Je ne connais aucun écrivain aussi bien qu'
Oscar Wilde.
le Portrait de Dorian Gray, qui repose sur mon étagère dans ses versions originales et françaises, en multiples exemplaires, m'a profondément marquée. Depuis ce temps, Wilde est mon influence première.
Afin de mieux connaître celui dont les écrits m'intriguent autant, j'ai lu un grand nombre de biographies, et des écrits parallèles sur sa vie et son oeuvre. C.3.3, pièce de théâtre française sur le procès qui mena Wilde en prison, se devait de figurer sur mon étagère, au milieu de ces quelques trente ouvrages que je possède déjà.
La lecture d'une pièce de théâtre est délicate, et paradoxale. C'est une évidence : une pièce est écrite pour être jouée, et non pas pour être lue. La littérature demande une introduction, une préparation, que la lecture d'une pièce de théâtre n'offre pas. Même si je ne refuse pas d'aborder -dans certains cas- le théâtre comme un objet littéraire, il s'agit avant tout d'un art vivant, que l'on observe et que l'on écoute.
C.3.3. raconte la chute d'
Oscar Wilde, comprimée ici dans une courte période de sa vie. Cet écrivain dandy, fasciné par Bosie (Lord Alfred Douglas, son jeune amant), se laissera entraîner dans un procès public pour homosexualité. Condamné, il sortira transformé de ces deux années de travaux forcés.
Je ne situe pas la chute d'
Oscar Wilde à l'annonce de son procès. Elle commence, selon moi, bien avant l'affaire publique; à sa rencontre avec Bosie. Comment l'un des esprits les plus brillants du XIXème siècle a-t-il pu connaître un tel déclin ? Quelle influence, monstrueuse et fascinante, a pu avoir le jeune Lord sur le maître ?
La déchéance d'
Oscar Wilde -le terme n'est sans doute pas le bon- a été lente et discrète. le procès n'en est que le dénouement visible et grossier.
Ce que Wilde écrivit dans sa cellule en est d'ailleurs l'illustration : de Profundis est une oeuvre bouleversante de sincérité. L'écrivain ne s'y embarrasse plus des effets de style et de la perspective qu'il sera publié et lu. Mise à nu, son écriture est vive et déchirante, certes embarrassée de répétitions et de longueurs, mais sublime.
J'aurais souhaité lire les prémisses de cette confession. J'aurais voulu entendre ce qu'un autre que moi a saisi de cette relation. Qui était Wilde avec Douglas ? Et qu'était-il sans lui ?
Lire du théâtre, c'est s'attacher à la phrase, à l'utilisation du mot qui va être prononcé, au rythme des dialogues.
Badinter a cerné l'esprit
De Wilde dans les scènes du procès. Son arrogance, ses vues sur l'art, sa générosité, son cynisme, sa fidélité aux autres et à lui-même.
Mais Wilde n'a pas assez de place. Il y aurait à écrire pour cent pages encore.
A lire, C.3.3. est un résumé bien mené du procès de l'écrivain. C'est aussi une introduction à ce que l'Angleterre a fait
De Wilde, quand, après l'avoir admiré, elle le repoussa et l'humilia jusqu'à sa mort.
J'aurais voulu voir jouer C.3.3. pour me prononcer sur le traitement. Il y avait, encore une fois, tant de choses à dire sur la relation
De Wilde et Douglas, que cette narration du procès paraît bien légère.
A noter cependant : une courte et éclairante préface sur les recherches menées par
Robert Badinter sur le procès.
Lien :
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