Je tiens, tout d'abord, à remercier Masse Critique qui m'a donnée l'occasion de découvrir un sujet très intéressant.
Pourquoi eux et pas nous ? « Eux », ce sont les hypermnésiques, les surdoués de la mémoire. Certains se rappellent chaque minute de leur vie, d'autres ont mémorisé douze mille livres. Des autistes savants possèdent une mémoire visuelle infaillible, des calculateurs prodiges récitent sans se tromper plus de vingt mille décimales du nombre. On retrouve aussi ce don chez les grands « nez » du parfum, chez beaucoup de politiques ou chez les musiciens de génie comme Mozart.
Voilà, le ton est donné. de quoi ça parle déjà ? Ah oui, les supers pouvoirs de notre cerveau, autrement dit notre mémoire. le sujet est passionnant et à la portée de tous (je suis totalement néophyte sur le sujet!). Pourtant, on apprend bien des choses grâce aux témoignages et aux entretiens avec des neuropsychologues. Les auteurs nous projette également dans le futur (d'ici une vingtaines d'années, ce qui n'est pas si loin!). Je n'en dirai pas plus quant à l'avenir mais si on ne s'y prépare pas, ça fait un peu froid dans le dos (enfin c'est mon avis !)
Le tout se lit bien sans apporter des noms scientifiques imprononçables et/ou incompréhensibles.
Mais qu'est-ce que je viens d'écrire ? Zut ! je ne me souviens plus !...
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De quand date votre dernier MBL ? Une semaine ? Quatre jours ? Moins ? MBL pour « mot au bout de la langue ». Des statistiques ont montré que le phénomène est universel, qu’il affecte jeunes et vieux – avec une plus grande fréquence, évidemment, quand on avance en âge. Souvent, l’expérience s’accompagne d’une montée d’angoisse. Daniel Schacter cite le cas d’un vice-Premier ministre Britannique interviewé sur un projet architectural financé par la Loterie nationale. Pendant l’interview, il ne peut retrouver le mot « loterie ». Il l’a au bout de la langue, mais impossible de le récupérer. La tension monte, le ministre ne sait comment s’en sortir. Finalement, il lâche : « Bon, eh bien, la tombola ! » Rire général.
Le vice-Premier ministre, lui, a fait semblant de rire. Car l’expérience du MBL est toujours inquiétante. D’abord, la victime s’imagine menacée par ce qu’elle pense être un début de dégénérescence de ses facultés mentales. Puis, quand le mot oublié refait surface, la raison reprend ses droits. Les statistiques disent que le MBL est retrouvé, en général, dans la minute qui suit. Mais comment ? Et pourquoi est-il resté, une minute durant, sur le bout de notre langue ?
Le plus souvent, la personne en proie à un MBL connaît la première lettre du mot, et c’est le reste qui ne vient pas. À la différence de l’étourderie, le mot a été correctement encodé par la mémoire. Ce qui ne marche pas, c’est le rappel. Pourquoi ? On ne le sait pas vraiment. Un psychologue britannique, James Reason, incrimine les « mauvaises sœurs », par allusion aux sœurs de Cendrillon qui cherchent à attirer l’attention du prince. Ce sont les mots qui viennent spontanément à la bouche pour remplacer celui qu’on cherche. Par exemple, pour reprendre l’exemple précédent, vous cherchez « loterie » et c’est « tombola » ou « jeu de hasard » ou « tirage au sort » qui se présentent. Ces mots importuns allongent la durée de l’état MBL. En empêchant l’esprit de faire, dans le silence, son travail de récupération, ils dispersent sa concentration. Comment faire autrement ?
Daniel Schacter nous donne un conseil très simple : chaque fois qu’un mot vous restera sur le bout de la langue, pensez à un gâteau au chocolat. Le gâteau n’a rien à voir avec ce que vous cherchez, mais c’est le but. En chassant les mauvaises sœurs, il permettra à votre esprit de retrouver le mot oublié. Le résultat n’est pas garanti, mais que voulez-vous ? Nous n’avons rien d’autre.
(p.240)
Comme si toutes ses activités ne suffisaient pas, Jacques Attali a réalisé récemment un de ses rêves d'enfant en jouant les chefs d'orchestre à Londres lors d'un concert de quarante-cinq minutes au cours duquel il a proposé sa version de l'ouverture du Barbier de Séville de Rossini, de la Sérénade n° 13 de Mozart et de la Symphonie n° 25 de Mozart. Sa mémoire exceptionnelle lui permet d'être un chef d'orchestre atypique.
« Je travaille ma partition et je dirige l'orchestre avec la partition devant moi, mais l'orchestre se rend très vite compte que je n'en ai pas besoin. Je fais semblant. Comme un orchestre est vite paniqué par un chef sans partition, je la mets là. Je le fais par sécurité pour eux. Pour diriger le concerto de Ravel, que je n'ai pas dirigé depuis six mois, il va me falloir une heure environ pour rafraîchir la partition dans ma tête. Il faudra que je feuillette la partition pour qu'elle ne m'encombre pas.
Quand je dirige un orchestre, c'est comme si je conduisais la nuit. Je ne connais pas la route, mes phares éclairent la route juste devant. Je ne vois pas la route à plus d'un kilomètre, elle apparaît au fur et à mesure. C'est la même chose avec la partition, chaque note appelle la note suivante. D'une manière générale, c'est comme cela que fonctionnent mes souvenirs, chaque souvenir en appelle un autre. »
Ne rêvons pas, les hypermnésiques ne sont pas des extraterrestres. Ils existent sans doute depuis que l’homme existe. En très petit nombre, car on les estime à moins d’une trentaine dans le monde. Mais ils sont là, parmi nous. L’un d’eux, il y a près d’un siècle, préfigura leur arrivée spectaculaire d’aujourd’hui : Salomon Cherechevski. Ce journaliste russe avait la réputation de posséder une mémoire extraordinaire. Ce n’était pas une légende, puisque son cas a été longuement étudié par le neurologue et psychologue russe, puis soviétique, Alexandre Luria.
Rencontre live avec Roland Portiche
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