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Dans la nébuleuse de Gum, il y a 1 million d’années, Scott accompagne la mort d’une étoile en hommage à ses défunts compagnons… Comment en est-il arrivé là, c’est ce que cette bande dessinée de 222 pages va nous raconter !

La terre est devenue invivable suite à la grande catastrophe du 21e siècle, donc c’est à travers les yeux de Scott que nous découvrons la station orbitale où cohabitent 1 million de survivants qui attendent la terraformation de Titan pour que l’humanité revive de nouveau à l’air libre… Mais nous découvrons surtout une dictature « soft » où tout est dirigé de A à Z par la mégacorporation Tianzhu qui a pris en main la destinée de l’humanité. Le communisme est décidément le stade ultime du capitalisme, comme le montre les critiques au vitriol du communisme de Friedrich Hayek et de Milton Friedman qui s’appliquent point par point au capitalisme d’aujourd’hui, ou bien la maxime du bankster J.P. Morgan : « la concurrence c’est bien, mais c’est le monopole c’est mieux »…
Scott se pose de plus en plus de questions sur les apprentis sorciers du projet Homo Stellaris qui jouent dangereusement avec le feu en manipulant l’antimatière, mais plus encore sur les dirigeants de Tianzhu qui lui demande d’effacer leurs traces et qui ne prennent aucune mesure pour protéger les habitants de la station…
Poussé par ses amis Aïcha, Virgile, Nova et John l’animoïde, Scott entre à contrecœur dans la résistance de Mister Sunshine contre les mensonges de Tianzhu… Les révélations se multiplient et quand la vérité éclate, ce qu’il reste de l’humanité bascule dans la radicalisation et le nihilisme : le paradis était en fait peuplé de névrosés (comme le montre parmi tant d’autres les destins de John et Aïcha)…



J’ai tout de suite repérer que nous étions sans dans une relecture et une modernisation de "THX1138", le chef-d’œuvre dystopique de George Lucas, où de l’une ou de l’autre de toutes ces grandes œuvres SFFF contestataires des années 1970. Du Club de Rome que personne n’écouté à la COP21 que personne ne veut appliquer rien n’a changé : énormément de gens essayent de se bouger, voire de se décarcasser, mais le système de la croissance infinie dans un monde fini est maintenu au mépris de ses dangers pour l’humanité parce que ceux qui le dirigent et qui en profitent ont trop peur de perdre le pognon et le pouvoir qui va avec… Allez au diable messieurs les ploutocrates, je vous maudis jusqu’à la 13e génération vous qui avez tellement pourri la réalité que même en fiction plus personne n’est capable d’imaginer un avenir heureux…

Une œuvre engagée et formidable, donc magistrale…
- MAIS malgré des graphismes très travaillés, avec des décors de toute beauté et un découpage de haute volée, je n’ai pas du tout accroché au charadesign clonesque, androgyne et volontairement approximatif dans son style
- mais je n’ai vraiment pas accroché à la fin, et j’ai même un peu peur de ne l’avoir pas bien comprise…
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C'est un peu paradoxal que j'ai choisi de lire cette bande-dessinée, alors que nous sommes nous-mêmes en pleine période de confinement mais cela faisait un moment que j'avais envie de la lire alors comment mieux occuper nos journée que de découvrir des ouvrages que nous n'aurions peut-être pas pris le temps de découvrir en temps normal ? Certes, j'aurais plus choisir une lecture plus drôle mais y a -t-il réellement un temps pour lire tel ou tel ouvrage ? En temps normal, je dirais oui mais là, étant donné que ce n'est pas un temps normal mais un trouble d'incertitude, je me dis au final que non et j'ai bien eu raison car cette bande-dessinée, extrêmement bien travaillé du point de vue graphique m'a enchantée et le scénario a été à la hauteur de mes espérances !

Dans un futur lointain, alors que notre planète est devenue inhabitable (aux dires des dirigeants), les hommes se sont réfugiés dans une station spatiale régie une nouvelle fois par le capitalisme : Tianzhu Entreprises. C'est eux qui donnent des crédits aux habitants et animaux dorénavant pourvus de parole et d'intelligence (à l'exception de certains), eux qui leur donnent sans arrêt de nouvelles technologies proches de ce nous connaissons actuellement (téléphones portables, tablettes...), eux qui les oumettent à leur pouvoir en leur promettant des réductions exceptionnelles et cela a l'air de marcher parce que pendant ce temps-là, les hommes ne pensent pas, ils consomment. Mais consommer pour quoi, pou qui ? Scott et son frère Virgile et une poignée d'autres insoumis remettent en question le bon vouloir de Tianzhu ! Que cherchent-ils à faire ? Très vite, sous la directive de Sunshine, un animal génétiquement modifié, si l'on peut dire, les hommes commencent à se rebeller ! Quelles sont les véritables intentions de Tianzhu en voulant créer une nouvelle race d'humains, crées à partir de rien et qu'ils enverraient vivre sur Titan ? Se prendre pour Dieu, Ok mais est-ce réellement sans danger ou alors ces gens-là sont-ils réellement pourvus de bonnes intentions en voulant repartir de zéro et surtout de rien ? Rien n'est moins sûr et Scott est bien décidé de prouver à la population ses théories...

Bien plus qu'une bande dessinée, c'est aussi un roman graphique et surtout un ouvrage d'anticipation extrêmement bien pensé et qui donne à réfléchir sur de nombreux points et notamment sur le côté matérialiste qui nous enchaîne à notre société ! A lire et à faire découvrir !
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C'est tout d'abord la couverture qui m'avait attiré l'oeil, puis le logo du label 619 d'Ankama et enfin les critiques globalement très positives avaient achevé de me convaincre de me pencher sur ce "Shangri-La".

Je suis complètement séduite par le dessin. Les décors sont particulièrement bien rendus. Et j'aime bien également le trait de Bablet pour les personnages, et ce même s'ils se ressemblent un peu tous.
L'auteur dépeint un univers crédible qui rappelle forcément notre monde. Comme toute dystopie, ce récit qui évoque un futur très sombre nous tend un miroir sur les maux de notre époque. Et la critique est acerbe. le consumérisme est violemment pointé du doigt, et ce à tous les niveaux. Personne n'est innocent dans "Shangri-La". Si Bablet dénonce avec force les méthodes de production des multinationales et le matraquage publicitaire qui s'ensuit, il n'est pas plus tendre avec les consommateurs, véritables moutons de Panurge, pour qui l'apparence est ce qu'il y a de plus important.

Un dessin superbe, un scénario intéressant, un propos fort et pertinent... Tout était réuni pour me plaire. Et "Shangri-La" m'a plu. Mais pas autant que je l'espérais. Il y a un je-ne-sais-quoi qui a atténué mon enthousiasme.
Cette B.D est éditée par Ankama, de là vient peut-être en partie le fait que "Shangri-La" ne ressemble pas tout à fait à ce que j'étais venue chercher. Pour moi, Ankama c'est surtout le label 619, en particulier "doggy bags" et toute l'école d'auteurs et dessinateurs qui a été mise en avant avec ces histoires fun, pétries de culture américaine. de plus, Mathieu Bablet se dit fan de séries B. D'ailleurs il y a pas mal de références pop-culture et séries b dans "Shangri-La" (de "Star wars" à "They live"). du coup, je pense que je m'attendais à une série B, à quelque chose de nerveux. Or, "Shangri-La" a une tonalité parfois très contemplative ce qui en fait une oeuvre loin du bis que j'attendais. Je voulais du "they live" et j'ai eu du "2001". Ce qui n'est pas forcément un mal, j'aime les deux. Mais j'ai trouvé que malgré plein de qualités, "Shangri-La" n'était pas tout à fait à la hauteur de ses ambitions. le récit aurait mérité d'être plus resserré. A vouloir traiter trop de sujets, certains sont sous-exploités. Et puis, certains éléments restent assez confus. Et j'avoue que je n'ai pu m'empêcher de ressentir comme une pointe de prétention.

"Shangri-La", malgré toutes les vilaines choses que je viens de dire, vaut vraiment le détour. Cela reste le très haut du panier. Et je lirai avec intérêt les autres oeuvres de Bablet, notamment Adrastée.

Challenge B.D 2017
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Shangri La est la seconde Bd que je lis de Mathieu Bablet après Carbone et Silicium. Une nouvelle fois, j'ai été conquis par le scénario, les illustrations qui sont très belles, ainsi que par le message délivré même s'il est profondément désenchanté. Thianzhu enterprise veille à tout pour "le bonheur" de ses habitants. Ces derniers habitent dans une gigantesque station orbitale au dessus de la Terre. Celle-ci est devenu invivable depuis la grande catastrophe du XXIeme siècle. le consumérisme est devenu le mantra des habitants de cette station. Thianzhu contrôle tout dans une sorte de "dictature de la consommation" poussée à son paroxysme. L'entreprise fabrique tout ce dont à besoin la population afin de les détourner de l'envie de les renverser. Travailler, consommer, faire un crédit puis travailler à nouveau pour le rembourser, consommer, etc. Ce cercle se répète indéfiniment, sans perspective apparente de fin. Thianzhu a tout pensé, la minorité Animoide cristallise autour d'elle toute la haine des humains. Leurs frustrations sont ainsi détournées. La colère gronde lorsque Thianzhu annonce que sur Titan ou Saturne, on va créer une nouvelle espèce d'humains pouvant y vivre : l'homo stellaris. Un mouvement de résistance très minoritaire existe. Qui sont ces derniers ? Pourquoi laisse t'on agir la résistance ? Qui dirige Thianzhu ? Un autre modèle de société est-il possible ? Mathieu Bablet signe une charge féroce et pleine de justesse contre la société de consommation à outrance, contre la société du profit, l'obsolescence programmée étant poussée ici à son paroxysme. Même s'il manque parfois de nuances dans son message, Mathieu Bablet a le mérite de vouloir réveiller les consciences dans ce qui s'apparente à un pamphlet contre le modèle néo libéral. Politique, cette Bd l'est assurément. Comment ne pas voir en Thianzhu les GAFA d'aujourd'hui ? On peut ne pas souscrire au message, et prendre tout simplement du plaisir à suivre l'histoire de cette Bd SF intelligente et réussie. Mathieu Bablet prouve une nouvelle fois son talent avec Shangri La.
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DEUX PAS EN AVANT, TROIS PAS EN ARRIÈRE (etc).

Après une couverture superbe et intrigante rappelant les affiches de films récents tel Gravity, les premières pages de ce volumineux album ouvrent sur des images de "planet opera" absolument somptueuses. On pense assez immédiatement aux dessinateurs SF apocalyptique de la grande époque de Métal Hurlant. Les images sont dantesques. Elles déversent leurs tonalités de marrons, de bistre, d'ocres et d'ocre-rouge, de jaunes, d'orangés profonds dans des paysages de pierre et de feu à couper le souffle. Un homme apparaît enfin. Une sorte de Robinson Crusoé des étoiles, presque totalement dépouillé à l'exception d'une sorte de tunique de feuillage. Un ciel constellé d'étoiles et de galaxies inconnues surplombent notre homme. Après quelques mots - on comprend que l'homme monologue - nous faisant deviner son incommensurable isolement, le dessin s'éloigne de lui peu à peu. Sa silhouette se détache dans le lointain d'un ciel bleu d'une pâleur presque fantomatique. Il n'est plus besoin de mot : La solitude de cette homme dépasse tout entendement... L'ultime fin de ces vingt premières pages se résout en une explosion dantesque, monstrueusement belle, apocalyptique et fascinante : une super-nova aux premières loges.

Fin de ce que l'on peut considérer être une intro. Somptueuse mise en jambe.

Pourtant, c'est à partir de là que le bas commence à blesser (mais pas encore de suite). Mathieu Bablet est, à n'en point douter, un coloriste de très haut vol (même si l'on suppose le travail d'après photos), et ses vues stratosphériques de notre petite planète bleue sont fabuleuses. Mais cela n'a malheureusement jamais fait une bonne histoire (voir le film sus-mentionné). Nous nous retrouvons donc projeté -c'est un cartouche qui nous l'affirme) un million d'années plus tard, dans la proche banlieue de la Terre. Mais une terre devenue inaccessible depuis plusieurs siècles (on ne saura jamais précisément) pour cause de pollution définitive la endant insalubre à toute vie humaine. Des sept milliards d'humains que nous sommes, ne demeurent plus qu'une poignée, certes non négligeable, qui subsiste dans une gigantesque station spatiale entièrement dévouée à sa "firme" créatrice et propitiatoire de vie et de consommation tous azimuts : Tianzhu Entreprises. de l'histoire démiurgique sur fond de lointaine galaxie, on se retrouve soudainement plongé au coeur d'une histoire de type anticipation contre-utopique, ce qui pouvait s'annoncer passionnant. Malheureusement, on a droit à presque toutes les thématiques du genre dans un foisonnement incontrôlable et mal contrôlé, ponctué, très souvent, de dialogues faisant assauts de lieux communs et d'idées éculées (du moins, si on lit aussi des romans de ce genre, innombrables dans le monde de la SF et de l'anticipation depuis le début du XXème siècle. Inutile de citer à nouveau les plus connus d'entre-eux) : l'enfer du consumérisme obligatoire, la dictature du capitalisme et l'hyper-technologie, la déshumanisation des rapports sociaux, l'omniprésence de la publicité, la bêtise et le suivisme des foules, l'attitude réactionnaire de la majorité des individus dès lors que leur confort est atteint, l'absence de recul spirituel ni de base intellectuelle -inévitablement disparues avec la fin de notre présence terrestre-, le racisme ou, plus exactement, le spécisme phobique (pour un motif que l'on ne fera que deviner, les scientifiques humains, dans leurs dérives créatrices dignes d'un Dr Frankenstein transhumaniste et décomplexé, ont fait émerger une nouvelle forme de vie intelligente à partir de nos anciens amis les bêêêtes : des "animoïdes", apparences de croisement entre des humains et des chiens, chats, renards, etc et qui sont là, dans une pseudo égalité avec les hommes, pour subir toutes les tensions refoulées par des êtres humains en situation d'en fermement carcéral du fait de la pollution terrienne. Même si l'idée est, en soi, intéressante, elle n'est pas non plus d'une absolue originalité, d'autres dessinateurs, tel Roosevelt, ont ainsi donné vie à de tels êtres hybrides. Même la métaphysique est, par ailleurs, convoquée ("L'homme est devenu Dieu !"). Et la bible (un nouvel Eden). Et la SF des années 70' avec un petit peu de Days, de James Lovegrove ; un zeste de Tous à Zanzibar de John Brunner, pas mal de le Meilleur des Mondes et de 1984, quelques pincées de K. Dick, peut-être. le titre lui-même est une référence à un ouvrage utopiste des années trente.

Au milieu de ce grand charivari d'idées, de concepts, de pensées politiques terriblement resucées et, malheureusement, bien mal mâchées le lecteur tente, vaille que vaille, de suivre le fil de l'intrigue. En quelques mots : L'agent Scott Peon, un jeune homme orgueilleux mais plein de ressources, est engagé par la branche commerciale de Tianzhu Entreprises pour enquêter de manière aussi rapide et discrète que possible sur les agissements peu orthodoxes de certains de ses scientifiques qui semblent être parvenus à créer la vie à partir de rien par le biais de l'anti-matière. Pour aller vite, ces chercheurs jouent à être Dieu et comptent bien en faire profiter Titan, la lune fameuse de Jupiter qui subit une terra-formation depuis deux siècles (le but était d'abord de permettre à la colonie spatiale d'y trouver refuge). Scott se retrouve, lors d'une de ces missions dans l'espace, en compagnie d'un équipage dans lequel se trouve son frère Virgil avec lequel il avait rompu tout lien. Ce dernier, ainsi que ses amis, jouent les résistants, mais ne sont que de vagues petits troublions plus ou moins utiles dans cette immense mascarade sociale organisée par Tianzhu. Leur résistance ne dépasse d'ailleurs pas leurs envies compulsives d'achat du dernier smartphone promu par la Compagnie ; une "vraie" résistance existe en revanche, sous l'égide d'un bel et mystérieux "Mister Sunshine" qui s'avérera d'ailleurs très différent des apparences... Dans les mêmes temps, un des responsables scientifiques va faire une révélation fracassante à l'antenne de la chaîne unique de cette immense station orbitale et provoquer un vaste mouvement de révolte, amplifié par les premiers mouvements de grèves connus sur la plateforme. Émeutes, guérilla, réactions, contre-réaction, viols gratuits, règlements de compte, doutes des uns ou des autres, apparition de chefs pas aussi soudain qu'il y parait, immolation, pillages : "la fabrique de violence" comme à la parade. On y découvre aussi, ô! surprise, que tout n'est que complot : de la résistance, n'ayant pour autre but que de prendre la place des précédents pour y installer un autre type de pouvoir tyrannique, jusqu'à ceux qui, bien à l'abri, tirent les cartes sans jamais vraiment rien risquer que perdre un peu d'argent (on m'expliquera, par ailleurs, comment obtenir quelque croissance économique possible dans un modèle en circuit fermé parfait... Mais c'est un détail). Que la lutte des classes ne sert finalement jamais qu'à celle qui détient le pouvoir.

Pendant ce temps-là, Scott et son frère Virgil, enfin réconciliés, essaient rien moins que sauver le monde de l'anéantissement atomique. Les dernières pages sont, à l'instar des vingt premières, incontestablement somptueuses, même si, dans leur silence cosmique, elles frisent un ésotérisme de bon aloi qui nous a totalement dépassé (hommage lointain au 2001, l'Odyssée de l'Espace de Stanley Kubrik ?). Peut-être était-ce trop, après tout un développement aussi peu accrocheur qu'épuisant. Car toute cette majeure partie se situant dans la station adopte des fonds tour à tour ocre-jaune (beaucoup d'ocre-jaune), jaune-verdâtre, bleu électrique, chaque fois sur plusieurs pages de planches à la suite ; les visages, intéressants tant qu'on est confronté à peu de personnages, finissent par se ressembler plus ou moins tous dans leur androgénie instable et brutale, ce graphisme rendant tout dialogue difficile à suivre par faute de ne plus toujours bien savoir à qui on doit les attribuer. Et ce fouillis invraisemblable de thématiques, de directions, d'histoires parallèles, dont il a déjà été fait l'écho plus haut, achève de rendre l'ensemble indigeste.

C'est dommage. Vraiment très dommage. Car ce Shangri-La avait de très nombreux atouts pour être une oeuvre de premier plan (tous genres confondus, la beauté de l'image en sus). Qui trop embrasse, mal étreint affirme l'adage. Sans doute notre jeune auteur aura-t-il voulu réunir tous les dégouts de notre monde - car une bonne dystopie est avant tout un conte noir et critique de l'époque vécue par son créateur, avant que de se vouloir prophétique -, toutes les craintes, tous les espoirs, vrais et faux. Peut-être est-ce votre humble serviteur qui sera passé à côté de cette pure somme plus éreintante que véritablement dense, sans vraie surprise - à force de lire toutes les anti-utopies possibles ? -. Une grande déception, c'est évident, après l'engouement incroyable pour ces vingt premières pages détonantes et belles. Mathieu Bablet est probablement doué. Très doué, avec un crayon. Il serait triste que ça le rende inaccessible et incompréhensible ou sans sincère originalité. Cependant, malgré cette très mauvaise première entrée en matière, un jeune auteur dont on attend de voir les futures créations pour être certain de s'être, finalement, complètement trompé !
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Quand les hommes ont réussi à rendre la Terre complètement invivable à toute espèce vivante, l'humanité s'est réfugiée sur une gigantesque station spatiale tournant autour de la planète-mère et y a innové une "nouvelle" société. Dans celle-ci Dieu, définitivement banni, à été aussitôt remplacé par un ersatz de déité au nom de Tianzhu. Cette compagnie commerciale omnipotente régente et contrôle désormais chaque individu par une consommation poussée à l'extrême (notamment par le biais de la communication numérique géolocalisée).
Pour mieux tenir en laisse cette population "incarcérée", Tianzhu a commencé, il y a 300 ans, la terra-formation de Titan avec la promesse d'un nouveau Éden sur la plaine de Shangri-la de cette planète... Mais les mêmes scientifiques qui ont su créer une nouvelle race minoritaire (afin de maintenir délibérément le racisme en tant que "soupape" pour la majorité), veulent eux aussi pouvoir prétendre au trône convoité de Dieu et décident de peupler Titan avec un "nouvel Homme" qu'ils pensent pouvoir faire naître en jouant au Big Bang plus ou moins maîtrisé.
Le peuple, subodorant que le paradis promis va leur échapper, se révoltera et...

J'ai esquissé jusqu'ici le background d'un scénario réfléchi aux dialogues travaillés qui encouragent la réflexion, histoire qui est, en réalité, bien plus complexe.
En 222 planches, Mathieu Bablet a su imaginer avec brio et un sens aigu de la critique acerbe, un univers de SF... guère éloigné de notre monde quotidien.
Il s'attaque à la valeur (négative) du travail, aux système(s) politique(s) qui, indifféremment de quel bord, cherche(nt) à contrôler le troupeau, au racisme, à la folie des grandeur et/ou de non-sens des scientifiques, à la commercialisation aberrante des téléphones et tablettes de cette belle pomme croquée...

Mais M. Bablet n'est pas qu'un scénariste doué, il est aussi un dessinateur au style très personnel et particulier (que j'avais déjà pu observer dans quelques "Doggybags", ces "fameux" pseudo-comics sous la direction de Run). J'avoue que j'ai dû m'habituer aux traits très anguleux des personnages, or, j'ai été immédiatement séduite par son illustration des perspectives et ses graphismes architecturaux dans les dominants de bleus et jaunes-ocrés des couloirs, lignes, hauteurs, câblages, cellules, surfaces intérieures comme extérieures... qui rendent parfaitement compte de l'immensité de la station orbitale.

Cette BD, à défaut d'être un Shangri-la d'optimisme, est sans conteste, une supernova !
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Pourquoi suis-je si peu enthousiaste en refermant cet album porté aux nues à sa sortie?
Bien sur la première raison et non des moindres est ma méconnaissance abyssale de l'univers de la SF quel qu'il soit. Cet album n'est en aucun cas intelligible à la néophyte que je suis. le langage m'est incompréhensible et l'ennui est vite survenu.
Bien sûr il y a le graphisme, fort beau au demeurant mais peu accessible au non-initié. Dont acte.
Enfin le scénario? J'avoue que cette dystopie m 'a peu ou pas convaincue. La critique d'un monde circonscrit où tout est programmé, du lever au coucher, où l'économie est entre les mains d'une poignée d'individus ,n'est me semble t'il guère originale. La faute à un capitalisme exacerbé, certes mais la faute d'abord à l'Humain qui est toujours et encore le prédateur de son espèce et se transforme à chaque occasion en dictateur de droite, de gauche, religieux ou athée mais en dictateur toujours obnubilé par le pouvoir et l'argent..
Voilà attirée par la splendide couverture de l'album, motivée par un challenge, je referme Shangri-la avec le sentiment d'une mission accomplie .
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Dans un futur lointain et indéterminé, les hommes ont réussi à détruire la planète et ce qui reste de la population est cantonné dans une station spatiale. La fable de l'enfermement sous cloche de ce qui reste de l'humanité n'est pas nouvelle, loin de là, mais elle fonctionne.
Forcément dans ce monde clos, une dictature règne par l'intermédiaire d'une société de consommation débilitante, des chefs lointains et invisibles, et la désignation de boucs émissaires différents et commodes.
Hors de la station point de salut, sauf que les clairs de Terre font un peu rêver de liberté. Une résistance et de la violence sourde se développent pour comprendre ce qui est vraiment caché . On suit Virgile et son frère Scott, Aicha et Nova, le superchien Johnny dans cette quête de la vérité et de la liberté .
Je n'aime pas du tout comment sont dessinés les personnages, mais les couleurs et les dessins des vaisseaux, de la terre et de l'espace sont assez magiques. Il y a une dimension philosophique sur l'avenir de l'humanité qui surpasse de beaucoup les discours politico-moralisateurs un peu pénibles. On sait déjà que la SF nous parle de nous, ici et maintenant, pas la peine de faire trop lourd !
Toutefois, ce qui reste comme impression générale, c'est une histoire dense, qui interroge sur le pouvoir et l'écologie. C'est la vie qui est la plus forte et qui trouve toute seule le chemin, les hommes importent peu, une idée optimiste, somme toute .
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Nous admirons, et souvent à juste titre, des maîtres de la SF tels qu'Asimov, Herbert, Barjavel, Lovecraft, Verne, Doyle et d'autres sans regarder ce que nos contemporains produisent comme oeuvres. Mathieu Bablet, mérite à mon sens, par son génie scénaristique qu'il sublime par ses qualités graphiques d'être considéré comme ces géants précédemment cités. Shangri-la, magnifique roman graphique le prouve. Roman d'anticipation, dystopie, roman social, écologique, j'irais même jusqu'à le qualifier de pamphlétaire tant nous y retrouvons des éléments désastreux de plus en plus présents dans notre société.
Ce roman graphique est juste une oeuvre sublime que tout le monde devrait lire et qui a sa place dans les bibliothèques des passionnés de beaux ouvrages.
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Le reste de l'humanité vit dans une station orbitale qui gravite autour de la terre devenue depuis longtemps inhabitable. Dans cette station, les vieux démons de la civilisation ont perduré, exploitation par le travail, incitation au consumérisme pour maintenir la société dans une équilibre hypocrite. C'est imaginé comme ceci : d'un côté le peuple, d'un autre les scientifiques et d'un troisième bord, les économistes, tient tient, ça ne vous fait penser à rien ? La révolte gronde. C'est un récit futuriste s'apparentant aux genres allant de la dystopie au hard-SF, et au cyberpunk, assez pessimiste.
Je trouve remarquable la société imaginée par Mathieu Bablet, jusque dans les moindre détails : architecture de la station, robots, monde du travail, relations entre les protagonistes, sociologie, science physique, c'est vraiment très complet, je me dis qu'une telle bande dessinée n'aurait pu voir le jour avec les anciens carcans éditoriaux, les éditeurs ont enfin eu, depuis quelques année, l'audace d'éditer des one shot de 222 pages, ce qui permet de développer une histoire vraiment consistante, riche en inventions, avec une intrigue haletante et solide, bien que le rythme soit non linéaire comme l'aurait imposé une édition en plusieurs tomes.
Le graphisme est volontairement raide, le trait est sec, mais les décors sont impressionnants, jouant sur les multiples perspectives pour rendre la station gigantesque mais d'une artificialité sèche et aride.
Shangri-la est de la science fiction pure, comme j'aime, proposant des idées sur le futur, mais aussi sur notre présent, donnant à réfléchir, avec de la science, du rythme, de l'action, des personnages intéressants, pas du tout stéréotypés. Je trouve très intéressante cette vision du racisme, comme exutoire de la colère sournoisement installé pour maintenir la société dans un aveuglement sur sa condition, le bouc-émissaire est servi sur un plateau, cela permet de ne pas regarder ailleurs. de la très bonne science-fiction, se référant aux plus grands noms du genre (Arthur C. Clarke par exemple).
J'ai découvert Mathieu Bablet avec son dernier album, Carbone et Silicium, qui m'a beaucoup impressionné, et du coup, je me suis précipité sur celui-ci qui me faisait de l'oeil depuis si longtemps, et je ne suis pas déçu, avec ces deux albums, il s'impose comme un incontournable dans l'univers de la bande dessinée de science fiction, c'est du costaud.
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