Intime pulsion

Deux histoires croisées : celle de la disparition d'Amy une fillette de onze ans et une émeute sanglante dans un quartier défavorisé surnommé "Acid Row" : des gens ayant vu une jeune fille (en fait le médecin du centre médico-social) entrer chez un père et un fils venant de la même ville qu'Amy et qui se cachent, une manifestation organisée par une très jeune mère pour contester contre le relogement dans cette rue d'un pédophile, des barrières mises à chaque bout de rue par des ados au cerveau brûlé par la drogue... et tout se mélange et tout s'enflamme alors que la police n'arrive pas à pénétrer dans la rue; ceux qui ont compris le danger essaient de s'enfuir en passant par les maisons et les cours arrière.
J'ai trouvé que la description de cette partie était trop longue, trop détaillée, difficile à suivre, ce qui ne permet pas de partager le sentiment de danger et d'imprévisibilité, à mon avis. Il y a plusieurs morceaux d'histoires qui s'inter-choquent : celle de la jeune médecin et du rôle du centre médical et social, celle des relations malsaines entre les deux hommes suspectés, celle de la jeune mère enceinte, de sa famille et de son compagnon, le portrait des personnes âgées, souvent terrées de peur chez elles. On lâche les uns pour retrouver des personnes liées à Amy et l'avancée de l'enquête de cette disparition liée à l'émeute seulement par un rapprochement trop rapide fait par des habitants qui ont le sentiment de ne compter pour personne dans leur quartier poubelle.
Roman social peut-être mais le trait est trop appuyé à mon goût, comme si l'auteure avait voulu en faire un inventaire de toutes les situation personnelles qu'un peut rencontrer chez des laissés-pour-compte. J'ai trouvé aussi un manque de nuance dans le traitement des personnages, par exemple l'affreuse vieille assistante sociale aigrie, l'ex-taulard qui se révèle héroïque face au danger.
Ceci mis à part, ce roman a le mérite de nous amener dans des endroits dont on ne parle que peu et d'avoir osé une intrigue vraiment originale.

« Just in time », pour ce roman nous suivons presque les événements en temps réel : une journée d'émeute dans un quartier de cité défavorisée, Bassindale. L'affaire se noue autour de la disparition d'une enfant, Amy Biddulph. La fillette a sans doute été enlevée, la rumeur enfle et propage l'hypothèse d'un crime de pédophile. Justement, dans Acid Row, un homme vient d'être relogé par les services sociaux après un séjour en prison : il avait entretenu des relations sexuelles avec des adolescents. La foule tient un prétexte pour se déchaîner et un bouc émissaire idéal pour laisser cours à ses plus basses pulsions. Agiter le bocal et vous aurez une histoire compliquée, plutôt filandreuse et qui finit par fatiguer. J'aime beaucoup les romans de Minette Walters, mais celui-ci tombe à côté de la plaque. Les personnages ont du mal à exister, ils frôlent souvent la caricature. La femme médecin qui invite à son mariage sa patiente déjantée, car elle la trouve très sympa, on peine à le croire. le vieillard asthmatique et libidineux qui veut commettre un viol à soixante-seize ans, on a presque envie de lui dire « mission impossible ». L'avocat qui laisse sa femme le quitter pour l'un de ses clients sans y trouver à redire, on imagine mal. L'agent immobilier véreux qui tourne des cassettes avec des enfants pour faire du commerce tout en faisant semblant d'être pédophile, c'est difficile à trouver… Minette Walters semble perdre de vue la vraisemblance sans que l'on comprenne pourquoi, elle qui peut mettre tant de véracité dans ses personnages ! Je me demande si ce n'est tout simplement pas parce qu'ils sont trop éloignés de ce qu'elle connaît. Elle dépeint le monde défavorisé d'Acid Row avec la commisération d'une bourgeoise victorienne. Elle mélange dans la bouche des assistés sociaux des propos orduriers et des leçons de sagesse populaire dignes des dames patronnesses : l'amour des enfants, la noblesse des coeurs simples, la rédemption dans le drame. Cela ne marche pas. du moins, pas avec d'aussi grosses ficelles.

Minette Walters fait partie de ces auteurs que j'apprécie, de par la façon dont elle plonge le lecteur dans une atmosphère et son habileté à mener les enquêtes.
Dans cet opus, rien ne fonctionne.
Les personnages sont décrits, le cadre où l'on se trouve également mais, tout au long des pages, le lecteur se sent spectateur. On a plus le sentiment de regarder un fait divers sur lequel les chaînes télé traînent en longueur faute d'avoir des informations à proposer.
Certes, on sent la tension monter, certes la fin est tragique mais nullement surprenante car annoncée depuis deux cents pages.
Un passage intéressant concerne la façon dont l'un des personnages coache une jeune fille pour ouvrir une issue de sortie de la rue où s'entasse la foule. Tout l'art consistant à permettre cette sortie, comme une sorte de soupape, mais en faisant en sorte que ce soit très discret pour éviter la précipitation des personnes dans cet étroit passage et créer un étranglement source de drame.
Certes, l'effet dévastateur de la rumeur est très bien évoqué mais tout cela est délayé. de plus le terme pédophile semble être là pour faire vendre car il s'agit plutôt d'homosexualité avec des jeunes, mineurs certes, mais de plus quinze ans et consentants.
Les idées sont exposées mais pas réellement développées.
Le suspens réside uniquement dans l'attente du moment où la situation va dégénérer.
Quant à l'intrigue policière... elle est inexistante. Elle se résume à savoir si la rumeur est fondée ou pas mais on a la réponse très rapidement ainsi qu'à la disparition d'une fillette au début du livre et dont on ne reparlera vraiment qu'à la fin. Cette disparition semble avoir été là pour donner un prétexte à ce roman.
En conclusion, un roman très décevant que je ne recommanderai pas, mais cela ne m'empêchera pas de lire d'autres Minette Walters.

La plus grande partie de ce roman se déroule en quelques heures, à Acid Row, une cité dépotoir anglaise où se retrouvent une majorité de marginaux rejetés par la Société.
Une assistante sociale énervée et peu intelligente lâche à une résidente qu'un pédophile y a été logé dernièrement ... et quelques jours plus tard la petite Amy, 10 ans, y disparait.
Quelques femmes veulent y organiser une petite manifestation, mais elles sont vite débordées par les jeunes de la cité sous influence de drogues et d'alcool, ces derniers voulant faire la peau du pédophile présumé coupable.
La vérité est bien sûr autre part.

Je suis déçu de cette lecture, certainement parce que mal écrite !

Un polar très (trop?)mâtiné d'une étude sociale un peu (peut-être) caricaturale. Malgré cela, toujours un vrai plaisir de lecture.