L'imaginaire des pôles plaisamment survolé et richement illustré
Publié en 2004 au 7ème Continent / Seuil, intermédiaire entre l'essai et le beau livre grâce à une riche et inspirée iconographie, le "Rêveurs de Pôles" d'
Emmanuel Hussenet, sous-titré "Les régions polaires dans l'imaginaire occidental", nous invite à un voyage qui réjouira tous les amateurs de ces solitudes glacées.
Consacrant trois chapitres précieux mais inévitablement brefs à l'Antiquité, au Moyen-Âge et à la Renaissance (durant laquelle les pôles sont surtout une localisation commode pour des tentatives utopiques), le livre prend son essor avec les quatre chapitres consacrés au romantisme, à la "reprise" de l'exploration géographique réelle, au début du XIXème siècle, à la fascination de
Jules Verne et à l'inspiration picturale, chapitres dominés par les puissantes figures des peintres
Caspar David Friedrich et François-Auguste Biard, et par la lignée
Mary Shelley -
Edgar Allan Poe -
Jules Verne.
Un peu moins convaincant avec les deux chapitres consacrés aux pôles des poètes et à ceux des mystiques (malgré la plaisante débauche de toiles et de photographies qui les accompagnent), c'est avec "Le pôle fantastique" que l'ouvrage reconquiert le lecteur, mêlant habilement les souvenirs d'
Edgar Rice Burroughs, de
H.P. Lovecraft, et plus étonnamment de...
René Barjavel. Beaux passages ensuite sur les pôles dans le roman d'aventure (où
Jack London reçoit toutefois un traitement disons... contrasté) et dans le roman pour enfants, avant de se délecter d'un chapitre cinéma, où, au milieu des nombreux navets, émergent avec grâce les figures de
Robert Flaherty, bien sûr, mais aussi du "Atanarjuat - La légende de l'homme rapide", film inuit préféré à juste titre au trop hollywoodien "Agaguk".
Le dernier chapitre, "Le pôle contemporain", déçoit en revanche plutôt lourdement - peut-être était-ce inévitable dans le cadre malgré tout "serré" d'un tel livre ? - par ses trop nombreux oublis, même si l'on se réjouit de la large place accordée à
Jorn Riel.
Malgré quelques faiblesses plutôt bénignes, ce survol, certes rapide, est plaisant et bien exécuté, et mérite ainsi toute votre attention.