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EAN : 9782350213873
156 pages
Naïve (17/04/2015)
3.85/5   10 notes
Résumé :
Vertige du Transsibérien est un récit de voyage - à la fois poétique et documentaire - sur le Transsibérien. Après, Un ticket pour le Transsibérien, un reportage qui a fait l'objet d'une série radiophonique de dix émissions diffusée sur France Inter, l'auteure revient sur ce train mythique au travers d'un récit où « les destins s'entrelacent, les vies se croisent » et où elle nous offre de beaux portraits de femmes. Des femmes qui hantent le Transsibérien ou des rég... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Blaise, dis, sommes nous bien loin de Montmartre ? Oui, Jeanne, nous sommes bien loin de la butte au Sacré-Coeur. Nous avons fait du chemin, des champs de blé en champs de neige, une neige lourde et pesante. Et mouillée. Ce matin, j'ai pris un billet de train, le VOYAGE d'une vie, le voyage de vies, un voyage d'envie. Des rêves pleins les yeux, encore mouillés par l'émotion qui s'évapore du flot de la vodka, le long du fleuve Amour.

Une certaine lenteur se distille à la fenêtre de mon paysage. Les rideaux tirés pour en faire pénétrer les moindres rayons de soleil, je reste l'oeil hagard, comme embué par le sommeil ou la vodka, comme hypnotisé par la beauté qui se déploie derrière cette vitre. J'ai connu le vertige de l'Amour, je perçois le vertige du Transsibérien. Des pauses de silence s'intercalent aux instants de cohue et de cahot dans la succession de ces wagons. J'y croise des enfants bruyants, des militaires avinés, des femmes de tout âge, des vieux endormis. J'y bois des bouteilles, dans chaque compartiment, du caviar à volonté, et respire ce mélange d'odeur de sueur et d'air pur, d'alcool et de pins. C'est plus qu'un voyage, c'est un mythe.

Quel bonheur de me retrouver là, dans le tchou-tchou interminable de ce train, qui est plus qu'un train, un espace de vie, une culture, toute l'âme d'un pays qui se fond dans ce décor enneigé. Lorsque le train avance toujours plus vers l'Est, défiant les lois du temps et du blizzard, je perçois les esprits de ces peuples nomades traversant encore ces étendues silencieuses, de ces prisonniers de Staline ou de Poutine, l'ombre des goulags qui s'affiche à l'orée de ce bois. Ce voyage intemporel c'est une plongée dans l'histoire et la géographie de ce pays. de Moscou à Vladivostok ou à Pékin si je prends la bifurcation du transmongolien, je tangue entre les rives d'un monde baigné dans un lac d'eau pur et de vodka. Ah le Baïkal l'âme réchauffé par la vodka glacée, le silence incommensurable et cette folie des hommes à traverser cette région, à vivre dans les forêts de Sibérie, une cabane devant un lac gelé, immense comme la solitude.

Et pendant que le voyage m'emmène aux confins de moi-même, je sors de ma poche, une fiole de vodka et comme une référence littéraire de ce train, de ce mythe, la Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France de Blaise Cendrars. Dis Blaise, dis, sommes nous bien loin de Montmartre ?
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Difficile de renouveler le thème du voyage en Transsibérien, Moscou-Pékin, mornes plaines et quelques éclats de lumière sur le lac Baïkal.

Gwenaëlle Abolivier, journaliste reporter radio, a parfaitement réussi ce challenge.

Elle a conçu son récit comme une lettre « transsibérienne » envoyée à son « amour » resté en France et postée à Pékin.

Le projet va heureusement bien au-delà de ce prétexte quelque peu… anecdotique.

La lettre est surtout dédiée à Blaise Cendrars, « l'incitateur des fugues passées et à venir. »

Dans cet album de voyage sont collés, comme des vignettes, des rappels historiques, des interviews-portraits de femmes russes, la retranscription par des mots d'éléments enregistrés, bruits d'ambiance formant une bande-son très radiophonique et des « photographies littéraires » de paysages.

« Vertige du Transsibérien » n'est toutefois pas qu'un document, la traversée d'un monde « par pure distraction. »

L'auteur y a inséré de larges fragments de prose poétique, la sienne, sensible et belle, et qui fera peut-être l'objet d'un recueil à part entière.

De ce tissage naît un livre éminemment personnel qu'il vaut la peine de découvrir. Ainsi à Pékin :

« A pied et par hasard, j'ai découvert un marché aux puces
Un capharnaüm de merveilles
Là, j'ai acheté de belles soieries bleu cobalt
Un collier de jade vert en forme de papillon
Un cerf-volant en papier
Un jeu de dominos en bois laqué
Des porcelaines et des céramiques translucides
En revanche, j'ai laissé de côté les bustes du Grand Timonier
Et son petit livre rouge. »


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Je viens de lire ce livre à grande vitesse contrairement au Transsibérien !!!! que j'ai eu l'occasion d'emprunter sur le même parcours 5 ans auparavant. J'ai adoré le style de l'autrice qui m'a fait découvrir une Russie que je n'avais ni entendue ni vue (j'ai voyagé avec un organisme culturel, je ne parle pas russe et je n'ai donc pas côtoyé des habitants). Je garde en mémoire les passage sur le lac Baïkal , perle d'eau encore épargnée !!!! J'ai adoré être de nouveau bercé dans ce train mythique. J'ai aimé les références littéraires qui ponctuent ce livre.
Bref un bel ouvrage de référence.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ce matin, j'ai la chair de poule. Je remonte le convoi qui ressemble à un goulot d'où émanent des odeurs de fermentation et des effluves d'alcool. J'arrive au niveau des troisièmes classes où sont entassés dans une voiture sans séparation, sur d'étroites couchettes, des soldats, mais aussi des familles et des personnes âgées, stoïques face à des enfants qui hurlent et pleurent d'ennui derrière les volets et rideaux tirés.

Contrastes de classes aussi à bord.

Pour tuer le temps, certains regardent des films sur leur ordinateur portale, d'autres ronflent ou encore jouent aux cartes et aux échecs. Les soixante-quatre cases et les innombrables combinaisons ne sont pas encore, pour moi, associées au célèbre opposant politique, le joueur Garry Kasparov, qui sera par la suite condamné à cinq jours de prison pour une manifestation interdite à Moscou. Il y a là, mélangées, des odeurs de transpiration et de saucisson à l'ail, de tabac froid et de bière, de poisson fumé et d'œufs durs.
C'est une roulette russe qui se joue au cœur de ces immensités solitaires où seule la chaleur humaine peut nous faire oublier un temps la grisaille de la vie
La grisaille du quotidien ferroviaire
La grisaille de la moelle chemin de fer.
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Mon amour, ce n'est pas banal une nuit dans le Transsibérien en deuxième classe, dans un petit compartiment, un koupé comme disent les Russes, à quatre couchettes, recouvertes d'un skaï couleur caramel. Je vais chercher le sommeil en rejoignant Jack London qui voyage, lui, à l'autre bout de la terre, dans des trains de marchandises en compagnie de ses amis vagabonds, épris d'idéaux et de liberté. il brûle le dur, fonce en direction opposée tout droit vers le Far West, n'oubliant pas pour autant d'écrire ses mille mots quotidiens et de tutoyer John Barleycorn. Martin Eden n'est pas loin, Loup Larsen non plus.

Cette nuit s'ouvre comme une parenthèse. J'entends des chants syncopés, des voix haut perchées et des accords de musique. Lentement, je me détache de l'image idéalisée de cette traversée ferroviaire, pour entrer de plain-pied dans la vie réelle.
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Mon esprit divague et est bien vite happé par la petite musique intérieure du Transsibérien.
Ressens-tu, chevillé au corps, ce tempo, cette belle cadence ?
Kharacho.
C'est la valse à quatre temps, la ritournelle des grands jours, qui fait tourner la tête et chavirer le cœur car le Transsibérien n'a pas attendu longtemps pour caracoler et donner l'impression de s'envoler dans les airs.
il danse comme seuls les vrais beaux trains savent le faire, entraînant avec lui tous ses passagers.
Tac à tac tac à tac tacatacoum
Mieux, il tangue avec panache et roule avec fougue, comme un cargo taillé sur mesure, accompagnant à la perfection les mouvements amples de la houle.
Ne pas bouger, juste écouter et regarder la vie depuis le plus long train du monde, le plus mythique, le plus extraordinaire, le seul et unique capable de repousser toutes les frontières. Je te rends compte de ce que j'ai vu dès les premières heures.
Tant de regards tristes, tant de désillusion, de vies gâchées.
Bien sûr, je t'entends me dire que, dans la vie, personne ne fait le même voyage. Nous sommes pourtant tous embarqués dans la même direction avec notre barda et notre paletot.
A chacun son baluchon.
A chacun son train de vie.
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Comment peut-on supporter ces hivers interminables, loin de tout ?
"On apprend la patience et on creuse la glace pour la faire fondre", me répond-elle simplement.
Ce couple de Sibériens n'en dira pas plus, mais je comprends à mots couverts que la vie ici est dure, très dure. Faite de solitude et de dénuement. Au Baïkal, il faut être capable de supporter le son de sa propre respiration, au risque de devenir fou. Les étés sont tellement chauds que les rennes meurent étouffés par les moustiques et les hivers sont si rudes que le thermomètre descend à moins 40°C, parfois plus. La vodka aide à vivre cet isolement encore plus grand quand il est imposé par les nuits d'hiver interminables durant lesquelles on reste recroquevillé dans la neige et dans le froid.
La vodka coule alors à flots. Il en faut des rasades pour affronter le vent mugissant et violent qui descend tout droit du pôle, cingle les joues et balaye tout sur son passage. Les rafales provoquent des claquements de portes et des coups de démence. On raconte que les femmes et les hommes hurlent au loup les soirs de pleine lune et que certains, seule délivrance possible, font des sous-bois leur gibet.
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Ce matin, au réveil, se dévoile la grande plaine de la Russie occidentale nimbée de lumière crue. Derrière les petits rideaux fleuris, je regarde chaque brin d'herbe, détaille chaque caillou comme je le ferais de ta peau satinée et parfumée.

Je caresse chaque centimètre carrée de cette surface vivante tandis qu'au wagon-restaurant l'horloge du train, voulue par Pierre le Grand puis Catherine II pour unifier le vaste pays, indique l'heure de Moscou jusqu'à Vladivostok ! Quelle suffisance de jouer au bras de fer avec le temps !

A l'autre bout du couloir
Au wagon-restaurant
Des banquettes en skaï rouge
Des nappes de tissu blanc
Un service en porcelaine
Des verres de cristal ciselé
Des bouquets de fleurs fraîches
Et du caviar à volonté.
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