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EAN : 9782221239872
288 pages
Robert Laffont (07/02/2019)
3.93/5   137 notes
Résumé :
Quoi de plus paisible que la Maison Borj, cette boulangerie d'une petite ville de province belge à la fin des années 1950 ? Un ménage sans histoire, deux adolescents charmants, un commerce florissant : les Borj ont tout pour être heureux. Avec générosité, ils acceptent de prendre Josée, une orpheline de guerre, en apprentissage. Josée est une drôle de fille. Épileptique, pratiquement illettrée, la jeune fille a cependant un don émouvant pour le chant qui, après une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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Mon deuxième roman lu de cet auteur belge, Armel Job et ce ne sera pas mon dernier ! Cet écrivain a une plume inclassable et se montre fin psychologue pour détricoter l'âme humaine dans toutes ses profondeurs. Quel régal !

L'histoire ici relève du grand maestro avec cette piqure de rappel à la Cendrillon ou des Misérables. On est catapulté dans une famille liégeoise qui semble épanouie sous les apparences. Rubel, Gilda et leurs deux enfants Astrid et Rémi, dans leur boulangerie de village, l'eau est un long fleuve tranquille. Jusqu'au jour où leur ait confié Josée, une jeune fille de seize ans orpheline.

Les a priori affluent dés le départ, la peur du qu'en-dira-t-on est omniprésente et ce, avant de rencontrer Josée. Sera t-elle apte à servir les clients à la boulangerie ? Pas trop laide, bossue, ignare, simplette ?

Les fausses apparences est en toile de fond de ce dernier roman d'Armel Job. Où Josée, une drôle de fille, est née avec une voix d'ange mais dépourvue de parents et d'amour. Elle ne sera que le fâcheux instrument de guerre d'une famille engoncée dans la jalousie, les secrets, les traumatismes, la petitesse intellectuelle. Une pauvre polichinelle qu'on retourne à sa sauce sans une once d'humanité. J'imagine bien Victor Hugo pleurer dans sa tombe en lisant ce roman tant il est pétri de misérabilisme.

Armel Job a l'art de nous retourner le coeur et l'âme et de nous confronter à nos démons, à toutes ces petites choses qui à la campagne amènent des désastres. Et dire que cette histoire est tirée en partie d'une histoire vraie, et bien j'en reste pantoise. Si Christophe Maé chante Il est où le bonheur, qu'on entend cet air qui raconte à la Bourvil que quand la vie impitoyable vous tombe dessus, on n'est plus qu'un pauvre diable, broyé et déçu, alors sans la tendresse, non, non, non, non, on n'irait pas plus loin... on ne peut que verser une larme en refermant ce livre parce que dans ce roman, ça pleure à l'amour, ça crie à la tendresse, ça vous prend aux tripes, on va dire que c'est la vie qui n'accorde pas la même chance à tout le monde. On va dire que pour faire vivre des bienheureux, il faut des malheureux.

Lisez Armel Job. Il vous broiera le coeur comme jamais.
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13 septembre 1958, Léopoldine Vandelamalle pousse la porte de la boulangerie Borj à Marfort une petite ville imaginaire de Hesbaye, une région de Belgique.
Amusant ce mélange de lieux que l'auteur a imaginé pour camper son roman.
Tout se passe bien chez les Borj : Ruben fabrique le pain, Gilda sa femme officie dans la boutique et ses deux adolescents Astrid et Rémi évoluent normalement.
La routine !
Ce serait sans compter sur Léopoldine, représentante de l'oeuvre nationale des orphelins de guerre qui va leur proposer, leur imposer de prendre en apprentissage Josée, 16 ans, victime des bombardements pendant la guerre. La jeune fille a perdu sa famille, garde certains traumatismes et depuis connaît le placement en orphelinat.
Les Borj acceptent et Josée entre à leur service.
Gilda, la patronne va vite s'apercevoir qu'elle ne sait pas lire, mais compte à merveille. Pratique pour servir les clients.
Elle lui passe ses robes de jeune fille. Ce qui va réveiller les ardeurs de Ruben, son mari, qui va pourtant essayer de se maîtriser.
Josée fait une crise d'épilepsie dans un dancing mais ce sera la seule.
Elle fait partie de la chorale des libellules avec Astrid, la fille de la maison. On s'aperçoit que Josée a une voix en or. Le maître de la chorale et sa mère vont la mettre à l'honneur pour Noël.
Dans ce roman, Armel Job observe avec une grande habileté la mentalité de village : les commérages, les rumeurs, la jalousie, le mal, les souvenirs qui reviennent douloureusement.
Il nous prépare une surprise pour la fin avec l'identité de Josée.
Un très beau roman d'ambiance, très fin, très bien écrit.
L'ambiance des années soixante dans les petites villes où tout le monde se connaît est merveilleusement bien rendue avec une belgitude qui ne gêne en rien la lecture.
On lit des romans québecois, les romans wallons sont aussi savoureux .
L'auteur fait preuve d'humour, emploie des expressions savoureuses.
Une régal, le dernier roman d'Armel Job.
Petite anecdote, c'est ma fille, très amatrice de romans belges qui l'a lu pendant les vacances de printemps en m'annonçant qu'elle avait découvert un nouvel auteur.
Et moi qui n'avais jamais osé lui passer ses livres de peur qu'elle n'apprécie pas. L'auteur pourra compter sur de jeunes lecteurs.
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Je ne crois pas qu'il y ait lieu de présenter Armel Job, l'écrivain le plus connu et prolifique de Wallonie après Georges Simenon. "Une drôle de fille", parue cette année-ci, constitue son 26ème ouvrage. C'est surtout parmi les jeunes que cet ex-instituteur de grec et latin et ex-directeur de collège à Bastogne, est exceptionnellement apprécié, à en juger par les distinctions et prix que cet écrivain a reçu grâce à des lecteurs adolescents.

1958 ! Nous sommes en l'année de l'Exposition Universelle de Bruxelles avec ses hôtesses en charmant uniforme et la construction du célèbre monument de l'Atomium, dont une des neuf sphères cache un excellent restaurant.
Armel Job a 10 ans et dans sa région, en la petite ville (fictive) de Marfort, en pleine campagne wallonne, a lieu, le 13 septembre, un événement, à première vue inoffensif, mais qui aura des répercussions hautement dramatiques.

La psychiatre, Léopoldine Vandelamalle, directrice de l'Oeuvre nationale des orphelins de guerre, pousse la porte de la boulangerie de Marfort, non pas pour s'acheter du pain, des "pistolets" ou des éclairs, mais avec une demande précise au boulanger Ruben Borj et son épouse Gilda : d'offrir un contrat d'apprentissage à la pauvre orpheline, Josėe Piron, qui a le même âge que leur fille Astrid, 16 ans et est née à Liège en 1942. Toute sa famille est morte lors d'un terrible bombardement allié à Houffalize en janvier 1945 et Josée, la seule survivante, y a perdu l'ouïe et la vue pendant plusieurs semaines. Elle en a gardé une "légère déficience mentale", mais c'est une fille paisible, docile et joyeuse.

Sans enthousiasme délirant les Borj acceptent. Gilda, qui a un sacré travail à la boulangerie, avec son ménage, ses 2 gosses - car Astrid a un frère Rémi - et son mari, voit déjà ses rudes journées un peu soulagées et Ruben a calculé que cela ne lui coûterait que 80 francs belges par semaine comme rétribution (soit 8,57 € par mois, 1 € = 40,3399 FB et un gros pain de 900 grammes coûte 8 FB).

Pas trop rassurés sur les capacités de vente de la nouvelle recrue "pratiquement illettrée", Gilda et Ruben doivent constater que Josėe compte très vite et bien, comme si elle a une calculatrice en tête et qu'on puisse lui faire confiance avec les clients.

Le 11 octobre s'ouvre à Marfort le dancing - de nos jours on dirait discothèque - le Wigwam. Non sans difficultés, Astrid et Josėe réussissent à se rendre à l'ouverture. Josėe est totalement émerveillée par le chanteur Henri Breyre et son succès, la chanson "Diana" qu'elle chantonne avec lui. Après c'est une "tornade venue de l'autre côté de la mer du Nord (qui) va s'abattre sur le Wigwam" : Tommy Steele, le roi du rock and roll.
Les décibels que ce troubadour moderne produit, accompagné par un orchestre déchaîné, en combinaison avec un jeu de lumières crues et fortes, sont, hélas, trop forts pour notre pauvre Josėe qui fait une crise d'épilepsie.

Pour Gilda c'est le signal du départ de la "drôle de fille", mais la diplomate Vandelamalle persuade les Borj à donner à Josėe une seconde chance. Entretemps, il est de notoriété publique qu'elle a une voix de cristal et chante le tube à la mode, "Diana", à la perfection. Aussi bien que pour la messe de minuit de Noël, c'est Josėe qui assurera en solo le "Stille Nacht, heilige Nacht" ou "le douce nuit, sainte nuit" en version allemande à l'église Saint-Remacle de Marfort. Dans l'église entière "tout s'est figé. Les chuchoteurs impénitents pour une fois font pénitence, les tousseurs incontrôlables se contrôlent"... Bref, le succès est immense et comme le concert est retransmis en direct sur les ondes de la radio, apprécié en très haut lieu. En effet, la reine-mère Élisabeth de Belgique est tellement impressionnée par la performance de notre héroïne qu'elle l'invite à son Palais de Stuyvenberg à Bruxelles.

Son colossal talent fait évidemment des jalouses parmi les quinze jeunes filles de la chorale des Libellules, en particulier chez Astrid. L'invitation royale envenimera la situation à l'extrême. Je vous laisse découvrir ce dénouement dramatique, ainsi que le post-scriptum de l'auteur, qui nous transporte en mai 2018.

En l'été 1958 j'allais sur mes 12 ans et je me souviens que le dimanche de la kermesse dans le village de mes parents (Vive Saint-Éloi/Sint-Eloois-Vijve, aujourd'hui incorporé à Waregem) après la grand-messe, les cantiques faisaient place dans les hauts-parleurs du centre du hameau à "Diana" dans la version anglaise de Paul Anka. le chanteur d'origine canadienne et de parents libanais a établi, à l'âge de 16 ans, avec ce disque le record du monde des 45 tours le plus vendu dans l'histoire : 9 millions d'exemplaires.

Armel Job dans ce roman, ne fait que confirmer ses différents talents : de raconteur, de fin psychologue, de maître évocateur de situations, endroits et contextes. J'accorde volontiers et avec grand plaisir une mention spéciale pour sa langue et l'emploi d'expressions, locutions, métaphores... rarement utilisées et cependant si éloquentes.
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« Avec les meilleures intentions du monde, nous sommes bien souvent rattrapés par la médiocrité humaine, moi tout autant que vous ».
Aïe, vous sentez-vous interpellés, comme moi je l'ai été ?


C'est vrai qu'Armel Job met ici le doigt où ça fait mal. Bien mal, même, pour cette famille d'une petite ville de la province de Liège, en Belgique.
Le père est boulanger. La mère sert au magasin. La fille ainée a 16 ans et fait partie de la chorale, le fils cadet, on n'en parle pas trop, du moins pas avant la fin. Une famille comme il y en a tant.
Et puis un jour, arrive la messagère du malheur : une dame patronnesse leur demande d'employer comme serveuse une orpheline de guerre (nous sommes en 1958), de la nourrir, la loger, la blanchir. Josée a 16 ans et une voix magnifique….


Bluffée ! Oui, j'ai été bluffée par l'habileté d'Armel Job à décrire précisément les désirs, les turpitudes, les regrets, les hontes cachées d'une petite ville des années 50. En toile de fond, la guerre, qui est encore dans les mémoires avec ses bombardements et ses résistants. La jalousie, bien cachée, éclate au grand jour et les rumeurs vont bon train. Les femmes ne sont pas au pouvoir, mais exercent dans leur famille une domination sans faille.


C'est pour moi un des meilleurs livres d'Armel Job, qui s'est déchaîné à faire lever la mauvaise pâte et à la cuire, pour le malheur de ses personnages, mais pour notre plus grand plaisir.
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Dans son nouvel opus, Armel Job nous invite à partager le quotidien d'une famille de commerçants de Marfort, petite bourgade ardennaise.
Nous sommes à la fin des années 50.

Ruben et Gilda Borj font tourner la boulangerie, lui au pétrin, elle en boutique.
Les enfants Astrid et Rémi sont des ados comme beaucoup d'autres, avec leurs rêves, leurs colères, mais sans réels problèmes.
La vie aurait pu continuer dans un ronronnement doux et monotone sans l'arrivée de Josée, 16 ans pratiquement imposée au couple par une représentante de l'oeuvre des orphelins de guerre.

Après quelques hésitations, la jeune fille est accueillie dans la cellule familiale où l'intégration se fait en douceur, en apparence du moins.

« Josée était en parfaite santé, mais souffrait d'une légère déficience mentale consécutive au traumatisme. Elle savait compter, lisait lentement, pouvait écrire quelques mots simples. Elle était travailleuse, d'un caractère paisible, docile et joyeux. »

Dans la chorale où Astrid l'a entraînée, la voix exceptionnelle de Josée fascine l'auditoire.
Astrid va découvrir la jalousie et la haine.

« L'ennui, c'est que la fin de l'amitié chez les filles n'est pas le retour à l'indifférence, mais le début de la haine. »

A tout cela l'auteur entremêle quelques secrets de famille que l'on pensait enfouis à tout jamais et qui posent question lorsque les rancoeurs accumulées au fil du temps empoisonnent le quotidien.

Ce thriller psychologique est difficile à lâcher, j'ai tourné les pages avec passion, profondément peinée lorsqu'est arrivée la dernière.

Un énorme coup de coeur.

Merci àNetGalley et aux Editions Robert Laffont
#UneDrôleDeFille #NetGalleyFrance
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critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
23 avril 2019
Son roman, intéressant, touchant, très dense, montre à la fois la fragilité d’un pays blessé par la guerre et la fragilité des apparences.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaCroix
09 avril 2019
Armel Job poursuit sa talentueuse observation de gens ordinaires de la province belge, confrontés à une épreuve déterminante.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LaLibreBelgique
21 février 2019
Armel Job montre comment ressurgissent les secrets honteux d’une famille. Les nombreux lecteurs d’Armel Job qui le suivent de livre en livre - un nouveau quasi chaque année - ne seront pas déçus par Une drôle de fille.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Peut-on imaginer l'effet que faisaient les jambes des femmes en ces temps-là? Les hommes comme Rodolphe avaient vécu des années dans un monde où les jambes balayaient le sol. Il avait fallu attendre la Grande Guerre pour que les jambes apparaissent en éclaireuses. Puis, vu le chaleureux accueil qu'elles avaient reçu, les robes s'étaient troussées rapidement pour danser le fox-trot et les nouvelles danses venues d'Amérique.
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Nous croyons naïvement que le mal que nous avons subi nous incite d’autant plus à faire le bien. En fait, le mal pervertit au point que ses victimes bien souvent deviennent ses alliés. Parce qu’on nous a offensés, nous n’avons plus qu’un méchant souhait, que les autres subissent les mêmes offenses que nous. 
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Cela, bien sûr, c'était le plan, la stratégie sortie des théories de la psychanalyse. Malheureusement, la vie se fiche de Jung, de Freud et de tous les autres qui s'imaginent la comprendre. Elle n'en fait qu'à sa tête qui n'est qu'un fouillis de pensées et de passions absurdes.
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Comment en est-il arrivé là ? Il pourrait croire tout aussi bien que les évènements ont obéi à une logique souterraine, un raisonnement implacable, une sorte de syllogisme en trois temps :
Ruben est un lâche,
or les lâches sont à la merci des insolents,
donc Ruben a mangé son chapeau.
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Comme la nuit tombe, maintenant, les autres voient dans son reflet que les larmes coulent sur ses joues. Elles devraient avoir pitié. Mais Astrid les a blessées cruellement. Leur amitié est brisée.
L’ennui, c’est que la fin de l’amitié chez les filles n’est pas le retour à l’indifférence, mais le début de la haine.
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Vidéo de Armel Job
Interview d'Armel Job, principalement à propos de son roman "Une drôle de fille". Il répond également à quelques questions sur son processus d'écriture.
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