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Isabelle Piette (Traducteur)
EAN : 9782812621680
336 pages
Editions du Rouergue (07/04/2021)
3.76/5   36 notes
Résumé :
Daniel et Sonja ont quitté la Suède pour s’installer en Bohème, dans un ancien domaine viticole de la région des Sudètes, abandonné depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans ce lieu qui menace ruine mais dégage une envoûtante magie, ils espèrent redonner un sens à leur vie.
Cependant, Daniel est convaincu que quelque chose ne colle pas dans les plans de la maison : il doit exister un cellier au sous-sol. Et en effet, il découvre une cave où se trouvent des bou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Un miroir … une surface réfléchissante.
Un miroir … pour se voir.
Un miroir … pour voir les âmes disparues.
Vous avez le choix entre ces trois définitions … choisissez celle qui vous plaira ou inventez en une autre … c'est comme il vous plaira.
Dans ce superbe roman il est une maison qui cache son passé … alors difficile d'imaginer y placer un miroir … cette maison qui cherche à disparaître pour que le passe s'efface ne peut pas se permettre d'y faire entrer les souvenirs.
Une région la Bohême (1), plus précisément dans les Sudètes (2), lieux chargés d'une histoire de colonisation, de germanisation, avec les peuples tchèques et allemands qui longtemps ont vécu ensemble, solidaires avec même des échanges d'enfants parmi la population pauvre, permettant d'apprendre une seconde langue, et qui lors de la montée du fascisme se sont retrouvés ennemis.
C'est très bien écrit, les secrets sont dévoilés au compte-goutte mais le passé ne peut remonter à la surface que tranquillement si on veut pouvoir l'assimiler.
C'est passionnant, l'histoire douloureuse d'un conflit qui est resté très longtemps dissimulé mais les secrets cachés ne peuvent éternellement rester dissimulés.
C'est un roman qui délicatement nous instruit et nous permet de faire ressurgir de notre mémoire cet épisode douloureux de notre histoire (3).

(1)
La Bohême est une région historique d'Europe centrale, actuellement l'une des composantes de la Tchéquie avec la Moravie et une petite fraction de la Silésie. Elle tire son nom français des Celtes, boïens et du germanique, heim.

(2)
La région des Sudètes est une région géographique de la Tchéquie, d'environ 28 500 km2, devenue historique à partir des revendications en 1918 de l'Autriche allemande, reprises après 1938 par le troisième reich. Initialement, le terme « sudètes » désignait les zones à majorité germanophone de Bohème puis, à mesure que se précisaient les prétentions nazies contre la première république tchécoslovaque, le sens du mot a été élargi à l'ensemble des zones à majorité germanophone de la partie tchèque du pays, en Bohème, mais aussi en Moravie et Silésie.

(3)
Le matin du 21 mai 1942, Reinhard Heydrich, Reichsprotektor et chef du Bureau principal de sécurité du Reich, est attaqué à Prague par des résistants tchèques. Il succombe à ses blessures quelques jours plus tard. En représailles, le 10 juin, des soldats allemands encerclent Lidice, un petit village de Bohème, fusillent tous les hommes et les enterrent dans un charnier. le village est brûlé et rasé, afin d'effacer toute trace de son existence. Les soldats rassemblent ensuite toutes les femmes et les enfants du village et les conduisent dans une école à Kladno. Deux enfants sont immédiatement sélectionnés comme aptes à la germanisation. Sept autres enfants sont jugés germanisables en Pologne, et le reste des femmes et des enfants est déporté dans des camps de concentration. Les neuf enfants sont transférés par les autorités nazies dans un Lebensborn à Puschkau, près de Poznan. Maria Hanfová, âgée alors de 12 ans, témoignera plus tard au procès de Nuremberg qu'à Puschkau les enfants apprenaient à parler allemand et étaient battus ou privés de nourriture s'ils parlaient tchèque. Elle change deux fois de nom : d'abord Maria Hanff, puis Marga Richter.
Sur les 105 enfants de Lidice, seuls 17 survécurent à la tragédie – 82 furent gazés à Chelmno peu après le massacre de 1942 . Mais, immédiatement après la guerre, le sort des 105 enfants demeure un mystère. Les autorités publiques tchèques et l'opinion publique espèrent que les enfants sont restés cachés en Allemagne et qu'ils seront restitués à la nation tchèque. Peu après la libération de la Tchécoslovaquie par les forces soviétiques en mai 1945, le gouvernement tchécoslovaque lance une campagne de grande envergure pour retrouver et rapatrier les enfants de Lidice, ainsi que les milliers d'enfants tchèques qui auraient été enlevés par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale pour être germanisés.
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Une découverte de cet auteur avec ce titre car j'avoue que la quatrième de couverture est des plus intrigante, cette histoire de cadavre momifié d'un enfant retrouvé dans une cave est des plus intrigante.

J'ai aimé également le lieu ou se déroule le récit car ici nous ne sommes pas en Suède mais en République Tchèque et j'ai aimé que l'auteur situe l'action dans ce pays car il est plutôt rare de trouvé des récits se passant la bas.

Le récit prend une tournure que je n'attendais pas du tout mais qui est très intéressante à suivre, le livre étant également assez court un peu plus de 300 pages il se lit rapidement, j'ai cependant ressenti un petit coup de mou à la moitié du récit.

J'ai cependant dévoré la première partie d'une traite, j'ai aimé le fait de ne pas suivre un inspecteur suédois alcoolique et dépressif comme dans certains récits de ce genre.

Une histoire et un cadre différent qui permettent un approfondissement de l'histoire de cette région, une jolie découverte au final pour cette lecture dont je n'attendais pas grand chose avant de la débuter.
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J'avais repéré ce roman à sa sortie, il me semble que c'est Vibration littéraire qui en avait parlé. Alors quand je l'ai trouvé dans ma boite à livres, je n'ai pas hésité. Je l'ai lu alors que dehors le temps était gris, pluvieux et orageux, et c'était juste l'ambiance parfaite!

J'ai déjà lu plusieurs romans policiers nordiques, et à chaque fois j'adorais l'ambiance, mais je trouvais le rythme trop lent. Cette fois on est davantage sur un mélange de roman d'ambiance, thriller et historique à la fois. Et j'ai adoré ce mélange!

Daniel et Sonja ont quitté la Suède pour acheter un ancien domaine viticole dans les Sudètes. le domaine semble abandonné depuis longtemps, l'affaire est trop belle pour ce couple qui a besoin de se retrouver dans un projet commun. Emballé par les travaux, Daniel se rend compte que les plans de la maison semblent étranges, comme s'il manquait des espaces. Et en faisant tomber un mur de briques grossièrement bâti, il découvre effectivement une cave contenant des bouteilles datant de 1937... mais également le corps momifié d'un enfant!

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman! Si les premiers chapitres, ceux de l'installation, peuvent sembler un peu lents, par la suite les événements vont s'enchainer et j'ai été happée par l'ambiance et l'intrigue du roman.
Passé et présent vont subtilement s'entremêler, et alors que Sonja "enquête" sur cette affaire d'enfant momifié, on découvre que les faits qui se sont produits au lendemain de la guerre sont en réalité la genèse de tout ce qui arrive dans le présent.

Et cette incursion dans le passé, je l'ai trouvée fascinante! On se trouve dans les Sudètes, une région que tout le monde connait au moins de nom. L'annexion des Sudètes par le Reich allemand en 1938, c'est un truc qu'on a tous appris à l'école. Mais concrètement, qu'est-ce que ca a représenté ? Je n'en avais aucune idée et j'ai adoré que l'autrice choisisse cet ancrage historique pour son roman.

En effet, les Sudètes se trouvaient en Tchécoslovaquie, pays créé suite à la première Guerre Mondiale. Mais il s'y trouvait une population majoritairement germanophone, qu'on appelait les Allemands des Sudètes. Ces derniers étaient favorables au rattachement avec l'Allemagne en 1938.
En 1945, suite à la défaite d'Hitler, le gouvernement tchèque fit paraître des décrets qui avaient pour but de débarrasser les Sudètes de leurs Allemands. La rancoeur était trop forte entre les deux peuples, et cela avant même le début de la guerre. La cohabitation avait toujours été difficile, malgré des efforts pour rapprocher les deux communautés. Les Allemands des Sudètes perdirent tout, durent s'enfuir en catastrophe vers une Allemagne en ruine qui n'avait aucune envie ni capacité d'accueillir ces réfugiés supplémentaires.

C'est sur cette réalité historique que Tove Alsterdal a construit son récit. J'ai trouvé l'articulation entre fiction et histoire très bien menée, les faits inventés étant tout à faits réalistes dans ce contexte réel.

Je n'ai qu'un petit bémol: comme souvent avec la littérature nordique, je n'ai pas vraiment réussi à avoir d'empathie pour les personnages. Sonja et Daniel me sont restés très étrangers, je ne les ai pas toujours compris. En revanche, j'ai été très touchée par les histoires du passé, ressenti de la compassion pour ces victimes de l'Histoire.

Globalement, ce fut donc une très bonne lecture. Pas un coup de coeur, mais un roman que je vous recommande si la thématique vous intéresse.
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Le roman nous fait découvrir un épisode méconnu de l'histoire des pays de l'Est : l'expulsion des populations germanophones (les Volksdeutsche) de Bohême, entre 1945 et 1947. Sûr qu'il ne faisait pas bon parler allemand en Tchécoslovaquie juste après la seconde guerre mondiale! « C'était avant 1948, avant que les communistes ne prennent le pouvoir. En tout près de 3 millions de personnes avaient été expulsés des Sudètes ». « On confisquait tous les biens des expulsés. » A ce moment là, l'espoir de vivre enfin la vie qu'on souhaitait mener était grand parmi la population tchèque de la Bohême, et puis, hélas, ce fut 1948, et le coup de Prague, et « cette époque de liberté où tout semblait possible était déjà terminée ».


Daniel et Sonja, suédois, décident de changer de vie et de repartir à zéro. Ils achètent un domaine viticole en Bohême, dans un pays dont ils ne parlent pas la langue et où ils n'ont aucune attache. Ils commencent par remettre en état la maison, découvre des souterrains sous la maison et un cadavre d'enfant dans ce sous-sol. Et puis ensuite, tout déraille. Une personne étrangère Anna Jones - dont on ne connait pas la raison de la présence en Bohême - est retrouvée morte assassinée sur leur propriété. Daniel est mis en garde à vue. Et Sonja, qui à l'heure du crime, trompait son mari dans une chambre d'hôtel aura bien du mal à fournir à la police locale un alibi. Quant à la police, elle commence par supprimer tous les indices. Curieux! Histoires anciennes, mystère, passion, crime : les ingrédients d'un roman policier dépaysant et de haute volée sont réunis.


L'intrigue policière se mêle habilement aux faits historiques, et aux problèmes personnels des protagonistes. Sonja va essayer de reconstituer le puzzle dont les pièces vont apparaitre petit à petit : les anciens occupants du domaine viticole, l'expulsion des germanophones et leur persécution, les intérêts supérieurs des autorités de la ville où ils sont établis et de leurs habitants. On pressent que la violence des évènements passés doit être une explication des drames actuels. L'auteure crée une atmosphère de doute, de surveillance et de manipulation dans laquelle notre héroïne se débat, la peur au ventre et la rage aux lèvres. Très beau roman.
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Je découvre cette auteure suédoise avec ce roman paru en avril et primé au festival de Cognac en octobre.

Daniel et Sonja quittent la Suède pour refaire leur vie dans un vignoble abandonné de la région des Sudètes (république Tchèque). de dramatiques évènements vont les faire basculer dans un tourbillon inattendu. D'abord ce corps d'un enfant retrouvé dans une cave de la maison… Et ce n'est pas fini. le passé est de retour…

Le passé d'une région marquée par la 2nde guerre mondiale, la présence nazie, la chasse aux allemands une fois la guerre finie… un passé lourd qui hante encore les lieux et les habitants.

Le récit est passionnant, les apports historiques sont légers mais essentiels, j'ai trouvé les personnages riches et complexes dans un contexte méconnu et très bien décrit. C'est en fait Sonja qui mène son enquête et mène ses recherches… on la suit avec empathie et impatience jusqu'à la dernière page.

Au final, un roman noir bien écrit, à l'intrigue riche rattachée à un contexte historique lourd et méconnu !
Un livre qui mérite bien son prix !
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Du temps où nos résidents étaient jeunes, il y avait toute une ville, là-bas, un peu plus loin, dit Lotte. Des rues, des boutiques, des cafés, un boulevard. Presque tout a été détruit avec l'extension de la mine, il n'est resté que quelques rares maisons comme celles-ci. Et à la place, on a maintenant un lac qui n'existait pas avant. Plus rien ne ressemble à ce qu'ont bien connu nos vieux. C'est difficile de les aider à retrouver leurs souvenirs quand même la terre sur laquelle ils ont grandi a cessé d'exister.
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On dit toujours qu’il faut vivre dans le moment présent, mais c’est impossible. Le présent n’existe pas : il disparait à chaque seconde. Chaque fois que j’essayé, le passé m’a rattrapée. C’est peut-être une question d’âge. […] Selon moi, ce n’est pas le présent que nous visons, mais l’avenir. Dès que nous le perdons des yeux, quelque chose meurt en nous. Tout au plus le présent est-il le moment où commence l’avenir. Une sorte de table rase. Cet instant précis où l’on découvre, de l’autre côté de la vitre, un horizon dont on ignorait tout. Où on comprend que tout peut arriver et que plus rien ne sera comme avant.
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Après, nous nous étions promenés lentement le long du quai. Sous la culée du pont, un homme et une femme étaient étroitement enlacés. Plus vieux que nous. Lui avait certainement passé les soixante ans ; elle devait être un tout petit peu plus jeune. Ils semblaient ivres, fous, et à la recherche d’un endroit discret. Cela ne s’arrêtait donc jamais : ce que l’on prenait pour de la jeunesse pouvait gagner en force avec l’âge parce qu’on savait qu’il y a une fin. Un ultime moment de folie.
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On croit qu'on peut revenir, dit Kurt Lehmann, mais est-il possible de retourner sur des lieux qui n'existent plus? C'est la même terre, mais ce qui la peuplait a disparu, les traces de nos ancêtres, les histoires du passé.
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Vous l'avez sans doute remarqué, nous n'avons pas beaucoup de clients, mais nous avons survécu à des temps plus durs. Pour ça, il faut éviter de se mêler de ce qui ne nous regarde pas. On ouvre grand les yeux et les oreilles, mais on n'a rien vu et rien entendu. On accroche à sa fenêtre le bon drapeau au bon moment : le rouge quand il doit être rouge, le national par les temps qui courent.
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