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EAN : 9782207109762
208 pages
Denoël (13/05/2014)
3.45/5   59 notes
Résumé :
«Je suis sale. J’ai les cheveux desséchés, pleins de sel, des démangeaisons au cuir chevelu. J’ai les yeux bleus. Je suis grand. Je porte les vêtements que je portais il y a six mois et je pue. J’ai perdu mes lunettes et appris à vivre sans. Je ne fume pas, sauf si j’ai des cigarettes sous la main. Je me saoule une fois par mois, quelque chose comme ça. La dernière fois que j’ai vu ma femme, je l’ai envoyée au diable mais j’ai fini par le regretter. J’adore ma fille... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
3,45

sur 59 notes
L'Afrique n'est plus habitable suite à une explosion nucléaire. Les réfugiés sont légion et débarquent par centaines sur les côtes britanniques. Sauf qu'en Angleterre où un nouveau gouvernement conservateur vient d'être élu, on ne considère pas ces gens comme des réfugiés mais comme des immigrants illégaux. Une guerre éclate entre ceux qui veulent laisser les Africains entrer sur le territoire, ceux qui refusent, et les Africains qui s'approprient de force les possessions d'autrui vu le rejet qu'ils suscitent. Alan Whitman, le narrateur, vit avec sa femme et sa fille la guerre en cours. D'abord de loin, puis de manière plus participative...

D'abord j'ai cru à tort que l'histoire portait sur une inversion des richesses, avec une Afrique prospère et une Angleterre affamée.
Ensuite j'ai été séduite par la couverture de la nouvelle édition française chez Denoël (qui ne l'a visiblement pas été ?) sous le titre Notre île sombre.
Ce livre, je l'ai lu en anglais dans sa version américaine de 1972. Autant dire une version pas du tout révisée comme celle de 2014. Et j'ai très vite compris pourquoi ce bouquin avait subi des modifications, même si j'en ignore les tenants.
Ce livre, j'ai plusieurs fois failli l'abandonner en le balançant sur le lit comme un objet dégoûtant. Je vais vous expliquer pourquoi.
J'imagine parfaitement et tout d'abord que la première chose que l'auteur a dû supprimer dans son ouvrage, c'est l'utilisation du "N" word. Il est constamment utilisé comme un mot normal, on ne sait vraiment si ça vient du narrateur ou de l'auteur. 1971 (année de publication en Grande-Bretagne), 1968 et le discours anti-immigrants de Powell. Il n'y a qu'un pas à faire entre le contexte historique de l'époque et le racisme cinglant du livre. Critique, Priest ? Pas évident à la lecture, tant ce mot ne semble pas utilisé de manière dénonciatrice.
Alan Whitman, le personnage principal au nom pas du tout ambigu, est carrément antipathique. On est loin de l'image d'un anti-héros. C'est juste un mec banal et con comme beaucoup d'autres qui pense beaucoup avec sa bite et pas trop avec son cerveau. On assiste dans ce livre à la genèse de sa vie sexuelle dont on n'a d'ailleurs absolument rien à foutre. Et pourtant, combien y a-t-il de pages sur ses ébats avec diverses femmes (pas la sienne hein, on a dit qu'il était con), ébats qui sont parfois des viols, ébats qui ne servent EN RIEN l'histoire ? On nous déroule sur un tapis rouge l'étiolement rapide et constant de ses relations intraconjugales qui n'a jamais mené à une confrontation directe et sérieuse, ni à un arrêt pur et simple des frais qui aurait pourtant arrangé bien des choses. Tout ça pour quoi ? Pour rien.
Ce roman est construit sous forme de flashbacks qu'on met un temps fou à remettre dans l'ordre. Cela pourrait créer une dynamique, peut-être était-ce l'effet recherché par l'auteur, sauf que ce système ne sert à rien non plus à part emmêler sérieusement et vraiment inutilement aussi bien les cheveux que les neurones. Au lieu d'une dynamique, c'est la confusion et un désintérêt grandissants qui se manifestent. On s'y perd et tout ça pour quoi ? Pour rien.
Le récit s'apparente à un savant mélange de la Guerre des mondes, Au coeur des ténèbres et L'Île du Docteur Moreau "grâce" à une description quasi sans émotion et super précise quoique superflue, comme dans le récit de Wells, et à une perte d'identité qui rejoint la noirceur du genre humain perdu dans les méandres d'un monde sans lois où le plus fort règne, comme dans les deux autres. Mais comme le style est relativement absent, pourquoi tout ça ? Pour rien.
Ce récit est une dystopie plus trop dystopique de nos jours vu les cruelles similitudes que son développement a avec notre actualité : des migrants réfugiés dont personne ne veut, la haine et peur de l'étranger, le rejet pur et simple de l'immigration... Des passages de ce livre auraient pu être publiés dans des articles sur l'Aquarius et autres navires de sauvetage que personne ne veut voir amarrer dans ses ports européens tant les images sont identiques. L'auteur a fait plus que de l'anticipation : il a vu l'avenir. L'anticipation, elle est peut-être pour la prochaine étape : les immigrants pourraient se rebeller et ne plus accepter qu'on les traite comme des moins que rien à les parquer dans des camps ou les laisser crever dans l'eau. L'idée se défend et paraît même logique et normale à force de tirer des ficelles anti-humanitaires. Sauf que ce qui est détestable dans ce livre, c'est que seuls les Blancs sont décrits comme des victimes, seul leur point de vue est défendu, tandis que les Noirs sont décrits comme des kidnappeurs-violeurs-tueurs-voleurs. C'est manichéen au possible et c'est moche, c'est laid. C'est carrément raciste. D'autant plus qu'on découvre à la fin (une fin super tranchée dans le vif mais loin d'asséner un coup fatal) que Whitman commet un meurtre contre un Africain. Par vengeance, par défoulement, par folie, on ne sait trop. La déshumanisation l'a atteint et a fini de faire de lui un être abject, mais ça n'excuse rien. Temps de guerre, me direz-vous. Atrocités qui courent par ces temps maudits. Certes. Je lis les news. Je vois très bien ce que ça peut faire faire aux gens. Mais la description d'Africains comme envahisseurs présents pour "tout faire péter" et violer nos femmes et nos enfants et en faire des esclaves, c'est mettre tout un groupe de gens dans le même panier et c'est raciste, point barre.
Quant à l'idée de l'arroseur arrosé, ce Blanc qui a conquis et commis les mêmes horreurs quand il a lui-même colonisé et qui est maintenant remis à sa place avec les mêmes châtiments, c'est finalement le seul concept acceptable de ce bouquin. Voir Whitman te parler de sa maison et son quartier envahis par les aliens (oui oui, faut pas oublier qu'en anglais les aliens, c'est les étrangers, les immigrants, les gens qui ne sont pas d'ici) et se présenter comme la victime du siècle qui n'a rien fait lui le pauvre, c'est juste fendant et pathétique.
Le racisme, dans tous les sens du terme et surtout dans toutes les combinaisons de couleurs possibles, c'est pourri. J'en ai marre que le monde soit pas capable de tourner rond. Marre qu'on se base sur des différences pour décrire l'apocalypse. Et marre que ça existe toujours surtout. Ce livre, je l'ai détesté. Lui et les idées qui en émanent et qu'il continue de véhiculer.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Le continent africain est ravagé par une guerre nucléaire. Des réfugiés affluent en masse sur les côtes occidentales. La Grande-Bretagne doit accueillir sur son sol plusieurs centaines de milliers de ces survivants mais les autorités sont dépassées et peinent à organiser leur prise en charge. de nombreux africains se retrouvent livrés à eux-mêmes dans un pays qu'ils ne connaissent pas. Les heurts et les incidents avec la population locale ne se font pas attendre. Au même moment, un gouvernement conservateur et extrémiste est porté au pouvoir.

En 1971, Christopher Priest publiait son premier roman d'anticipation Fugue for a darkening island, traduit en français sous le titre le Rat Blanc.
Cette année paraît une version revisitée de ce même roman : Notre île sombre. Les raisons qui ont poussé Christopher Priest à reprendre son texte initial trouvent leur origine dans deux critiques parues à l'époque et qui accusaient Priest de prendre parti politiquement. Bien que la rédaction de son roman fut influencée par l'actualité du moment, à savoir les violences quotidiennes en Irlande du Nord et l'arrivée d'un flux massif de migrants indiens, Christopher Priest se défendait d'avoir écrit selon une quelconque visée politique. Félicité d'abord d'avoir dénoncé un racisme latent dans la société britannique, il fut ensuite et de façon contradictoire accusé lui-même de xénophobie. Afin de mettre les choses au clair de ce côté, l'auteur a donc souhaité réécrire son texte en l'expurgeant de tout passage susceptible de mener à une éventuelle interprétation sur ses propres opinions. Christopher Priest avait pour unique but de décrire et proposer un aperçu des effets d'une situation catastrophique.

Le thème du roman reste très actuel. L'immigration et l'intégration des étrangers demeurent des sujets brûlants de notre actualité. Parmi les réactions à cette situation tendue, deux tendances se dessinent nettement. D'un côté, les défenseurs de l'identité nationale exigent une assimilation totale du migrant ou son renvoi définitif si refus de se conformer aux us et coutumes du pays accueillant. de l'autre, les partisans du vivre ensemble prônent la tolérance, la diversité des cultures est pour eux une source de richesse.
Mais une troisième tendance est souvent oubliée et c'est à celle-ci que Christopher Priest donne la parole.
Son personnage principal Alan Whitman est un homme lambda, bon citoyen issu de la classe moyenne, enseignant, marié et père de famille, il possède un pavillon confortable en banlieue londonienne. A première vue, Alan n'a rien contre les étrangers. Il mène sa vie, une vie finalement médiocre. Son mariage n'est pas heureux, il cumule les infidélités sans jamais chercher à se définir une bonne fois pour toutes. Il ne cherche pas particulièrement à résoudre ses problèmes matrimoniaux et encore moins à se remettre en question. C'est un homme plutôt faible, un suiveur. Mais la situation brutale dans lequel le pays est plongé va le pousser à prendre ses responsabilités et des décisions, à s'affirmer. le basculement de sa personnalité et de sa position relative aux Afrims ( nom donné aux africains réfugiés) se fait progressivement tout au long du roman.

La narration se fait à la première personne et alterne entre plusieurs périodes de la vie de Alan. L'alternance n'est pas chronologique et le lecteur est baladé dans le temps. Petit à petit, au fur et à mesure de l'avancement de la lecture, on reconstitue sa vie mais aussi l'ordre des évènements à l'échelle du pays. Les réactions de la population, les mesures du gouvernement, l'intervention de l'ONU et de diverses organisations, la constitution de milices, de groupes armés constituent un paysage de chaos décrit minutieusement par l'auteur. Les détails sont si plausibles que ça en fait froid dans le dos : expropriation des résidents locaux, rues barricadées, enlèvement des femmes et constitution de réseaux de prostitution. Des milliers de britanniques sont condamnés à errer sur les routes. Certains se regroupent et s'organisent pour se protéger et survivre, d'autres pour combattre les Afrims. Et on constate avec stupeur le maintien de certaines zones « protégées » qui vivent repliées sur elles-mêmes totalement coupées du monde extérieur, regardant les évènements se déroulant à quelques kilomètres de chez elles comme si c'était à l'autre bout du monde.

Roman catastrophe, Notre île sombre offre une idée de l'extrémité dans laquelle nous pourrions tomber dans le cas où les pays riches occidentaux continuaient à considérer le reste du monde avec condescendance et mépris. L'époque coloniale est censée être révolue mais les mentalités nationalistes et identitaires persistent et notre actualité montre leur ascension chaque jour plus évidente. Christopher Priest ne donne pas de solution mais a tiré, dès 1971, la sonnette d'alarme.
A lire absolument !

J'avais repéré sur Babelio l'ancienne version de ce roman sous le titre le Rat Blanc que je m'étais empressée d'ajouter à ma wish-list. Je me sens en effet de plus en plus concernée et touchée par les problèmes d'immigration et d'intégration ainsi que par la montée des extrémistes. Il faut croire que l'homme s'obstine à ne pas apprendre des leçons de l'Histoire pour qu'il saute à pieds joints dans les mêmes pièges et refasse sans cesse les mêmes erreurs. Je remercie donc infiniment Dana et les éditions Denoël pour m'avoir donné l'occasion de découvrir enfin ce roman qui m'intriguait tant. Et un grand bravo pour la magnifique couverture !




Lien : http://0z.fr/AuAdX
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J'ai été assez déçue par cette lecture. À la base l'idée est très intéressante : le continent africain n'est plus habitable suite à l'épuisement des ressources naturelles et les réfugiés débarquent par miliers sur l'île de Grande-Bretagne. Très rapidement, on se retrouve dans une ambiance post-apocalyptique.

J'ai déjà lu des livres où le présent est alterné avec des flashbacks mais ici c'était un peu trop mélangé et il n'y avait pas vraiment de fil conducteur (à mon avis) et je me suis un peu perdue dans la chronologie des événements.

Je n'ai pas du tout aimé le style et bon... je ne pense pas que je m'aventurerai à nouveau dans l'univers de Christopher Priest (de cet auteur j'ai lu et aimé Futur intérieur, par contre je m'étais ennuyée avec L'Inclinaison).


Challenge multi-défis 2017 (64)
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Notre île sombre est la réécriture en 2014 d'un roman de Christopher Priest paru presque 40 ans auparavant. En français sous le titre le Rat blanc. Ce qui faisait allusion à Allan Whitman, le personnage central dont nous suivons les pérégrinations dans une Angleterre en proie à une guerre civile. Trois factions (grosso modo, entre les Afrims, les légalistes et les sécessionnistes) s'affrontent, suite à une immigration massive en provenance d'Afrique, continent où un cataclysme nucléaire a rendu la vie impossible. Priest est assez laconique sur l'origine de l'immigration, vu que ce n'est pas le sujet central.

A l'époque, Priest a été considéré comme un satané gauchiste (ce que je pense correspondre à la réalité). Il a dû être bien surpris quand plusieurs années plus tard, il a été vu comme réac et raciste... D'où le besoin de clarifier les choses en réécrivant certaines parties.

N'ayant pas lu le Rat blanc, je ne peux comparer. Certains passages m'ont paru assez peu cohérents avec l'ensemble, ou tombant un peu à plat. J'ignore cependant s'ils ont été ajoutés, retravaillés ou s'il s'agit de passage présents dans la version originale.

On a pu voir dans le roman un récit catastrophe, cataclysmique. La 4è de couv' va dans ce sens, invoquant les maîtres dont Ballard. Il est assez clair que tout auteur anglais au début des années 70 a envie de marcher dans les traces de Ballard.

Je pense cependant que ce catastrophisme n'est qu'une facette, et pas la plus importante du livre.

L'intérêt du livre, pour moi, c'est la transformation d'Allan Whitman. Mari infidèle, intellectuel passif. Plutôt de gauche, ou libéral au sens anglais du terme. Il se révèle avec un fusil entre les mains. On a un récit humain. Une évolution. Une étude psychologique approfondie.

Et la structure du récit sert ce propos. Priest ne chapitre pas son roman. Il alterne les passages faisant référence à divers moments dans le temps, du "temps d'avant" aux combats pour la survie ou pour retrouver sa fille et sa femme. Tous les passages s'entremêlent et finalement le lecteur se laisse guider, dans l'optique que le plus important n'est pas ce qui arrive mais comment Whitman va réagir, va incorporer, digérer les événements. Ce n'est peut-être pas original (en 2014, mais en 1976, c'est différent, même si cela rappelle Wyndham ou Ballard), mais c'est très efficace. Surtout du point de vue du "final". Difficile de parler de "final", mais les dernières pages vont clairement crescendo, alors que 95% du livre sont monocordes, sans de "high" et de "low".

Il n'y a pas de thèse chez Priest. C'est de la pure dystopie. On part d'un événement lambda, l'immigration massive pour cause nucléaire, et on regarde ce qui se passe dans la société et chez les individus. On est à l'opposé du Camp des Saints, qui développe un argumentaire raciste flagrant.

Priest met le lecteur aux commandes. Il semble dire "et vous, que feriez-vous à la place de Whitman?".

C'est insidieux.

En fait, en lisant le livre, j'étais assez peu concerné. Mais une fois le livre refermé, il a commencé à travailler en moi. Et ça, c'est l'essentiel.

Néanmoins, réécrire le livre sans l'actualiser, ce n'est pas l'idéal. Ecrire en 2014, une refonte d'un livre de 1971 (pour la version anglaise) sans le moderniser, ou le contextualiser, c'est difficile à admettre. Donc, j'ai coincé à plusieurs reprises.

Un mot sur la couverture, impeccable. Et sur le titre... au départ, j'ai pris "sombre" pour le verbe "sombrer", ce qui aurait pu avoir une connotation raciste, très éloignée. le titre anglais faisant référence à "Darkening", il s'agit bien de "sombre" comme adjectif. Je ne l'ai pas prix comme une référence à la couleur de peau, mais plutôt comme une vision de l'obscurantisme qui se fait jour dans la société occidentale, face aux défis liés par l'immigration. A ce titre, le roman est toujours d'une grande actualité.
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D'abord édité sous le titre le Rat Blanc, Notre île sombre est une oeuvre de jeunesse édité pour la première édition en 1976. Dans sa préface, Christopher Priest précise immédiatement avoir retravaillé le roman pour l'édulcorer, le rendre plus présentable, plus politiquement correct en somme. Nous sommes face à une oeuvre auto-censurée et remaniée.
L'auteur nous raconte l'histoire d'Alan Whitman, un modeste professeur de banlieue pris dans la tourmente d'un Royaume-Uni plongé dans le chaos d'une guerre civile. En effet, l'Afrique a implosé, dans tous les sens du terme, et des millions de réfugiés ont envahi le monde plus ou moins pacifiquement. L'île est déchirée par les milices, qu'elles soient afrims ou nationalistes. Whitman doit alors survivre tant bien que mal, n'ayant pour seul but de retrouver sa femme et sa fille.
Ce court roman s'articule autour de multiples temporalités : un présent immédiat, un passé proche et des flash-back plus lointains permettant de reconstituer la genèse du chaos ambiant. Seuls ces flash-back apportent au récit, le reste ne sert finalement pas à grand-chose, il n'y a pas d'évolution radicale du héros, pas d'événements marquants, ni même d'éléments clés. Ce parti pris narratif embrouille la lecture et la complexifie inutilement.
Un autre des points faibles de l'histoire, s'expliquant certainement par son format, est l'absence d'explications pertinentes au pourquoi. En quelques lignes, l'auteur expédie les origines du chaos par des guerres nucléaires en Afrique pour ses ressources, et des combats entre les nations africaines. C'est un peu léger. de la même manière, on ne sait pas ce qu'il se passe ailleurs dans le monde. le Royaume-Uni est-il le seul à sombrer dans la guerre civile ? Comment expliquer l'inaction d'un gouvernement ouvertement fasciste au pouvoir ? L'inaction de l'ONU est clairement incroyable au sens strict.
Ce roman est aussi un livre sur les choix et le libre arbitre. le narrateur doit choisir, les évènements l'imposent. Mais il est partagé, comme les différentes factions qui composent désormais le Royaume. C'est pour cela que jusqu'au bout, il s'en remet aux autres. Alan Whitman incarne à la perfection l'homme ordinaire, tragiquement humain dans sa médiocrité, ses peurs et ses faiblesses. Son point de vue est finalement assez juste, tiraillé entre une haine légitime des envahisseurs responsables de ses malheurs et une empathie profonde pour ses réfugiés victimes d'une catastrophe terrible et pris dans les tourbillons de l'exil. C'est le seul point fort du livre.
Une déception.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Les nouvelles d’Afrique devenaient de plus en plus envahissantes dans les journaux et les bulletins d’information, mais la plupart des gens ne pensaient toujours aux évènements évoqués que comme aux guerres sempiternelles qui se déroulaient à l’autre bout du monde, aux problèmes qui se posaient ailleurs. Les médias avaient beau s’interroger sans fin sur les répercussions que le conflit risquait d’avoir dans les pays occidentaux, il restait aux yeux des citoyens déconnecté de leur vie quotidienne. En fait, ils s’inquiétaient surtout de l’éventuelle interruption des livraisons de pétrole brut en provenance du bassin du Niger. (p105)
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Nous les regardions avec un mélange d'horreur et de fascination. Hommes, femmes, enfants - la plupart, sinon tous, émancipés, maladies, gravement sous-alimentés. Bras et jambes squelettiques, ventres distendus, têtes osseuses aux yeux fixes ; seins plats et flétris des femmes ; visages accusateurs de tous. Nus ou presque. Beaucoup d'enfants incapables de marcher. Ceux que personne ne voulait porter restaient sur le bateau
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Si les années 1950 avaient été propices à des livres pareils, le hasard n’y était pour rien : la Grande-Bretagne connaissait un après-guerre difficile, avec son économie sinistrée, ses villes en ruines, ses rationnements en nourriture et en électricité, le tout sur fond de tonnerre – le grondement sonore de l’empire qui s’effondrait. Différents auteurs et critiques ont signalé que [ces] romans avaient été écrits par et pour des gens dont le pays était plus déprimant que jamais, à tous les niveaux.
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Une fraction minoritaire de la population réagissait inévitablement par la haine et l’agressivité face à ces désespérés dépossédés de tout. […] Toutefois, le peuple britannique en général n’avait rien à voir avec ce genre de choses. Les valeurs traditionnelles de tolérance se perpétuaient, même si on ne pouvait refuser de voir ce qui se passait un peu partout. […] Ce qui arrivait aux réfugiés les horrifiait – les circonstances dans lesquelles ces malheureux avaient fui leur propre patrie, mais aussi les conditions de vie qui leur étaient faites à présent. Le citoyen lambda essayait d’aider les volontaires et les organismes gouvernementaux à reloger les sans-abri, mais d’un autre côté, il ne pouvait s’empêcher de redouter l’influence qu’exerceraient près de deux millions de réfugiés sur sa vie, son foyer et son travail. […] Ce banal britannique, très tolérant, gérait en général ses peurs en regardant ailleurs et en espérant que le problème se règlerait tout seul. (p66)
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Un couple d'âge mûr installé sur des chaises pliantes, dans un jardin de façade, me regarda passer avec curiosité. J'eus un aperçu fugace du spectacle que j'offrais, loqueteux, barbu, les cheveux en broussaille, lesté de mes sacs de plastique et de mon équipement de camping, péniblement appuyé sur ma canne. Homme et femme détournèrent les yeux sans mot dire, un peu comme s'ils se sentaient gênés pour moi. (p.189)
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