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EAN : 9782493426086
Éditions de l'attente (16/01/2023)
3.3/5   5 notes
Résumé :
Payvagues est un voyage en quatre récits avec pour guides les voix de femmes, sorcières ou chamanes aux pouvoirs cosmo-telluriques.
Entre désolation et merveilleux, des individus traversent des expériences inédites sous l'influence de ces voix, dans des zones au climat bouleversé. Iels explorent des relations inédites avec la faune et la flore, les phénomènes géologiques et climatiques, découvrent de nouveaux états organiques et symbiotiques.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Payvagues, un petit livre de moins de 100 pages, divisé en quatre récits.

Avant toute chose merci à Babelio et au édition de l'Attente pour l'envoi de ce livre.

J'ai voulu tester une lecture différente de mes habitudes mais avec un thème que j'apprécie.
Malheureusement c'est la critique pas sympa...
Je n'ai pas réussi à m'immerger la ou l'auteure voulait aller, j'ai trouvé ce livre étrange et difficile.
Je penses que ce genre de lecture est vraiment pas pour moi !
Je suis désolée de cette critique mais hélas ça n'a pas matché...
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Le chant envoûtant d'une éco-poésie du vivant, alternative, exploratoire, futuriste et radicale.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/04/25/note-de-lecture-payvagues-florence-jou/

Quatre récits : « la chose, arrache, détache et met en déroute », « odor under control », « le stable n'est pas le commencement » et « via the moon to the beach ». Quatre manières différentes mais subtilement résonantes d'inventer un nouveau rapport à un vivant décati, voire effondré, mais dont la capacité de régénération, voire de résurgence, sous les mêmes formes ou sous d'autres, impressionnera toujours autant. Entre rituels physiques, notices techniques dissimulées et incantations musculaires, Florence Jou invente, avec ce « Payvagues » paru aux éditions de l'Attente en janvier 2023, situé dans la lignée de son précédent texte, « Explorizons » (auquel le troisième récit, ici, renvoie d'ailleurs très directement), de nouvelles possibilités d'habiter ici ou ailleurs, même lorsque le monde s'est beaucoup penché. Récits ensorcelés ou chamaniques, naviguant entre terres nourricières et bétons reconquis, plages décharges et océans ressourcés, ils explorent, entre algues proliférantes, déchets électroniques et mauvaises herbes nécessaires, un étonnant terreau de possibilités organiques, qui doivent tout, avant tout, à la langue merveilleuse ici à l'oeuvre.

Poésie post-écologique volontiers machiavélique, qui pourraient lorgner du côté du Jérémie Brugidou de « Ici, la Béringie », de la Céline Minard de « Plasmas », du collectif Bombyx Mori de « La trame » ou du Lucien Raphmaj de « Capitale songe », par exemple, « Payvagues » manie avec une grande virtuosité son vocabulaire méticuleux pour créer une ambiance post-apocalyptique d'un « déjà demain » riche d'espoirs, sans en raconter les tenants et les aboutissants, pour rappeler les contagions permanentes qu'instillent encore et toujours le développement personnel et le lexique lénifiant des start-ups déployant leur greenwashing ici et maintenant – et que s'en déprendre demande du temps, malgré tout -, et pour mobiliser un formidable trésor de guerre de références radicales (Anna L. Tsing, Philippe Descola, Donna Haraway, Ursula K. le Guin, Starhawk, parmi bien d'autres – l'extraordinaire boulangère de « Shaolin Soccer » fera ici plutôt figure d'exception) que l'on ressent sans les voir – ce qui est la marque d'une belle maîtrise du langage écologique et science-fictif et de ses codes poétiques, quitte à ce que de légères claudications résiduelles signent justement, comme un magnifique aveu, qu'ici on explore, on ne fige pas.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Après incubation dans le laboratoire de Payvagues, je ressens la traversée des zones de turbulences! Il faut réellement lâcher prise pour lire ce récit composé de 4 inventions poétiques, mélodiques, organiques face à la désolation climatique. L'armature du texte surprend, C'est une explosion de mots tirés de la botanique, la géologie, l'anthropobiologie, l'anthropogénétique. 4 voix féminines vont recréer, régénérer les humains qui ont tout saccagé. Il est question de la déforestation, la surconsommation, la pollution des sols et atmosphérique, de la disparition des espèces, et ce sont des réalités actuelles.
En tant que lecteur, il est difficile de lire ce texte organique, tumultueux, endurant, descriptif. Les énumérations, l'anatomie des différentes strates de la Terre, les phénomènes merveilleux renvoient au chaos et les voix de femmes aspirent à la régénération de la faune, de la flore, des éléments vivants. C'est déroutant, détonant mais faut le lire comme une exploration littéraire.
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Payvagues,… ouvrage de sciences-fiction-poétique avec un hashtag écofeminisme.

Payvagues,… dont j'ai eu la vague compréhension d'une intention, d'un futur, mélange de mots venus de tous les horizons scientifiques et littéraires en salade sucrée-salée pas forcément digeste.

La postface semble évoquer mon ressenti quant à ma lecture de Payvagues : j'ai voyagé, au milieu d'un texte à la structure et au vocabulaire déstabilisant, on trouve quelques îles où la compréhension peut se précipiter ; quelques fulgurances au milieu d'un maelstrom informé, une logorrhée que j'ai traversé, en diagonale le plus souvent…

Je n'ai pas réussi à entrer totalement dans les pas de Florence Jou, une poétesse qui m'évoque un Alain Damasio sous acides.

Dans cette succession de nouvelles, j'ai bien aimé « le stable n'est pas le commencement » et « Via the moon to the beach ».
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Leur dalle pourra-t-elle résister encore longtemps. Elle tremble de tous ses dénivelés, espaces en treillis rectangulaires et jardins suspendus. Des fissures se dessinent dans ses briques basaltines noires et rouges, ses lignes de motifs gris, ses rampes en béton blanc peigne, ses murets et garde-corps en aggloméré. Des épicentres s’éprouvent de manière de plus en plus fréquente au niveau de la route des falaises, du parc des volants, de la rue grande et des voies blanches. Les bordures en acier aux teints fauves qui séparent les îlots végétaux tapissés de fétuques bleues et de bouleaux verruqueux se compriment et se dilatent. La menace s’accroît, elle reprend, leur ayant laissé un long temps de répit, même s’ils savent qu’ils doivent poursuivre ce que d’autres avaient essayé d’accomplir pour y mettre fin. Ce répit s’achève et les immenses nuages qui pendent depuis le ciel, des lobes impressionnants noirs et denses, les précipitations de plus en plus fréquentes, les décharges électriques leur en donnent chaque jour la confirmation. L’air se charge d’humidité, la dalle n’est plus maintenue dans une bulle chaude de réverbération. Le soleil n’assure aucune stabilité optimum de la zone, ce temps de constance, d’évaporations nocives neutralisées, de pureté de l’air qui leur avait fait oublier la menace, même si des images leur revenaient la nuit, les fantômes de ceux d’entre eux qui étaient descendus sous la dalle, dans l’étendue des mousses, plantes marécageuses et aquatiques, dans le mucus visqueux sécrété par les néréis et les amphibiens, une couche épaisse, stagnante, se gonflant avec mollesse et favorisant l’accélération des mutations, propagations et colonisations. Ils avaient pourtant pris le risque d’y plonger pour protéger la dalle, sans réelle préparation. Vêtus de lunettes, masques de plongée, vêtements de chantier, foulards imbibés de citron et de menthe, ils avaient confectionné des boucliers avec des panneaux de circulation et des morceaux de tôles. Ils tenaient des bâtons et des bouts d’acier pour frapper les ennemis dont ils ignoraient tout, si ce n’est le pouvoir de créer des décharges sismiques dans leur dalle, risquant l’effondrement de leur zone. Beaucoup se perdirent dans les marais, certains purent revenir, leurs peaux purulentes, comme attaquées par des acides, ceux-là parlant d’éclaboussures, de gaz acides et liquides, et surtout d’une odeur forte, si forte qu’elle pouvait les traverser, les engourdir et les neutraliser à jamais.
Ils n’avaient pas oublié cet épisode, seulement ils espéraient que les tourbillons ne se déverseraient ni ne s’infiltreraient plus dans leur dalle, comme un espoir dont on se doute qu’il sera réduit à néant devant les caprices du climat, les changements brusques et les agents négatifs. Leur dalle est la zone de convergence d’un processus irrémédiable, un oscillogramme qui enregistre les pulsations souterraines d’une altérité qui ne veut plus être contenue, une marée, une crue, un déferlement, prête à tout altérer.
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Du noir se libère. Hommes, femmes et enfants suivent les voies de rondins avec des barres transversales décrivant des lignes de contournement qui s’effacent au fur et à mesure que la zone décompresse impuretés, érosions et usures accumulées, enfouies à des kilomètres et des kilomètres. Le noir se relâche sous forme de gaz. Des résidus viennent se déposer sur leurs manteaux uniformes, gris de payne, des kaftans de laine amples, à manches longues, tenus par quatre boutons de coulage, avec une fente avant-gauche pour se protéger du vent s’il s’engouffrait et du froid si les nuits devenaient fraîches. Le noir trempe la zone de ses éjectats visqueux, matières fines de consistance molle, sableuse et vitreuse qui s’élèvent sous l’effet de la pression jusqu’à se coller au ciel. Ils inspirent et expirent, avançant entre ciel et sol sans sentir la moindre asphyxie. Le noir se desquame en écailles, se moule par petites boules en forme de coussins qui s’allongent les unes sur les autres, dans un épanchement dense et puissant. Alignés, ils ne se soucient pas de leur empreintes qui disparaissent ni des bourgeons de sphaigne ou de bouton d’or qui se cristallisent et meurent.
Le cortège suit un drapeau décoré de points anarchiques reliés pour certains d’entre eux par des lignes droites ou brisées. Hommes, femmes et enfants traversent une océanite noire gelée où la lumière a de moins en moins d’incidence. Ils cherchent à se maintenir dans une cadence unique, se concentrant sur l’état d’équilibre du groupe, mus par la tâche de répéter en chœur une litanie à peine audible qui ne trouve pas d’écho, et la chose traverse, arrache, détache, met en déroute. Ils s’arrêtent régulièrement pour répéter, et la chose traverse, arrache, détache, met en déroute, s’appliquent à suivre un même mouvement de leurs corps, mimant un pendule de gauche à droite et de droite à gauche, cherchant le point d’inclinaison le plus longtemps possible et s’approchant d’une forme de chute. Ils ne chutent pas s’accrochant à chaque mot comme le dernier à prononcer, au bord de la rupture vocale, et reprennent leur marche en serrant simplement leurs kaftans de laine. Rien ne se produit dans le noir du ciel, dans ce moment qui pourrait tout autant se dérouler à un stade pionnier, intermédiaire ou final. Ils sont les parties d’un système régulé, ne ressentant plus la faim et la soif, le froid ou le chaud, ni les épisodes de sueur ou de miction. Leur chemin est une profonde léthargie, leurs mouvements n’existent pas pour corriger un quelconque changement d’orientation.
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Ils oscillent entre les éléments, portés dans leurs mouvements par un mantra intérieur, le stable n’est pas le commencement, depuis qu’ils ont acquis leur farm entre zone périurbaine et estuaire sur un terrain composé de prés salés et de champs. Ils ignorent les critiques entendues sur leur terre qui ne donnerait rien tant elle est saturée de sel, les mises en garde sur les grandes marées qui les emporteraient bientôt, les attitudes à tenir concernant la construction de digues et de canaux pour se protéger. Dom et Ludo favorisent une agriculture littoraliste, une conscience des bords et des rivages, un retour aux fonds deltaïques d’une humanité qui se reconstruit depuis la vase, l’eau et l’air, cultivant sur les zones humides, marais, paludes et plaines alluviales.
Ils ont appris à conserver ce qu’il existe de marges, gestes impropres et attitudes sauvages dans l’agriculture, à inventer leurs propres rotations et devenir nomades sur leurs terres. Une saison où ils sont comme les poissons qui migrent en mouvement anadrome et remontent vers leurs champs pour planter moutarde, vesce et phacélie. Ils arpentent les terres, leurs semis dans un bac attaché en bandoulière. Leurs mains droites s’élèvent depuis le torse jusqu’au haut de l’épaule et décrivent des arcs de cercle amples tout en conservant une synchronisation inversée entre main et pied. Leurs bras s’étendent, dessinant une courbe et leurs mains répandent en espaçant. Une autre saison où ils circulent en mouvement catadrome, fabriquent patiemment leurs composts d’herbes, graminées, lierres et débris végétaux, et s’arrêtent aussi simplement pour regarder les chaumes de riz, les nénuphars, les scirpes et les taros qui poussent à l’état sauvage à la limite entre eaux saumâtres et douces.
La nature s’accorde avec eux dans ses rythmes autant qu’ils se sont accordés avec elle. Les mergules nains sont devenus leurs magnifiques assistants fumier. Ils défèquent à tout va sur les champs, après avoir mangé crustacés, mollusques, parasites et planctons, générant une couche de nutriments, noire, riche et boueuse. Les chauves-souris frugivores viennent plusieurs fois par an, leur apportant des graines venues d’ailleurs qui ont fait naître casuarinas, agaves, cactus et bananiers.
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Je serai votre génératrice, le fusible qui lance et relance le rotor, votre aiguilleurs de temps et fréquences. Commencez petit, vous deviendrez loess.
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