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EAN : 9782330143503
256 pages
Actes Sud (03/02/2021)
3.63/5   31 notes
Résumé :

La mère va mourir. Et qu'importe son âge, qu'importe celui de ses enfants, dont fait partie le narrateur : à cette heure de la fin de vie, il n'est plus rien que son fils. Confronté à l'ombre de la mère, il fait appel à toute la force de sa mémoire pour retrouver celle qu'elle fut, et rejoindre par là même un peu de l'enfant qu'il était. Les souvenirs affluent et se mélangent bientôt avec le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ici, Henry Bauchau raconte la mort de sa mère. Ou plutôt, il se raconte. Car, bien que la présence de la mère agonisante est omniprésente, elle m'a parue complètement voilée par le ressenti du narrateur.
Jamais, je n'ai lu quelqu'un qui se découvre au lecteur de manière aussi entière. Il nous emmène au plus profond de son intériorité d'homme et de fils.
Avec pudeur, mais sans retenue, Henry Bauchau nous invite sur son divan.
La déchirure ravira les professionnels et les amateurs de ce thème qu'est la psychanalyse et de sa complexité.

Pour ma part, j'avoue ne pas avoir tout compris. Je me suis perdue plusieurs fois dans ce récit, me demandant où j'étais, dans la réalité ou le rêve, étaient-ce des paroles prononcées ou pensées ? Ou des intentions ?
Bien que sa compréhension me soit parue difficile, chaque jour j'avais une envie folle de reprendre la lecture. Car pour moi, La déchirure est avant tout un livre de sincérité et de profondeur.

A la fin de cette édition, Jean Florence, psychanalyste, analyse ce roman dans une "lecture". Là, j'ai complètement décroché. Niveau trop haut pour moi. Peut-être dans quelques années...
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Premier livre d'Henry Bauchau, construit ( si j'ai bien compris) à partir de son petit cahier gris dans lequel l'auteur notait ses souvenirs d'enfance...et c'est bien précieux ! ( je suis toujours ébahi par la quantité et la qualité des souvenirs d'enfance que certains auteurs partagent....je me sens tellement amnésique quand je pense à ma propre enfance dont je me souviens si peu)
Ces souvenirs sont également triturés à travers le travail analytique que l'auteur a entrepris sur lui même et tout cela est mis en perspective tout à fait pertinente des derniers jours de vie de la mère de l'auteur. cela donne un bien beau livre , pas toujours facile à lire mais avec une belle écriture et des passages ( les 20 dernières lignes fort émouvantes sur le désarroi des survivants face au mourrant) superbes.
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Bauchau s'autobiographie et donc s'écrit. Autour du décès de sa mère. N'espérez pas de l'émotion, n'espérez pas pleurer au fil des pages. Ce texte est une superposition de moments de jeunesse, des derniers moments froids d'un retour au.x source.s avec une mère dont la relation a toujours été, disons, particulière. Une impression de vie terne, un peu gâchée. Superposition de ça et de rêves, ainsi que de moments suspendus d'une psychanalyse longue dans laquelle les morceaux ont été précédemment mâchés.
Tout ça avec une poésie dans la prose quasi permanente.
Vous comprendrez que c'est un livre complexe. Bauchau se plaît à utiliser le langage dans toutes ses fonctions, et le met au travail pour raconter et ajouter du sens là où il n'y en a pas toujours besoin. Ou d'en retirer par le langage, justement. Parce que parler, écrire tronque tout, n'est jamais qu'une approximation, parfois sublimation, parfois ajout au réel, lui donnant une consistance qu'il n'a pas. Afin d'avoir soi-même consistance, et constance, et conscience. Dire c'est être. Peut-être Peut-dire.
Bon, si la thématique est universelle, la composition rendue est tellement singulière qu'elle peut perdre tout lecteur. S'il n'accepte pas le jeu. le jeu des mots, le jeu de la vie et de la mort, la vie du sens et la mort du sens.
Enfin, certains y retrouveront peut-être leur chat. Tout chaud, tout doux, à cajoler, et tout comme l'auteur enterreront leur noir cha-peau, leurs souvenirs sans lumière. Comme si un soi, un moi pouvait véritablement être mis au jour.
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Ce livre me suit depuis le décès de ma mère, à l'adolescence. J'en ai lu souvent des passages mais son écriture brutale me bouleversait trop pour que je puisse le lire. Plus d'une dizaine d'années après, je l'ai lu. Il est magnifique. C'est un vrai bijou d'analyse, d'introspection et de la grande littérature. L'auteur joue avec les mots et j'ai relu plusieurs fois des passages qui sont des perles de concision et de force. Un grand livre.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Maman ne lui répond pas, elle ne peut plus parler, mais elle la regarde de loin, de toujours plus loin. On a l’impression qu’elle ne la voit plus, quand soudain, avec l’ombre esquissée d’un sourire, elle fait deux fois ce petit geste de la main gauche qui lui est devenu familier depuis sa maladie. Un geste d’adieu. Adieu pour toujours, ma chère, c’est la dernière fois que nous nous voyons sur la terre et nous le savons très bien toutes les deux, malgré ce que tu racontes. Et un autre d’indifférence paisible pour ces paroles, qui mangent de l’air, qui mangent du souffle et qui ne sont plus nécessaires. Un mouvement infime, mais d’une ironie tendre, sainte, supérieure. Je ne suis plus là où tu crois, je n’ai rien à offrir. Celle qui croyait pouvoir le faire n’existe plus. Ce que j’ai de souffle, je le conserve pour aller à la rencontre de ce que je n’ai pas été, de ce que je suis, de ce que je n’ai pas assez aimé. Je ne dépenserai plus ma mort que pour cela. Sa main est retombée sur le lit, elle ferme les yeux, elle ne les ouvrira plus. Elle ne fera plus un geste, avant d’avoir épuisé ses dernières forces et de mourir.
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Depuis sa maladie je pense à maman comme à un enfant , un enfant de plus dont je suis responsable .Non sans irritation pour les problèmes que cela me pose . Non sans douceur à cause de sa faiblesse,des larmes qui s'emparent d'elle et bouleversent son pauvre visage en partie paralysé . La mort n'y a rien changé . Le silence ne s'est pas rétabli entre nous , ni l'absence et le froid qui nous ont séparés pendant tant d'années .Elle demeure en moi sans ses méfiances passées,avec le rire charmant qui parfois jaillissait d'elle et ce geste un peu vague de sa main encore vivante .Un geste humble,un peu ironique et qui semblait dire qu'elle ne savait pas très bien,qu'elle n'était pas très sûre.Comme moi.
Aujourd'hui c'est la mer qui me fait penser à elle et qui me presse d'aller à sa recherche.Après la tempête d'hier,la matinée est légère,à peine ensoleillée et la mer,étendue,semble dormir sur les rochers.C'est cela qui évoque le mystère de sa vie et de sa mort en moi .
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Encore quinze ans, encore douze, encore dix avant d'être grand. On croyait ne jamais pouvoir le supporter. Et voici que l'enfance est finie aux yeux de tous, alors que l'enfant est encore là tout entier, tel qu'il a été marqué par les dures années sous-marines.
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Que la lumière est pauvre dans cette chambre. C’était ainsi dans les maisons de province. Elle aura donc vécu sa vie avec une lumière de province. Sa jeunesse s’est écoulée avec des lampes à pétrole, des bougies et la grosse lampe verte à acétylène qu’on posait sur la table ronde de la véranda à Blémont. (…) On peut seulement se demander ce que maman serait devenue avec une autre lumière. Si elle avait su conduire. Si elle avait pu comprendre le Cubisme en 1910 ou même en 1920. Si elle avait, une fois, nagé nue dans la mer.
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A l’entrée d’une chambre, une infirmière est en train de tancer un vieillard qui sonne trop souvent.
On coupera votre sonnette si vous continuez ainsi.
C’est que j’ai peur.
De quoi avez-vous peur, mon Dieu, dans votre chambre.
La réponse vient, d’une voix terne : J’ai peur de mourir.
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