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EAN : 9782940523924
Editions des Syrtes (12/04/2018)
4.15/5   20 notes
Résumé :
Croqué avec des traits stylistiques d'une violence éclatante, d'une beauté effarante, L’Été où maman a eu les yeux verts est le portrait d'une mère laide que la dernière saison de sa vie, passée aux côté d'un fils rebelle, transfigure et rend gracieuse.
Le lecteur découvre l'histoire de cette famille ordinaire aux origines polonaises, installée en Angleterre et transplantée pour un été dans le nord de la France, comme s'il devait composer petit à petit l'imag... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai lu ce roman l'été dernier, peu après l'excellent Lumière. Alors, forcément j'ai été tentée de comparer. le thème de la maladie (cancer) est largement mieux traité dans le roman de Christelle Saïani, dont je conseille vivement la lecture. Ici, je retiens surtout que la maladie sublime la beauté (cf. aussi le titre).
C'est un roman qui se laisse lire comme on dit, mais qui ne laisse pas de souvenir impérissable.
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L'entrée dans le récit est abrupte : le narrateur nous prend à froid, en exprimant avec force sa haine pour une mère "petite et grosse, bête et laide", qu'il rêve de tuer. Une mère qui bouleverse le projet qu'il devait concrétiser à la fin de sa scolarité dans un établissement spécialisé -un séjour à Amsterdam avec deux de ses camarades-, en l'emmenant passer les mois de juillet et août dans une maison du sud de la France. Ce seront ses dernières vacances, puisque, ainsi qu'elle le lui annonce, elle est malade, et sur le point de mourir.

C'est avec un recul de plusieurs années qu'il évoque cet été, comme on le comprend au fil du récit, écrit dans le cadre d'une psychothérapie. Devenu peintre, et célèbre, il reste hanté par le traumatisme d'une enfance marquée par la perte et la culpabilité, placée sous le signe de l'indifférence maternelle, qui avait fait de lui un garçon haineux, sujet à des crises de violence au cours desquelles il agressait les autres ou se blessait lui-même, entrant dans des rages folles au moindre grain de sable enrayant le fragile équilibre sur lequel reposait son esprit écorché et instable.

A la dureté avec laquelle il relate cet épisode, se mêle une dimension obscure, due à la construction chronologiquement fragmentée du texte, qui s'apparente ainsi à un puzzle dont les pièces se mettent peu à peu en place, autour de cet été qui en est le pilier, et qui marquera le héros à jamais.

Un été pour recoller avec la maladie une relation brisée par la mort d'une petite soeur, qui avait sonné le glas de la cohésion familiale, sa mère l'ayant alors repoussé comme un chien, le plongeant dans une souffrance destructrice...
Un été pour cohabiter avec une mère métamorphosée, fantasque, patiente, généreuse…
Un été pour se ré-apprivoiser et se re-connaître, se re-paître de la science maternelle des plantes, des insectes, des planètes...
Un été pour se réapproprier une intimité perdue, s'imprégner de la peau blanche de sa mère, de son odeur, et surtout de ses yeux, dont il avait oublié la beauté et l'insondable lumière...
Un été pour dé-haïr sa mère, redécouvrir son amour pour elle et surtout l'admettre, pour troquer sa méchanceté amère et acérée contre tendresse et apaisement...

Une mère qui s'étiole et en redevient belle, qui lutte pour ne pas flancher, pour vivre pleinement jusqu'au bout, et offrir à son fils, en guise de rattrapage et d'excuse, cette ultime parenthèse. Et elle y est parvenue. Car cet été constitue dorénavant, avec le recul des années, "la part la plus précieuse de son être", la lumière qui empêche le désespoir et la mésestime de soi d'être absolus. Grâce à lui, "les bons souvenirs occupent plus de place, quoique rares et pâles, que tous les fichiers purulents".

« L'été où maman a eu les yeux verts » est un texte bref et pourtant dense, porté par une narration énergique. C'est surtout un texte fort, à la fois violent et poétique, émaillé d'images âpres, percutantes, et pourtant bouleversantes, dont la spontanéité crue par moments vous écorche.

Une lecture dont on ne sort pas indemne...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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J'ai acheté ce roman parce que j'en avais lu le plus grand bien sur des blogs amis, comme celui d'Ingannmic ou de Luocine, mais j'avais bien sûr oublié tout ce qui avait été dit de l'histoire. Et tant mieux ! Comme c'était agréable (une fois de plus) de découvrir peu à peu de quoi il s'agissait. Je vais donc en dire deux mots, mais de grâce, si vous ne l'avez pas encore lu, oubliez très vite ce que j'ai écrit…

Vous l'aurez aisément compris avec cet incipit pour le moins abrupt, c'est l'histoire d'un adolescent que tout oppose à sa mère. Mère, qui de surcroit, va emmener son fils dans le nord de la France (ils vivent en Grande-Bretagne) pour passer un été qui deviendra inoubliable puisque le narrateur nous le raconte bien des années plus tard.

C'est un livre sur la maladie qui ronge et pourrit l'intérieur, sur la résilience qui ouvre les yeux malgré une forte résistance, sur la manière de passer à côté des êtres qu'on aime, sur la mort qui détruit les vivants.

Ce texte m'a remué de telle manière que j'ai dû faire de nombreuses pauses dans ma lecture et ce, malgré la brièveté de ce roman. Raconté par un esprit torturé, psychologiquement atteint, il est autant de fragments de vies détruites par la mort et la violence, éparpillés au gré des tribulations du narrateur et qu'on ne cherche même pas à rassembler tellement ces morceaux d'obus nous brisent et nous broient.

« La littérature est l'art du comment » nous dit Cristina Hermeziu dans l'avant-propos, ce que Tatiana Tibuleac illustre parfaitement. Elle nous prend par la main et nous emmène sur des sentiers escarpés, là où nous ne sommes jamais allés, loin, très loin, en nous.

La totalité de l'article sur mon blog.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Je laisse un message sur le Whatsapp de mon amie Catherine.

– Dis donc, tu aurais un autre livre à me recommander s'il te plaît ? Pas un gnangnan comme la dernière fois…

Elle me conseille souvent des ouvrages en espagnol. Je lis dans cette langue pour maintenir mon niveau.

– Tu n'as qu'à lire Don Quijote de la Mancha, de Cervantes, me répond-elle, avec un accent castillan forcé.

Elle me suggère aussi L'Été où maman a eu les yeux verts de Tatiana Tibuleac. Moins cher en français qu'en espagnol, j'opte pour ce livre dans ma langue maternelle.


C'est l'histoire d'un jeune homme avec de gros problèmes psychologiques, dont la mère lui impose un dernier été avec elle. Ce qui est déjà un fardeau pour tout adolescent serait pour lui un chemin de croix tant il déteste sa mère. Un roman pour adolescents ? Non, il entre au bout de quelques pages dans la vie d'adulte.

C'est un roman court, ce qui me sied. Je n'aime guère les longs récits qui se perdent dans des descriptions superflues. Je suis assez grand pour percevoir des décors moi-même et je n'ai rien lu de mieux en la matière depuis Maupassant. D'ailleurs, l'auteure s'y prend à merveille avec peu de mots. Les tournesols, les escargots, les coquelicots, les robes blanches ont chatouillé mon imagination.


J'ai beaucoup apprécié ce livre, d'autant plus que des verres de vin et Jaipur mon chat m'ont accompagné. J'aime son émotion partagée comme des gouttes de pluie dans un jour avec peu de nuages. L'auteure, par sa connaissance de la psychologie humaine, nous offre des personnages à la fois simples et complexes et ne répond pas à toutes nos questions. La narration n'est pas toujours limpide et c'est voulu. le choix du vocabulaire oscille entre plusieurs registres, sans jamais s'éloigner des convenances.

Je lirai le prochain livre de Tatiana Tibuleac pour vérifier si elle confirme son talent.
Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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Un roman court : à peine 160 pages. Néanmoins, il n'en fallait pas plus à l'autrice pour nous toucher. Son langage est précis, condensé. Pas de fioritures sur les décors, elle ne parle que du ressenti de son héros.
Ce roman retrace l'histoire, en pointillés, d'Aleksy. Un enfant malmené depuis l'enfance par des traumatismes familiaux. Cette histoire raconte ces malheurs et la résilience. Il raconte comment une mère peut passer, malgré elle, à côté de son enfant et comment celui-ci, après l'avoir haïe de tout son être, peut lui pardonner.
Les émotions sont violentes et l'écriture précise ne permet pas de s'en dégager. Il m'a fallu faire des pauses régulièrement entre les premiers chapitres. En effet, l'autrice, dans sa manière de décrire les sentiments touche juste et il m'a été difficile de le lire. Comment un enfant peut haïr à ce point sa mère ? Puis les sentiments glissent, presque insidieusement, se transforment. le travail d'acceptation, de pardon a commencé.
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critiques presse (1)
Actualitte
12 avril 2018
Tatiana Țîbuleac n’a pas de pitié. Elle malmène ses personnages, elle les roule dans la farine, les manipule, nous manipule, nous, lecteurs de chair et de sang, prêts à recevoir, en toute intimité, ce taré d’Aleksy et son incroyable histoire d’amour-haine pour une mère aux yeux verts.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Maman ne s’est pas dérobée. Elle m’a expliqué calmement que le cancer ne laissait aucune espèce de trace à l’extérieur. Tout se passait à l’intérieur, la laideur et le désespoir et la peur. Et au moment de mourir, les malades de cancer sont la plupart du temps plus beaux qu’ils ne l’ont jamais été. Comme elle.
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Je me suis rendu compte que je n’avais pas vu l’eau depuis quatre jours et que je portais toujours les mêmes vêtements, avec les reliefs de fourmis. Elle, en revanche, portait une autre robe, blanche, à ras du cou, qui la couvrait entièrement. La robe ne comportait ni motifs ni inscriptions ; ce qui ne laissait pas de m’étonner, car maman n’avait jamais porté que d’affreux corsages, immanquablement couverts d’inscriptions. Je la regardais aller et venir dans la cuisine, comme un métronome sorti de son axe. Elle était blanche et cylindrique, et j’imaginais sa robe se transformer en un tube coiffé d’un petit couvercle dans lequel je la tiendrais captive et dont je ne la libérerais que de loin en loin. Le matin ou le soir, ou à la fin de la semaine, ou pour Noël. Ou, ce qui serait le mieux, seulement à la fin, pour qu’elle meure.
Maman-tube de dentifrice.
Maman-œsophage.
Maman-ascaride.
Maman-câble.
Maman-craie.
Maman-os.
Maman-fil.
Maman-comète.
Maman-bougie.
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Elle m’a demandé si je voulais du pop-corn ; j’en voulais. Et de la bière ? Et de la bière. C’était notre petit déjeuner préféré – certes malsain, mais qui se souciait de santé dans notre cas ? Un corps rongé par le cancer et un cerveau malade. Cet été-là, nous nous sommes autodétruits plus que toutes les autres années mais nous n’avons jamais été aussi pleins de vie.  Maman ressemblait à une plante d’intérieur qu’on avait sortie sur le balcon. Moi, à un criminel lobotomisé. En fin de compte, nous avions fini par être une famille.
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Je cherchais à comprendre pourquoi tous ces événements s’étaient déroulés comme ils s’étaient déroulés. Je me suis demandé si cet été passé avec maman faisait partie d’un plan plus vaste et, si oui, lequel. J’avais du mal à croire que ce fût un plan de Dieu – c’est-à-dire du Dieu polonais, je n’en connaissais pas d’autre –, le même qui avait perdu Mika comme on perd une paire de gants, qui avait rendu grand-mère aveugle et qui avait affecté à maman un cancer enragé. Mais, d’un autre côté, je crois que cela a été notre été.
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« Le Secret des fleurs avortées » s’est vendu à deux cent cinquante mille livres sterling. C’était le premier tableau que j’ai peint, après quoi j’ai officiellement arrêté la drogue. Sacha m’a dit que c’était un Japonais qui avait perdu sa fille, morte d’un cancer, qui l’a acheté et qui s’est suicidé l’année suivante. Cette nouvelle ne m’a ni réjoui ni attristé. Il m’est indifférent de savoir chez qui arrivent mes peintures et quelles sont les raisons des acheteurs. Il m’est indifférent qu’elles soient toutes vendues le même jour, ce qui ferait de moi le plus riche peintre vivant, ou qu’elles soient toutes brûlées jusqu’à la dernière, en même temps que moi.
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