C'est l'histoire de Wadi', entre l'âge adulte et l'enfance, entre l'enfant discipliné, un peu gros et lâche et le jeune adulte chef de gang. Grâce à une série de flash-backs, un portrait se dresse : il oscille entre le masque de l'impitoyable et celui de la détresse la plus profonde sans jamais sombrer dans l'apitoiement… La nature de l'amitié masculine entre Wadi' et son ami d'enfance puis envers son employeur, sublimée, est un des centres ambigus du roman.
J'ai cru reconnaître la cruauté de
Lydie Salvayre dans «
La puissance des mouches », l'humour féroce d'
Albert Cohen sur la médiocrité des maîtres de ce monde dans «
Belle du Seigneur » mais «
Mon maître mon amour », au final, est totalement unique.
Ce roman est dur, violent et d'une extrême sensibilité. le narrateur est-il lâche ou courageux, dominant ou dominé, extrêmement intelligent ou superbement naïf? La réponse n'est pas simple.
La traduction de l'arabe par Edwige Lambert rend grâce à l'auteure. Une incroyable poésie traverse «
Mon maître mon amour »sans rien ôter au rythme. Jusqu'aux dernières pages, les surprises restent de taille.