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EAN : 9782253045304
264 pages
Le Livre de Poche (02/03/2016)
3.2/5   85 notes
Résumé :
Tous les soirs au Tram 83 on voit débouler les étudiants en grève et les creuseurs en mal de sexe, les canetons aguicheurs, les touristes de première classe et les aides-serveuses, les biscottes et les demoiselles d'Avignon, la diva des chemins de fer et Mortel Combat, bref, toute la Ville-Pays prête à en découdre sur des musiques inouïes, réunie là dans l'espoir de voir le monde comme il va et comme il pourrait dégénérer.Lucien, tout juste débarqué de l'Arrière-Pay... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Après avoir respirée l'atmosphère électrique de Libreville avec Les voleurs de sexe de Janis Otsiemi, je continue mon périple africain avec Tram 83 de Fiston Mwanza Mujila.

le Tram 83, un bar–resto-lupanar-théâtre-scène :
« Imaginez l'atmosphère, les filles-sans-calbars, l'aide-serveuse, Lucien, l'éditeur, les rires des creuseurs alentour et les susurrements d'une rangée de canetons vers les toilettes mixtes, accrochés au rails de notre diva nationale... »

Vous ne suivez pas alors rendez-vous dans les entrailles de ferraille de la Ville-Pays, « dans la gare dont la construction métallique inachevée rappelait les folles années de Léopold II », où Requiem dit le Negus, ancien soldat converti en roi de l'arnaque et de la magouille, est venu accueillir Lucien, un ami d'enfance, étudiant en histoire et écrivain tout rail venu de l'Arrière-Pays…

Pour fêter les retrouvailles détour incontournable : « Première nuit au Tram 83 : nuit de la débauche, nuit de la beuverie, nuit de la mendicité, nuit de l'éjaculation précoce, nuit de la syphilis et autres maladies sexuellement transmissibles, nuit de la prostitution, nuit de la débrouille, nuit de la danse et de la danse, nuit qui engendre des choses qui n'existent qu'entre un excès de bière et l'intention de vider sa poche qui exhale les minerais de sang, cette bouse juchée au rang des matières premières, au commencement était la pierre... » .

Ici , une atmosphère magnétique.
Le Tram 83, coeur palpitant de cette cité minière, oeil du cyclone où artistes, ouvriers, intellectuels, prostituées (les canetons), rabatteurs (les biscottes) fusionnent.

Le Tram 83 , véritable volcan, une fournaise où tous viennent assouvir leur ventre en étanchant leur soif et leur faim, de la bière pour les plus démunis (les creuseurs rentrant de la mine ou les étudiants faméliques), du vin rouge pour les autres, touristes, penseurs...

Le Tram 83, lieu de débauche et de luxure où les hommes viennent pour apaiser leur bas-ventre et prendre du plaisir en forniquant pour jouir de la vie .

Un des protagonistes et un des piliers du bar, le directeur des Editions Trains de bonheur, Ferdinand Malingeau, l'infirme en s'adressant à Lucien représentant néophyte de la littérature de la Ville-Pays pour le conseiller : « On en a déjà assez de la misère, de la pauvreté, de la syphilis et de la violence dans la littérature africaine. Regarde autour de nous . Il y a de belles filles, de beaux hommes, de la bière-de-Brazza, de la bonne musique...Est-ce que tout cela ne t'inspire pas ? Je suis inquiet pour l'avenir de la littérature africaine en général. le personnage principal dans le roman africain est toujours célibataire, névrosé, pervers, dépressif, sans enfants, sans domicile et traîne toutes les dettes du monde. Ici, on vit, on baise, on est heureux...Il faut que ça baise aussi dans la littérature africaine ! »

Et la musique omniprésente, celle des sons et celle des mots bien sûr, de la salsa au rap en passant par le jazz...
De la musique non seulement pour chalouper mais aussi pour s'élever : « Le jazz est le seul levier dont se sert toute la racaille du Tram 83 pour changer de classe sociale comme on changerait de métro. »

Comme le dit si bien Fiston Mwanza Mujila.: « Ce qui importe, ce n'est pas seulement le sujet mais le rythme saccadé ou la polka des mots sur une feuille de papier. »

Le Tram 83, titre inspiré par la ligne 83 du tramway bruxellois ne fonctionnant qu'à partir du soir comme les personnages du roman…

« Une littérature-locomotive » ou « littérature-tram » qui lâche des souffles de vie .

Pour rejoindre ces drilles, un conseil : monter dans cette locomotive d'or, sauter à son bord, elle vous donnera sa joie (petit clin d'oeil à Claude Nougaro qui disait lui-même au sujet de l'écriture de ce texte qu'il l'avait écrit de façon éjaculatoire ...sorti du bras plus que du cerveau) .

Une atmosphère magnétique, métallique et volcanique avec ses pôles qui s'attirent (ou se repoussent), ses déjections, ses scories et ses coulées de mots...

« Tram 83 est une tentative de liberté et d'indépendance quant à la langue et à la vision du monde. » dixit l'auteur.

Essai réussi pour ce premier roman.
Dans la préface Alain Mabanckou rend hommage à l'auteur :
« Tram 83 est un hymne à la liberté . C'est un roman de la magie de la parole menée par un écrivain qui nous montre grande qualité de conteur, d'observateur de la vie quotidienne et de philosophe de l'écriture. La ville congolaise de Lubumbashi est décrite avec ses personnages à la fois paumés, écrivains, rêveurs, soûlards et trafiquants de drogue dans les quartiers populaires où les plaisirs se monnaient. Ce réalisme de la décrépitude n'épargne aucun mal dont souffrent de nos jours les capitales africaines, la drogue ou l'alcool par exemple, des sujets qui montrent combien ton regard se pose sans tabous sur certaines dérives de notre continent, loin des images de carte postale destinées aux touristes et aux amateurs d'exotisme. »

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J'ai raté le « Tram 83 ». Ma note n'est pas un jugement sur le livre mais sur le plaisir éprouvé. Pourtant après avoir écouté aux Étonnants voyageurs Fiston Mwanza Mujila, jamais très envie de découvrir son univers. Et bien malheureusement, je n'ai pas du tout, mais alors vraiment pas du tout adhéré à ce récit. Soulé par cette frénésie de mots, qui m'ont perdus,décontenancés. Des listes interminables, entrecoupés de dialogues crus, sans rapport, une cacophonie qui est très vite devenue insupportable, indigeste. Certains et tant mieux pour eux, y voit au contraire un souffle poétique, rythmé de musique, de bruits, de personnages interlopes. Je garderai l'image de l'auteur sympathique et accessible. Abandonné au bout de 80 pages à mon grand regret !
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Livre tellement original que je ne peux faire une critique classique.
Je vais tenter en toute modestie et sans aucun talent de vous faire sentir l'ambiance si singulière de ce livre.
On est sans doute pas loin de la R.D. du Congo dans cette ville-pays où débarque Lucien , accueilli par son pote Requiem à la gare .
- Vous avez l'heure ?
les deux hommes se dirigent rapidement vers le tram 83 , sorte de bistrot, night club , bordel , tribune politique et centre de vie de la ville pays où la musique résonne jusqu'au fond des tripes .
- Fais moi l'amour à Kiev en plein soleil.

Il y a au tram 83 les touristes à but lucratif et les touristes chinois et les canetons , et les serveuses aux seins grosse tomate et les biscottes et les creuseurs et les touristes de seconde zone.
- Pourboire

Tout ce monde virevolte et tente de survivre, d'exploiter, d'entuber, de baiser de la chair fraiche, de manger à la sueur de ses seins, d'entuber, de jouir de la vie , de la musique, de chercher un jour meilleur .
- Les préliminaires fatiguent.

Il y a trois personnages principaux qui vont avec des caractères complètement différents avoir toute à tour le beau rôle dans cette fresque africaine jubilatoire . L'écrivain , le touriste à but lucratif (le colon en gros) et le magouilleur local, autant gouailleur que Trump est con.

- Vous avez l'heure ?

Mais derrière toute cette éjaculation de mots, il y a sans doute une vision pessimiste de la vie au Congo où les guerres civiles, le sida, la prostitution , l'exploitation des sols (que seraient les téléphones portables sans les matières premières du Congo ?).

Finalement, j'ai été au bout de ce livre que j'ai cru arrêté à la page 3. Et je ne le regrette pas !
Oserez vous plonger dans le Tram 83, bordel parmi les bordels ?

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Vous l'aurez compris : je n'ai pas aimé. Pourtant ce livre est plébiscité par de nombreux libraires et a obtenu je ne sais quel prix du Premier Roman.

"Vous avez l'heure? T'es mignon !"

Il a dû fumer la moquette cet auteur, et plus encore, je ne vois pas d'autre explication.

"Vous avez l'heure ? Viens coucher avec moi !"

Un pays tiré de nulle part, mais d'Afrique certainement, et que l'on préférerait n'être situé sur aucune carte de géographie, tellement c'est laid, vulgaire, au ras-des-pâquerettes, ...

"Vous avez l'heure ? Je suce admirablement".

Avec, vous l'aurez également compris, des envolées sous forme de litanies essentiellement littéraires. Bon, désolée, ce n'est pas ma tasse de thé.
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Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2016, ce livre attendait sagement son tour dans ma bibliothèque depuis mars 2015. Primé à de nombreuses reprises, c'est un volcan, une énergie folle qui nous est transmise.

Fiston Mwanza Mujila est né en République Démocratique du Congo en 1981, il vit à Graz en Autriche. Auteur de nouvelles et théâtre, il nous propose ici son premier roman ayant pour cadre un pays imaginaire qui pourrait être différentes régions de l'Afrique.

La vie se passe au Tram 83, un bar, un bordel même qui est le lieu de rencontres de la société.

La société nous dit Fiston Mwanza Mujila se répartit en trois catégories :

1. Les fonctionnaires mal payés.
2. Les somnambules c'est à dire : les étudiants grévistes, les creuseurs, les canetons (les filles de moins de 16 ans), les touristes à but lucratif, les amis et les collabos de la dissidence.
3. Les filles-mères ( les femmes de 20 à 40 ans même si elles ne sont pas mères), les vendeurs d'organes, les enfants-soldats, les apôtres, les serveuses, les aides-serveuses de nuit, les musiciens de l'ex Zaïre, les bandits et les cambrioleurs , cette catégorie qui dort le jour.

Je commence fort avec ces énumérations mais ces longues phrases remplies de suite de mots donnent le ton et le rythme de la vie de cette Ville-Pays. le flot de cette prose c'est la vie.

Tout ce monde se retrouve la nuit au Tram 83- lieu imaginaire qui pourrait être n'importe où - pour y boire, y manger du chien, y trouver du sexe dans les toilettes mixtes, écouter de la musique.

Requiem , le Négus si vous préférez est un ancien militaire devenu le roi de l'arnaque, son quartier général est le Tram 83.

Il retrouve dans la gare son ami d'enfance Lucien, un intellectuel, historien devenu écrivain qui revient de l'arrière-pays où il a eu des ennuis car on ne dit pas et on n'écrit pas ce que l'on veut. Il refuse d'écrire pour plaire et obtenir des passe-droits.

C'est l'histoire de la création littéraire, de la place qui lui est accordée mais aussi celle des chantages, de la corruption, du pillage des richesses du pays. C'est surtout un livre d'ambiance.

Fiston Mwanza Mujila excelle dans un style endiablé, un rythme étourdissant. La langue fuse parfois très vite, de longues séries d'énumérations qui à mon sens sont nécessaires pour faire vivre les mots, la langue. Pour ensuite s'en approprier oralement. On ressent la fureur de vivre la vie effrénée. Il observe le quotidien et parvient à nous décrire tout à 360 degrés simultanément. Ce qui se passe autour de lui, les filles qui proposent leur service - t'as pas l'heure ? - la conversation en cours, celle de la table voisine, ce qui se passe sur la scène, dans la rue. C'est entêtant, c'est la vie... on imagine, on ressent le tumulte permanent, les couleurs, le train fou de la vie.

Une prouesse, une performance, vraiment une écriture novatrice, un hymne à la liberté.

C'est souvent cru, direct mais jamais vulgaire, la phrase "Vous avez l'heure ?" nous permet d'imaginer. C'est un désordre organisé dans l'écriture hors du commun, indispensable pour nous faire vivre la vie de ce saloon africain : le tram 83.

Une belle découverte que j'avais trop tardé à découvrir.

Ma note : 8.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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critiques presse (5)
Actualitte
11 février 2015
Voilà certainement une histoire racontée comme nulle autre. Fiston Mwanza MUJILA ébouriffe. Il n'écrit pas. Il enflamme. Il ne décrit pas. Il explose. Il fait exploser son texte comme jamais encore je n'avais eu le plaisir d'en lire.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Culturebox
08 décembre 2014
Le français de Mwanza Mujila est fait de longues énumérations écrites comme des notes sur une partition de jazz, « un désordre organisé », nous-a-t-il assuré. Son style est en accord avec l’objet de son roman, un lieu de tous les trafics, une « Ville-pays » qui se prend pour le centre du monde.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaLibreBelgique
21 octobre 2014
"Tram 83" de Fiston Mwanza Mujila est un ébouriffant roman, d’une folle écriture sur un pays fou, fou. Il donne le vertige.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
01 octobre 2014
Un roman qui réussit [...] – et avec quelle énergie ! – une formidable démonstration de la puissance de la littérature.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeSoir
26 septembre 2014
Le premier roman de Fiston Mwanza Mujila est l’un des plus remarquables de la rentrée.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
19. Religion de la pierre: on ne connaît pas la météo. On est la météo, pour ne pas te dire qu'on invente notre propre système solaire. Le soleil se lève à la gare du Nord et se couche au Tram entre deux seins-pamplemousses. Nous sommes les princes des nuées de la débrouille, les fils de la terre et du chemin de fer. Ici, le Nouveau Monde. Tu ne couches pas, on te couche. Tu ne manges pas, on te mange. Tu ne bousilles pas, on te bousille. Ici, le Nouveau Monde. Ici, chacun pour soi, la merde pour tous. Ici, la jungle.
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Requiem était le contraire de Lucien qui énervait tout le Tram par sa langue de bois, hypocrite à griffonner sur des bouts de papier au lieu de nous dire la vérité en face et paresseux à l’égard des filles. Il nous fatiguait, Lucien. Il exagérait ! A quoi bon faire son intellectuel partout s’il l’équation doit rester la même. Les routes qui mènent vers la vérité et l’honnêteté sont coupées par des inondations, crasses, croûtes de chiens, mensonges, délestages, mais pourquoi s’entêtait-il à croire en un monde possible ? Pourquoi s’efforçait-il de réduire l’humanité aux rêves et citations qu’il glanait sur ses paperasses ? Ça s’appelle lâcheté, peut-être même amnésie ou même le mélange des deux. Le monde est irrécupérable, dixit Requiem … Supposons … Mettons au tiroir nos sentiments personnels, peut-être qu’il a raison Lucien … Réfléchissons … Que ferions-nous à la place de ce poète maudit ? Réponse de Requiem : la tragédie est déjà écrite, on préface. Alors, préfaçons …
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C’était une gigantesque tâche que d’identifier toutes les femmes qui pénétraient dans le Tram 83. Elles luttaient avec acharnement contre la vieillesse. Difficile de hasarder une distinction entre les filles de moins de seize ans, appelées canetons, les filles-mères ou celles qui ont entre vingt et quarante ans, désignées filles-mères même lorsqu’elles n’ont pas d’enfant, et les femmes-sans-âge dont l’âge fixe débute à partir de quarante et un ans. Aucune ne voulait prendre une ride. Elles se maquillaient du matin au soir, portaient de faux seins, utilisaient les manières fortes d’aguicher les clients et portaient des noms à consonance étrangère, Marilyn Monroe ou Sylvie Vartan ou Romy Schneider ou Bessie Smith ou Marlene Dietrich ou Simone de Beauvoir, question de marquer leur présence au monde.
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On ne savait rien foutre d'autre que descendre sous terre, taupes que nous fûmes, que nous sommes, que nous resterons. On ne trafique pas avec son destin, radotait le Négus. Il est écrit, enfanté dans les mines et les trains, vous grouillerez tout le long de votre existence dans les carrières jusqu'à ce que s'accomplissent les prophéties. La pauvreté est héréditaire comme le pouvoir, la bêtise ou les hémorroïdes. C'est même contagieux une vie de locomotive. (p.229)
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La Ville-Pays appartient aux territoires ayant déjà franchi le cap des souffrances intérieures. On partage le même destin, la même histoire, la même galère, les mêmes trains, la même pourriture, la même bière du Tram, les mêmes brochettes à base de chien, la même intrigue dès qu'on arrive au monde. Tu débutes caneton ou biscotte ou enfant-soldat. Tu passes étudiant en grève sans bout du tunnel ou tête brûlée... Si tu as de la famille dans les trains, tu travailles ans les trains ou sinon, tel un navire, tu échoues au bord de l'espérance, suicidaire, coupeur de route, creuseur aux dents sales, mécanicien, dormeur public, commissionnaire, garçon de courses des touristes à but lucratif, vendeur à la criée de cercueils de seconde main... Le destin vous est déjà scellé, le parcours tracé d'avance... Destin scellé comme celui des locomotives transportant des moribonds et des marchandises avariées. (p.56)
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