Certainement le plus beau livre de
Pierre Aubé, celui par lequel il s'est fait connaître du public amateur d'histoire du Moyen Âge ou d'Histoire tout court.
Ce livre qui fut l'un des fleurons de la collection :
Figures de Proue chez Tallandier en 1981, nous restitue l'une des plus belles figures de toute
l'épopée des Croisades.
A-t-on avec Baudoin IV le Lépreux, qui, comme son surnom l'indique, était affligé par cette maladie infectieuse et contagieuse contractée dès l'enfance et dont il fit son école de vie, car il affronta l'épreuve avec courage, un saint que l'Eglise aurait oublié de canoniser ?
Né en 1161, il était le fils d'Amaury 1er, roi de Jérusalem, et quand il accéda lui-même au trône, il eut à coeur de relever les défis qui se présentaient à lui, malgré ses difficultés personnelles, décidant de s'oublier et de surpasser ses forces pour le bien du royaume.
C'est ainsi qu'il donna un coup d'arrêt à la progression de Saladin, en prenant lui-même la tête de l'armée franque, pour affronter le sultan ayyubide à Montgisard (Tell el-Gezher), où il remporta une éclatante victoire sur les forces du prince d'origine kurde, le 25 novembre 1177. Ce n'était pas gagné d'avance, car Saladin menaçait la Palestine, unifiant sous son autorité l'Egypte, la Syrie et bientôt la Mésopotamie. Cette pression des "États" musulmans sur le royaume de Jérusalem n'allait pas cesser pour autant, malgré le "miracle" de Montgisard, obtenu par la ferme volonté affichée par le roi de rassembler toutes les forces disponibles, éparses et parfois divisées, mais rassemblées derrière le jeune roi de Jérusalem, dont l'héroïsme en imposait à tous. Même porté en litière, il gagna le respect de l'ennemi comme celui des hommes qui servaient sous les bannières franques.
Le répit gagné grâce à ce succès militaire, répété près de Ramallah en 1178, fut, plus ou moins, de dix ans. Les chevaliers francs n'avaient pas les moyens d'endiguer la vague musulmane qui se préparait.
Quand Baudoin IV mourut en 1185, Saladin, qui éprouvait une grande admiration pour le jeune roi lépreux, reprit rapidement son offensive. Il ne mit pas longtemps à défaire les forces chrétiennes mal préparées à cette rencontre et à leur reprendre Jérusalem.
Indépendamment du sort de la Terre Sainte, on ne peut qu'éprouver de l'empathie pour ce roi qui lutta jusqu'au bout, n'abandonnant le combat que pour succomber à son mal.
René Grousset réveilla l'intérêt pour l'histoire de ce jeune monarque, trop tôt terrassé, et c'est
Pierre Aubé qui finit de nous rendre définitivement familière cette figure hors pair de l'histoire médiévale.
Francois Sarindar, auteur de :
Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)