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Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782742780464
324 pages
Actes Sud (05/01/2009)
3.54/5   526 notes
Résumé :
Contraint à l’immobilité par un accident de voiture, August Brill, critique littéraire à la retraite, s’est installé dans le Vermont chez sa fille Miriam, qui ne se remet pas d’un divorce vieux de cinq ans. Elle vient de recueillir sa propre fille, Katya, anéantie par la mort en Irak d’un jeune homme parti pour Bagdad juste après leur rupture…

Pour échapper aux inquiétudes du présent et au poids des souvenirs peu glorieux qui l’assaillent, Brill se ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
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sur 526 notes
« Comme tout cela va vite. Hier enfant, aujourd'hui vieillard, et d'alors à maintenant, combien de battements de coeur, combien de respirations, combien de mots prononcés et entendus ? Touchez-moi, quelqu'un. Posez la main sur mon visage et parlez-moi... »


Roman du désespoir ? Roman de la solitude ?
Non, roman de la lucidité.


August Brill se sent seul dans le noir. Handicapé suite à un accident de voiture, veuf depuis peu, il n'arrive pas à dormir. Et il s'invente des histoires. Dont celle d'un certain Brink qui se trouve happé dans un monde parallèle, cauchemardesque, créé de toutes pièces par un écrivain.
Brill n'est pas le seul à être seul dans le noir. Sa fille Myriam et sa petite-fille Katya vivent avec lui ou plutôt essaient de revivre avec lui. Car elles aussi fraient avec le désespoir. L'une est divorcée, l'autre a perdu son ex-amoureux qui s'est engagé en Irak.
Tous les trois se débattent comme ils peuvent, taraudés qu'ils sont par le sentiment de culpabilité et de perte.
Seuls face à eux-mêmes.
Mais l'espoir est là, quand même, grâce à l'écriture, grâce au cinéma, grâce à la franchise aussi.
Pas de langue de bois chez Paul Auster. du rude, du pur, du vrai.


Une fois de plus, Paul Auster m'emmène dans des régions où parfois je rechigne à aller, car j'ai peur. Peur de la solitude, peur du noir, peur de la culpabilité, peur de me retrouver face à moi-même.
Et pourtant...que cela fait du bien. A creuser ainsi jusqu'au fond de son être, on se retrouve et on s'aime à nouveau. On aime la vie telle qu'elle est, avec ses problèmes et ses redditions, ses lâchetés et ses hurlements.
Et pourtant, « ce monde étrange continue de tourner »...
Oui, Paul Auster me transporte. Une fois de plus.
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J'étais au volant de ma voiture, je traversais un bois, une grande ligne droite et soudainement les couleurs me sont apparues défraîchies. Dix minutes plus tôt, chez moi, au calme, je lisais Seul dans le noir, et puis il faut bien aller travailler. On vérifie que tout est fermé, on a bien les clefs, et on court se mettre au volant. On roule par automatisme et.... C'est là que tout c'est produit. « C'était comme si on entrait dans un rêve, n'est-ce pas ? le même endroit, mais tout est différent. » Je perdais mes repères. J'avais dévoré une série de romans où je plongeais dans des mondes parallèles, la Londres d'En Bas découverte avec Richard, le Londres magique et déroutant avec Doyle, et je me retrouve à ne plus savoir où je vais. Auster m'achève, me suis-je dit. Il venait avec maestria de me transporter ...ailleurs. Seulement quelques pages et je me demandais : « Sommes-nous, oui ou non, dans le monde réel ? » Je voulais le continuer mais... l'heure c'est l'heure. Un arrêt brutal de la lecture peut entraîner des effets néfastes. Je ne le savais pas encore. Pas encore à quel point, et ce chemin allait tout changer. Je comprenais enfin. « Si je me mets dans l'histoire, l'histoire devient réelle. Ou bien c'est moi qui deviens irréel, une création supplémentaire de mon imagination. » Alors je pose fermement mes deux mains sur le volant et je maintiens ma vitesse. Malgré tout, les lieux continuent à perdre de leur intensité, l'angoisse m'étreint et mon humeur devient « aussi sombre que la nuit d'obsidienne qui m'entoure. » Un bruit de klaxonne me ramène à la couleur. Je me rabats sur le côté, secoue la tête. Encore une fois « mon omniprésente absente » me sauve. L'épisode se termine plutôt bien car tout reprend forme et aspect habituel. Il ne faut pas arrêter trop vite un roman de Paul Auster, pour un toxico le manque crée des turbulences affreuses.

« (...)  on comprend que les possibilités les plus affreuses de l'imagination sont le pays dans lequel on vit. »
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Trois âmes en peine cohabitant dans la maison familiale du Vermont. Trois générations qui chacune et ensemble mêlent leur peine et leur espoir. Trois coeurs déchirés dont l'amour filial aura raison de leurs cauchemars et leurs insomnies.

Le grand-père, August Brill, écrivain renommé, a perdu Sonia, la femme de sa vie. Il en passera de longues nuits, seul dans le noir, à s'inventer des histoires, à créer des mondes parallèles dans lesquels le héros, dont il n'est que le double, s'enlise dans une drôle de guerre qu'il ne comprend pas et chargé d'une étrange mission.
Sa fille Myriam semble s'être retirée du monde après un divorce dont elle ne se remet pas. L'écriture, peut-être, la sauvera.
Katya, la petite-fille, passionnée de cinéma, la plus meurtrie peut-être; ayant rompu avec son ami, celui-ci partira pour Bagdad et connaîtra une fin aussi prématurée que violente. Accablée de culpabilité, Katya se rapprochera de son grand-père.

La plume de Paul Auster m'enchante. Fluide, douce et recherchée. Elle colle parfaitement avec son univers un peu décalé.
Chouette, j'ai encore quelques livres de l'auteur qui m'attendent !
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August Brill, 72 ans, installé chez sa fille et sa petite-fille, vit une de ses nombreuses nuits d'insomnie.
S'entremêlent et se succèdent les souvenirs, la vie actuelle, l'invention d'une histoire, les films vus avec sa petite-fille........
Qui n'a jamais vécu d'insomnie ne peut apprécier le réalisme de ce récit.
J'ai beaucoup beaucoup aimé.
L'écriture de Paul Auster est incomparable.
Quelle maîtrise, quelle intelligence, quelle subtilité
J'ai vraiment passé la nuit avec August, ressenti les heures qui passaient, la pensée qui s'échappait,
L'ambiance de sa chambre et des heures qui s'égrainaient était palpable.
J'ai aimé sa vie.
Sa solitude est là, comme celle de sa fille, comme celle de sa petite-fille.
Mais par la force de leur amour réciproque, ce n'est pas une solitude triste.
C'est la solitude qui est en chacun de nous.
Paul Auster est un véritable magicien des ambiances, des destins, des trajectoires.....
Il connaît et décrypte l'âme humaine comme personne.
Que ce livre m'a fait du bien !
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Brick se réveille dans un trou, en est sorti pour découvrir qu'il a quitté son univers pour un autre dans lequel l'Amérique est en état de guerre civile, puis apprendre que, n'étant qu'un personnage, il a pour mission de supprimer l'auteur qui l'a créé afin de mettre fin à la guerre...
Brill, cloué au lit seul dans la nuit noire du Vermont, crée des univers fictionnels dans sa tête tout en revisitant sa vie à la lumière de l'aube du 21ème siècle américain marqué par la guerre en Irak.

"Et ce monde étrange continue de tourner"...
Le lecteur la partage, la mélancolique perplexité qu'exprime ce vers de Rose Hawthorne cité par Brill : il perd pied dans les multiples mises en abyme dans lequel Auster le perd entre rêve et réalité, entre monde et antimonde, à la fois sidéré face à la brutalité de la guerre et fasciné par l'infinie douceur des relations filiales et amoureuses des personnages.

"Seul dans le noir" n'est pas le meilleur des romans de Paul Auster que j'ai lus, mais néanmoins suffisamment déroutant et teinté d'amère absurdité pour me le faire relier sans que je sache vraiment pourquoi à un autre magnifique vers, de Bashung :
"La nuit je mens,
je prends des trains à travers la plaine..."
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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
On ne peut pas se mêler des sentiments d’autrui, surtout pas de ceux de son propre enfant, et la vérité c’est que les enfants n’apprennent rien des erreurs de leurs parents. Nous devons les laisser faire, les laisser se débrouiller dans la vie et commettre leurs propres erreurs. Nous ne pouvons qu’espérer que tout ira bien.
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Tout à coup, un besoin urgent de me vider la vessie. Je n'aurais pas dû boire ce dernier
verre de vin, mais la tentation était trop forte et il est vrai que j'aime bien me coucher un peu parti. La bouteille à jus de pomme est posée par terre près du lit, mais j'ai beau tendre la main et tâtonner dans le noir, je ne la trouve pas. Une idée de Miriam, cette bouteille - afin de m'épargner la douleur et la difficulté d'avoir à me lever et à claudiquer jusqu'à la salle de bains au beau milieu de la nuit. Une idée excellente, mais toute l'astuce consiste à avoir la bouteille sous la main, or, cette nuit, mes doigts tendus s'agitent sans entrer en contact avec le verre. La seule solution serait d'allumer la lampe de chevet mais, si je fais cela, ma moindre chance de m'endormir s'envolera pour de bon. Ce n'est qu'une ampoule de quinze watts mais, dans les ténèbres d'encre de cette chambre, l'allumer reviendrait à m'exposer à l'éclat brûlant d'une flamme. Je me sentirais aveugle pendant quelques instants et puis, lorsque mes pupilles se seraient peu à peu dilatées, je me retrouverais complètement éveillé et, même quand j'aurais éteint la lampe, mon cerveau continuerait à tourner en rond jusqu'à l'aube. Je sais cela de longue expérience, d'une vie entière de combats contre moi-même dans les tranchées de la nuit. Bon, tant pis, rien à faire, rien de rien. J'allume. Je suis aveuglé. Je cligne lentement des yeux pendant que ma vision s'ajuste, et j'aperçois la bouteille, debout sur le plancher à cinq centimètres à peine de son emplacement habituel. Je me penche, j'étire un peu plus mon corps et j'attrape la maudite bouteille. Ensuite, repoussant les couvertures, je me mets avec lenteur en position assise - prudemment, prudemment, afin de ne pas susciter l'ire de ma jambe fracassée -, je dévisse le couvercle, j'enfile ma verge dans le goulot et je laisse venir. Cela ne manque jamais d'être une satisfaction, ce moment où le flot arrive, et puis la vision du liquide blond bouillonnant en cascade dans la bouteille dont le verre se réchauffe sous ma main. Combien de fois un individu pisse-t-il en l'espace de soixante-douze années ? Je pourrais tenter le calcul, mais quel intérêt maintenant que l'affaire est presque faite ? En retirant mon pénis du goulot, je contemple mon vieux camarade et je me demande si je referais jamais l'amour, si je rencontrerai jamais une autre femme disposée à coucher avec moi et à passer une nuit dans mes bras. Je repousse cette pensée, je me somme d'arrêter ça, car ce chemin là mène à la folie. Pourquoi a-t-il fallu que tu meures, Sonia ? Pourquoi n'ai-je pu partir le premier ?.
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S'évader dans un film, ce n'est pas comme s'évader dans un livre. Un livre vous oblige à échanger avec lui, à faire travailler votre intelligence et votre imagination, alors qu'on peut regarder un film et même y prendre plaisir dans un état de passivité décérébrée.
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Là, Noriko finit par craquer et elle fond en larmes, les écluses s'ouvrent, elle sanglote dans ses mains - cette jeune femme qui souffre en silence depuis si longtemps, cette femme pleine de bonté qui refuse de se considérer comme telle, car seuls les bons doutent de leur propre bonté, c'est d'ailleurs ce qui fait qu'ils sont bons. Les méchants savent qu'ils sont bons, mais les bons n'en savent rien. Ils passent leur vie à pardonner aux autres, mais ils ne peuvent rien se pardonner à eux-mêmes.
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Si brillante que soit ma fille, il y a aussi en elle quelque-chose de naïf, de fragile, et je donnerais gros pour qu'elle comprenne que les actes odieux que les humains commettent les uns envers les autres ne sont pas de simples aberrations, qu'ils sont un élément essentiel de ce que nous sommes. Elle souffrirait moins, aussi. L'univers ne s'effondrerait pas chaque fois qu'une mésaventure lui arrive et elle ne s'endormirait pas en pleurs une nuit sur deux.
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