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EAN : 978B086KQPCTN
11 pages
Gallimard (31/03/2020)
3.56/5   16 notes
Résumé :
« Cela n'a rien de certain, mais par son ampleur et sa radicalité, la pandémie en cours éclairera sans doute d'une lumière neuve les relations ambivalentes que notre société entretient avec les sciences et la recherche. »
Étienne Klein
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'arrive après la bataille. Mais j'avais lu ce tract en mars 2021, alors qu'il a été écrit à la fin mars 2020.

C'était le début de la pandémie. Étienne Klein faisait quelques mises en garde sur les informations qui allaient sûrement circuler et le danger d'une mauvaise interprétation.

Tout d'abord il a fait un petit exercice, cas d'école, sur l'interprétation de résultats statistiques. Un exemple où il supposait des tests d'infection avec une fiabilité de 95 %. Il montrait que la bonne interprétation n'est pas celle évidente. Ceci pour dire que les chiffres ne veulent pas dire grande chose si on ne les sait pas interpréter. Avec cet exemple, il démontrait que l'efficacité réelle est inférieure à ça. Il n'a, en aucun cas, dit que ces tests étaient inutiles. le message est clair - il ne faut être précautionneux pour interpréter les chiffres. On reviendra sur ce point plus loin.

Le deuxième message concernait les qui disent n'importe quoi sur internet. Il cite particulièrement des personnalités politiques, qui ne sont pas en charge de la gestion de la pandémie, et qui commencent leur discours par "Je ne suis pas médecin, mais..." - d'où le titre du tract. On a eu droit à ce genre d'opinion tout au long de la pandémie et pas juste de la part des politiciens.

Pour l'anecdote, on se souviendra de Jean-Luc Mélenchon, dans une période antivaccin, en manque d'argument lors d'un interview à BFMTV et pour ne pas rester sans rien dire, a sorti qu'il savait ce que c'est un vaccin puisqu'il est né ou a vécu au Jura, terre de Pasteur...

Étienne Klein nous invitait à faire confiance à la science, puisque des chercheurs y travaillaient sérieusement (d'autres pas... mais ils n'étaient pas directement liés à la gestion de l'epidémie).

Bilan des courses ? Je livre mon opinion personnelle. Il est indéniable qu'il y a eu des ratés, tant de la part du gouvernement que d'un certain nombre de scientifiques. Après, il faut découper ça en ceux qui avaient en charge la gestion de la pandémie et les autres qui ont largement pratiqué le sport de râler contre ceux qui bossent. Certains pour des raisons purement politiques et d'autres pour apparaître dans les médias et réseaux sociaux.

La France s'en est bien sortie, à mon avis. le gouvernement, qui avait la charge de la gestion, était dans une position difficile prendre des décisions dans un contexte nouveau, tiraillé entre les scientifiques et les pressions des français et des opposants politiques, pas toujours très constructives et responsables. Par sa position géographique, la France a été plus sévèrement touchée que le Brésil et les États Unis, mais le taux de mortalité, en décès par millions d'habitants) a été plus faible. A mon avis, on peut dire que la gestion dans ces deux pays a été moins sérieuse, pour ne pas dire responsable, qu'en France. La mortalité en France a été plus faible aussi que chez nos voisins Italie, Espagne et Angleterre, mais plus forte qu'en Allemagne.

L'épidémie a été une belle occasion pour vérifier l'Effet Dunning-Kruger : on lit un tout petit peu sur un sujet, on comprend juste, au maximum, les grandes lignes, et on se considère un expert, alors qu'il y a encore beaucoup à apprendre. C'est ce qu'on appelle "Montagne de l'ignorance".

La controverse
**************

Un autre tract est apparu juste après la sortie de celui de Étienne Klein : "Je ne suis pas médecin, et j'emmerde Étienne Klein", signé par Julien Dumont. L'auteur se présente comme étant ingénieur diplômé par l'UTC de Compiègne et dirigeant d'une société de conseil dans l'audiovisuel : Gomboc Solutions.

Tout d'abord, il y a probablement matière pour que Julien Dumont soit poursuivi en pénal par Gallimard. le problème n'est pas le contenu de son tract mais le fait qu'il copie la charte graphique des tracts Gallimard et donne l'impression à ceux qui ne sont pas attentifs, qu'il s'agit d'une publication Gallimard. C'est, donc, de la contrefaçon. Je pense que Gallimard ne l'a pas fait à cause du contenu, tellement médiocre, qu'il fallait laisser le sujet à l'appréciation de ceux qui le lisent.

Sur le contenu... c'est un contenu où il déverse une haine incroyable, avec des insultes, manque de respect, grossièretés et... âneries.

Pour commencer, il critique l'expérience de pensée de Étienne Klein, faite avec un but pédagogique. Mais Julien Dumont semble ne pas savoir ce que c'est une expérience de pensée et encore moins les notions de statistiques expliquées par Étienne Klein. Et, pourtant, il se présente comme étant ingénieur.

Puis, il estime avoir bien compris les conséquences de la maladie et comment de protéger, puisqu'il a lu deux articles (juste deux) trouvés dans un blog (Tomas Pueyo) sur internet (page 3). C'est l'effet Dunning-Kruger en action !!!

Je cite une phrase pour illustrer le genre de style littéraire : "Et toi, Étienne, tu serais prêt à en voire de la pisse d'âne si MONTAGNIER te le recommande ?" (page 7). Étienne Klein ne mentionne nulle part le nom de M. Montagnier.

En plus de ce style insultant et déplacé, présent tout au long de la publication, il "met des mots dans la bouche" d'Étienne Klein, qu'il n'a pas dit.

Sur les organismes de recherche français, il dit : "Et pour ma part, je n'écarterais pas si vite la responsabilité de tous ces méta-organismes (CNRS, Institut Pasteur, INSERM, ARS, ANSM, ...) plombés par de la bureaucratie, des certitudes, une large part d'incompétence et des structures dirigeantes totalement nulles". J'avoue ne pas savoir pour qui il se prend ni sur quelles bases vérifiables pour affirmer cela. Si c'est juste une opinion personnelle, il ferait mieux de la garder pour lui.

Bref, personne est obligé de partager l'opinion de quelqu'un d'autre mais, dans ce cas, si on souhaite s'exprimer et si on souhaite être crédible, il est préférable de le faire dans le respect de l'autre, de façon courtoise et, de préférence, sans dire des âneries.


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Qu'est ce qui nous empêche de Dire : "Je ne sais pas !" ?
La démarche scientifiquement c'est d'abord un émerveillement devant des questions. Puis elle devient un émerveillement devant des réponses que l'on sait provisoires, et ensuite, on repose alors des questions ouverte par les réponses.
Mais voilà entre alors dans le jeu de la science et dans les organisations humaines l'EGO.
Oui l'EGO...
« Finalement quand on ne sait pas, la meilleure attitude est de le dire et d'attendre. »
Croire savoir alors même qu'on sait ne pas savoir, telle me semble être devenue la véritable pathologie du savoir. Pour savoir qu'on est incompétent, il faut être compétent !
Et puis arrive la phrase, avant de découvrir "LA VÉRITÉ !"" ???
Il eu mieux valu dire "de découvrir une vérité" qui contribuera un temps à enrichir la Science (le Corpus des savoirs que l'on tient provisoirement comme vrai), le mot important à mon sens est « provisoire », de manière provisoire et contingente, au temps et au lieu, et ce savoir sera requestionné en permanence. L'univers est en création permanente à l'échelle de nos connaissances et de notre conscience humaine.
Alors, au-delà du doute scientifique qu'aime Etienne Klein, c'est l'humilité qui est la plus nécessaire. L'humilité qui est cet humus sur lequel pousse et repousse dans cesse une vérité renouvelée. C'est, l'humilité et l'émerveillement qui procurent les plus grandes joies. L'go ne sachant que jouir ou trouver un instant le « bonheur » (bonne heure figé dans le temps avant la redescente).
Finalement, il me manque une dimension dans son tract, pour me sentir plein.

Lien : https://tsuvadra.blog/2020/0..
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A partir d'une interrogation légitime et particulièrement importante, Etienne Klein nous livre quelques réflexions qui poursuivent lentement leur cheminement en nous, une fois le texte lu.

Le questionnement a trait à cette habitude que nous avons prise, celle de se déclarer d'abord incompétent sur une question, pour ensuite encore mieux asséner à nos interlocuteurs le produit de nos petites cellules grises... Variations sur un même thème, "je ne suis pas médecin, mais..." est une phrase qui peut se multiplier quasiment à l'infini. Par exemple, on a aussi le zémourien "Je ne suis pas raciste, mais...", j'en passe et des meilleures.

Après avoir cueilli le lecteur avec un petit calcul de probabilités très éloigné de nos intuitions, Etienne Klein discourt sur ce besoin que nous semblons éprouver d'avoir un avis sur tout. Non seulement un avis, mais un avis qui ne souffrira d'aucune remise en question. Il conclut sur l'étrange relation qui unit et sépare véracité et vérité.

Si les connaissances scientifiques ne sont certes pas des opinions, et je rejoins Etienne Klein sur ce point, on peut alors déplorer que le concept d'expert soit galvaudé. Chose que l'auteur n'aborde pas. de même, il est assez fréquent (et c'est le cas depuis 3 mois) qu'un expert donne davantage l'impression d'exprimer un avis personnel qu'une "vérité" scientifique. Pas davantage d'élément apporté par Etienne Klein pour tordre le cou aux experts qui outrepassent leur rôle ou multiplient, voire confondent leur casquettes. Par contre, en finir avec le "tout-au-relativisme", cela semble incontournable.

Le hic... c'est le format. Comment penser réduire, résumer, synthétiser une pensée complexe et cruciale en aussi peu de pages. On effleure le sujet. On le caresse de manière fugace et aussitôt il s'évapore et nous arrivons au terme de ce court texte.

Le but est-il de donner envie d'aller plus loin? Il faudrait alors une bibliographie en bonne et due forme. le but est-il d'amener la réflexion? Pari plus ou moins gagné. le but est-il de me donner envie d'approfondir la pensée d'Etienne Klein? Alors, là, c'est banco...
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Je ne suis pas médecin, mais…/Étienne Klein
Cet excellent texte du savant bien connu qu'est Étienne Klein évoque en quelques lignes l'attitude paradoxale du public face à la pandémie du coronavirus qui sévit en ce début d'année 2020.
Tout d'abord l'auteur nous fait clairement comprendre que les tests de dépistage sont absolument indispensables, mais doivent être savamment interprétés quand on prend conscience du niveau de fiabilité qui les caractérise et qui est crucial. Démonstration à l'appui, E. Klein nous fait comprendre que notre intuition nous trompe allègrement, car notre cerveau peut être victime de biais cognitifs sérieux. La science prend souvent à contre pied le bon sens commun et même le contredit.
Ensuite, c'est la question du savoir qui fait dire à l'auteur que croire savoir alors qu'on sait ne pas savoir lui semble devenu la véritable pathologie du savoir, et les vrais sachants, les spécialistes, les experts n'ignorent pas le savoir, eux et ils savent également ce qu'ils ignorent.
Ne pas confondre véracité et vérité : le désir de véracité habite en ces heures d'interrogation scientifique un certain nombre d'entre nous ainsi que la suspicion à l'égard de la vérité, avec un arrière-goût de complotisme.
Ce subtil texte de quelques pages est téléchargeable gratuitement au format kindle. Ne le manquez pas.
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Certains s'expriment sur le virus tout en reconnaissant ne rien connaître, sur la seule foi de leur ressenti.
Les connaissances scientifiques ne sont pas des opinions. Il existe un désir de véracité et une suspicion à l'égard de la vérité déjà analysés par le philosophe Bernard Williams. Le coronavirus comme toutes les crises fait tomber les masques. Mais va-t-il nous pousser à reconnaître que tous les discours ne se valent pas ? Rien n'est moins sûr.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Notre société se trouve parcourue par deux courants de pensée qui sont à la fois contradictoires et associés (Bernard Williams dans ‘’ Vérité et véracité’’). D’une part, il existe un attachement intense à la véracité, qui s’exprime par le souci de ne pas se laisser tromper, par une détermination à crever les apparences pour détecter d’éventuelles motivations cachées derrière les discours officiels. Mais, d’autre part, il existe une défiance tout aussi grande à l’égard de la vérité elle-même : la vérité existe-t-elle vraiment, se demande-t-on ? Si oui, peut-elle être autrement que relative, subjective, temporaire, instrumentalisée, culturelle, corporatiste, contextuelle ? Ces deux attitudes (…) sont mécaniquement liées puisque le désir de véracité enclenche un processus critique généralisé qui vient ensuite fragiliser l’assurance qu’il y aurait, sinon des vérités accessibles, du moins des contre-vérités démontrables, en tant que telles.
Depuis quelques décennies, ce phénomène dynamiquement très efficace a contribué à affaiblir le crédit des scientifiques, en même temps qu’il a universalisé la suspicion à l’endroit de toutes les formes d’expressions institutionnelles.
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Cette conclusion surprenante prouve que notre cerveau peut être victime, ici ou ailleurs, de biais cognitifs. Elle illustre également le fait que la science ne se confond ni avec la déclinaison en roue libre de l’intuition, qu’elle prend souvent à contre-pied, ni avec le fameux « bon sens », qu’elle contredit presque toujours. Or, à l’occasion de cette épidémie de Covid-19, nous voyons se propager, notamment sur les réseaux sociaux, une forme très intense et très contagieuse de « démagogisme cognitif », c’est-à-dire d’un type de discours qui promeut des points de vue intuitifs et souvent erronés sur toutes sortes de sujets. Par exemple, à propos de tel ou tel traitement dont l’efficacité éventuelle n’est pas encore formellement établie – et pour cause, cela demande du temps et réclame un gros travail de recherche ! –, on a pu lire sous la plume de certains responsables politiques (qui, heureusement, ne sont pas – ou plus – aux affaires…) de courtes déclarations commençant par : « Je ne suis pas médecin, mais je pense que… »
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Croire savoir alors même qu’on sait ne pas savoir, telle me semble être devenue la véritable pathologie du savoir.
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En marge des ravages qu’il a déjà faits et qu’il va continuer à répandre, le petit coronavirus nous poussera-t-il à relativiser notre relativisme ?
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Croire savoir alors même qu’on sait ne pas
savoir, telle me semble être devenue la véritable pathologie
du savoir.
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Vidéo de Étienne Klein
Où en est-on de l'exploration de la planète rouge ? Y enverra-t-on bientôt des hommes ? Comme l'a écrit notre invité Francis Rocard : "Certains pensent que l'entreprise est impossible. Pourtant, l'impossible est aujourd'hui en préparation."
Pour aborder toutes ces questions passionnantes, Etienne Klein reçoit : Francis Rocard, astrophysicien et responsable du programme d'exploration du système solaire au CNES. Virgile Malarewicz, jeune docteur en planétologie martienne, dont le travail de thèse a porté sur la formation et l'évolution de la croûte primitive martienne.
Visuel de la vignette : le film "Seul sur Mars" ("The Martian"), sorti en 2015. L'acteur américain Matt Damon incarne l'astronaute Mark Watney resté seul sur la planète rouge dans un campement. (TWENTIETH CENTURY FOX) / AFP
#mars #astronomie #espace __________ Retrouvez d'autres grands entretiens scientifiques par ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrr_Kd-8Hzj20Jo6qwhHOKI7
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