Mandrin

Chef des contrebandiers, assassin, criminel de lèse majesté, faux monnayeur et perturbateur du repos public !
C'est avec ces quelques mots accrochés dans le dos, une torche allumée plantée dans la main et le voile d'étoffe noir des parricides sur le visage que Mandrin se mit en marche vers la peine suprême qui l'avait condamné à être roué vif.
Mais Voltaire, lui-même, en écrivant à son grand ami le philosophe D Alembert, donna naissance à la légende ...
Mandrin, le terrible, le fameux capitaine général des contrebandiers de France, vécut, après le drame de Valence, de longs et heureux jours en compagnie de sa jeune et charmante épouse !
Ce livre d'Arthur Bernède, paru en 1926, est à la croisée du mélodrame populaire et du roman historique.
Deux ans plus tôt, en 1924, Arthur Bernède avait signé le scénario du film "Mandrin" d'Henri Fescourt, produit par la société des cinéromans.
Et, dans sa contre histoire du cinéma, Francis Lacassin a écrit de ce film que par son lyrisme généreux, son souffle épique et le dynamisme de ses images, il s'affirmait alors comme un véritable western français.
Tel est aussi ce précieux roman de littérature populaire.
Morbleu !
La bande à Mandrin déferle sur Beaujeu, dans les Alpes dauphinoises, à portée de fusil, ou presque, de la frontière savoyarde.
C'est la panique !
L'entreposeur des tabacs, Agénor Malicet, et sa femme Thérèse Malicet, née Poisson et cousine de la Pompadour, se font rançonner.
Mais ils ont une fille, Nicole.
Et Mandrin est un coquin, mais un coquin joliment sympathique.
Il sait se faire grand seigneur avec les dames.
L'amour, un bel amour, va naître de cette rencontre.
Cependant, au coin de la page, guette la tragédie.
Le fermier général le plus riche de France, Bouret d'Erigny, lui aussi amoureux de Nicole, se lance à la poursuite de Mandrin.
Ainsi que le sieur Troplong, dit Pistolet, qui a promis de livrer Mandrin avant que ne sonnent les cloches de Pâques ...
De l'amour, de l'aventure, de l'audace, la légende est en marche !
De la littérature au cinéma, en passant par la télévision, Arthur Bernède est un faiseur de légendes, un raconteur d'histoires.
Il fut le créateur, en 1919, avec l'acteur et producteur René Navarre, avec le directeur de journaux Jean Sabene et avec Gaston Leroux, de la société des cinéromans qui, suivant une formule bien établie, faisait sortir simultanément sur le grand écran et sous forme de feuilleton littéraire chaque nouveau titre : Vidocq, Mandrin, Rouletabille, Surcouf, Fanfan la Tulipe, Belphégor, Poker d'as et bien d'autres dont un remarquable "En plongée" réalisé en 1926 par Jacques Robert d'après le magnifique ouvrage de Bernard Frank.
Ce livre d'Arthur Bernède est un pur produit de la littérature populaire, pourtant de nombreux renvois en bas de pages font référence à Franz Funck-Brentano, le célèbre archiviste et historien qui obtint, en 1908, le prix Thérouanne de l'Académie française pour son fameux "Mandrin, capitaine général des contrebandiers de France".
Quoi qu'il en soit, ce bon vieux petit bouquin est un agréable moment de lecture auquel la rencontre fortuite entre Mandrin et Voltaire ajoute encore, s'il en avait été besoin, un peu plus d'intérêt ...

Arthur Bernède fait partie de ces écrivains populaires français totalement oubliés aujourd'hui, ou à peu près. Pourtant père de plus de deux cents romans, on peut ainsi juger de l'injustice et de la partialité de la déesse Notoriété.

Parmi cette prolifique production figure en bonne place "Mandrin", une biographie romancée du grand contrebandier du Dauphiné qui sema un désordre criminel dans les affaires du royaume vers 1750. Héros populaire digne de siéger à la droite de Robin des Bois pour les uns, perturbateur de l'ordre public qui n'a pas volé son exécution sur la roue à Valence pour les autres, Louis Mandrin est le type même du personnage de roman à la Dumas. Et c'est donc "à la Dumas" qu'Arthur Bernède traite son récit : chapitres courts et rebondissements incessants.

Aventures, amours, complots, trahisons, faveurs royales, souterrains, curés complices, belles délaissées ou adorées, un brin d'humour, bref, tout y est... pour mon plus grand bonheur de lectrice ! le XVIIIème siècle étant un siècle de mutations et de révoltes que j'affectionne tout particulièrement, il se prête à merveille comme décor des tribulations d'un gentilhomme-voleur rebelle et cependant chevaleresque.

Lecture divertissante plus qu'érudite, "Mandrin" régalera tous les amoureux du genre et les lecteurs sensibles au charme d'une belle plume imaginée et romantique.


Challenge XXème siècle 2021
Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2021

Plaisir coupable.

Où l'on suit l'épopée du "capitaine des contrebandiers de France", contre son imposant rival, le plus puissant des fermiers généraux, Bouret d'Erigny...

Un ouvrage pétri de défauts !
C'est dégoulinant de clichés et bons sentiments populaires, un brin misogyne, avec une prose d'une impartialité telle, qu'elle vous ferait passer un alien pour le plus doux des moutons.

Cà avantage bien notre Mandrin, donc.
Un surhomme.
Les femmes tombent à ses pieds, un regard et tout le monde s'incline devant lui. Brad Pitt ou Héracles ? Des ch... de mouche en comparaison.

Et pourtant...
Pourtant, c'est bien ! J'ose à peine l'avouer.
C'est bien écrit, les évènements s'enchainent à un rythme entraînant. C'est bon enfant, et malgré le peu de suspense, on attend les chutes avec un petit sourire en coin.
Bref, on ne s'ennuie pas.

Peut-on vraiment dénigrer un roman qui vous fait penser aux Capitan, Cartouche, bossu ou mousquetaires de notre enfance ? Moi non...
(j'ai été surpris que le roman n'aie pas été adapté à l'écran, tellement c'est l'archétype du film de cape et d'épée... et bien si, mais il n'est pas resté dans les mémoires, sans acteur reconnu).
(plus d'avis sur PP)