L'oeil nu, ou le roman en allemand d'une Japonaise sur les aventures d'une Vietnamienne en France…
Une jeune fille vietnamienne arrive à Berlin-Est à la fin des années 80 : élève modèle, elle est choisie par son école pour prononcer un discours idéologique. Après quelques péripéties, elle se retrouve à Paris. Sans papiers, sans connaissances linguistiques, elle arrive dans une ville où tout lui est étranger. Des rencontres, des hasards forment la trame de ce livre.
L'oeil nu est une sorte de roman d'apprentissage, mais la narratrice ne donne aucune indication psychologique, aucune prise. Ballottée de lieu en lieu, constamment sous l'emprise de quelqu'un, la jeune fille sans nom ne choisit rien. Ce personnage est mystérieux et tellement passif qu'on ne peut simplement expliquer son attitude par le choc des cultures et par les circonstances difficiles de son exil. La seule chose qui la rattache à la vie semble être les films de
Catherine Deneuve, qu'elle voit et revoit dans de petits cinémas parisiens.
À ce propos, on se demande à quoi sert, pour l'auteur, de résumer longuement les films de Catherine D. ? Cela crée certes une atmosphère particulière et permet de développer des parallèles intéressants entre les vies de l'héroïne du film et de celle du roman… mais l'exercice est un peu laborieux ! Pourtant, l'ensemble du roman est touchant, subtil et amusant parfois.
On est partagé entre une sensation de mélancolie et une envie de secouer le personnage pour qu'il sorte de ce cinéma et de sa torpeur. Allez, réveille-toi, la vraie vie est dehors, ailleurs…
(critique publiée à l'origine sur Jowebzine.com)