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EAN : 9782228894142
526 pages
Payot et Rivages (31/03/2001)
3.91/5   16 notes
Résumé :
Vers l'an mil, les fils de Tancrède de Hauteville, un obscur noble du Cotentin, quittent, comme tous les jeunes chevaliers de l'époque, le domaine familial en quête de terres et de butin. Destination : l'Italie du Sud, réputée pour ses richesses. C'est le début d'une extraordinaire aventure. Profitant de l'imbroglio politique de la péninsule où s'affrontent et rivalisent les plus grandes puissances de l'époque, ces conquérants partis de rien vont rapidement se taill... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai été content de trouver cette biographie de Roger II de Sicile pour retrouver l'ambiance de la saga le Sang des Hauteville, de Michel Subiela, que j'avais adorée. L'angle est plus « historique sérieux » et moins romanesque bien sûr, permettant de se rapprocher de la « vérité historique ».

Comme souvent dans les biographies de personnages pour lesquels on manque de documentation, le titre est un hameçon pour nous présenter en fait toute la période durant laquelle le « biographé » a vécu. Pierre Aubé brasse large dans l'espace et le temps car les Normands de Sicile ont été impliqués partout dans la géopolitique méditerranéenne, autant en Occident qu'en Orient ou en Afrique du Nord.

Il commence par la cavalcade endiablée des conquérants, tous fils du Normand Tancrède de Hauteville – Guillaume Bras de Fer, le roublard Robert Guiscard et Roger « le Grand Comte », père de Roger II – brûlant les décennies sans nous laisser le temps de souffler. le Mezzogiorno et la Sicile de ce temps sont un patchwork de pièces empruntées à toute la méditerranée : les Lombards, des Byzantins, des Romains, des Allemands et des Arabes. Une région de rencontre de civilisations, de conflits et d'échanges. Ces pionniers Hauteville vont prendre leur temps, mais ils vont réussir à dominer la région.

Puis Pierre Aubé oriente sa caméra sur la géopolitique européenne, centrée sur un Roger II duc de Sicile et de Pouille qui va tenter un pari : soutenir seul le pape Anaclet II quand l'Europe entière bien entretenue par les discours homériques de Bernard de Clairvaux soutient Innocent II. le deal : Anaclet II accorde à Roger le titre de roi. Cette partie m'a parue longue car elle égrène la musique annuellement répétée des révoltes en Pouille, des répressions parfois extrêmes de Roger II, des alliances, vassalisations, traitrises qui semblent ne jamais devoir finir. Les acteurs principaux sont les barons du Mezzogiorno, le pape et l'Empereur dont les noms varient avec le temps.

Une autre période forte correspond à la géopolitique autour de la seconde croisade, les arrières pensées des uns et des autres, Grecs, Vénitiens et Allemands qui tentent de s'allier contre Roger II qui profite de l'attention portée ailleurs pour piller les côtes de l'empire byzantins (jusqu'à Athènes). Entre Normands et Byzantins, la haine est éternelle. J'ai retrouvé un peu des atmosphères que j‘ai aimé lire dans Les Piliers de la Terre de Ken Follett ou dans le Roi disait que j'étais diable de Clara Dupont-Monod. La caméra s'oriente brièvement sur d'autres lieux comme l'Espagne, le Maghreb ou les royaumes latins d'Orient, quand un lien se fait avec le roi Normand.

Le style de Pierre Aubé est riche, plutôt épique, abusant de qualificatifs de l'extrême qui nous maintiennent en haut de crête émotionnelle, retenant notre souffle : carnages, ravages inouïs, exsangue, etc. Il cite beaucoup les auteurs du temps : Falcon de Bénévent (qui n'aimait pas Roger), Alexandre de Télèse (qui l'aimait) et Romuald de Salernes (plutôt favorable aussi). Il cite énormément l'omniprésent Bernard de Clairvaux. Il intègre souvent ses citations dans ses propres phrases, fluidifiant ainsi au maximum son récit.

Ce qui manque, au fond, c'est un zoom sur le royaume lui-même, son organisation, et surtout sur la façon dont les différentes communautés Latines, Grecques et Arabes de Sicile ont pu, à cette époque, vivre ensemble et laisser leurs différences en arrière-plan pour soutenir leur royaume et leur roi. L'auteur nous dit que Roger II s'appuie dans la guerre sur des contingents arabes, qu'il maintient et finance la religion grecque. Il nous montre un peuple uni dans la tristesse quand le fils ainé de Roger meurt, et bien sûr lors de la propre mort du roi. Mais ça ne va pas plus loin.
Cependant l'originalité de cette île unique éclate dans les monuments syncrétiques bâtis par les Normands : la chapelle Palatine et l'église Martorana de Palerme ou la cathédrale de Céfalù. Les brillantes descriptions de l'auteur m'ont convaincu que je devais absolument aller visiter le nord de la Sicile.

Cette biographie confirme la saga des Hauteville dans ce que cette Sicile Normande pouvait représenter d'original, de romanesque, de lieu suspendu dans un océan d'intolérance. Éphémère, certes, mais précieux moment de l'Histoire.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Tout près va bientôt être reprise, sur ordre du roi, dans l'Albergaria, la merveilleuse petite église Saint-Jean-des-Ermites, d'une beauté sobre, dépouillée, qu'adoucit le moelleux des cinq coupoles hémisphériques de la courte nef, du transept et du clocher, d'un profond rose pourpré. Une ancienne mosquée construite pour lutter contre un soleil incandescent, très remaniée, va être confiée à la petite communauté de moines de Montevergine, proche d'Avellino. Là seront inhumés, au sein d'un océan de verdure, les dignitaires et les fidèles du roi. La pierre tombale d'un chevalier normand et de sa femme porte une quadruple inscription, en grec, en latin et en arabe, puis en arabe transcrit en caractères hébraïques. Échos inépuisés de civilisations multiples et assumées, et combien parlant.
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La femme qui, ce dimanche 2 avril, se tient au côté de l'empereur, bouleversée mais digne, dit-on, est tout à la fois le symbole vivant d'une épopée enivrante et la cause immédiate de sa ruine. Constance est une descendante des Hauteville, ces Normands en guenilles qui, autour de l'an mil, ont végété dans les brumes du Cotentin avant de jeter leur trop-plein d'énergie sur cette terre baignée de soleil. En moins d'un siècle, ils y ont fondé, à coups d'audace et de génie, un État comme jamais encore on n'en avait vu, puissant et respecté tant en Occident qu'en Orient, où se côtoient chrétiens (grecs ou latins), juifs et musulmans. Un État irrécusable, admiré ou honni, c'est selon. Rarement aimé. Craint, à l'évidence...
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Jamais donc, les Normands n'ont mené en Sicile une "croisade". La promesse de récompenses spirituelles, les incitations de l’Église ne jouent à peu près aucun rôle dans leur entreprise qui reste, bien que bénie par Dieu, une affaire purement temporelle. Aucune exaltation religieuse ne la sous-tend. Manquant d'hommes, leur intérêt le plus évident est de laisser en place tous ceux qui peuvent travailler à leur bénéfice, qu'ils soient orthodoxes ou même musulmans.
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Bernard de Clairvaux est un tribun hors de pair et un écrivain de race. D'une intelligence aiguë mais roide, il est par nature enclin à faire plier les faits, intransigeant, très peu accessible aux sentiments humains et à la compassion. Homme d’État par nécessité autant que par vouloir, ses engagements sont radicaux, mais pas toujours en harmonie avec "l'esprit du monde"... Assez peu averti des grands enjeux philosophiques qui sont alors au cœur de la pensée européenne, il camouflera ses lacunes en terrassant à l'occasion l'adversaire du moment par des moyens très inhabituels, voire innommables et scandaleux. Pour lui, la fin - puisque sainte - justifie les moyens. Absolument. Un "ayatollah", dira finalement Georges Duby.
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Le turbulent comte Rainolf d'Alife se présente devant son roi, "les genoux à terre, et veut lui baiser les pieds." Roger II le relève "de ses propres mains avant qu'il ait pu concrétiser son geste". Mais, anticipant le moment où le roi allait, suivant la coutume, "lui donner un baiser de sa bouche, le comte le pria d'extirper de son cœur toute trace d’irritation". Roger lui dit "J'abandonne [toute rancune], du fond du cœur." Le comte : "Et me veux-tu de nouveau à ton service, ainsi que tu m'as aimé autrefois ?". A quoi le roi répond : "Moi, je te l'accorde. Et je veux que Dieu soit le témoin de cette promesse solennelle, entre moi et toit." Le comte : "Qu'il en soit ainsi."
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