Enfant, adolescent, puis adulte, François Daumal, le narrateur, fréquente la libraire de Krook, un ancien prêtre atypique. En cet endroit, il rencontre
Michel Mangematin, un édudiant antipathique qu'il fréquente tout de même, tout en supportant sa pédanterie.
Alors que la boutique de Krook déborde de livres, il ne garde dans sa chambre que dix livres ; Michel et François devinent 9 titres et butent sur le dernier ; Krook promet d'offrir le dixième livre à celui de Michel ou François qui le trouvera.
Michel et François, tous deux passionnés de
Charles Dickens, s'affrontent dans une joute intime pour prétendre à poursuivre l'oeuvre de Dickens. Tandis que le premier cherche activement des traces des derniers jours de Dickens, espérant ainsi percer le mystère de son dernier récit : "
le mystère d'Edwin Drood" resté inachevé, l'autre préfère vivre dans l'univers de l'auteur. Jusqu'à un point de non retour...
Mon avis
C'est Holly G. qui m'a donné envie de lire ce livre. Quel bonheur que cette lecture ! Incroyable, et pourtant je ne connais rien à l'oeuvre de Dickens : de lui, il me semble n'avoir lu que le grillon du foyer que m'a offert Holly.G. En tout cas, si j'ai lu d'autres livres, je ne m'en souviens pas, mais point n'est besoin de connaître toutes ses oeuvres, les personnages de Dickens sont en effet sortis de leur oeuvre originelle et appartiennent à notre vocabulaire. Qui n'a jamais entendu parlé de Coperfield ou d'
Oliver Twist ?
Ce livre est d'abord étonnant, par sa forme : une succession de chapitres qui donnent la parole à différents protagonistes (François Daumal, Borel, un étudiant qui aurait été en contact avec Dickens dans ses derniers jours...).
Jean-Pierre Ohl est intelligent, cela fait du bien. Un bémol peut-être, j'ai trouvé qu'il parlait souvent de merde, de caca, etc... Cela ressort vraiment (si j'ose dire) et c'est bien la seule chose agaçante dans cette histoire, un peu "too much".
-"Quand on mange, il n'y a pas de trace...
- Et la merde ?' (p.57)
Mais c'est bien le seul point faible que je note. Ohl tire lui aussi les fils, tisse sa toile, patiemment. A la fin, tout s'assemble dans le patchwork de son récit qui traite au fond de la création, et de son pouvoir sur la conscience.