L'équation Dieu

Avec ce nouvel opus des frères Bogdanov, on embarque à nouveau dans un voyage aux confins de l'origine de notre univers, là où régnait le fameux état KMS de la singularité initiale précédant le Big Bang qui allait donner naissance à L Univers et au temps réel…, Ce n'est pas la première fois qu'ils nous en parlent et qu'ils concluent leur ouvrage par ce concept.
On est d'abord sensibilisé à l'ordre d'une nature qui obéit aux nombres premiers, omniprésents, des cristaux de neiges aux pétales des fleurs puis à l'importance de ces nombres premiers et aux découvertes de la fonction zêta d'Euler qui en prédit la quantité entre deux nombres, puis à la fonction zêta de Riemann qui en prédit, elle, la répartition, suivant une droite : hypothèses jamais démentie jusqu'à présent au fil des calculs des différent successeurs mathématiciens qui s'y sont penchés, mais jamais encore prouvée, (c'est d'ailleurs l'un des 25 problèmes mathématiques insolubles de notre temps…) Là où cette histoire devient fantastique c'est que ces fameux nombres premiers prédits par la cette fameuse équation zêta, sont aussi les briques élémentaires qui permettent d'obtenir tous les autres nombres existants, mais aussi – et surtout -, ceux des niveaux d'énergie des particules élémentaires de la matière…qui correspondent eux-mêmes aux valeurs de matrices aléatoires) On remonte ainsi jusqu'à l'origine, à l'époque à laquelle le temps réel n'existait pas encore mais était imaginaire, et oscillait entre les différentes valeurs de ces fameux nombres premiers sur l'échelle imaginaire du plan complexe, (cela nous replonge dans nos souvenirs de lycée et ma foi, j'ai quant à moi enfin compris à quoi m'avait servi l'étude de ces nombres en terminale…Car cette notion ne m'avait plus jamais effleuré l'esprit depuis, n'ayant pas poursuivi d'études dans une branche dans laquelle ils avaient une application pratique) ; de même, à l'origine du temps, de la fameuse singularité initiale qui a précédé le Big Bang, la matière, l'espace et l'énergie n'étaient encore que de la pure information… C'est la théorie informationnelle, et la démonstration est plaisante à l'esprit et on n'a pas de mal à y adhérer… D'autant que des faits expérimentaux très récents viennent l'appuyer (comme la démonstration expérimentale de l'effet tunnel) et qui est aussi à rapprocher à mon sens de la plupart des témoignages de sortie du corps qui se rapportent aux expériences de mort imminentes, mais c'est déjà un autre grand sujet...
Oui mais alors, La Nature serait-elle écrite en langage purement mathématique depuis la création et même avant ? Il y a là un pas que les frères Bogdanov n'hésitent pas à suggérer à défaut de le franchir définitivement, en tout cas, à défaut d'être un langage mathématique dès avant le début de la création, on comprend que l'essence de la réalité de notre univers est numérique (et même primo-numérique, car liée exclusivement à ces fameux nombres premiers dont la fonction zêta de Riemann, la fameuse équation Dieu, donne les valeurs ; je dis primo-numérique car, comme dit précédemment, des nombres premiers on peut obtenir tous les autres nombres).
Cet ouvrage rejoint les précédents que j'ai lus avec tout autant d'intérêt, (« Au commencement du temps », « le Visage de Dieu », « La pensée de Dieu » , « le mystère du télescope Planck » et surtout « La fin du Hasard »), il faut cependant remarquer que nulle part il n'est question du Hasard comme principe incontournable (à défaut d'être régisseur) du comportement de la matière (Hubert Reeves dans « le banc du temps qui passe, méditations cosmiques - 2017 » en donne pourtant plusieurs exemples comme celui de la désintégration des éléments radioactifs, ou encore la forme des flocons de neige jamais identique – et pour cause : le hasard les amène tous sur des trajectoires différentes qui vont les former différemment, en s'appuyant sur les travaux des physiciens tel ceux de Niels Bohr, père fondateur de la physique quantique et de Heisenberg qui a laissé son nom au fameux principe d'incertitude qui dit que l'on ne peut connaître avec précision à la fois la vitesse et la position d'une particule…).
Mais à leur décharge, les frères Bogdanov ne nient pas ce principe de Hasard, bien au contraire, car le fameux physicien Dyson et sa « théorie des matrices aléatoires » qui gouvernent les niveaux d'énergie dans les atomes est un acteur incontournable de l'odyssée à laquelle nous convie cet ouvrage.
Alors qu'en est-il vraiment du hasard ou du déterminisme qui a présidé à la création de notre univers et de notre monde, puis à l'avènement de la vie ? L'Univers, la Vie : Hasard et/ou déterminisme pur ? Reeves penche pour un mélange des deux, Les frères Bogdanov, sans nier les phénomènes aléatoires avancent dans leur réflexion que l'essence même de la Nature est numérique (et même primo numérique car liées aux nombres premiers) et postulent également que l'infini ne peut naître que de l'infini. L'équation Dieu, - cette fameuse fonction zêta de Riemann -, n'apporte pas de réponse sur l'existence de Dieu, mais l'opinion que je m'en suis faite, et pas seulement à la lecture de cet ouvrage, mais de celles de tous les autres qui les ont précédés, avec celle d'autres auteurs tels Hubert Reeves, c'est celle d'une vision panthéiste de l'Univers et de Dieu, cett vision dont un auteur comme Jean Giono fût le chantre et le poète : présent en chacun et en toute chose, ce que nous dénommons « hasard » n'étant au final que l'expression nécessaire de notre liberté, celle intrinsèque à tous les êtres vivants comme à tous les éléments qui composent et structurent la matière et l'univers, ce hasard n'étant bien souvent lié qu'à l'ignorance des causes qui déterminent nos pensées et nos actes, ceci étant posé, et c'est là qu'ils faut rendre hommage aux frères Bogdanov qui travaillent sans relâche à vulgariser et à populariser la physique théorique, c'est le rôle primordial que joue les nombres dans la réalité qui nous entoure (on sait depuis l‘antiquité que les phénomènes physiques - exceptés ceux se rapportant à l'infiniment petit pour lequels on ne peut parler que de probabilités - se mettent en équation et cela n'a jamais été démenti avec les évolutions de cette science, mais aussi et surtout, sur le rôle omniprésent des nombres, er ce quelle que soit l'échelle de l'observation - et en particulier de ces briques originelles à partir desquelles tous les autres nombres découlent : les nombres premiers, eux qui ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes, et dont la fréquence décroît progressivement lorsqu'on va vers l'infini : ils sont présents depuis la nuit des temps et étaient mêmes très probablement présents bien avant...Alors, les nombres premiers, l'alphabet Dieu ?.. Que la fameuse équation de Riemann en donne les solutions justifie en tout cas pleinement le titre de cet ouvrage.