Comme son titre le laisse supposer, «
Sortie 32.b » emmène son lecteur dans un long voyage autoroutier, un road trip aussi pêchu et survitaminé que la Camaro qui figure sur sa couverture. Toute l'histoire se déroule en effet le long d'une autoroute avec tout juste quelques haltes dans les stations essences ou sur les aires de repos. Impossible de quitter le long ruban d'asphalte. Les sorties sont bloquées par la police ou des barrages d'une nature inconnue et les automobilistes sont contraint de tracer leur route. Lucille et son équipe de basket, Aaron et ses frères se retrouvent lancés dans ce qui ressemble à un jeu vidéo grandeur nature où il faut triompher d'obstacles qu'on dirait inventés par un geek morbide, pour passer au « next level » et conserver une chance de survie.
On sent tout de suite les emprunts à la littérature de genre et notamment à l'univers de
Stephen King auquel il fait d'ailleurs un petit clin d'oeil. L'atmosphère inquiétante de son roman m'a un peu rappelé celle des
Langoliers puisqu'il est là aussi question d'un groupe d'individus d'origines diverses confrontés à un évènement incompréhensible et contre lequel ils n'ont aucune prise. Une grosse différence toutefois : le roman de Da Silva est bourré d'action. Passés quelques chapitres introductifs qui servent à nous présenter les différents protagonistes de l'histoire et les premières manifestations du phénomène contre lequel ils devront lutter, le récit prend un rythme redoutablement vif. En un crescendo presque exténuant, les personnages sont soumis à une succession d'épreuves aussi folles que dangereusement mortelles et doivent faire preuve d'imagination et de volonté pour rester en vie. Il leur faudra tour à tour affronter des adultes transformés en meurtriers psychopathes, des poulpes volants, des drones canardeurs et bien d'autres mauvaises surprises. C'est intriguant et haletant. On ne sait rien de ce qui se passe, on a quelques idées, on formule des hypothèses mais l'enchainement des évènements les rend vite obsolètes. On finit alors par se laisser porter par le rythme étourdissant du récit en se contentant de frémir et d'espérer pour nos jeunes héros.
La plume d'
Antonio Da Silva est idéale pour le public « young adult » auquel son roman est a priori destiné. D'une lecture aisée, sans termes ou concepts trop compliqués (exception faite de certaines explications sur la nature du phénomène dont je ne dirai rien pour ne pas déflorer l'intrigue), son écriture coule facilement et permet d'enquiller les chapitres sans s'en rendre compte. Pour autant l'auteur ne se censure nullement et ses descriptions sonnent justes avec des images parfois dures mais jamais choquantes. En fait, le côté « littérature jeunesse » est surtout palpable au niveau des personnages. Nous suivons en effet des ados de 15-17 ans, un groupe de filles et un autre de garçons, avec toutes les histoires de coeur, les petites rivalités et les clashs auxquels on peut s'attendre de la part de jeunes de cet âge. Les individualités sont bien marquées et les personnalités fouillées. L'auteur parvient à nous les rendre proches grâce à un important travail sur les caractères, nous dévoilant peu à peu leurs qualités et leurs faiblesses, leurs fêlures et leurs espoirs et toute leur histoire intime. Un joli travail sur la psychologie de chacun qui constitue sans conteste l'une des réussites de ce roman.
On est donc d'autant plus surpris du changement radical (dont je ne dirai rien pour ne pas déflorer l'intrigue) qui s'opère chez eux en cours de route. Un bouleversement déstabilisant pour le lecteur, dangereux pour la cohésion du roman et qui, tout compte fait – n'apporte pas de réelle plus-value à l'intrigue. L'auteur s'en sort heureusement bien en conservant l'essentiel, c'est-à-dire l'esprit de corps qui nait des épreuves, l'amitié forgée dans l'adversité et l'amour triomphant des difficultés ! La conclusion m'a en revanche laissé un peu sceptique par son côté un peu trop ouvert. A moins qu'une suite ne soit prévue ?
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