Un deuxième tome en demi-teinte.
Cela commence plutôt bien : un demi-dieu fils de Zeus (Akilon, le héros), la colère de l'époux-roi humain trahi, l'exil du héros qui grandit dans la misère, son retour vengeur à l'âge adulte. le complot du roi et de sa maîtresse m'a rappelé des
histoires d'
Hérodote.
Puis Akilon se laisse mener par sa haine incoercible de son père divin. Zeus décide de lui donner une leçon. C'est la déchéance quand Argos détruit son royaume et l'emmène en esclavage. Mais il persiste et entame un jeu dangereux, à la fois marionnette et marionnettiste d'une belle palette de dieux, pour assouvir sa vengeance.
Une suite qui aurait pu être de très haut niveau si elle avait marqué plus de subtilité. Les affrontements humains-dieux sont trop directs, trop dans le coup de poing. le héros n'a rien d'autre à proposer que sa haine et sa force terrifiante. Les dieux réagissent de manière trop émotionnelle, surtout Zeus quand il est titillé par Akilon, ou selon des schémas trop communs (l'éternelle jalousie d'Héra qui a toujours le mauvais rôle de marâtre). le sang jaillissant des corps, omniprésent comme dans la série télé Spartacus, écoeure un peu.
Certains éléments médiocres m'ont distrait comme une petite tâche dans le coin qui vous attire l'oeil : des personnages qui agissent de manière idiote, comme la princesse Lyria qui donne un glaive à l'esclave Akilon et lui ôte ses chaines sans précautions. Est-ce surprenant qu'il se retourne immédiatement contre elle ? Un choix malheureux de nom : le roi d'Argos dénommé Égée alors que ce nom est dans la mythologie grecque celui du roi d'Athènes père de Thésée. La leçon que Zeus veut donner à Akilon : le malheur nous rend plus fort. Pourquoi s'englobe-t-il dans ce « nous » ? Zeus a-t-il connu le malheur ? Sait-il de quoi il parle ou n'en a-t-il qu'une connaissance théorique par humain interposé ?
Malgré ces petites tâches le récit se lit sans difficulté. Et si j'ai eu un peu de mal à accepter ces dessins statiques et violents au début, j'ai fini par apprécier ces vraies peintures aux nombreux effets d'ombre et de lumière. L'idée d'associer les catégories de dieux à une couleur particulière, bleu métal pour les Olympiens et rouge orangé pour les Infernaux, est excellente.
Je crois qu'en fait que dans cette série je m'attends systématiquement à trouver quelque chose du niveau tragique d'un
Sophocle ou d'un
Euripide. Ici l'homme arrive à faire jeu égal avec les Dieux, ils se rabaissent tous ensemble plus bas que la bête en terme de sauvagerie, de stupidité, de cruauté. La distance homme-déité s'efface, et c'est la force dramatique qui en paie le prix.