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EAN : 9782874230998
138 pages
Mijade (25/09/2014)
3.87/5   96 notes
Résumé :
S'expatrier et aller se battre pour une cause que l'on croit juste, donner sa vie pour la démocratie et la liberté, c'est bien. Sauf si l'on a quinze ans et qu'on s'est fait "tourner la tête" par des extrémistes qui, au nom de Dieu, envoient des jeunes à la mort.

La guerre civile en Syrie a causé des dizaines de milliers de victimes et la communauté internationale n'en fait pas une priorité absolue.

Pendant ce temps-là, des innocents m... >Voir plus
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Voilà un bouquin que les profs de français, de philo ou de morale devraient tous faire lire aux ados.

Le coeur de la narration repose sur le départ en Syrie de deux jeunes français de 15 ans, Wassim et Othmane. le lecteur est alors confronté à l'après, pour ceux qui restent, à travers quatre personnages distincts. Trois d'entre eux sont élèves dans la même classe que Wassim et Othmane, le quatrième est leur professeur de français.
Plusieurs points de vue sont dès lors couchés sur le papier. Myriam, l'amie de Wassim, qui écrit des lettres à son professeur de français parce que "écrire permet de se poser, de réfléchir, de laisser une trace sur laquelle on peut revenir. Ecrire met de la distance entre les mots et soi". Myriam est croyante, elle est fidèle aux principes de l'Islam et elle pense que ses camarades ne les ont pas compris ou qu'ils se sont fait retourner la tête par des adultes malveillants. Il y a aussi Youssef, qu'on découvre à travers des extraits de son journal intime posés en début de chaque chapitre et son sent que son point de bascule est proche. du troisième élève qui prend la parole dans ce roman, on ne saura rien si ce n'est qu'il est observateur; observateur des comportements de ses camarades, de l'attitude des professeurs, des prises de position de la direction de l'établissement, des réactions des parents... Et enfin, le prof de français, qui reçoit les lettres de Myriam et qui échange avec d'autres professeur sur la situation.
Et tous se posent les mêmes questions: pourquoi? Pourquoi sont-ils partis? Pourquoi personne n'a rien vu? Aurait-on pu empêcher cela? Est-ce là un engagement légitime?

Et à travers ce très court roman, c'est bien entendu la question de l'extrémisme qui est abordé mais il n'y pas que cela. C'est aussi le rapport des ados à la religion, à la communauté, aux discours idéalistes, à la famille, aux médias. Et c'est aussi matière à réflexion pour l'encadrement scolaire, le rôle des enseignants, leur responsabilité, le rapport entre cet encadrement et les élèves eux-mêmes dans le vivre ensemble au sein des établissements...

Bref, les sujets de réflexion et de discussion sont nombreux. Les points de vue dans le roman sont variés, chacun doit pouvoir se retrouver dans l'un ou l'autre, sur chacun des sujets abordés.
A l'époque où la bien-pensance essaie de s'installer dans tous les domaines, où les médias n'apportent bien souvent plus qu'un seul point de vue sur les événements,... il est urgent de développer le sens critique de nos ados. Je pense sincèrement que cet ouvrage, en parlant de faits malheureusement toujours d'actualité, peut être une bonne entrée en matière pour ouvrir la discussion.


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Quel coup de poing ! Ce roman jeunesse bouleverse autant les jeunes que les adultes, surtout s'ils ont en charge des adolescents.

Les vacances de Pâques sont l'occasion pour certains de partir un peu. Mais deux élèves de quinze ans, Othmane et Wassim ne reviendront pas à la rentrée. Au grand étonnement des uns et désarroi des autres, ils sont partis combattre en Syrie. Pourquoi ? Comment ? Qui les a recrutés ? Et comment leurs amis et familles ont-ils pu ne rien soupçonner ?

Alors que chacun accuse le choc, les profs et le directeur se mettent au service des jeunes pour les écouter, laisser sortir les questions et les émotions. D'autant qu'il faut aussi les protéger de la presse qui rode aux abords de l'établissement, harcelant les jeunes afin d'obtenir quelques infos.

Construits sur un schéma répétitif, les chapitres donnent la parole à un jeune garçon via son journal, à Myriam, la meilleure amie de Wassim qui écrit à son professeur de français afin d'exorciser sa douleur, à un élève de la classe et au professeur de français. Quatre points de vue, quatre manières d'analyser les choses, de les vivre. Et combien de questions qui n'ont pas toutes de réponses. Comme celle que se pose le prof « Suis-je quelque part responsable, moi qui propose à mes élèves des textes de Malraux, Eluard... qui mettent en évidence les valeurs de l'engagement ? »

Paru en 2014, ce roman a été remis en lumière suite aux tragiques événements de 2015. Ils ont jeté un éclairage brutal sur ce phénomène qui existe depuis plusieurs années et semblait jusqu'alors n'intéresser personne. Frank Andriat pose de bonnes questions dans ce roman et avance de bonnes pistes de réflexion sans avoir la prétention de détenir la vérité. Il propose plutôt un moyen d'ouvrir à la discussion, à l'esprit critique. La seule chose dont il est sûr (et moi aussi) c'est qu'il faut oser le dialogue avec les jeunes et éviter toute rupture avec eux. Notre rôle d'enseignant est de leur montrer la voie du vivre ensemble, des valeurs communes que nous partageons et qu'il faut absolument mettre en avant fréquemment. Ce n'est qu'avec l'écoute et le respect de tous que nous pourrons éviter le radicalisme, quel qu'il soit. Surtout qu'une fois la rupture enclenchée, le retour en arrière est bien peu probable.

Un roman important, à donner à nos jeunes. Un récit qui défend des valeurs universelles et offre à penser. Des personnages attachants, une histoire très crédible, un style fluide où se mêlent sans artifice les niveaux de langue des jeunes et des adultes. Un livre coup de poing.

Lien : http://argali.eklablog.fr/je..
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"Ils ont quinze ans et n'ont jamais tenu une arme en mains. Sauf, peut-être un revolver en plastique ou une grenade en chocolat."

De retour d'un congé, les élèves d'une école apprennent avec effroi que deux de leurs camarades sont partis en Syrie... Rien ne laissait présager ce départ ! Personne n'a rien vu venir ! Entre colère et incompréhension, tous, Direction, professeurs, parents et élèves, cherchent des réponses... Celles-ci sont loin d'être simples.

Après les événements dramatiques récents qui ont fait sortir des milliers de personnes dans les rues, le temps est venu de se poser les bonnes questions... La tentation est grande de verser dans la peur et d'adhérer les yeux fermés aux mesures sécuritaires qui pleuvent ces derniers jours. Pour ma part, je reste persuadée que la solution vient du dialogue. Qu'il faut encore et toujours tenter de tisser des ponts, de partager nos valeurs communes, de respecter l'autre dans ses coutumes et croyances et, d'ainsi, prévenir un radicalisme de part et d'autre.

Dans ce récit qui multiplie les points de vue, le narrateur principal est confronté à ces questions. Une de ses élèves l'interpelle par lettres sur le départ de son ami. Comment, alors qu'ils partageaient la même vision d'un Dieu-amour, a-t-il pu changer ainsi ? Pourquoi n'a-t-elle rien vu ? Rien pu empêcher ? Elle s'insurge aussi : "le vrai djihad, ce n'est pas ça, le vrai djihad, c'est lutter contre soi-même et de se corriger pour tendre vers Dieu le mieux possible". Elle trouve auprès de son enseignant une oreille attentive. Celui-ci n'a pourtant pas de réponse toute faite, loin de là. Lui-même s'interroge. D'un côté, les lectures qu'il propose à ses élèves prônent un idéal de liberté que ces jeunes recherchent. de l'autre, comment leur faire comprendre qu'ils se fourvoient en prenant le chemin des armes ? Que la liberté se trouve rarement au bout du fusil ?

Et quel poids peuvent avoir les beaux discours face au travail de sape mené dans l'ombre par d'autres ? Ce travail de manipulation, on le découvre au travers des réflexions d'un jeune qui se radicalise. Les extraits de son journal, qui figurent en épigraphe de chaque chapitre, permettent au lecteur d'entrer dans sa tête et d'assister, impuissant, à la modification de sa personnalité.

Pour ce jeune, utilisé comme rabatteur, comme pour ces jeunes déjà partis combattre, un retour en arrière est-il possible ? Que faire pour empêcher que d'autres suivent leur voie ?
"Dans les situations difficiles, l'humain prend le pas sur le reste et c'est bien !"
C'est ce que vivent les membres de cette communauté. Entre profs, élèves ; jeunes, adultes, ... le dialogue se renoue... Les mots s'échangent, chacun gardant sa liberté de penser. Et si c'était le début de la solution ?

Tout au long du récit, on sent l'émoi transparaître entre les lignes. Et pour cause, l'auteur a vécu pareille drame dans son école. Aussi, même si les personnages font partie du domaine de la fiction, les ressentis des uns et des autres sonnent particulièrement juste.

J'ai particulièrement été touchée par ce prof d'histoire, musulman, qui s'en veut lui aussi de n'avoir rien vu et qui s'interroge sur l'impact de ses messages de tolérance et d'amour face aux "harangues réductrices de quelques intégristes". Il nous renvoie à notre propre impuissance et, pourtant, d'un autre côté, je ne peux m'empêcher de penser que ce qu'il a raté là, il l'a sans doute réussi avec tous les autres...

Là aussi, nous tenons certainement un autre bout de la solution. Plus que jamais, notre rôle d'éducateur est crucial ! Remettre sans cesse cette vérité sur le tapis : il n'y a pas qu'une vérité !

A ce propos, Myriam, l'étudiante qui crie sa peine et sa colère dans ses courriers, cite une phrase particulièrement parlante de Marc-Alain Ouaknin :

"Dès lors que quelqu'un revendique comme seule vérité la sienne, on entre dans une violence infinie, et le dialogue, à supposer qu'il ait lieu, ne peut mener qu'au meurtre. Il faut refuser absolument les guerres de religion, le djihad et autres guerres "saintes" : il n'y a de sainteté que dans le respect d'autrui !"

Dans ce texte, il est donc aussi question de liberté d'expression et le débat est ouvert. Peut-on tout laisser dire ? Où s'arrête cette liberté ? Des questions brûlantes d'actualité si ce n'est qu'ici la question se pose davantage à propos de ceux qui promettent le paradis à des jeunes transformés en chair à canon...

Enfin, ce texte est aussi un plaidoyer pour l'expression - ici l'écriture. C'est notamment par ce biais que la jeune élève marquée par le départ de son ami surmonte tant bien que mal ce séisme. Une troisième piste de solution ?

Bref, un récit choral dense qui nourrit la réflexion sur un sujet qui interpelle...
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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La maison Mijade, basée à Namur, fête ses 25 ans en cette année 2018 et j'ai choisi ce roman de Frank Andriat (dont j'ai déjà lu il y a quelques années Aurore barbare) pour fêter cela.

Je t'enverrai des fleurs de Damas, c'est la promesse que fait Wassim à son amie Myriam, des fleurs rouges, couleur de l'amour et du martyre et des fleurs blanches, symbole de pureté. Wassim et Othmane ont quinze ans, ils ne sont pas rentrés au collège après les vacances de Pâques : ils sont partis en Syrie, pour s'engager aux côtés des rebelles qui tentent de renverser le régime de Bachar al-Assad. Leur départ plonge leurs compagnons, leurs professeurs et même leur directeur dans un immense désarroi. Difficile de rester concentré quand on s'attend sans cesse à ce qu'on vienne vous annoncer la mort violente d'un copain de classe dans ce conflit. Difficile de garder le cap sur ses valeurs de prof d'histoire ou de français quand des choix radicaux vous pètent à la figure. Comme Othmane et Wassim téléphonent de temps en temps à leurs amis,on comprend vite que leur idéalisme de départ s'est fortement teinté d'islamisme radical et qu'ils ont évidemment été manipulés en France même.

Dans ce roman polyphonique – le journal « ultra » de Youssef, les lettres qu'écrit Myriam, amie de Wassim, à son prof de français, les réactions d'un élève anonymes et les réflexions du prof de français -, Frank Andriat montre comment un jeune peut se radicaliser à la vitesse grand V, victime de manipulateurs qui ont grand soin de rester dans l'ombre et comment les départs en Syrie plongent les familles et l'entourage des jeunes dans la souffrance et l'incompréhension. L'auteur met aussi en scène des adultes solides, tous du monde scolaire, des bouées de sauvetage pour ces jeunes en perdition.

J'ai trouvé un peu curieux que Frank Andriat, auteur belge, place cette histoire en France (sans autre précision géographique) alors qu'en Belgique, il y a proportionnellement de nombreux cas de jeunes partis en Syrie : pour assurer un rayonnement plus large au roman ? pour ne pas stigmatiser un peu plus certaines communes belges pointées du doigt pour avoir laissé courir naïvement la radicalisation islamiste ? D'autre part, le côté très pédagogique du roman (l'auteur est prof, on ne se refait pas) est à la fois une qualité et un défaut (à mes yeux) : pour les jeunes lecteurs, c'est évidemment l'occasion de se questionner sur ses valeurs, de comprendre les mécanismes de la manipulation et de la radicalisation, de prendre distance ; moi adulte, j'ai trouvé la démonstration un peu trop parfaite pour que je sois emportée par le roman (j'en prends pour exemple la division un peu manichéenne des adultes). Mais, je le répète, je lui reconnais son pouvoir de sensibilisation.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Deux jeunes lycéens s'envolent du jour au lendemain, combattre en Syrie, sans avoir parlé de leur projet à personne.



La classe se lamente et se déchire. Sont-ils des héros ou des victimes ?
Les journalistes sont en embuscade à chercher des témoignages alors que la police enquête.

Myriam, pensait que Wassim était sa moitié et ne comprend pas ses choix. Elle écrit à son enseignant qui tente de lui répondre...

Un roman qui remue en mettant des mots sur la question de ces jeunes français qui font le choix de partir combattre au nom de l'Islam et de la Syrie.

L'alternance de voix mais aussi de forme, entre réflexion et épistolaire, donne vie à l'histoire. le récit est forcément parfois un peu didactique mais l'auteur su donner assez de présence à ses personnages pour permettre le débat.

La conclusion est bien trouvée et ramène le débat à une question plus générale qui mérite d'être posée.

Un livre à lire assurément !

Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
j'ai mis du temps à lire ce roman puis après ce qui c'est passé ce vendredi 13, j'ai voulu le finir...
Deux adolescents, Wassim et Othmane, partent en Syrie sans prévenir pendant les vacances de printemps. C'est l'incompréhension auprès des familles, des amis et des camarades de ces deux garçons sans histoire.
Ce roman, à plusieurs voix, recensent des lettres de Myriam, la meilleure maie de Wassim,, le ressenti du professeur de français sur ce qui se passe, des extraits du journal de Youssef et des conversations téléphoniques entre Wassim et Myriam.
Au lieu de montrer la formation des djihadistes, on voit ce qui se passe dans l'entourage de ces garçons. Cela peut être un bon moyen de sensibiliser les enfants de ce tragique évènement.
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Cher Professeur, votre monde d'adultes semble si compliqué et, plus je grandis, plus j'ai le sentiment que le mien le devient. Il y a quelques années encore, je n'avais aucune de ces préoccupations et l'important était de faire plaisir à mes parents et de m'amuser. Wassim, le petit gars qui me courait derrière dans la cour, est devenu un homme et il porte peut-être une mitraillette en bandoulière.
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C'est étrange : dans chaque groupe, certains élèves demeurent des ombres dont le prof ne sait rien du début à la fin de l'année alors que d'autres, comme Myriam, brillent dès le premier jour. Un mystère qui me frappe depuis longtemps. Seront-ils aussi transparents dans la vie qu'ils le sont à l'école ? Et que deviendront des filles lumière comme Myriam, Lorena ou Samia une fois qu'elles entreront dans l'existence adulte ? Auront-elles toujours ce punch qui les distingue des autres ?
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"Et n'oublie pas, Myriam ! Je t'enverrai des fleurs de Damas ! Des rouges pour te dire la violence de mon amour. Des blanches pour t'en raconter la pureté." A ce moment là (juste à ce moment-là, putain !), la communication a été coupée.
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"Ma fragilité me fait peur, mais, vous savez, je l'aime bien. Je la protège en évitant de la montrer aux autres. Mes coups de gueules, c'est une façon d'écarter ce qui pourrait me faire mal." Elle m'a dit que Wassim l'avait beaucoup aidée à s'accepter.
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Vidéo de Frank Andriat
Livre-toi- Frank Andriat - 11 juin 2013
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