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Nino Frank (Traducteur)
EAN : 9782070387779
304 pages
Gallimard (16/11/1993)
3/5   4 notes
Résumé :
L'univers où s'exerce l'invention littéraire d'Alberto Savinio est celui d'un réalisme proprement métaphysique, fortement gauchi, fût-ce face à la démence, par une ironie à toute épreuve. Mais peut-être faudrait-il remplacer le terme ironie par celui d'humeurs, humeurs du plus beau noir. Ce n'est pas pour rien que Savinio figure dans l'Anthologie de l'humour noir » et qu'André Breton le comptait, ainsi que son frère Giorgio de Chirico, parmi les précurseurs du surré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
D'entrée de jeu, dans ''Son nom'', on s'aperçoit de toute la force de l'auteur pour rendre une atmosphère. Le personnage se retrouve dans un lieu reculé ou règne l'indolence, l'abattement même. Il s'enfonce dans ce lieu, à la poursuite de son objectif qui se dessine petit à petit. Puis, à la suite d'une espèce de joute oratoire et psychologique, survient la petite bourde qui retourne la situation et donne à l'histoire l'allure d'une farce.

Suivent une collection d'histoires surréalistes avec un degré d'étrangeté variable. Une histoire telle que ''Maison « La vie »'' me laisse plutôt indifférent, mais ''Mon compagnon de voyage'' par exemple m'a enchanté d'un bout à l'autre. À propos de cette nouvelle, je me dois de signaler le passage du casse-croûte qui m'a laissé stupéfait. Digne de mention est également ''Le Petit Coin'', qui débute avec le mystère du lieu ou se trouve le personnage, se poursuit avec une expérience défiant les lois de la physique et se termine par l'avènement du règne végétal à la suprématie sur les autres règnes !

Le style d'Alberto Savinio, ironique et un peu pince-sans-rire, surprend par son originalité et révèle un intellect affranchi des lieux communs.

Liste des nouvelles :

''Son nom''
''Paradis terrestre''
''La pianesse''
''Descendre de la colline''
''Âme''
''Eonio''
''Maison de la sottise''
''Mon compagnon de voyage''
''Bago''
''Fauteuimaman''
''Toute la vie''
''Monsieur Munster''
''Concert privé''
''Enfants au gaz''
''Attila''
''Le coq''
''Tante Apollonie''
''Le Petit Coin''
''Maison « La vie »''
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19 nouvelles alliant ironie et surréalisme mais aussi marqué par la métaphysique . A noter qu'un certain nombre d'entre elles (8)se trouve dans le recueil « Casa la Vita » .
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dieu - qu'il est pratique Dieu! Pour alimenter la rhétorique, pour inspirer les "beaux gestes". Il est probable que Dieu perdra sa dernière couche de vérité le jour où les hommes prendront l'habitude de s'exprimer moins par les gestes que par les paroles, et d'employer les paroles plutôt par leur signification que par leur expression.
A Carrare, une fois, j'ai passé vingt-quatre heures chez une famille amie, qui m'avait offert, pour la nuit, la "chambre rose". Mon lit était dominé par un baldaquin couronné d'or, et, auprès du lit, au lieu d'une table de nuit, il y avait un prie-Dieu recouvert d'une peau d'ours épaisse. De même qu'une chaise vous invite à vous y asseoir, un escalier à la monter et à le descendre, une femme nue à la féconder, un prie-Dieu vous porte à vous y agenouiller. La fonction de ce meuble, accentuée par la douceur de la peau d'ours - personne n'a autant que les Mahométans compris l'importance d'un tapis dans la prière -, et surtout l'intimité de l'endroit (bien des actions, nous ne nous y livrons que parce que personne ne peut nous voir les faisant) m'amenèrent, moi à qui toute forme de prière est absolument étrangère, à m'y agenouiller. Cela ne dura qu'un instant, je me repris sur-le-champ, et le lendemain, au point du jour, je quittai la demeure de mes amis de Carrare. Eussé-je prolongé mon séjour et passe d'autres nuits dans la "chambre rose", il est probable que j'aurai été tenté de ployer encore une fois les genoux sur le prie-Dieu, et que cette position m'aurait sans doute poussé à ce qui est le corollaire de la génuflexion, c'est-à-dire la prière : il est à présumer que les annales de notre république des lettres compteraient à présent un nouveau cas de conversion religieuse.
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Rien n'aide autant qu'une forte douleur physique à comprendre la volonté de destruction qui envahit si violemment certains individus, parmi lesquel Néron, Attila, Gengis Khan. Plutôt que des hommes, ce son là d'immenses douleurs en forme d'hommes : des douleurs si grandes que l'homme devient une espèce de douleur mûrie et qu'il ne sait plus qu'il souffre. Un homme-douleur. Une douleur-amour. Une douleur-amour extraordinairement élevée. Une douleur-amour si élevée, que l'homme-douleur ne se contente pas de l'éprouver lui-même, mais tient à ce que le reste de l'humanité en ait sa part, comme à un amour sublime. Le monde entier exalte l'acte d'amour de Jésus crucifié à cause de son amour envers l'humanité : personne ne songe à exalter ces grands destructeurs, qui aspirent à mêler l'humanité à leur très haute douleur et à se fondre en elle dans une destruction générale. On ose les appeler des monstres! L'homme est injuste : inapte, plus exactement, à faire le tour complet de la vie et à la voir dans toutes ses parties. En fait, il la regarde comme il regarde la lune : dans sa face éclairée.
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Le chef de la troupe, le plus grand de tous, doté d'un mufle de chacal, dégaina son cimeterre qui jeta un éclair, le maintint horizontalement et, une à une, coupa nos têtes, avec une adresse et une netteté telles que, malgré l'incommodité où j'allais me trouver par suite de cette décapitation, je ne pus qu'admirer.
Ce n'est pas sans inquiétude que je regardai ma tête rouler sous le piano : je m'efforçai de bien graver dans ma mémoire l'endroit précis où elle avait échoué afin de pouvoir la retrouver aisément une fois passé ce mauvais moment. Je n'ai jamais autant éprouvé à quel point il est fatigant de perdre la tête.
(...)
Je crois avoir dit un peu plus haut que je considérais avec quelque souci ma tête roulant sous le piano : c'est une erreur ; la vérité est que c'était ma tête qui, tout en roulant sous le piano, considérait avec quelque souci mon corps et s'efforçait de bien retenir l'endroit où ce corps demeurait, afin de pouvoir le retrouver aisément une fois passé ce mauvais moment.
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Démence est également la réduction du nombre des idées. Plus grand est le nombre des idées dans la tête de l'homme, plus grandes sont ses possibilités d'équilibre mental. C'est comme de flotter sur l'océan de vérités et d'erreurs qu'est le monde en disposant d'un très grand nombre de flotteurs ─ les idées.
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A proposito : Rosci, quando diventò l'amante della signora Teresa e voleva combinare con lei una specie di luna di miele, andò a trovare il nostro commendatore e gli diede a credere che era gravemente ammalato di appendicite e che andava operato d'urgenza. Bove insisteva a dire che stava benissimo, ma Rosci lo portò di peso nella sua clinica , gli apri la pancia e glie la richiuse senza toglierli né aggiungerli niente, lo tenne in degenza per quaranta giorni interi e in ultimo gli presentò un conto di venticinquemilla lire ; e intanto lui e la signora Teresa, su questo mio sedile, non vi dico che ballo !
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