Valérie Chansigaud (Laboratoire Sphere Paris VII – CNRS) est un livre de 145 pages divisé en 2 parties qui détaille la relation particulière des Français vis de la nature. Il la compare à la relation qu'ont ses voisins proches (Angleterre, Allemagne, etc.) afin de mettre en évidence ces différences. En retraçant et analysant de nombreux témoignages de philosophes, écrivains, naturalistes à travers l'histoire afin d'analyser l'évolution de cette perception.
Avis personnel : C'est un livre assez court mais pertinents par les nombreux points intéressants qu'il soulève. Je le recommande à toute personne travaillant dans l'environnement de par le questionnement qu'il pose. Sa bibliographie est bien documentée et permet d'approfondir les différents points abordés par le livre.
Commenter  J’apprécie          20
Comment ça? Les français n'aiment pas la nature? Ils sont indifférents à sa protection?
Tiens, prenons les oiseaux. Tout le monde aime les oiseaux (mes chats aussi). Tout le monde a entendu parler de la LPO. Créée en France en 1912, elle compte environ 50 000 membres. Son équivalent britannique dépasse le million.
Et les bons auteurs? Les pays anglo-saxons sont sur le pont depuis des siècles (et là je découvre Gilbert White)(et hop, commande en librairie). Traduits tardivement en France, peu diffusés, peu lus. D'accord, on a quelques exceptions, avec Fabre ou le génial La Hulotte (le journal le plus lu dans les terriers), mais on fait un poil pâle figure.
Et en politique? Les écologistes entrent au parlement européen en 1979 pour la Suisse, 1981 pour la Belgique, 1983 en RFA, Irlande, Luxembourg, 1986 Pays-Bas, 1987 Italie, 1988 Suède. France : 1997.

Pourquoi? Rien de très clair. Système politique? Place des femmes? Puissance des chasseurs? Compliqué de répondre. L'auteur en tout cas présente un tableau fort documenté du rapport à la nature depuis, disons, le 18ème siècle, et plaide bien sûr pour une meilleure défense de l'environnement (il y a du travail!). C'est passionnant, propose des idées lecture (merci merci)

J'en profite pour donner encore un coup de projecteur sur cette excellente collection découverte avec Vinciane Despret et Habiter en oiseau. Depuis, je ratisse tout ce que proposent les biblis.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
On voit donc que la promotion de la protection de la nature en France ne peut reposer uniquement sur la production de connaissances, sur la pédagogie et certainement pas sur une spiritualité, même d'allure sympathique. Nous devons impérativement arrêter de poser les questions sous une forme simpliste et binaire : l'homme et/ou la nature. Ce qui unit les deux n'est pas seulement une origine commune comme l'exprimait Elisée-Reclus ("l'homme est la nature prenant conscience d'elle-même), mais une communauté de destin. Ce qui doit être porté par les défenseurs de la nature, c'est de faire prendre conscience à chacun que c'est bien la même entreprise de domination qui assujettit les êtres humains et qui détruit la nature. Il s'agit bien d'un combat pour la liberté comme le pensait Elisée-Reclus et l'avait formulé Romain Gary.
Commenter  J’apprécie          30
Cela signifie prendre position politiquement alors que la tendance de beaucoup d'environnementalistes est d'être neutres................. Il faut donc promouvoir la protection de la nature pour ce qu'elle est : un idéal politique mêlant démocratie et pluralisme. un message que les français sont tout à fait capable de comprendre. Il est indéniable que le monde est entrain de changer. Il est temps de se battre pour une vraie défense de la vie sur Terre. Ne serait-ce pas le plus beau et le plus fort des projets politiques ?
Commenter  J’apprécie          50
Le succès rencontré par ces 2 auteurs si différents indique alors une voie possible pour revivifier le combat en faveur de la nature : faire de la protection de la nature un projet politique en tant que tel. Il faut bien comprendre que la sauvegarde de l'environnement est par définition profondément démocratique et réclame nécessairement trois acteurs : une recherche scientifique libre et indépendante afin de disposer des connaissances précises et impartiales ; une société civile pluraliste disposant de moyens d'existence suffisants pour permettre à tous de s'exprimer ; et, enfin, un Etat bienveillant capable de financer la recherche et la société civile, fonctionnant de façon transparente notamment pour garantir le traitement équitable des différents acteurs et se soustraire à l'influence des lobbies les plus puissants.
Commenter  J’apprécie          10
Ces mouvements sont étroitement liés à la société civile et à certaines valeurs éthiques comme la modération, la valorisation de la régulation sociale, le rejet de la cruauté et de l'égoïsme, l'inquiétude pour les générations futures...
Ainsi Lamarck écrit en 1807 :

L'homme par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en un mot, par son insouciance pour l'avenir et pour ses semblables, semble travailler à l'anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce. En détruisant partout les grands végétaux qui protégeaient le sol, pour des objets qui satisfont son avidité du moment, il amène rapidement à la stérilité ce sol qu'il habite, donné lieu au tarissement des sources, en écarte les animaux qui y trouvaient leur subsistance, et fait que de grandes parties du globe, autrefois très fertiles et très peuplées à tous égards, sont maintenant nues, stériles, inhabitables et désertes. Négligeant toujours les conseils de l'expérience, pour s'abandonner à ses passions, il est perpétuellement en guerre avec ses semblables, et les détruire de toutes parts et sous tous prétextes : en sorte qu'on voit des populations, autrefois considérables, s'appauvrir de plus en plus. On dirait que l'homme est destiné à s'exterminer lui-même après avoir rendu le globe inhabitable.
Commenter  J’apprécie          00
Ainsi, Reclus fait le même constat que Montaigne bien avant lui - "les vraies semences & racine de la cruauté sont les actes de cruauté envers les animaux faits par les enfants - en revenant sur le lien entre les atrocités commises contre les hommes et l'alimentation carnée :

Mais n'y a-t-il pas une relation directe de la cause à l'effet entre la nourriture de ces bourreaux qui se disent "civilisateurs" et leurs actes féroces ? Eux aussi se sont accoutumés à glorifier la chair sanglante comme génératrice de santé, de force et d'intelligence. Eux aussi entrent dans répugnance dans les boucheries où l'on glisse sur le pavé rougeâtre et où l'on respire l'odeur fade et sucrée du sang! Y'a t'il donc si grande différence entre le cadavre d'un bœuf et celui d'un homme ? Les membres coupés, les entrailles entremêlées de l'un et de l'autre se ressemblent fort : l'abattage du premier facilité le meurtre du second, surtout quand retentit l'ordre du chef et que l'on entend de loin les paroles du maître couronne : "Soyez impitoyables."
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Valérie Chansigaud (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Valérie Chansigaud
Dans cet épisode d'Effractions : le podcast, Valérie Chansigaud, historienne des sciences, évoque les thématiques abordées dans le livre de Sibylle Grimbert, le Dernier des siens. Dans ce roman, l'autrice suit Gus et son grand pingouin, pour interroger la disparition des espèces.
Cet épisode a été préparé par Lou le Joly Réalisation : Michel Bourzeix et Gilles D'eggis Lecture : Caroline Girard Extrait lu : le Dernier des siens © Anne Carrière, 2022 Musique : Thomas Boulard Ce podcast a été enregistré dans les studios du Centre Pompidou
autres livres classés : natureVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (35) Voir plus



Quiz Voir plus

L'écologiste mystère

Quel mot concerne à la fois le métro, le papier, les arbres et les galères ?

voile
branche
rame
bois

11 questions
255 lecteurs ont répondu
Thèmes : écologie , developpement durable , Consommation durable , protection de la nature , protection animale , protection de l'environnement , pédagogie , mers et océansCréer un quiz sur ce livre

{* *}